Histoire de la Tapisserie
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Histoire de la Tapisserie
Histoire de la Tapisserie Les explications qui suivent ne tiennent pas compte des derniers 3m de la Tapisserie, les historiens sont d’accord sur l’idée d’une falsification maladroite. A ce jour, rien ne permet de déterminer la longueur originale de l’œuvre ni ce qu’elle représentait . La partie manquante pourrait faire 5 à 6 mètres. Chronologie 1077 : Dédicace solennelle de la cathédrale de Bayeux, en présence du roi Guillaume , de la reine Mathilde, de Odon évêque de Bayeux et de l’archevêque de Canterbury Lanfranc. La Tapisserie est, peut-être exposée dans la nef. 1476 : un inventaire du trésor de la cathédrale mentionne la Tapisserie. 1562 : iconoclasme des Calvinistes : de nombreux objets attribués à Guillaume sont détruits . La Tapisserie n’est pas touchée. 1728 : le prieur de Saint-Vigor écrit que l’usage persiste de tendre la Tapisserie dans la nef de la cathédrale de Bayeux de la St-Jean à la fête de la Dédicace. 1724 : Nicolas-Joseph Foucault , intendant de Caen, possède dans sa collection une copie de la Tapisserie. Elle passa dans les mains de Claude Gras de Boze et de Antoine Lancelot. Ce dernier signale la Tapisserie à l’Académie des Inscriptions et des BellesLettres . 1729 : le bénédictin Dom Bernard de Montfaucon la fait représenter dans deux de ses ouvrages . 1792 : Léonard Lambert-Leforestier, avocat bayeusain, remet la Tapisserie dont se sont servi les Révolutionnaires comme d’une bâche sur un chariot de munitions, à la Commission des Arts , pour la protéger. 1804 : la Tapisserie est exposée au Louvre, puis confiée aux Bayeusains. Elle est déposée au collège avant d’être transférée à l’Hôtel de ville en 1812. 1842 : la Tapisserie est conservée à la Bibliothèque publique de Bayeux , place du château. 1913 : la Tapisserie est installée à l’Hôtel du Doyen ( près de la cathédrale ). 1983 : la Tapisserie est transférée dans l’Ancien Séminaire du XVIIe. Composition Le terme « Tapisserie » ne désigne pas un tapis tissé mais évoque une tenture qui tapisse un mur. C’est à ce titre que le terme de Tapisserie est souvent jugé comme impropre. Il s ‘agit en effet d’une broderie. La toile, tissée au XIe siècle , est en lin, composée de 9 morceaux assemblés sans doute avant le travail de broderie. Elle mesure 68 m de long et 50 cm de large. Elle est maintenue par une doublure datant du XVIIIe siècle et sur laquelle figurent les numéros qui servent encore aujourd’hui de référence. On remarquera à certains endroits des motifs dans le tissage (croix, étendards...) indiquant qu’il s’agirait de linges tissés dans des couvents ( linge de maison ou linceuls ?). Les fils de laine sont de 8 couleurs différentes (bleus, verts, rouges, jaune chamois), teintés par des produits d’origine végétale dont la qualité a permis une bonne conservation malgré les expositions. Presque partout, la broderie se divise en 3 parties : la partie centrale, la plus large, raconte la conquête et comporte un texte : commentaire des faits, précision des personnages, la partie supérieure représente des animaux plus ou moins fantastiques du bestiaire roman, la partie inférieure représente également des animaux et des scènes tirées de récits de fables antiques ( Esope , Phèdre ) Les points de broderie utilisés : le point de tige, pour réaliser les traits et les contours et un pont de couchage appelé point de Bayeux ( deux autres points sont utilisés occasionnellement : un point fendu réalisé à 2 fils et un point de chaînette). L’auteur Le commanditaire : Si la tradition populaire l’attribue à Mathilde (épouse de Guillaume le Conquérant), les historiens sont d’accord pour l’attribuer à l’évêque Odon, demi-frère de Guillaume. Il est cité à deux reprises dans la Tapisserie et y apparaît trois autres fois. Le dessinateur : l’auteur des cartons est probablement anglais, il s’inspire de manuscrits du XIe et du style traditionnel de son époque . Les brodeurs : il semble peu probable qu’ils furent les mêmes répartis sur l’ensemble de la toile . Si le même style est présent tout le long de la toile, l’observateur ne manquera pas noter les dissonances dans les proportions et les harmonies . Dates de fabrication. La Tapisserie a dû être exécutée moins de dix ans après la bataille d’Hastings. Peut-être figurait elle dans la cathédrale en 1077 lors de sa Dédicace. Avant 1082, car à cette date l’évêque Odon fut disgracié et emprisonné par Guillaume. Elle a probablement été exécutée sur une période de deux à trois ans. Lieu de fabrication. La Tapisserie a été exécutée par un ou des ateliers de brodeurs ou de brodeuses anglais. Les écritures, la manière de présenter les Anglais, la réputation des ateliers de Kent (comté que reçut Odon après la conquête), l’image de l’accession de Harold au pouvoir sont autant d’éléments qui permettent de le supposer. Représentations sur la Tapisserie : quelques chiffres. Repérage : ❖ 58 scènes . ❖ 33 ❖ La Toile: scènes en Angleterre (dont 10 scènes représentent la bataille). 25 scènes en France. centrale : 33 à 34 cm. ❖ bordures : 7 à 8 cm. ❖ la plus grande pièce composant la toile : 13,90m / la plus petite pièce : ❖ partie 2,43m. ❖8 teintes de laine. Les personnages : ❖ 626 représentés. ❖ 15 personnages sont nommés à plusieurs reprises ; ce qui représente un total de 53 noms. Les lieux : ❖ 14 noms. L’armement : ❖ environ 200 cottes de mailles. ❖ 37 bateaux . Les troupes : aucune précision historique, l’évaluation retenue : 3000 cavaliers, 4000 fantassins, 1000 archers. Emmanuel Ozouf, Service éducatif de la Tapisserie de Bayeux, Musée de la Tapisserie - BP 21215 - 14402 BAYEUX ; [email protected] ; tel : 02 31 51 25 55