Anita Protti - Lausanne

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Anita Protti - Lausanne
LA FABULEUSE HISTOIRE DU LAUSANNE-SPORTS ATHLETISME
LES TETES D'AFFICHE
400 M. HAIES
ANITA PROTTI
1991
Anita Protti. En 2004, ce nom résonne encore à la Pontaise ou ailleurs car au début des années nonante, tout le monde en
parlait. Sa carrière athlétique fut incroyablement riche de records et de médailles et il est évident que la "Protti Story"
pourrait facilement se décliner sous la forme d'un roman. On va pour l'instant se contenter de quatre pages, ce qui n'est pas
finalement si mal pour se rappeler les principaux grands moments d'athlétisme qu'elle nous a concocté. Anita Protti a débuté
l'athlétisme à la FSG Lausanne-Bourgeoise et elle arrivait au Lausanne-Sports en 1975, à l'âge de 11 ans. Elle fut tout de
suite repérée par les entraîneurs car elle avait des longueurs d'avance sur ses camarades et aussi… parce qu'elle n'avait
pas sa langue dans la poche. Ce caractère bien trempé fut une arme positive pour elle, tout au long de sa carrière et dans
toutes les situations qu'elle a pu vivre comme la célébrité soudaine, les médias en général, la pression en grande
compétition et la gestion de l'entraînement en cas de blessures. Derrière elle, il faut le dire tout de suite, il y avait un homme
avec qui la confiance était là, au plus haut point. Cet homme, c'était Hans-Ruedi Herren. Anita avait bien compris qu'il n'y
avait pas de performances possibles sans un Sage à ses côtés. Elle disait de lui qu'il était sa conscience et ainsi le dialogue
était permanent. Et avec le temps, Hans-Ruedi savait comment faire pour que sa "Prottigée" arrive en forme au jour J et
même à l'heure H ! Bien sûr, tout ne fut pas simple, bien au contraire. Les blessures d'Anita furent un souci majeur et on va
voir comment elle a toujours su rebondir en tournant à son avantage des situations parfois qui ne tournaient pas forcément à
son avantage. A quinze ans, Anita arrivait chez les cadettes A. (On rappelle au passage que durant les années huitante, les
catégories étaient décalées par rapport à maintenant et qu'une première année cadettes A de l'époque équivaut aujourd'hui
à une deuxième année cadettes B). En 1979 donc, elle courait en 13"69 sur 100 m. et elle sautait en longueur à 4,82 m.
C'est sa belle résistance qui lui valut d'être performante sur 600 m. avec 1'40"14 et sur 800 m. en 2'20"2. En 1980, elle
progressait sur les mêmes disciplines avec 13"46 sur 100 m., 5,37 m. en longueur et surtout 2'18"43 sur 800 m., mais elle
ajoutait aussi quelques flèches à son arc avec le 300 m. en 41"87 et le 400 m. en 59"93. Son passage chez les juniores
s'effectuait en 1981. Elle continuait à progresser en sprint avec 13"09 sur 100 m. et cette base de vitesse lui permettait
d'atteindre des chronos remarquables sur 400 m. avec 58"03 et sur 800 m. en 2'18"39. Mais c'est surtout sur 600 m. qu'elle
obtenait le meilleur résultat intrinsèque avec 1'36"14. Cette saison 1981 marquait aussi les débuts sur 400 m. haies et elle
s'en sortit d'entrée pas trop mal avec 1'02"75. Aux championnats suisses juniores, elle terminait deuxième en 1'02"96. Anita
semblait lancée dans une voie à dominance 400 m. / 400 m. haies / 800 m. Il y avait donc plusieurs variantes possibles qui
s'ouvraient à elle et cette diversification des efforts permettait de placer des objectifs à plusieurs niveaux, ce qui la motivait
pleinement. En deuxième année juniores en 1982, Anita progressait en résistance mais pas en vitesse. Elle obtenait de bons
chronos sur 400 m. en 57"28 et sur 800 m. en 2'17"29. Sur 400 m. haies, elle gagnait une nouvelle médaille aux
championnats suisses avec le bronze cette fois-ci en 1'02"06. Elle mit un peu plus l'accent sur le 400 m. haies dès 1983 et
elle gagnait encore du temps puisqu'elle courait en 1'01"34. Sur le tour de piste, elle fut chronométrée en 56"75 ce qui
commençait à être d'un bon niveau national. Sur 800 m. par contre, elle n'obtenait que 2'19"81. Un premier palier important
allait être franchi en 1984 où elle améliorait ses chronos de manière plus explicite que par le passé. Elle fit un bond énorme
sur 800 m. avec 2'11"61 et elle se plaçait désormais comme étant une bonne coureuse de demi-fond court. Pourtant, c'est
sur 400 m. que psychologiquement elle se sentit en avance avec pour la première fois un chrono sous la minute en 59"98.
