Télécharger le document

Transcription

Télécharger le document
■L a
Technique B etteravière
n° 859 - 16 mai 2006
Fertilisation P, K, Mg
Les préconisations de l’ITB
a betterave sucrière a des besoins importants en éléments nutritifs, en
particulier en potasse. Elle est par ailleurs considérée comme une culture
de forte exigence pour le Phosphore et pour le Potassium, caractère de
l’espèce végétale qui indique une faible capacité à prélever ces éléments dans la
solution du sol. La gestion des fertilisations doit donc être rigoureuse. La betterave sucrière est également exigeante vis-à-vis du Magnésium, même si les
carences observées sont souvent en partie induites par des facteurs indépendants de la teneur du sol (problèmes structuraux ou sécheresse du sol). Si des
économies sont possibles sur ces postes de fertilisation, parce que les teneurs
de nombreuses parcelles des régions betteravières sont relativement élevées, on
privilégiera toujours une approche technique qui garantira la productivité de la
culture dans le court et le long terme.
Le raisonnement des doses sur la base de critères analytiques reste la priorité.
L’institut participe à l’élaboration et à l’évolution des méthodes de raisonnement
au sein du Comifer (comité français pour le développement de la fertilisation
raisonnée). Nous proposons ici une synthèse des préconisations pour la culture
de betterave sucrière. Des informations plus précises et des conseils à la parcelle
pourront être obtenus bientôt sur le site Internet de l’ITB, grâce à un nouvel
outil d’aide à la décision accessible en ligne (www.itbfr.org) : Fertibet.
L
tableaux 1 et 2 proposent des valeurs
moyennes obtenues par cette méthode
pour la betterave sucrière.
La méthode Comifer est mise en application par les laboratoires de la Chambre d’agriculture du Loiret, et par le laboratoire INRA d’Arras. Les préconisations
établies par le logiciel Régifert (INRA)
émanent d’un raisonnement assez proche
de cette méthode.
L’analyse des pratiques de fertilisation sur
betterave montre que les apports de pro-
Figure 1
Méthode Comifer : Valeurs des seuils Tr et Ti pour le Phosphore
(Teneurs seuils exprimées en ppm de P2O5 Joret-Hébert)
Tr
Ti
Limons, limons sableux,
limons argileux, argiles
100
180
Sols sableux
80
160
280
400
Fertilisation phospho-potassique
tégie différente selon la culture à fertiliser,
en distinguant très nettement des cultures
Le raisonnement établi par le Comifer, qui de faible exigence (céréales à pailles surse démarque sensiblement des calculs tout) et des cultures de moyenne ou forte
conventionnels établis pour atteindre exigence (betterave et pomme de terre
une « teneur du sol souhaitable », intè- sont considérées comme exigeantes à la
gre différents paramètres relatifs non seu- fois pour l’élément Phosphore et pour
lement au sol, mais aussi à la plante et au l’élément Potassium). L’exigence de la
passé de fertilisation. Il propose une stra- culture définit, pour chaque type de sol,
les valeurs de 2 teneurs seuils
Tr et Ti. La méthode est basée
sur une analyse classique de
terre effectuée dans la parcelle. La teneur de la parcelle
est comparée aux 2 valeurs
seuils de référence (Tr et Ti).
Ce positionnement place la
parcelle dans l’une des 3 situations A, B, C (voir les schémas
des figures 1 et 2).
En A, la dose devra être “renforcée”, c'est-à-dire dépasser
les exportations de la culture.
En B, la dose sera proche de la
quantité d’éléments exportés.
En C, la dose pourra être
modulée à la baisse, et donc
être inférieure aux exportaExpérimentation de fertilisation Phosphatée à Nizy-le-Comte (Aisne, tions.
2005). A gauche, betteraves faiblement développées de la parcelle
Pour chaque situation, et selon
témoin sans apport de P2O5. A droite, betteraves ayant reçu une dose
les fertilisations effectuées sur
renforcée.
La parcelle est une cranette de teneur analytique mesurée de 33 ppm les cultures précédentes, une
(mesure Olsen).
fertilisation est préconisée. Les
duits organiques sont souvent insuffisamment pris en compte (voir Le Betteravier
Français n° 841).
