On ne parle jamais la bouche pleine - Etunix

Transcription

On ne parle jamais la bouche pleine - Etunix
AQφE
On ne parle jamais la bouche pleine
Par :
Anne-Florence Dubois et Audrey Allard (École secondaire de l’Aubier)
Thèmes : L’éducation / Aller à l’école et découvrir ses passions / La famille et l’éducation / Les passions et le travail
/ L’apprentissage
___________________________________________________________________
© Association Québécoise de Philosophie pour Enfants, UQAC, 2009
AQφE
On ne parle jamais la bouche pleine
Par :
Anne-Florence Dubois et Audrey Allard (École secondaire de l’Aubier)
___________________________________________________________________
C’était lors d’un souper de famille pour la fête de ma petite sœur Éliane. Il y avait mon
frère Alex et bien sûr, mes parents avaient invité mon grand-père comme ils le font
toujours. Quand il se joint à nous, il suscite réflexions et discussions. Sa personnalité
cultivée et son grand intérêt pour l’éducation le rendent tout à fait passionnant. Ayant
été instituteur, directeur d’école et impliqué dans une université, il aime nous entendre
parler de l’éducation.
C’est lorsque ma mère arriva avec le repas qu’Éliane dit :
-
Papy, maintenant, j’ai 5 ans et je vais aller à l’école bientôt !
-
Oui, vous êtes chanceux vous ; de vos jours, vous êtes sûrs de pouvoir aller à
l’école. Moi, dans mon temps, nous restions souvent à la maison pour aider nos
parents, ce qui limitait les jeunes dans le développement de leurs capacités
intellectuelles. Encore aujourd’hui, certains de mes amis sont fâchés par rapport
à cette situation.
-
Oui mais tu sais Papy, moi j’aurais bien aimé rester à la maison à la place d’aller
à l’école, car à la maison, nous apprenons le vrai travail et ce qui est important à
la survie de la famille. Par exemple : cultiver fruits et légumes, faire le ménage,
faire à manger, entretenir un terrain et rénover, etc., dit Alex.
-
Mais tu ne penses pas qu’aller à l’école nous rend plus instruits, donc nous avons
plus de choix d’emplois avec lesquels nous gagnons l’argent nécessaire pour
acheter tout ce que tu viens d’énumérer ?
-
Alex, d’après toi, est-ce que l’éducation reçue influence le bonheur des gens ?
Depuis tantôt, j’écoute les discussions et je me demande : Suis-je chanceuse d’aller à
l’école ? Après le souper, je m’allonge sur le sofa, revue à la main. Quel hasard, un
article qui s’intitule : Mon travail me passionne ! Ce sont des travailleurs dans différents
domaines qui témoignent leur chance de faire le travail de leur choix. Je me demande
comment je vais réussir à faire un travail passionnant ? Est-ce que l’école peut m’aider à
découvrir mes passions ?
-
Papa, est-ce que ton travail te passionne ? Est-ce que notre travail doit
obligatoirement être une passion ?
-
NON, mon travail ne me passionne pas! Mais au moins, j’ai une bonne paye qui
me permet de faire vivre ma famille et de permettre à mes enfants de vivre de
belles expériences.
© Association Québécoise de Philosophie pour Enfants, UQAC, 2009
AQφE
-
Je ne suis pas certaine d’être d’accord avec ta façon de voir les choses. Moi, je
pense qu’un travail doit, d’abord et avant tout, être amusant et stimulant. Mon
professeur me dit toujours que nous devons aller vers ce qui nous plaît.
-
Tu as raison ma fille, les passions sont toujours à prioriser, me dit maman. Mais
ce n’est pas toujours simple de faire de nos passions un travail. Parfois, les deux
sont incompatibles…
-
C’est pour ça que les écoles développent divers programmes et plusieurs activités
parascolaires. Crois-tu que ceux qui y participent apprennent à mieux se
connaître et à mieux choisir leur métier ?
-
Peut-être, mais moi je pense qu’on apprend beaucoup plus à se connaître en
famille comme présentement, dit Alex.
-
Est-ce que la vie de famille aide les jeunes à se connaître ? Est-ce que la famille
contribue à l’éducation des jeunes ? Qu’apprenez-vous dans votre famille les
jeunes ?
-
On apprend l’entraide, on apprend à participer aux tâches familiales, on apprend
à respecter les autres, on apprend à gérer des conflits, on apprend à tolérer les
autres, on apprend à être responsable et autonome, on apprend les bonnes
manières (ne JAMAIS parler la bouche pleine !)…
Comme je trouve le sujet intéressant, je reviens m’asseoir à la table avec eux. Une
question me traversa l’esprit. Je me demande si l’apprentissage n’est pas divisé en deux
catégories : celle du côté académique et celle du côté social ? Est-ce que ces types
d’apprentissage ont une importance égale ? Je posai donc cette question à ma mère.
-
Ça dépend ce que tu entends par « apprentissage », me répondit maman.
-
Moi je pense que l’apprentissage se fait à l’école, dit Papy.
-
Mais comment aurais-tu fait pour apprendre toi Papy ? demanda Éliane.
-
Le point d’Éliane est très pertinent. Je crois que l’apprentissage ne se fait
pas seulement à l’école mais partout. Je pense que chaque étape de notre vie est
importante. Il y a toujours un moment qui nous fait apprendre quelque chose.
Non, pas nécessairement sur les mathématiques ou le français, mais aussi sur
l’importance de la vie, la façon de se comporter etc., ai-je dit.
C’est alors que cette réplique me fit réfléchir. Aidons-nous assez nos parents ? Est-ce
qu’ils font tout à notre place ? Sommes-nous assez responsables et autonomes ?
Réellement, y a-t-il une différence entre ces deux mots ?
-
Tu vois, moi j’ai arrêté l’école très tôt. Je devais avoir 17 ans environ. Je pense que
ce choix fût une erreur, dit Papa.
-
Oui, mais n’est-il pas vrai que nous apprenons de nos erreurs ? reprit Alex.
© Association Québécoise de Philosophie pour Enfants, UQAC, 2009
AQφE
-
Peut-être, mais est-ce que toutes les erreurs sont vraiment utiles à notre
apprentissage ?
-
Tu as raison Papa, je crois que cette erreur n’était peut-être pas nécessaire, car si
tu avais continué l’école, tu aurais été plus instruit et tu aurais peut-être eu un
emploi qui te plait davantage.
-
Je ne suis pas d’accord avec toi Alex ! Cette erreur lui a appris qu’il ne faut jamais
abandonner et toujours aller jusqu’au bout, dis-je
-
Bon ! Je dois y aller moi. Bonne soirée les enfants, dit Papy.
-
AU REVOIR PAPY !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Couchée dans mon lit, je me suis dit que même s’il est important de ce connaître soimême et de suivre nos passions, il n’est pas toujours simple de savoir qui on est, surtout
qu’il me semble que nous changeons sans cesse ! De plus, suivre nos passions est une
chose, mais nous en avons souvent plusieurs, alors comment choisir ?
FIN
© Association Québécoise de Philosophie pour Enfants, UQAC, 2009