Malgré cette confiance grandissante, Anita se ratait lors des championnats suisses à Zofingen où elle prit une sixième place
en finale, avec au passage une petite "gifle" infligée par sa collègue de club Corinne Behrend qui l'avait doublée dans les
derniers mètres de course! Heureusement cela ne portait pas trop à conséquence, au contraire. Cette tendance à la hausse
dans le niveau de ses performances fut encore plus prononcée en 1985. En salle à Macolin, elle remportait son tout premier
titre suisse sur 400 m. en 56"38. En été, ce fut très réjouissant avec 12"97 sur 100 m. et 40"36 sur 300 m. A la fin août, Anita
alignait en huit jours un joli tir groupé de compétitions et elle obtenait des chronos canons. Tout commençait à Thoune, où
elle courait en 2'11"82 sur 800 m., soit à 21 centièmes de son record. Puis, le vendredi au Meeting international de Berne,
elle terminait deuxième du 400 m. en 55"30. Deux jours plus tard aux championnats romands à Yverdon, elle s'alignait sur
sa discipline de prédilection, le 400 m haies. Un départ rapide la plaçait sur orbite pour un super chrono en 58"72, troisième
performance suisse de l'année et cinquième de tous les temps.
Quelques instants plus tard, sur 200 m, elle signait un nouveau record du club en 25"51. Deux jours de repos et ce fut un
800 m au Letzigrund. Partie dans l'espoir de faire un temps, elle ne fut pas déçue avec une victoire en 2'06"94. La saison
1986 s'ouvrait comme la précédente avec un titre suisse en salle. Ce fut cette fois sur 800 m. en 2'13"21. On pensait alors
qu'Anita pouvait faire encore progresser ses performances, mais elle dut se contenter de mettre à niveau sa régularité à
défaut de records personnels. En début de saison à Zoug, elle remportait la médaille d'argent du relais 3 x 800 m. avec
Corinne Behrend et Alexandra Binder en 6'40"08. Puis aux championnats suisses à Winterthour, elle avait gagné ses deux
places pour la finale du 400 m. haies et du 800 m. Elle concentrait son attention sur cette dernière discipline, mais malgré un
finish rageur dans la dernière ligne droite qui fit dire à Boris Aquadro : "elle laboure littéralement la piste avec ses bras
dehors (sic)", Anita ne terminait que quatrième. Une nouvelle fois donc, elle craquait aux championnats suisses. En fin de
saison 1986, son bilan chronométrique était tout de même excellent avec 56"04 sur 400 m., 2'07"28 sur 800 m. et 59"58 sur
400 m. haies, soit la troisième performance suisse de l'année. La préparation pour la saison 1987 fut menée tambour battant
et lors des championnats suisses en salle, elle battait en série du 400 m. le record suisse indoor en 55"20, soit mieux que
son record personnel en plein air. En finale, elle se faisait barrer la route d'un nouveau titre par la Bernoise Sandra Gasser.
