Cercle des souvenirs N° 34 Janvier 2013

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Cercle des souvenirs N° 34 Janvier 2013
Mémoire de Genech - Cercle des souvenirs
Janvier 2013 - Feuillet n° 34
Souvenirs de guerre à Genech
De 1870 à 1962 la France a connu 5 guerres. Chacune d’elles a concerné Genech et les Genechois. La mémoire de ces guerres est gravée dans la pierre du monument aux morts. Mais pas uniquement ! Outre les
blockhaus, évoqués dans un feuillet précédent, un monument aux morts, une chapelle, trois tombes, une
stèle, rappellent que ces cinq guerres ont imprimé leur marque sur le sol de notre commune.
Le monument aux morts
Il a subi les effets de la modernisation :
il fut déplacé pour ne pas gêner la circulation automobile lors des cérémonies,
notamment le 11 novembre.
La décision de construire un monument
aux morts fut prise, comme dans toutes
les communes de France, immédiatement après l’armistice de 1918. Le
Conseil municipal de Genech, présidé
par son maire, François Delebassée, décida le 30 juin 1919 «le principe de
l’érection d’un monument aux enfants
de la commune morts pour la défense
de la France». Les 41 noms «seront inscrits sur les différentes faces du monument».
Le monument aux morts à son emplacement primitif
En 1920, sous la présidence de Mr Abraham, maire, le Conseil étudia, au cours de plusieurs réunions, le
financement de l’érection du monument aux morts. Construit par Camille Lowys, marbrier à Genech, son
coût fut finalement couvert par une souscription publique qui rapporta 3580 francs et par une dépense
exceptionnelle de la Commune d’un montant de 3200 francs, dépense inscrite au budget de 1921 et en
partie couverte par une subvention de l’Etat de… 48 francs et 73 centimes.
Il fut également décidé en 1920 d’acheter un drapeau avec inscription : «Aux morts pour la patrie, reconnaissance éternelle». C’est le drapeau des Anciens combattants.
A chaque 11 novembre
A chaque 11 novembre, après une grand-messe dite pour les Anciens combattants dans une église pleine
à craquer, tout le monde se rassemblait autour du Monument aux morts, à droite de la porte de l’église,
là où est installée la crèche au moment de Noël. On entendait distinctement le nom des morts prononcé
à haute voix. Le maire ajoutait « Mort pour la France». Enfants ou adolescents, nous étions impressionnés par cette longue liste où nous retrouvions bien des noms connus.
Le garde champêtre avait bloqué la circulation avant la «revue par la municipalité puis formation du cortège dans l‘ordre suivant: Enfants des Ecoles communales, Musique municipale, Membres du Conseil
municipal, Compagnie de Sapeurs pompiers en uniforme, autres sociétés » (Conseil municipal du 7 novembre 1920). Au fil des ans, viendront s’ajouter les Anciens combattants, le Syndicat agricole et la société de gymnastique la Jeanne d’Arc..
Un Anglais et deux Sud-Africains enterrés à Genech
Tombes militaires au cimetière de Genech
Le Conseil municipal a décidé, dans sa délibération du 30 avril 1920 d’entretenir les tombes des militaires
enterrés au cimetière de Genech, «à titre de reconnaissance envers ceux qui sont tombés pour la défense
de la France». Ils venaient d’Angleterre et d’Afrique du sud :
- J. W. Palmer, Second Lieutenant, pilote de la Royal Air Force, mort le jour de Noël 1918
- M. Browne et F. Terry, artilleurs dans un régiment d’artillerie lourde d’Afrique du Sud, morts tous
les deux à Genech le 6 novembre 1918, 5 jours avant l’armistice.
Morts sur le sol ou dans le ciel de Genech, ils seront suivis de bien d’autres en 1944 (cf. Feuillet n° 5).
Le crash d’une forteresse volante (bombardier B 17) à Genech le 29 janvier 1944
Au retour d’un raid sur Francfort-sur-le-Main le
29 janvier 1944, un des bombardiers B 17 du
92ème groupe de bombardement, Fertile Turtle
Myrtle, piloté par le lieutenant James Holdren
est touché par la Flak (la défense anti-aérienne)
au dessus de l’Allemagne.
