Revue belge de numismatique et de sigillographie

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Revue belge de numismatique et de sigillographie
1
.
REVUE BELGE
DE
NUMISMATIQUE
ET DE SIGILLOGRAPHIE
SOUS LES AUSPICES DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DE NUMISMATIQUE.
DIRECTEURS
MM.
li
V«B.
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JONGHE,lkC"> Th.
d«
:
LIMBURG-STIKUM ktA.de W1TTE.
SOIXANTE-SEPTIÈME ANNÉE.
BRUXELLES
J.
GOEMAERE, IMPRIMEUR DU ROI,
^Rue de
la
Limite. 2
191
1
2ÔI
SOUS TAPÉS ET SOUS MARQUÉS
PRINCIPAUTE DE DOMBES.
Dans un
article
que nous avons publié
quatorze ans dans cette Revue
sommes
les
expliqué sur ce qu'il
expressions de sous tapés
(i),
fallait
et sous
il
y a
nous nous
entendre par
marqués, aupa-
ravant mal interprétées, et indifféremment appli-
quées par
la plupart
des auteurs à des monnaies
parfaitement distinctes.
Pour
mettre
courant de
le
immédiatement au
lecteur
la question,
disons qu'il s'agissait en
l'espèce de piècesportant, tantôten contremarque,
tantôt dans le dessin de leur type, une fleur de
lis
dans un ovale de grènetis.
En
fixant ainsi
un point de lexicologie, nous
croyons avoir démontré que
autre
chose qu'un
marque du
deniers,
lis
et le
avait
douzain
(1)
Année
et
dont
la
n'était
contre-
augmenté la valeur de trois
une monnaie d'un coin
sou marqué,
nouveau, que Louis XIII
première
le sou tapé
fit
forger à l'image de la
qui eut cours pour dix-huit deniers.
1897, p. 47.
2Ô2
A
l'appui de notre thèse,
nous reproduisions
le
du mois de juin 1640, en vertu
poinçonnage des sous tapés avait été
texte de l'édit royal
duquel
le
effectué et
nous en
tirions les déductions que la
logique nous dictait.
comme
Nous
ajoutions aussi que
l'opération s'était étendue à un copieux
numéraire, appartenant à plusieurs règnes antérieurs à celui de Louis XIII,
que
la
contremarque du
il
lis fût
devait être arrivé
souvent appliquée
à la légère sur des pièces étrangères qui, à cause
de leur mauvaise conservation, avaient pu être
prises pour celles visées par l'édit, et
l'avoir rencontrée,
Philippe
II
nous disions
entre autres, sur un gros de
d'Espagne, frappé à Dôle en Franche-
Comté, gros qu'au surplus nous reproduisions
dans notre
Ce
article.
n'était là,
fait isolé,
il
est vrai,
dû au hasard,
que
et
la constatation
d'un
que des recherches
subséquentes devaient nécessairement compléter.
En
nous avons encore rencontré la
contremarque sur le douzain ci- dessous,
effet,
même
depuis,
frappé à Trévoux, par Gaston d'Orléans et Marie
de Montpensier (1626-1627), princes de Dombes.
263
Hâtons-nous de
dire
que
la
pièce n'est pas iné-
Poey d'Avant,
féodales (i)
monnaies
dans son ouvrage sur les
d'après la notice de Mantellier sur les monnaies
de Dombes (2). Mais il est à remarquer que Poey
dite puisqu'elle a été publiée par
d'Avant ne donne aucune explication de la contremarque qu'elle porte et que Mantellier, à la
page 65 de son
ne craint pas d'écrire ce
travail,
qui suit relativement à celle-ci
«
:
La
fleur de
lis,
dont le revers estpoinçonné, a été marquée après
coup dans un hôtel français. Il arrivait de temps
à autre, en France, qu'on décriait certaines espèces
altérées, mais dans le nombre se trouvaient des
pièces fabriquées à bon
maintenu,
et
titre,
dont
le
cours était
qu'on distinguait des autres en
poinçonnant d'une
fleur de
lis.
Les douzains de
Dombes, qui avaient cours dans
le
royaume
étaient souvent mêlés aux pièces françaises
reçus sur
de
le
même
là vient le
(2)
pi.
la
et
pied dans les caisses de l'Etat,
cet auteur, pas plus
que ses
Poey d'Avant, Monnaies féodales de France, t. III, ri. CXVII.6.
Mantellier, Notice sur la monnaie de Trévoux et de Dombes,
VIII,
(3i
(3),
poinçonnage remarqué surcelui-ci».
Ce qui prouve que
(1)
les
1.