Au sortir de l'hiver, c'est à Tenero lors du camp d'entraînement du club qu'on s'est aperçu qu'Anita avait acquis une nouvelle
puissance. Elle avait progressé dans tous les domaines et on la voyait bien plus forte. Elle débutait la saison pour nous le
prouver avec un nouveau record du club sur 100 m. en 12"38 à la Pontaise. Sur cette bonne impression, elle réalisait à Bâle
avec un autre record personnel sur 800 m. en 2'06"86. C'était parti pour une belle série de courses à records avec ensuite
54"59 à Dijon, record personnel pulvérisé de 69 centièmes, 2'05"95 sur 800 m. à Lüddenscheid avec l'équipe suisse et
encore 57"37 sur 400 m. haies à Vidy, meilleure performance suisse de la saison et à deux dixièmes du record suisse. Elle
arrivait aux championnats suisses de Berne en grande condition, mais là encore le sort s'acharna sur elle. Alors qu'elle avait
terminé deuxième du 400 m. avec un record personnel en 54"16, Anita fut disqualifiée à cause de deux foulées dans le
couloir voisin. Pour se venger, elle se déplaçait à Yverdon pour un meeting national. Sans son coach qui arriva après la
course…, elle réalisait la course parfaite avec 2'02"20. Cette magnifique performance ne pouvait plus masquer les
prétentions de Protti. Le 12 septembre 1987 à Fribourg, une bonne partie du clan lausannois attendait avec impatience la
course d'Anita sur 400 m. haies. Ils savaient que l'exploit allait être réalisé et ils ne furent pas déçus. Le regard fixé sur le
chrono en passant la ligne d'arrivée, Anita venait de battre le record suisse en 56"69. Le festival se poursuivait trois jours
plus tard lors d'Athletissima. Cette fois-ci, elle allait se mettre en évidence devant 19'000 spectateurs quelque peu incrédules
ou pas franchement connaisseurs. Sur la piste de la Pontaise, elle s'appropriait le record suisse du 400 m. plat. en 52"44.
Cette journée du 15 septembre 1987 marquait en quelque sorte un nouveau départ dans la carrière de Protti. Grâce à ses
performances et à sa magistrale progression, elle était enfin prise au sérieux par les médias. Tant mieux car Anita pouvait
ainsi voir de façon plus sereine son avenir athlétique, dont l'objectif principal était désormais une participation aux Jeux
Olympiques de Séoul. Robert Bruchez, le tout nouveau Président du LS athlétisme, fonda le "Comité de Soutien d'Anita
Protti" (C.O.S.A.P.) visant justement à récolter des fonds en vue de sa quête olympique. La photo sur la plaquette nous
permettait de voir Anita devant une vieille haie de la Pontaise, le regard porté vers le ciel. C'était effectivement la direction à
prendre. Pour y arriver, le chemin devait être long et il commença en salle avec un nouveau titre suisse sur 400 m. en 56"07
et un bon 800 m. à Karlsruhe en 2'08"73, record indoor du LS. Puis elle se blessait et elle appliqua le plan B avec son gilet à
la piscine. De cette façon, elle pouvait maintenir son niveau tout en retardant au maximum sa rentrée sur piste, qu'elle
effectua lors d'Athletissima le 24 juin. Son chrono de 54"40 sur 400 m. laissait pourtant l'opinion publique perplexe,
puisqu'elle était à deux secondes de son record suisse. Son camp d'entraînement en altitude du côté de Saint-Moritz devait
lui permettre de retrouver sa forme. Elle revenait des Grisons transcendée et le 6 août à Genève, elle remportait le 400 m.
