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Olivier Nuc : ça s’entend beaucoup dans ce texte. Parallèlement à ce travail
d’auteur, il est quand même obligé d’avoir un emploi salarié, donc il accepte la
proposition de Canetti de devenir directeur artistique ; il va s’occuper successivement
des variétés, du jazz, puis il va rejoindre l’équipe de Barclay qu’il rencontre, Barclay
un autre fan de jazz qui a débuté en important le 33 tours, on l’oublie un petit peu,
Eddie Barclay on se souvient des smokings blancs et des fêtes à Saint-Tropez mais
c’était surtout un grand monsieur, un visionnaire de la musique, un entrepreneur, qui
va lui faire confiance et lui faire développer des catalogues, donc à ce moment là
Boris Vian signe des artistes, il coordonne des séances d’enregistrement
JP Nataf : ils écriront même une chanson ensemble avec Eddie Barclay
Olivier Nuc : exact. Et il importe des disques américains, il garde ce côté courroie de
transmission entre les musiciens de jazz américains et le public français puisque dès
qu’il y a un artiste de renom : Duke Ellington, Miles Davis – qui vient à Paris, c’est
en général Boris Vian qui va le chercher au Bourget, qui l’accueille, qui fait partie des
premiers enthousiastes.
Il va écrire énormément pour le jazz dans Jazz Hot, il y a des chroniques célèbres et
une polémique avec un autre critique puisqu’il défend une vision du jazz qui est un
peu audacieuse à l’époque, même si aujourd’hui le be-bop paraît totalement
acceptable, mais on est dans les années cinquante, on est encore dans les
querelles. Au rayon des adaptations justement (« L’arbre aux pendus », « La
marche des gosses ») , il y a eu beaucoup de choses, il a travaillé pour le cinéma, il
a adapté des chansons, on a répertorié les pays, des chansons des Etats-Unis,
d’Allemagne, d’Italie et même une chanson japonaise qui reste inédite, et également
des chansons créoles, là c’était plus le registre Salvador. La première adaptation qu’il
a réalisée c’est dès 1950 avec une chanson de Sinatra « Sam’s song » qui est
devenue « Ma chansonnette » et il a développé toute une partie d’un répertoire qui
est très crooner, même si on ne l’a pas sélectionné aujourd’hui
JP Nataf : c’est effectivement très dur, il faut voir Dany Brillant, c’est ce qu’on se
disait
Olivier Nuc : ça sera pour le deuxième service
JP Nataf : c’est vrai qu’il y a un joli catalogue crooner qui est très bien servi en plus
par Salvador
Olivier Nuc : l’essentiel de ce travail d’adaptation, il va le réaliser entre 57 et 59 de
manière très prolifique et pas très organisée ( « Bal de Vienne », « C’est la
barbe », « D’où reviens-tu Billie Boy ? », « Frankenstein », « Gigi », « Oh !
quand les saints » ) très « jetée » comme ça, en fonction des choses qu’il aime,
qu’il écoute, qu’il a envie de faire découvrir, il y a chez Vian un rôle de passeur, tout
au long de sa vie, tout au long de sa carrière et il disait à propos de ce travail
d’adaptateur « le devoir de l’adaptateur est de ne pas les rendre meilleures – en
parlant des chansons - qu’elles ne sont en particulier et de ne pas gâcher un bon
sujet ».
Là on a un bon sujet avec la chanson suivante, puisqu’on est dans « L’opéra de
quat’sous »
JP Nataf : c’est plus que de l’adaptation, c’est quasi de la traduction, c’est un roman
qui vient de la littérature, il y a sur « L’opéra de quat’sous » des adaptations
(« Bilbao song », « Surabaya Johnny ») il y a des adaptations de « La complainte
de Mackie», c’est quasiment littéral, au détriment quelquefois du fait que ça sonne
ou des rimes
Olivier Nuc : encore une fois c’est le texte avant tout
JP Nataf : oui c’est un passeur : ce que la chanson a essayé de dire, je vais essayer
de le dire et le coller quasiment aux mêmes images. Il y a des versions pour « La
complainte de Mackie » par exemple, il y a une version qu’a chantée Pierre
Colombo quelques années après qui est mieux écrite, avec des images plus fortes,
avec des syllabes plus jolies à chanter
Olivier Nuc : mais moins fidèle au texte..
JP Nataf : voilà, celle-là est très basique ; il y a un truc chez Vian, on a l’impression
que la plupart de ses chansons ont été écrites sur une nappe
Olivier Nuc : oui c’est le cas d’ailleurs, il écrivait vraiment partout, tout le temps, dès
qu’il avait un moment de libre ; ce n’était pas très organisé.
© Hall de la Chanson, 2005

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