Dossier n°5 – L`IMMIGRATION EN ALLEMAGNE

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Dossier n°5 – L`IMMIGRATION EN ALLEMAGNE
Dossier n°5 – L’IMMIGRATION EN ALLEMAGNE
Reconsidérer la politique migratoire
Quelques chiffres

252 : c’est le nombre d’attaques perpétrées à l’encontre des immigrés clandestins en huit mois
(sondage Ifop, octobre 2015)

64 : c’est le taux, en pourcentage, d’Allemands craignant des infiltrations de terroristes parmi les
vagues d’immigrés clandestins.

79 : c’est le taux, en pourcentage, d’Allemands favorables à l’accueil des « migrants » dans leur
pays, selon un sondage daté du 26 septembre 2015.

41 : c’est le taux, en pourcentage, des Allemands estimant que leur pays n’a plus les moyens
économiques et financiers de poursuivre l’accueil des « migrants »
N.B. : En regard d’une saturation du territoire de plus en plus prégnante, les statistiques révèlent une
position changeante des Allemands à l’égard des immigrés clandestins. Mue par sa volonté d’accueillir
de façon inconditionnelle des immigrés toujours plus nombreux, la population allemande commence à
reconnaître la difficulté engendrée par ces arrivées massives, en des temps de crises financières
prononcées.
A la tête du mouvement européen en faveur de l'accueil des migrants, l'Allemagne
est souvent considérée comme une nation ouverte, guidée par un esprit chrétien-démocrate où
prime l'inconditionnalité de l'accueil. Aux frontières ou dans les gares, nombreux sont les citoyens
à s'être mobilisés pour venir souhaiter la bienvenue aux nouveaux immigrés en brandissant
pancartes, paniers de nourriture et bouquets de fleurs. Néanmoins, cette attitude d'ouverture ne
parvient pas à dissimuler le risque d'une résurgence de la « face sombre de l'Allemagne », selon
les mots du Président Fédéral Joachim Gauck. Partout en Allemagne se multiplient les incendies de
centres d'accueil et les atteintes physiques à l'encontre des immigrés clandestins reçus par les
nations occidentales, dans des proportions importantes : près d'une attaque par jour depuis le
début du processus (252 en huit mois selon un sondage de l'IFOP en octobre 2015) ont été
dénombrées.
Dans une Europe de plus en plus fédérale, le modèle allemand est souvent pris en
référence; la position de notre voisin outre-Rhin est assimilée à un étalon auquel chacun devrait se
conformer. C'est, dans les faits, un acteur au cœur de la question des migrations extraeuropéennes, puisque l'Allemagne reste la destination première des clandestins. Le 26 septembre,
79 % des Allemands se déclaraient ainsi favorable à l'accueil par leur pays de « migrants ».
Soutien massif de l'opinion allemande à la realpolitik menée par la Chancelière Merkel - et son
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engagement en faveur d'un accueil des migrants, demande de l'Allemagne en main d’œuvre jeune
qu'elle a les moyens d'entretenir, population vieillissante, crainte de succomber aux appels du
mouvement populiste et national PEGIDA -accusé de faire écho au traumatisme historique du
nazisme- sont autant d'éléments permettant d 'expliquer une telle tendance pro-migratoire.
La situation des clandestins est perçue comme la conséquence d'un problème dont
l'Europe est en partie responsable. Parmi les solutions proposées, l'aide au développement des
pays sud-méditerranéens pour fixer sur place les populations est de loin plébiscitée par 55 % de
l'opinion allemande, avant les programmes d'accueil, le renforcement des contrôles aux frontières
ou une intervention militaire en Syrie. Cette question fait d'ailleurs consensus dans une opinion
allemande peu changeante entre la droite et la gauche (entre 72 et 90 % des citoyens favorables
à l'accueil), à l'inverse d'autres pays européens tels que la France, qui voit son opinion déchirée
sur la question (41 points d’écart selon le sondage IFOP d'octobre 2015 cité plus haut).
Cependant, il serait erroné d'avoir une vision angélique de la situation allemande.