haies en 56"30, nouveau record suisse et minimas pour les Jeux Olympiques de Séoul! Libérée de toute pression, Anita
continuait le spectacle la semaine suivante à Zoug lors des championnats suisses. Et enfin, serait-on tenté de dire, elle
remportait le titre suisse en plein air du 400 m., en 52"50. Elle courait ensuite au Welklasse de Zurich un 800 m. en 2'03"82,
puis un 400 m. en 53"07 dans la tourmente Chaux-de-Fonnière. Le 23 août au Neufeld de Berne, la Bomba explosait une
nouvelle fois avec un nouveau record suisse du 400 m. haies en 56"08. Elle pouvait désormais préparer les J.O. l'esprit
tranquille avec un nouveau camp d'entraînement en altitude. A sa descente de l'alpage et à deux semaines de sa série de
Séoul, elle signait à Schaan au Liechtenstein un autre record suisse, celui du 400 m. en 52"12. Ce record ne sera finalement
pas homologué à cause de l'absence d'une photo-finish. Le 15 septembre 1988, elle s'envolait pour la Corée avec plein
d'ambitions et ce sentiment de devoir bien faire fut facilité sur place par un encadrement idéal. Le jour avant la compétition,
elle prit part au traditionnel test et elle pouvait dormir sur ses deux oreilles tellement le test fut concluant. Dimanche 25
septembre, elle se présentait pour les séries des Jeux et le fait de la voir à la TV donnait la chair de poule. Anita, néophyte
en la matière, fut très concentrée sur son affaire et elle se qualifiait brillamment pour les demi-finales en 54"81, record suisse
battu d'une seconde et vingt-sept centièmes! En demi-finale, il fallait jouer le tout pour le tout, mais malheureusement elle ne
s'est pas bien sentie du tout dès le début. Elle passait la première haies de la fausse jambe et elle traîna cette erreur tout le
long de la course. On pensait qu'elle pouvait revenir sur l'Anglaise Sally Gunnell mais elle échouait à la cinquième place de
sa demi-finale en 54"56, record suisse à nouveau. Le temps de souffler et Anita reprenait le chemin de Macolin en janvier
1989 avec de nouveaux exploits.
Le 22 janvier déjà, elle se qualifiait pour les championnats d'Europe indoor avec un chrono époustouflant de 52"77, record
suisse en salle pulvérisé. Elle réalisait ce même jour également 24"20 sur 200 m. ce qui nous montrait bien qu'elle avait
désormais le format d'une athlète de niveau mondial. Aux championnats suisses, elle fut à nouveau titrée sur 400 m. en
54"52 et malgré un fabuleux 23"76 sur 200 m., elle devait une nouvelle fois subir la loi de Sandra Gasser. La vengeance de
Protti sonna une semaine plus tard seulement puisqu'elle lui volait son record suisse indoor du 800 m. en 2'03"20 à
Stuttgart. A La Haye pour les championnats d'Europe en salle, Anita pensait qu'il était raisonnable d'espérer une médaille
sur 400 m., malgré une méconnaissance totale de ses adversaires, excepté une certaine Sally Gunnell qui remportait la
compétition en 52"04. Anita finissait troisième en 52"57, record suisse indoor encore amélioré. Cette première médaille au
niveau européen fut acclamée par tous. Et au lendemain de cet exploit, elle annonçait qu'elle renonçait aux Mondiaux en
salle pour mieux préparer la saison estivale. Hélas ça débutait mal au printemps puisqu'elle se blessait au niveau des
ischios lors du meeting Susanne Meier à Bâle. Elle se soigna et elle partit en direction de St-Motitz pour se préparer, loin du
stress de la ville. Pour son retour, c'est une Anita particulièrement nerveuse qui débarquait à St-Gall pour les championnats
suisses. La menace de la Zurichoise Martha Grossenbacher était bien réelle et en finale Anita se faisait non seulement
battre en 52"51, mais elle perdait également son record suisse (52"19 pour Grossenbacher). La suite se passa mieux pour
Miss Protti, avec une quatrième place à Zurich en 55"47 sur 400 m. haies, puis ce fut un véritable festival avec la
récupération de son record suisse du 400 m. à Berne en 52"12 et une deuxième place en finale du Grand-Prix IAAF à
Monaco en 54"71 (quatrième rang final du Grand-Prix avec 39 pts). A l'occasion d'un 800 m. à Berne, fêtant le retour en
compétition de Sandra Gasser après ses deux ans de suspension pour dopage, Anita s'était vêtu d'une combinaison une
pièce en peau de panthère et elle rugit sur la piste en 2'01"99 pour un nouveau record personnel. Le 9 septembre 1989, elle
prit part à la Coupe du Monde de Barcelone au sein de l'équipe d'Europe sur 4 x 400 m., en compagnie de Keough, Forgacs
et Pérec. Lors du premier passage de témoin, Anita attendait l'Irlandaise Keough à la corde, mais la Soviétique l'en avait
écartée. Pour être placée, il fallait qu'elle revienne en se rabattant derrière elle. C'est ainsi qu'elle se trouva hors de la zone
de passage, en amont de celle-ci, sans s'en rendre compte. Elle courut lancée en 51"3, mais malheureusement l'équipe fut
logiquement disqualifiée à cause de la confusion lors du passage de témoin. La saison s'achevait sur ce fait divers et mais
on avait vécu de bien belles émotion en compagnie d'Anita.
