"Envie de musique" ? - L`Université Paris Descartes
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"Envie de musique" ? - L`Université Paris Descartes
"Envie de musique" ? Les dames roses, les clowns… Les hôpitaux parviennent à combler les attentes des enfants malades, en tentant de leur offrir coûte que coûte un semblant de vie ordinaire et heureuse. Cependant, comment redonner le sourire à un enfant qui n’a plus l’âge de jouer aux Kaplas ou de rire avec cet homme au nez rouge ? Quelle distraction mettre en place pour les adolescents ? C’est cette question clé qui guidera la création de l’association Envie de Musique, par Isabelle Hosselet. Consciente du manque d’activité consacrée aux adolescents, et de la popularité universelle de la musique, c’est en 2009 que ce professeur de piano décide de fonder l’association, ayant côtoyée les hôpitaux pendant quelques années auparavant. Les objectifs de cette association sont simples : donner envie de jouer et de chanter aux enfants, éveiller leur écoute par l’apprentissage d’un instrument de musique, ou tout simplement les sensibiliser à cet art. Mais surtout leur faire oublier leur maladie l’instant d’une chanson. Envie de musique est très présente à l’hôpital Necker, ainsi qu’à l’hôpital de Garches, où il est davantage question de musicothérapie. Il ne s’agit plus seulement des enfants, mais de développer par la musique les fonctions motrices d’accidentés de la vie, en se focalisant sur la battue d’un rythme avec les mains, les pieds, le tout sur des musiques mythiques, passant d’Earth Wind & Fire à Coldplay… Isabelle fait tour à tour preuve de naturel et de dynamisme. Elle concède qu’il est humain de s’attacher aux enfants, et même aux adultes que l’on tente de soigner, quitte à se prendre « de sacrées claques ». La souffrance de l’échec médical est à la hauteur du bonheur de les voir sortir de l’hôpital, guéris. Financée par de nombreux sponsors, tels que la fondation Bettencourt et la fondation Grosjean, l’association s’est également fait connaître récemment par l’émission N’oubliez pas les paroles, soirée durant laquelle Mathieu Madénian et Véronique Dicaire ont repris sa cause, et ont tenté d’obtenir des fonds en son nom. Elle est également financée par des concerts de charité, comme celui organisé le 1er avril, par le lycée Blanche de Castille, au Chesnay. Grâce à l’argent récolté, Isabelle a pu insonoriser une salle à l’hôpital Necker, acheter des amplificateurs, des guitares, un nouveau piano, du matériel d’ingénieur du son, et encore beaucoup d’autres matériels, pour émerveiller les enfants qui sortent complètement du cadre de l’hôpital quand la musique vient les chercher. « On fait beaucoup de bruit avec la batterie, c’est infernal, on en a plein les oreilles. Mais on s’en fout, c’est trop bon. ». Soucieuse de préserver la dignité des malades, venant de contrées lointaines pour se faire soigner en France avec pour seul bagage leur espoir et des habits déchirés, Isabelle a également lancé une collection de tee shirt Envie de musique. Il ne s’agit plus seulement de sensibiliser les enfants à la musique, mais aussi d’être présents pour chaque malade, chaque âme meurtrie. Plus que de la générosité envers ces personnes blessées, cette association a toutes les caractéristiques d’une aventure humaine, dans laquelle bénévoles et malades se donnent de l’amour sous l’égide de la musique. Augustin fait partie de ceux qui ont su donner de leur temps et de leurs talents aux enfants hospitalisés de Necker, ayant joué un après midi là bas, avec son groupe de musique. « C’était dingue de faire autant plaisir à ces enfants qui n’arrêtaient pas de sourire et de chanter. C’était une expérience de folie. » Bien que les lycéens de Blanche de Castille ne jouent pas face aux enfants de Necker en cette fraiche soirée du premier avril, la tension est palpable derrière les rideaux rouges de l’amphithéâtre. Hortense, 15 ans, confesse qu’il s’agit de sa première scène. Bien que rongée par le trac, elle reconnaît que la cause de cet événement est noble, et la motive pour donner le meilleur d’elle même. 20h, les rideaux de l’amphithéâtre s’ouvrent, tout comme les yeux de l’enfant hospitalisé à Necker, réveillé en sursaut par le bruit que nécessite l’installation d’une nouvelle batterie, celui d’un nouvel espoir. Astrid Gautret