Or les fertilisants organiques reçus par
la betterave sont très souvent des produits riches en Phosphore et/ou en Potassium, qui participent à l’alimentation de
la plante. C’est leur valeur fertilisante qui
exprime leur contribution directe à la fertilisation et doit être intégrée dans le calcul avec le même statut qu’une dose
d’engrais minéral. Cette valeur fertilisante
Craies, cranettes
argilo-calcaires
A
A
B
C
B
C
Teneurs de sol croissantes
Ces 3 plages de teneurs conduiront à 3 stratégies de fertilisation phosphatée (tableau 1)
Figure 2
Méthode Comifer : Valeurs des seuils Tr et Ti pour la Potasse
(Teneurs seuils exprimées en ppm de K2O échangeable)
Tr
Ti
Limons, limons moyens
170
300
Limons argileux
200
400
Sols argileux
250
400
Craies, cranettes 200
400
A
A
B
C
B
C
Teneurs de sol croissantes
Ces 3 plages de teneurs conduiront à 3 stratégies de fertilisation potassique (tableau 2)
www.itbfr.org
•
•
•
•
L'information en temps réel
Les avis de traitement - Les notes d'information
Les actualités régionales au quotidien en photos
Un moteur de recherche sur la documentation
La rubrique "La Technique betteravière" est rédigée par l’ITB - Reproduction interdite sans autorisation de l’éditeur
INSTITUT TECHNIQUE DE LA BETTERAVE - 45, rue de Naples - 75008 Paris - Tél : 01.42.93.13.38 - Fax : 01.42.93.22.84 - www.itbfr.org
Président, Luc DÉMAZURE - Vice-président, François LORANT - Directeur Général, Marc RICHARD-MOLARD
Le Betteravier français - n° 859 - 16 mai 2006
15
L a T echnique B etteravière
■
résulte de 2 paramètres : La teneur en éléments P et K,
du produit et la fraction disponible, laquelle peut varier
entre 50 % et 100 % selon la nature des produits. En particulier, 2,5 à 3 tonnes/ha de vinasses concentrées issues
de distillation représentent un apport de potasse qui couvre les besoins de la betterave. On oublie également souvent que les écumes, épandues avant tout pour corriger
ou maintenir le pH des parcelles, sont une source de
Phosphore disponible. Les valeurs fertilisantes des
principaux produits et amendements organiques sont
groupées dans le tableau 3. Il s’agit de chiffres indicatifs moyens, pour des produits qui présentent des contributions souvent variables en fonction de leur origine ou
de leur mode d’obtention. Une analyse exacte du produit épandu est toujours préférable à un chiffre approché.
Il y a peu de conseils spécifiques à donner quant aux formes d’engrais minéraux à privilégier. Les pH neutres ou
basiques des parcelles de betterave orientent le choix
vers des engrais phosphatés solubles présentant la
meilleure disponibilité, donc surtout les formes superphosphates.
Tableau 1
Dans des parcelles présentant des teneurs assez
élevées, l’alimentation de la plante n’est pas dépenPréconisations d’apports
dante de la période d’apport de l’engrais. En cas
de fertilisation P2O5
de teneur faible justifiant une fertilisation renforcée
pour la betterave sucrière
(teneur inférieure au seuil Tr) après plusieurs
valeurs de référence ITB - Comifer
années d’impasses, un apport réalisé peu avant le
(chiffres en kg de P2O5 par ha)
semis aura une meilleure efficacité qu’un apport
réalisé à l’automne. Ceci est particulièrement vrai
Situation de la teneur du sol (*)
Tr
Ti
pour les apports de phosphore, car les carences
peuvent survenir tôt, quand la zone de prospection
Fertilisations P2O5
A
B
C
racinaire est limitée et superficielle (voir photos
des 2 années précédentes
page 15).
2 années avec fertilisation
105 70
50
Lorsque la teneur du sol est élevée, la fertilisation
L’une des 2 années sans fertilisation
105 105 50
apportée à la betterave permet de ne pas réaliser
Aucune fertilisation sur les 2 années
175
105
70
d’apport sur la culture qui suit (sauf s’il s’agit d’une culture exigeante). Des blocages de fertilisation au-delà
de 3 ans sont déconseillés.
Fertilisation magnésienne
Les apports de magnésie avant betterave permettent
d’éviter les carences et d’apporter un équilibre à la plante
entre la potasse et la magnésie. Ils ne sont pas obligatoires et doivent être décidés à partir d’une analyse de
terre et des paramètres qui peuvent influer sur la disponibilité en magnésium. Ces règles sont résumées dans le
tableau 4.