La saison 1990 débutait traditionnellement par les compétitions en salle. Après les 53"13 de Genoa, elle se présentait à
Macolin avec un petit souci à la cuisse. Elle put tout de même remporter pour la quatrième fois le titre du 400 m. en 53"00 et
également courir le 200 m. en 24"10 pour une belle médaille d'argent derrière Regula Aebi. Trois jours plus tard à Vienne,
elle courait encore un 400 m. en 52"91, mais elle se blessait sérieusement à la cuisse et elle devait ainsi renoncer aux
championnats d'Europe indoor de Glasgow. La saison d'hiver s'achevait donc en queue de poisson. Le printemps fut calme
et le clan Protti avait pu peaufiner une rentrée qui devait s'effectuer le plus tard possible. Lors d'Athletissima le 12 juillet
1990, la presse avait monté le duel du siècle entre Protti et Farmer-Patrick. Les journaux ne parlaient que de ça dix avant la
course. Au final, la Panthère Noire eut raison de la Tornade Blonde avec 54"46 contre 54"71, malgré l'appui d'un public
acquis d'avance à la Lausannoise. Cette course était importante surtout pour situer le niveau actuel avant de retrouver l'hôtel
Misani et l'atmosphère vivifiant de St-Moritz. Comme d'habitude en revenant en plaine, Anita se sentait des ailes. Aux
championnats suisses à Langenthal, on aurait effectivement dit qu'un ange courait sur la piste. Le 800 m. fut le clou de la
journée du dimanche où 4'000 spectateurs s'était retrouvés aux bords du Hard Stadion. Le duel de prestige livré contre
Sandra Gasser fut somptueux et lors de son accélération finale à 150 m. du but, Anita laissait littéralement sur place la
Bernoise. Elle ne lâcha pas ses efforts, bien au contraire et elle eut tout à fait raison d'y croire jusqu'au bout puisque le
chrono s'arrêta à 2'00"00 tout juste, pour être ramené à 1'59"98. Pour la seconde fois en Suisse, une athlète brisait cette
barrière des deux minutes. La spirale de la gloire continuait de plus belle trois jours plus tard à Zurich avec la revanche de
Lausanne gagnée de belle façon pour Protti en 54"70. Elle se présentait aux championnats d'Europe de Split avec de réelle
chance de médaille. Si la Russe Ledovskaya semblait hors de portée, derrière tout était jouable. Après des séries et des
demi-finales rondement menées, Anita remportait la médaille d'argent du 400 m. haies en 54"36, record suisse de Séoul
amélioré de deux dixièmes. A son retour, elle prit part à un 400 m. à la Pontaise lors de la mi-temps du match de football
comptant pour la Coupe de l'UEFA contre Real Sociedad San Sebastian (3-2 pour le LS). Elle fut très inspirée et elle battait
le record suisse en 51"32! Toutes ces consécrations donnaient un appétit encore plus féroce à notre athlète et en hiver
1991, ce fut encore et toujours un titre du 400 m. qui venait lancer la saison en salle en 52"14. Cette fois, elle voulait aller
jusqu'au bout de sa tâche en se qualifiant pour le championnats du Monde indoor de Séville. En Espagne, Anita écrivait l'une
de ses plus belles pages de sa carrière en décrochant la médaille de bronze, dans le chrono faramineux de 51"41. Suite à
ce nouvelle exploit, Anita se blessait au pied. Elle tentait un retour en juillet avec 2'02"74 sur 800 m. à Lucerne et 51"87 sur
400 m. lors d'Athletissima. Ensuite elle se forgeait une santé de fer à St-Moritz pour revenir en août fraîche comme une
rose. Aux championnats suisses à Olten, Anita remportait son deuxième titre sur 400 m. en 51"41. Sur 400 m. haies, elle
couru admirablement à Zurich en 54"48, mais elle ne terminait que cinquième. Le niveau mondial sur cette discipline avait
prit tout d'un coup de la hauteur! Juste avant de partir à Tokyo, elle prit part à un 800 m. à Berne qu'elle gagnait en 2'01"52.