L'introduction et la circulation dans les provinces françaises de
monnaie de Dombes, principauté souveraine
tionnellement tolérées par Henri
III,
malgré
isolée, furent excep-
les prohibitions
si
souvent
renouvelées par les édits royaux frappant les espèces étrangères, et les
privilèges qu'il avait accordés à Messieurs de Montpensier furent con-
firmés à chaque règne, par ses successeurs (Mantellier, o. c, p. 47).
264
devanciers, ne savait
exactement pour quelles
raisons ni dans quelles conditions
le
poinçonnage
susdit avait été effectué.
Mais tout ceci n'aurait, à
la vérité, d'autre
im-
portance que celle que l'on peut attacher à un
nouvel exemple, venant surabondamment confir-
mer une
thèse, déjà acceptée,
laquelle nos investigations
ne nous avait permis de
la
si
voie dans
nous avaient conduit
faire d'autres constata-
tions que nous jugeons plus intéressantes.
Nous avons pu
constater, en
effet,
que
la
vogue
des sous tapés, émis d'ailleurs en quantités d'autant plus considérables qu'ils ne
que très peu de
aussi
au
le
roi,
bénéfice que leur poinçonnage rapportait
avaient incité certains seigneurs sinon à les
contrefaire du
le
nécessitaient
frais de fabrication, et peut-être
moins à
du mieux qu'ils
notamment pour
les imiter
pouvaient, et que ce fut
le
cas
Gaston d'Orléans, prince usufruitier de Dombes
lequel
(1627-1650),
fit
l'ovale à la fleur de
bonnement
tout
lis
dans
le
coin
inscrire
même
des
pièces de six blancs qu'il émit en 1645. Voici, pour
que
l'on puisse
mieux
se rendre
compte de
la
chose, la reproduction d'une de ces pièces, que
nous empruntons encore aux ouvrages de Poey
d'Avant
(1)
et
de Mantellier
(2).
Nous ferons observer que, pas
monnaie dont il a été question
(1)
Ouvr.
cit.,
(2)
Ouvr.
cit., pi.
t.
III, pi.
IX, 2.
CXVII.
plus que pour la
plus haut,
Poey
265
mot de
contremarque qu'on voit
d'Avant ne
dit
sur celle
tandis que Mantellier(i)nous apprend
que
de
«
ci,
la
la fleur de lis placée
la croix, n'a
dans l'un des cantons
pas été imprimée après coup sur
la pièce ici reproduite, elle était
gravée dans
coin, écrit-il; singularité qui indique
tion
(!)
du graveur de Trévoux,
le
une distracn'est
si elle
une
preuve nouvelle du soin qu'on prenait d'imiter
servilement
«
la
monnaie française
Depuis Henri
III,
».
ajoute-t-il, la fabrication
des gros de Nesles ou pièces de six blancs avait
cessé en France; mais sous Henri
poiçonné
Henri
de Henri
III,
le
de
lis
nom
de
coin de celle de
Trévoux, on copia non seulement
la fleur
on avait
jugées bonnes à être
remises en circulation. Dans
mais encore
(!)
de ces pièces au
plusieurs
II et
IV
le
type primitif
du poinçon
».
Nous ne
croyons pas devoir insister sur cette assertion de
l'auteur, rapportant
çonnage qui eut
lieu
au règne d'Henri IV un poinsous Louis XIII. Le lecteur
pourra lui-même en corriger l'inexactitude en se
référant à notre premier article.
Mais
(i
il
Ouvr.
nous
cit.,
reste à faire connaître la dernière
p. 71 et 72.
266
constatation que nous avons pu faire: c'est que
sou tapé ayant,
comme nous
donné naissance, en
le
l'avons dit ailleurs,
1641, au sou marqué, monnaie
d'un coin nouveau, celui-ci fut encore servilement
imité à
Dombes, par
montre
ainsi que le
Le
le
la
même
gravure ci-dessous.
on en conviendra, méritait
fait,
en lumière autrement que ne
et
Gaston d'Orléans,
Poey d'Avant, qui
le firent
d'être
mis
Mantellier
se contentent de décrire la
pièce sans faire aucune remarque à son sujet.
Toutefois,
il
n'aura en lui-même rien qui devra
étonner quand nous aurons dit que les seigneurs
deDombes, dès l'avènement de la maison de Bourbon, sous Jean
I
er
(1411),
système de
fils
de Louis
II,
avaient
monnaie royale française
adopté
le
et que,
depuis lors, celui-ci fut toujours suivi par
eux
la
(1).
Fred. Alvin.
(t)
Les espèces se composèrent d'abord,
d'or, de blancs et
importé
d'Italie
comme
en France, d'écus
de deniers, puis de testons, dont
en France par Louis XII,
et enrin
le
type avait été
de douzains, etc

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