J`aime l`âne si doux J`aime l`âne si doux marchant le long des houx
Transcription
J`aime l`âne si doux J`aime l`âne si doux marchant le long des houx
A YASMINE Je t’attendais… Tu es mon point du jour mon île colorée en bleu ma clairière odorante Je t'attendais ainsi qu'on attend les navires Dans les années de sécheresse quand le blé Ne monte pas plus haut qu'une oreille dans l'herbe Qui écoute apeurée la grande voix du temps Tu es ma neige volée mon pétale unique mon faune bricoleur Je t'attendais et tous les quais toutes les routes Ont retenti du pas brûlant qui s'en allait Vers toi que je portais déjà sur mes épaules Comme une douce pluie qui ne sèche jamais Tu es ma robe de caresses mon foulard de tendresse ma ceinture de baisers Tu ne remuais encore que par quelques paupières Quelques pattes d'oiseaux dans les vitres gelées Je ne voyais en toi que cette solitude Qui posait ses deux mains de feuille sur mon cou Tes gestes moulin à vent Tes cils épis de blé et le rire se pétrit dans la cuve de ta bouche Et pourtant c'était toi dans le clair de ma vie Ce grand tapage matinal qui m'éveillait Tous mes oiseaux tous mes vaisseaux tous mes pays Ces astres ces millions d'astres qui se levaient Tu es mon pain joufflu malisse un nid Vénus Khoury-Ghata J'aime l'âne si doux J'aime l'âne si doux marchant le long des houx. Il a peur des abeilles et bouge ses oreilles. Il va près des fossés d'un petit pas cassé. Il réfléchit toujours ses yeux sont de velours. Il reste à l'étable fatigué, misérable. Il a tant travaillé que ça vous fait pitié. L'âne n'a pas eu d'orge car le maître est trop pauvre. Il a sucé la corde puis a dormi dans l'ombre. Il est l'âne si doux marchant le long des houx.... Francis Jammes Ah que tu parlais bien quand toutes les fenêtres Pétillaient dans le soir ainsi qu'un vin nouveau Quand les portes s'ouvraient sur des villes légères Où nous allions tous deux enlacés par les rues Tu venais de si loin derrière ton visage Que je ne savais plus à chaque battement Si mon cœur durerait jusqu'au temps de toi-même Où tu serais en moi plus forte que mon sang. René Guy Cadou Provisoire costume aux yeux verts, Lèvres entrouvertes, Oiseau pour un temps migrateur. Ce sang qui monte au front quand le vent prend ma taille, Ce cœur, chevreuil perdu, Cris lancés au ciel comme une hirondelle. Un souffle cueilli sur quelques bouches… L’orage les prendra et les rendra demain. CLAUDE FERAN