Le secret levé pour faciliter la quête des origines

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Le secret levé pour faciliter la quête des origines
Homa Hoodfar,
le pion,
la prisonnière et
l’affranchie Page A 2
◆
VO L . C V I I
H AÏTI
No 2 2 8
LE
Zeitgeist
Je suis une
Québécoise
japonaise Page B 1
www.ledevoir.com
DEVOIR,
LE
VENDREDI
7
◆
OCTOBRE
2016
COMPTE SES MOR TS PENDANT QU ’ ON ÉVACUE LE LITTORAL AMÉRICAIN
1 , 3 0 S| +
TA X E S
= 1 , 5 0 S|
ADOPTION
Le secret
levé pour
faciliter
la quête
des origines
Québec ouvre aussi la
porte à l’adoption
coutumière autochtone
MARCO BÉLAIR-CIRINO
Correspondant parlementaire
à Québec
a ministre de la Justice, Stéphanie Vallée,
veut faire voler en éclats la chape de secret
L
recouvrant les dizaines de milliers de dossiers
HECTOR RETAMAL AGENCE FRANCE-PRESSE
À Croix-Marche--Terre, un homme est appuyé sur un des rares murs de sa maison qui a résisté au passage de l’ouragan Matthew.
Le silence angoissant des sinistrés
À Haïti, ceux que l’ouragan a épargnés vivent dans l’attente de nouvelles de leurs proches
Pendant que sur le littoral atlantique des
États-Unis les citoyens — plus de deux millions — fuyaient à l’approche de l’ouragan
Matthews, Haïti, elle, comptait ses mor ts.
Jeudi soir, le bilan faisait état de d’au moins
283 morts, bilan qui risque de s’alourdir.
JOSIANNE DESJARDINS
à Port-au-Prince
matin mardi, ma mère m’a ap«tombé
Àsur3peléh ledupour
me dire qu’un arbre était
toit de sa maison, à Camp-Perrin.
Mais depuis, c’est impossible de parler avec
elle. Je n’ar rive pas à prendre contact avec
mes proches », raconte Valéry Daudier, journaliste au quotidien francophone Le Nouvelliste.
Alors que le bilan des mor ts de l’ouragan
Matthew ne cesse de s’alourdir, l’attente est insoutenable pour des milliers d’Haïtiens victimes des réseaux de communication déficients
et donc privés de nouvelles de leurs proches se
trouvant dans les zones les plus durement touchées par la tempête.
C’est le cas de Valér y Daudier. Le regard
fuyant, rempli d’inquiétudes, le jeune homme
basé à Port-au-Prince attendait impatiemment,
hier après-midi, l’appel de sa sœur qui avait
quitté la capitale en matinée pour rejoindre sa
mère. Si, normalement, trois heures de route
en direction sud suffisent pour se rendre dans
la commune qui l’a vue grandir, il aura fallu
plus de huit heures pour qu’elle puisse finalement serrer sa mère dans ses bras.
La route a été des plus pénibles tant le paysage était devenu méconnaissable. On pouvait
observer des centaines d’arbres déracinés, des
maisons effondrées ou dépourvues de leur toit,
emporté par la « misère » de l’ouragan Matthew,
raconte M. Daudier. C’est d’ailleurs la scène à
laquelle a assisté sa mère, qui a tout de même
insisté pour passer deux nuits entières dans la
maison en grande partie détruite par l’ouragan.
Walph Ferentzi Youyou, un résidant de Portau-Prince, a aussi vécu le cauchemar d’être
sans nouvelles de ses proches pendant plus de
48 heures. « C’était impossible de savoir quoi que
ce soit. Le réseau était hors service. J’ai pu joindre quelqu’un qui connaît ma famille 24 heures
après le début de la tempête, mais je n’avais toujours pas la certitude qu’ils étaient en sécurité »,
raconte l’éducateur qui, hier après-midi, n’avait
toujours pas parlé de vive voix à son père. Son
VOIR PA GE A 10 : H A ÏTI
Lire aussi › Fuyez. Deux millions d’Américains
ont reçu un ordre d’évacuation. Page A 10
d’adoption détenus par l’État québécois.