Les championnats du Monde de Tokyo 1991 pouvait lui sourire comme ce fut le cas en salle à Séville. Le climat japonais fut
propice aux exploits et ce n'est pas Carl Lewis et Mike Powell qui diront le contraire.
Pour Protti, ce fut effectivement le top de sa carrière, chronométriquement parlant. Elle courait sa série en 54"48, puis sa
demi-finale en 54"26, record suisse battu de dix centièmes. En finale, la concurrence était beaucoup trop forte pour Anita.
Elle se surpassa comme jamais, établissant du coup encore un record suisse en 54"25. Hélas elle ne put terminer "que"
sixième de cette finale qui avait tenu toutes ses promesses au niveau de l'intensité dramatique qu'elle pouvait dégager.
Cette fantastique performance fut suivie par trois autres courses à Coblence avec un 800 m. en 2'02"43, à Bruxelles sur 400
m. haies avec 55"98 et à Sheffield pour un dernier 400 m. en 52"44. Fatiguée autant moralement que physiquement, Anita
rangeait ses pointes et partit en vacances.
Quatre ans après Séoul, une nouvelle année olympique s'ouvrait en 1992. En suivant le chemin tracé, nous devions
retrouver Anita Protti à Barcelone. Hélas, trois fois hélas, elle dut renoncer aux Jeux Olympiques et elle dut se faire opérer
du tendon d'Achille. Elle tentait un come-back retentissant en 1993. Mais le corps fatigué par trop d'efforts répétés, le tendon
d'Achille de l'autre pied lâchait à son tour et elle fut out également toute la saison 1993. Beaucoup de personnes
s'interrogeaient à son sujet. Elle nous donnait une belle réponse en février 1994 avec enfin ce come-back attendu. Certes,
les trompettes n'avaient pas sonné à Macolin comme au plus fort de sa forme. Pourtant le miracle avait eut lieu et Anita
pouvait tout de même savourer sa médaille de bronze du 400 m. avec soulagement. Dès lors, l'objectif principal se nommait
Helsinki et ses championnats d'Europe. Pour cela, elle entreprit un gros travail basé sur la vitesse et cela paya tout de suite.
Elle s'alignait à Langenthal sur 300 m., une distance qui s'était soldée par une blessure lors de sa dernière apparition en
1987. Elle améliorait son record de plus d'une seconde avec 39"27. Puis elle rejoignait sa base grisonne pour trois semaines
et à son retour, elle devait prendre part lors d'Athletissima à son premier 400 m. haies depuis… le 13 septembre 1991! La
course fut très chaotique et les sensations de 1991 n'existaient bel et bien plus. Il s'agissait de courir avec de nouvelles
données, qui furent sanctionnées d'un 56"63 et qui lui permirent de se qualifier pour les Jeux de la Francophonie à Paris.
Elle terminait là-bas quatrième en 56"47 avec un goût d'inachevé. Quinze jours plus tard, elle s'alignait sur 600 m. Là aussi,
elle ne s'était plus présentée sur cette distance depuis le 27 juillet 1985 et ses fameux 1'30"55. A Genève, elle battait son
record en 1'30"21. Les championnats suisses à Vidy allaient apporter à Anita son premier titre suisse sur 400 m. haies (!) en
55"96, meilleure performance suisse de la saison. Ensuite elle courait à Zurich sur 400 m. en 52"96 et dix jours plus tard à
Bâle le 27 juillet, elle concrétisait enfin sa classe en vitesse par deux nouveaux records du club du 100 m. en 12"07 et du
200 m. en 24"18. Le lendemain, Anita se déplaçait sur la piste rapide du stade St-Léonard à Fribourg. Elle fut récompensée
de cette audace par un nouveau record du club en 11"94. Par ce double coup d'éclat et de mise à niveau de ses records en
sprint, elle rangeait les pointes après une année 1994 fort satisfaisante pour un retour en compétition faisant suite à une
période d'inactivité de plus de deux ans.
