ecole pratique des hautes etudes - sorbonne
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ECOLE PRATIQUE DES HAUTES ETUDES - SORBONNE Histoire de l’art de la Renaissance - Direction d’études: Sabine Frommel Sarah Lebasch Thèse de Doctorat La vie, la mode et le luxe des duchesses de Lorraine aux XVIe et XVIIe siècles. Curriculum vitae Inscrite depuis la rentrée 2010 dans la section d’études Histoire de l’Art de la Renaissance à l’E.P.H.E – Paris, je prépare actuellement une thèse de doctorat intitulée « La vie, la mode et le luxe des duchesses de Lorraine aux XVIe et XVIIe siècles », sous la direction de Madame Sabine Frommel. Durant les deux années de Master en histoire-histoire de l’art, obtenu à l’université Nancy 2, je me suis intéressée aussi bien à la biographie qu’à l’iconographie puis à la mode d’Elisabeth-Charlotte d’Orléans (16761744), nièce de Louis XIV devenue duchesse de Lorraine dès 1698. Cette étude, faite durant mon Master, s’appuyait tant sur les ressources iconographiques (peinture, gravure, sculpture) que sur le dépouillement systématique des comptes ducaux, des factures, des commandes ainsi que la correspondance d’Elisabeth-Charlotte d’Orléans et de sa mère, la princesse Palatine ou de son amie, la marquise d’Aulède. Le doctorat s’inscrit dans la continuité de mon Master, puisque après m’être intéressée à la mode au XVIIIe siècle, je souhaite élargir ma réflexion à l’ensemble du XVIe et XVIIe siècle, en analysant les duchesses de la maison des Vaudémont dans un premier temps, puis l’aristocratie féminine de leurs entourages : filles du couple ducal, dames d’honneur, dames d’atour... La Renaissance atteignit la Lorraine du temps de René II, premier duc de la maison de Vaudémont, et se termina avec la guerre de Trente ans. C’est avec le duc Charles III que s’opèrent de réelles transformations : construction de la ville neuve qui permet l’installation des artisans par quartier. INHA - 2, rue Vivienne - 75002 Paris ( France) - tel.: ( +33 ) 0147037913 www.sabinefrommel.eu - [email protected] 2 ECOLE PRATIQUE DES HAUTES ETUDES - SORBONNE Histoire de l’art de la Renaissance - Direction d’études: Sabine Frommel -2- Présentation du sujet de recherche Si le cadre chronologique correspond aux hommes (Charles III, Henri II et Charles IV), l’étude se portera sur les femmes : leurs épouses, leurs mères ou leurs filles, afin de comprendre les habitudes vestimentaires, savoir si des générations de marchands fournissent la maison ducale et s’intéresser aux échanges avec les autres pays. Les femmes ont joué un rôle important à la Cour de Lorraine, à la fois épouses et femmes de pouvoir, elles ont également été ambassadrices ou instigatrices de mode. Ce duché, réel carrefour de civilisations et d’influences, connaît tout au long du XVe au XVIIe siècle des influences étrangères : des occupations françaises, des échanges avec d’autres pays que ce soit par la venue d’artistes, ou par les liens qu’entretiennent ces dames avec l’Italie, l’Allemagne, les Flandres. Au XVIe siècle, Lorraine et Italie entretiennent des liens étroits, tant de nature politique qu’artistique. Si les voyages en Italie du Nord de personnalités proches du duc Antoine de Lorraine sont attestés, c’est certainement au règne du duc Charles III, qui maria notamment sa fille au grand-duc Ferdinand de Médicis, que l’on doit une intensification de ces relations. L’évolution du mode de vie et des aspirations esthétiques se traduit par les costumes et le luxe, variant en fonction de la place qu’occupe le commanditaire au sein d’un groupe qu’il nous faut considérer dans sa diversité sociale. L’exemple du duché de la Lorraine permet de poser la question de l’émergence d’éventuelles influences, sur un territoire situé à la croisée des courants artistiques européens. D’après mes recherches effectuées lors de mon master sur le XVIIIe siècle, nous savons qu’il n’y a pas de particularismes locaux, mais bien la présence d’influences extérieures. La cour de Versailles étant alors la vitrine du luxe pour les costumes, elle dicte les comportements, les modes et donne le ton à toute l’Europe. Perspectives et axes de recherche : Cette recherche, empruntant à la cour de Lorraine le cadre, le décor et les figures féminines, a comme sujet principal l’étude de la mode. Il s’agit de mode au sens large, comprenant aussi bien les vêtements, les dessous, les cosmétiques et l’hygiène, autant que les bijoux, les étoffes et couleurs et enfin les fournisseurs. S’intéresser aux vêtements est donc bien plus important qu’il n’y paraît, et n’a rien de futile, puisque c’est INHA - 2, rue Vivienne - 75002 Paris ( France) - tel.: ( +33 ) 0147037913 www.sabinefrommel.eu 2 [email protected] 3 ECOLE PRATIQUE DES HAUTES ETUDES - SORBONNE Histoire de l’art de la Renaissance - Direction d’études: Sabine Frommel -3un révélateur individuel et social. Les perles de Vologne, originaire de Lorraine, feront l’objet d’une étude. La perle, symbole de l’amour, semble avoir eu la faveur des duchesses puisqu’à leurs entrées dans le duché, elles se voient offrir un collier et un bracelet. La culture de ces perles, attestée depuis le XVIe siècle, était aménagée par une ordonnance du souverain. Les ducs de Lorraine se la réservaient, l'interdisant à tous leurs sujets et la faisaient récolter par leurs officiers durant les mois de juin à août. Symbole de puissance plutôt que de richesse, elles étaient aussi utilisées comme cadeaux diplomatiques. Elles étaient établies seulement dans le but de satisfaire à la vanité suzeraine, au luxe et aux caprices de la mode. Les XVIe et XVIIe siècles constituent l'âge d'or des perles, puisqu’au XVIIIe siècle, le diamant prend son ampleur grâce au développement des techniques de taille. En associant une histoire du costume, du luxe et de la culture matérielle, de consommation, un portrait pourra être dressé de cette Lorraine des Vaudémont, et plus particulièrement des duchesses et aristocrates du XVIe et XVIIe siècle. Jusqu’à maintenant, aucune étude scientifique approfondie n’a été entreprise sur ce sujet. L’étude de la mode a principalement suscité l’intérêt en tant que sources pour l’histoire de la consommation et la culture matérielle. Quant aux duchesses et aristocrates, elles n’ont fait l’objet que de peu de publications, mis à part récemment celle de Jacqueline Carolus-Curien analysant d’un point de vue médical la vie de ces dernières. Notre projet vise d’une part à pallier cette lacune, notamment par l’analyse des portraits peints et gravés après les avoir répertoriés, et par à un dépouillement des archives : factures, commandes, comptes et correspondances privées, ainsi que les inventaires après décès. Nous essayerons de connaître davantage les habitudes, les goûts vestimentaires et les échanges et/ou influences dans ce territoire. Notre réflexion prendra en compte l’évolution des habitudes vestimentaires, l’hygiène et les critères esthétiques ayant évidemment évolués 0 1 4 7 0 3 7 9 1 3 au sein même du duché tout au long de la Renaissance, en les confrontant mais également avec les royaumes en relation directe avec les duchesses : telles que l’Autriche avec Christine de Danemark, la nièce de Charles Quint ; Claude de France avec l’Italie et l’influence de sa mère, Catherine de Médicis ; les nombreuses femmes dans l’entourage de Charles IV, duc de Lorraine comme Nicole de Lorraine, Béatrix de Cusance ou Marie Louise d’Aspremont… INHA - 2, rue Vivienne - 75002 Paris ( France) - tel.: ( +33 ) 0147037913 www.sabinefrommel.eu 3 [email protected] 4 ECOLE PRATIQUE DES HAUTES ETUDES - SORBONNE Histoire de l’art de la Renaissance - Direction d’études: Sabine Frommel -4Les fournisseurs, leurs migrations et les échanges entre les cours notamment, seront au centre de notre recherche, pour connaître l’impact et les influences en matière de société de consommation dans l’Europe des XVIeXVIIe siècle, afin de souligner les aspects récurrents. L’origine des tissus, des matières premières est essentielle pour notre étude, reflétant ainsi les échanges entre les pays et les foyers importants. Grâce à la construction de la ville neuve, le duc Charles III fait appel aux artisans de toute l’Europe, attirant leurs savoirs et les installant par quartier parlant de « globalisation d’artistes », favorisant ainsi le luxe et l’éclat de sa cour. La garde-robe est une réelle mise en scène des apparences, un luxe du vêtement éblouissant pour symboliser le pouvoir. Réel instrument d’auto-affirmation dans la conquête de prestige, de reconnaissance et de privilège, le vêtement est l’expression du rang social, le goût du faste et la volonté du pouvoir. Soyeux, brodeurs, passementiers et rubaniers participent à cette élégance en s’adaptant aux caprices de la mode. Variété des tissus, luxe des matériaux employés mais surtout jubilation dans le choix des couleurs font de cette époque, le symbole de la perfection. Ecole flammande, Trois princesses royales, salons de l’ambassade d’Espagne à Caracas (Vénézuela). Note : Ce tableau représente Chrestienne de Danemark, Claude de France et Christine, INHA - 2, rue Vivienne - 75002 Paris ( France) - tel.: ( +33 ) 0147037913 www.sabinefrommel.eu 4 [email protected]