Elle a dévoilé jeudi le projet de loi 113 visant
notamment à accorder à toute personne adoptée « le droit d’obtenir […] ses nom et prénom
d’origine et ceux de ses parents d’origine et les
renseignements lui permettant de prendre
contact avec ces derniers ».
À l’heure actuelle, une personne adoptée
peut contourner la règle générale actuelle en
matière d’adoption, la confidentialité, seulement si le parent biologique y consent. « Ce sera
renversé. La communication de renseignements
sera présumée », a souligné Mme Vallée à l’occasion d’une conférence de presse.
Le projet de loi prévoit une période transitoire suspendant l’ouver ture des dossiers
d’adoption pendant 18 mois afin de permettre
aux parents biologiques d’inscrire un « refus à
la communication de l’identité ». Passé ce délai,
leur dossier sera divulgué si l’enfant en fait la
demande.
« L’enfant, dans la mesure où il n’y a pas eu
inscription de ce veto-là, aura le droit d’obtenir
l’identité de ses parents d’origine », explique le
professeur à la faculté de droit de l’Université
de Montréal Alain Roy. « C’est assez majeur. Il y
en a qui pourront réaliser leur quête
identitaire », poursuit-il.
En revanche, les parents ne pourront pas
mettre la main sur les informations de leur enVOIR PA GE A 10 : A DOP TION
DOCUMENTAIRE
A UJOURD ’ HUI
Actualités › Des
employées harcelées. La GRC
demande pardon et
offre 100 millions.
Page A 2
Actualités › Santé.
Le Commissaire à
la santé s’inquiète
de l’effritement du
panier de services.
Page A 3
Avis légaux. A 4 Annonces.... B 6
Décès........... B 6 Motscroisés B 3
Météo........... B 3 Sudoku........ B 9
Le parcours de l’immigrant
De Sherbrooke à Brooks, histoires d’espoirs et de désillusions
Pour nombre de réfugiés de l’Afrique des Grands Lacs, la nouvelle vie au Canada n’est pas un long fleuve tranquille. Dans le documentaire De Sherbrooke
à Brooks, leur parcours migratoire prend la forme d’une autoroute de béton
remplie d’espoir, reliant deux villes que 3500 km séparent.
LISA-MARIE GERVAIS
D
ésiré Kiana a milité pour
les droits de la personne
en République démocratique du Congo. Témoin
de massacres, il ne voyait
pas comment il pouvait élever sa famille en sécurité, dans un climat de
paix. Le Canada lui est apparu comme
une por te de sor tie. Mais aussi une
por te ouver te sur une nouvelle vie
remplie d’inquiétudes et d’obstacles,
surtout à l’emploi.
Du réalisateur Roger Parent, De Sherbrooke à Brooks, produit par Dominic
Desjardins de l’ONF, s’intéresse au parcours d’intégration de réfugiés africains,
en suivant quatre personnages principaux, qui se sont installés au début des
années 2000 dans l’une ou l’autre de ces
villes canadiennes. Qu’ils soient au Québec ou en Alberta, un leitmotiv les guide
tous: la recherche d’un travail.
C’est ainsi que Désiré Kiana se retrouve, après avoir passé un long moment à chercher du travail à Sherbrooke — « il y avait des freins, c’était
fermé » —, à prendre la route pour
Brooks, en Alberta. Un étudiant l’avait
mis sur la piste d’un abattoir qui embauchait à des salaires concurrentiels : Lakeside Packers. À 37 heures de sa ville
d’accueil. « Je suis père de famille avec
trois enfants. Faut-il passer trois années
à l’aide sociale ? Je viens d’un pays qui,
même s’il était en guerre, au moins
me faisait travailler », raconte-t-il.
VOIR PA GE A 10 : IMMIGRANT
OFFICE NATIONAL DU FILM
Félicia, originaire du Cameroun, est employée par une exploitation agricole dans la
région de Sherbrooke.

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