La forme à privilégier pour les apports est la forme sulfate
(kiésérite). Les apports sous forme oxydée (oxyde de
magnésie MgO) sont peu disponibles en pH basique, et
ne présenteront d’intérêt que pour une fertilisation
d’entretien en sol neutre ou légèrement acide. Leur efficacité immédiate sera faible dans les conditions des parcelles betteravières. (A noter que la teneur d’un engrais
est toujours exprimée en unité MgO, mais qu’il s’agit
d’une convention : On doit bien distinguer cette valeur de
teneur, exprimée conventionnellement, et la forme réelle
de l’élément dans l’engrais).
Tableau 4
(*) Voir figure 1
Stratégie et conseils d’apport de fertilisation magnésienne (*)
Valeur du pH
Tableau 2
Préconisations d’apports
de fertilisation K2O
pour la betterave sucrière
Teneur du
sol (analyse)
valeurs de référence ITB - Comifer
(chiffres en kg de K2O par ha)
Situation de la teneur du sol (*)
Tr
Fertilisations K2O
des 2 années précédentes
2 années avec fertilisation
pH de 6.8 à 7.2
pH de 7.2 à 7.5
pH > 7.5, sols
crayeux
T < 70 ppm
Apport conseillé
(60 kg/ha)
Apport conseillé
(80 kg/ha)
Apport conseillé
(100 kg/ha)
70 < T < 100
Apport d’entretien
(30 kg/ha)
Apport d’entretien
(30 kg/ha)
Apport conseillé
(50 kg/ha)
T > 100 ppm
Impasse possible
Impasse possible
Apport conseillé
(50 kg/ha)
Ti
A
B
C
210
175
140
(*) Chiffres exprimés en unité conventionnelle (kg de MgO).
(350)** (210) (175)
350
L’une des 2 années sans fertilisation
210 1750
FERTIBET : un calcul de dose en ligne
(350) (265) (175)
350
Aucune fertilisation sur les 2 années
210
175
(350) (265) (175)
(*) Voir figure 2
(**) Chiffre entre parenthèses : préconisation si les résidus du précédent cultural
sont enlevés.
L’ITB proposera prochainement, sur son site Internet, un outil de calcul de dose de fertilisation P et K sur betterave sucrière. Ce calcul sera réalisé à partir de renseignements simples décrivant la parcelle et sa conduite
récente : Les paramètres à indiquer sont listés ci-dessous :
Objet
SOL
Tableau 3
Valeurs fertilisantes
des principaux engrais
et amendements organiques
Produits et doses
Vinasses concentrées
Fumier bovin
Lisier porcin
Lisier bovin
Fientes de volailles
16
2 t/ha
3 t/ha
20 t/ha
50 t/ha
20 m3/ha
50 m3/ha
20 m3/ha
50 m3/ha
5 t/ha
10 t/ha
P 2O 5
(kg/ha)
K 2O
(kg/ha)
45
110
80
200
30
75
40
80
145
215
170
400
120
300
70
180
30
60
Le Betteravier français - n° 859 - 16 mai 2006
PRECEDENTS CULTURAUX
FERTILISATIONS ORGANIQUES
Renseignement
Type de sol
Détail
Pourra être renseigné à partir d’une analyse de sol (teneurs
en argile, sable, CaCO3) ou par identification à partir d’une
liste (limon argileux, sol de craie …)
Teneurs analytiques
Teneurs obtenues par analyse de terre sur la parcelle
(horizon 0-30 cm). Pour les valeurs analytiques en P2O5, on
devra préciser le type d’analyse (Joret-Hébert ou Olsen,
ou Dyer)
Date de l’analyse
Ce renseignement permettra de vérifier que l’analyse est
suffisamment récente pour être utilisée dans le calcul.
Cultures précédentes
Nature des 2 cultures, précédent et antéprécédent de la betterave
Rendements
Rendements obtenus pour ces 2 cultures
Résidus
Résidus restitués ou exportés (pailles…)
Fertilisation passée
Applications réalisées en P 2 O 5 et K 2 O sur ces 2 cultures
Nature du/des produit(s) Apports réalisés pour les 2 cultures qui précèdent la betterave (*)
Quantité apportée
Renseignement en t/ha ou m3/ha
Période d’apport
Mois et année de l’apport
(*) Possibilité de décrire en détail le produit organique apporté si on en connaît la composition exacte.