Il peine à regagner sa base en Angleterre et devient une proie facile pour les chasseurs allemands. Il est attaqué et blessé à mort par un
chasseur de la Luftwaffe, piloté par le Lieutenant Friedrich Lange, de la base de Cambrai.
Avant de s’écraser vers 13 heures, des témoins genéchois ont vu le B 17 déjà bien endommagé, décrire
une courbe au dessus du village avant de tenter de se poser sur un terrain dégagé, loin des habitations, la
plaine à l’est de l’actuel Institut Agricole et Horticole, non loin de l’autoroute.
Dès 1945 la Commune fait dresser une stèle à quelque distance du lieu d’écrasement de l’avion, au lieu
dit « le chêne Corbeau». Huit membres d’équipage sur 10 ont péri dans le crash. La plupart étaient déjà
morts ou blessés avant le contact avec le sol.
Ils venaient du Missouri, du New Jersey, de la Caroline du Nord.
Les deux survivants, deux sergents mitrailleurs, ont sauté en parachute au dessus de Auchy-les-Orchies.
Cachés durant un moment dans une ferme, ils finissent par être capturés par les Allemands qui les envoient dans des camps de prisonniers, en Allemagne. (ils sont notés « prisonniers » dans le schéma cidessus).
Prise d’armes en 1945, avec la participation de troupes américaines lors de l’inauguration de la stèle rappelant le
crash du B 17 Fertile Turtle Myrtle et la
mort de 8 membres d’équipage sur 10.
Des parents des membres d’équipage
morts le 29 janvier 1944 sont venus à
Genech à plusieurs reprises, dont la
dernière fois en février 2011. Les archives de la municipalité témoignent des
hommages rendus à ces soldats morts
pour notre liberté par chacun des maires de Genech, depuis 1945, Messieurs
Brienne, Devaux, Catteau , Boutteville
et Olivier.
La chapelle Mouchon
Elle fut édifiée en l’honneur de Pierre–Louis Mouchon, tué au combat le 27 novembre 1870. Agé de 23
ans quand éclata la guerre de 1870, il fut mobilisé. Arrivé au bout du chemin qui menait de la ferme à la
route allant vers Cobrieux, il se serait retourné et aurait dit, comme dans un adieu: « je ne reverrai pas la
ferme». Il fut tué et enterré à Villers Bretonneux. En 1872 ses frères et sœurs bâtirent la chapelle à l’endroit où il aurait prononcé ses mots d’adieu.
Le poème de Noël Deffontaines, La chapelle oubliée, dont sont publiés ci-dessous la deuxième et la dernière strophe, rattache cette chapelle à la courte vie de Pierre–Louis Mouchon.
Sur un chemin rural, figée dans les labours,
La discrète chapelle défie l’oubli du temps .
Que cache en vérité, cette œuvre que l’amour
Fraternel consacra à un humble sergent […]
Ici une fois l’an, passaient les rogations,
On y parlait de toi un tout petit instant.
Mais comme toi est morte cette tradition…
Et ne reste fidèle que le souffle du vent.
D’Angleterre, d’Afrique du Sud, des Etats-Unis ils sont venus combattre et mourir pour notre liberté sur
notre sol et dans notre ciel. D’autres, des Genechois sont allés combattre et mourir sur les champs de bataille de l’Est de la France, dans la jungle d’Indochine et dans le bled algérien, combattre et mourir pour la
patrie et pour le drapeau tricolore, aujourd’hui si malmené.
Ayons une pensée pour eux tous.
Texte de Jean-Michel Lambin.
Cercle des souvenirs : Charly Renou, Brigitte Renard, Nadé Lemaire, Roland Carlier, Geneviève Knockaert, Marie LambinColette, Fernand Leclercq, Marie-Louise Debuchy, Simone Lefevre-Monniez, Charles Dillies, Dominique Delporte.
Recherche sur internet et Iconographie: Nadé Lemaire et Gérard Boutteville.
Recherche en archives : Brigitte Renard et Roland Carlier.
Editeur responsable : commune de Genech.
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