Capter les primes de risque

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Capter les primes de risque
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Classes d’actifs
www.agefiactifs.com
du 22 janvier au 4 février 2016 / n°
668
Gestion alternative
Capter les primes de risque
raam Premia est un fonds cherchant à capter
vE
les différentes primes de risque du marché
par franck joselin
caractéristiques
@FranckJoselin
+ E-MAIL [email protected]
Si les fonds
exposés au bêta ou
ceux cherchant à générer de l’apha sont
bien identifiés par les investisseurs,
les prochaines années pourraient
bien voir l’émergence d’une nouvelle
génération de produits. Ainsi, alors
que les stratégies de bêta tirent leur
performance d’une exposition passive
aux marchés et que l’alpha est issu de
choix de gestion non liés à l’évolution
des indices, il existe des moteurs de
performance qui n’appartiennent à
aucune des deux catégories.
Il s’agit des différentes primes de
risques qui peuvent être exploitées de
manière systématique par les gérants
– contrairement au pur alpha – et
qui restent décorrélées de l’évolution
des marchés. Eraam, une société
de gestion alternative crée en 1998
par Cyril Julliard, lance aujourd’hui
Eraam Premia, un fonds exposé à ce
oC
ode Isin : FR0013029147 (Part A, inv. mini 10.000 euros)
o Frais de gestion : 1,55 %
o Droits d’entrée : 4 % (2 % à la sortie)
o Commission de surperformance : 9 % TTC
de la performance annuelle nette de frais du FCP
au-delà de l’Eonia capitalisé +1 %
o Echelle de rendement et de risque : 4
(sur une échelle allant de 1 à 7, 7 étant le plus risqué)
Des techniques simples
Pour extraire
les différentes primes
de risque, les techniques
sont aujourd’hui bien
rodées. Pour la prime
de risque liée à la taille
de capitalisation,
par exemple, la société
sélectionne les plus
petites valeurs
de son univers
d’investissement, puis
couvre cette sélection
contre le risque de
marché dans son
ensemble pour n’être
exposé qu’à un seul
xposé à plus d’une vingtaine de stratégies,
vE
il vise une volatilité d’environ 8 %
et unique paramètre,
en l’occurrence
la surperformance
que peut procurer, sur le
long terme, la plus petite
taille des entreprises.
La société a mis au point
environ 25 stratégies pour
capter autant de primes
de risques différentes
liées aux tendances de
marché, à la valorisation
des classes d’actifs,
au caractère défensif
ou non de certains titres,
au momentum,
ou encore à la volatilité.
type de primes de risques. Ce produit
marque un tournant pour le gestionnaire puisque même si ce dernier
utilise principalement des contrats
d’échange (swaps) de performance
sur des stratégies exécutées par des
banques d’investissement, le fonds
reste un produit géré en direct, et non
pas sous la forme de fonds de fonds,
comme cela était historiquement le
cas pour la société.
Détermination des primes de
risque. La première étape consiste,
pour le gérant, à identifier les primes
de risque qu’il va intégrer dans son
fonds. Depuis les années 90, la recherche académique se révèle riche
sur le sujet. Les économistes Fama et
French ont, par exemple, déterminé en
1993 que la taille des sociétés cotées et
leur valorisation expliquaient 90 % des
performances des portefeuilles. Ensuite, d’autres chercheurs ont élargi le
nombre de ces facteurs en intégrant le
momentum, la qualité des entreprises
ou encore la volatilité comme sources
de primes de risque susceptibles d’être
captées par les investisseurs.
Aujourd’hui, Eraam utilise dans
son nouveau fonds environ 25 primes
de risques différentes qu’il classe en
trois grandes catégories. En premier
lieu celles liées au risque économique (comme le caractère small cap
ou value des titres), celles liées aux
contraintes des investisseurs (comme
la qualité des entreprises ou la faible
volatilité de certains titres) et les biais
comportementaux sur les marchés
(comme le momentum). « Ces primes
de risques sont aujourd’hui connues.
D’ailleurs, de nombreux gérants d’actifs
s’y exposent intuitivement en choisissant
par exemple, à certains moments, d’investir sur des titres value, sur des petites
capitalisations ou encore sur des titres de
qualité. Il ne s’agit pas, dans ce fonds, de
trouver des primes de risques exotiques,
mais bien d’implémenter le mieux possible des moteurs de performance purs
et déjà bien identifiés », explique Cyril
Lureau, Partner chez Eraam et gérant
du fonds.
Une stricte gestion du risque.
Une fois ces primes de risque
identifiées, le gérant les assemble
en équipondérant le risque qu’elles
représentent, calculé notamment à
partir de leur volatilité long terme.
« Nous ne faisons aucune prévision sur la
rentabilité des différentes classes d’actifs ou
sur l’évolution de leur volatilité », précise
Cyril Lureau. A noter cependant que
parmi ces primes de risque, quelquesunes sont liées au bêta du marché.
« Le bêta constitue, en soi, une prime de
risque. Nous avons donc voulu l’intégrer
car ce fonds a vocation à s’inscrire dans
les allocations de cœur de portefeuille
des investisseurs, au même titre que les
fonds diversifiés classiques. Aujourd’hui,
les stratégies de bêta pèsent pour un
peu moins de 15 % du risque global du
portefeuille », explique le gérant. Le
fonds cible, sur le long terme, une
volatilité aux alentours de 8 % avec
une performance du même ordre.