Malgré une forte confiance des citoyens dans les institutions politiques du Gouvernement d'Angela
Merkel, on observe une défiance vis à vis des risques liés à ces mouvements migratoires. 69 %
des Allemands craignent un effet d'appel d'air et 64 % redoutent que des terroristes se soient
infiltrés parmi les migrants. Les Allemands sont donc lucides face a l'ampleur d'un phénomène mal
connu et mal maîtrisé. Cette lucidité se retrouve aussi dans la divergence qu'il existe entre le
souhait de voir les migrants s'installer définitivement en Allemagne (seulement 28 % de la
population) et le pronostic de cette installation (que prédit 54 % de l'opinion). De même, près de
¾ des interrogés estiment que les arrivées vont se poursuivre au même rythme encore pendant
encore au moins deux ans. On reconnaît là le pragmatisme qui a souvent caractérisé la politique
allemande depuis la chute du Mur, loin des idéologies et du politiquement correct.
Ajoutons que ce phénomène de méfiance s'est confirmé et durci depuis le mois de
septembre, à mesure que les entrées se poursuivaient : lassitude de l'opinion allemande excédée
par les faits divers sordides de viols et violences commises par des clandestins ? Au 14 octobre, 41
% des Allemands estimaient que leur pays n'avait plus les moyens économiques et financiers pour
poursuivre l’accueil des migrants (31 % au 26 septembre), 55% qu'il ne s'agissait plus d'une
opportunité économique (45 % précédemment), et 44 % que le pays était en situation de
saturation (33 % précédemment, selon le sondage IFOP). Aujourd'hui, 80 % des sondés
souhaitent que les migrants ne restent que pour une durée provisoire, et repartent ensuite dans
leur pays d'origine. Si Angela Merkel conserve la confiance de son électorat de centre-droit, le
décrochage est très sensible à gauche - ce qui montre au passage que la conduite de cette
politique résulte d'un choix gouvernemental bien plus que d'une conformation à des valeurs
morales supposées universelles et partagées par tous les humanistes .
Source d'inquiétude pour les Français, ces données prouvent que l'opinion allemande se
raidit face à un phénomène migratoire dont elle prend la mesure en même temps qu'elle en
entrevoit les dangers. Il apparaît aussi que cette opinion n'était pas à l'origine opposée par
principe à cet accueil de masse, mais que les faits amènent les électeurs à changer d'avis. Ce
constat de réalité doit sonner pour nous comme un avertissement : si un pays comme l'Allemagne
éprouve des craintes face à une immigration dont elle plébiscite l'arrivée, la France doit plus
encore se méfier de ce phénomène. Contrairement à nos voisins, notre situation économique est
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catastrophique, le chômage est chaque mois en hausse, et les dirigeants politiques ont fait la
preuve de leur incompétence. Aucun indice ne laisse présager un nouveau départ de la croissance
économique, le désendettement public est pour le moment un échec. De plus, le délitement du
tissu social français et la montée des communautarismes sont autant de facteurs qui doivent nous
inciter à une extrême prudence face à l'arrivée de plusieurs dizaines de milliers d'immigrés extraeuropéens. Ce brusque afflux risque de perturber le fragile équilibre du consensus à la française
encore plus qu'il ne le fait en Allemagne. Rappelons qu'au moment de ce sondage, la côte de
popularité de la chancelière allemande était de 70 %, quand la confiance des Français dans leur
Président s'élevait poussivement à … 20 %. Gageons que les Français ne s'en remettraient donc
pas au gouvernement pour régler la crise qu'il a contribué à créer mais tendraient à privilégier
d'autres solutions moins passives, par exemple en expulsant manu militari les migrants de leurs
centres d'accueil ou en portant au pouvoir des partis moins laxistes.
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