La saison 1995 devait voir une tentative de qualification pour les championnats du Monde de Göteborg en Suède. Cela
commençait par un traditionnel titre suisse au 400 m. indoor à Macolin en 54"00. Puis, schéma classique oblige, elle se
blessait au printemps et l'on dut patienter jusqu'au 27 juin pour la voir entamer sa saison estivale 1995. C'était à Lucerne
pour un 400 m. haies couru en 58"24. A l'issue de cette course, elle déclarait qu'il lui manquait encore trois semaines
d'entraînement pour revenir vraiment en forme. Problème, les championnats suisses avaient lieu juste après Lucerne. A
Berne, Anita ne montait même pas sur le podium du 400 m. Elle fut quatrième seulement en 54"27. A ce moment-là, il ne lui
restait que deux chances pour décrocher son billet pour la Suède, la limite étant fixée à 56"80. Tout s'enchaînait très vite
avec Athletissima pour une meilleure performance suisse de la saison sur 400 m. haies en 57"21 et deux jours plus tard
avec le meeting d'Udine en Italie. Sa dernière chance de qualification, Anita la jouait en ce 7 juillet avec Michèle Schenk et
Martina Stoop. Les trois filles échouèrent dans leur tentative, Anita restant même assez loin de la limite avec 57"60. Cela ne
l'empêcha pas de terminer la saison avec 53"13 sur 400 m. à La Chaux-de-Fonds et 54"16 à Meilen, une course qu'elle mit
extrêmement et bizarrement beaucoup de temps à récupérer. Son avant-dernière sortie de la saison s'était déroulée à
Koenigs Wusterhausen pour un 800 m. en 2'05"91 et la der se solda par un 56"52 sur 400 m. haies à Fribourg. Elle partit
début septembre en Namibie pour se ressourcer en vue d'une nouvelle année olympique. La saison 1996 débuta fort bien
en salle avec un sixième titre suisse sur 400 m. en 54"65 réalisé sans réelle opposition. Cette course de Macolin fut pourtant
la toute dernière de sa carrière! Elle se blessait à nouveau très sérieusement au tendon d'Achille et il fallut encore une fois
une opération chirurgicale pour soigner ce mal. Atlanta était déjà loin lorsqu'elle commençait à reposer le pied par terre et, à
32 ans, il dut se résoudre à mettre un terme à sa fabuleuse carrière. On aurait aimé un scénario moins catastrophe pour
célébrer son parcours qui restera longtemps gravé dans les mémoires.
ANITA PROTTI
Année de naissance
Période phare au LS
Disciplines
Records personnels
Highlights
Championnats vaudois 1979
Athletissima 1987 – Record suisse du 400 m.
Athletissima 1990 – Duel contre Sandra Farmer-Patrick
CM indoor Séville 1991
Athletissima 1990
La Chaux-de-Fonds 1995
Zurich 1990
:
:
:
:
1964
1985-1996
400 m.. haies, 400 m. et 800 m.
100 m. :
11"94
1994
24"18
1994
200 m. :
39"27
1994
300 m. :
51"32
1990
400 m. :
1'30"21
1994
600 m. :
:
1'59"98
1990
800 m
54"25
1991
400 m. h. :
: Record suisse du 400 m. avec 51"32
en 1990, du 400 m. en salle avec
51"41 en 1991 et du 400 m. haies en
54"25 avec 1991. Record du club du
800 m. avec 1'59"98 en 1990.
13 records suisses battus en plein air
et 7 records suisses battus en salle.
12 titres de championne suisse.
CEi 1989 à La Haye : 3ème sur 400 m.
CE 1990 à Split : 2ème sur 400 m. h.
CM i 1991 à Séville : 3ème sur 400 m.
CM 1991 à Tokyo : 6ème sur 400 m. h.