L`exigence de la prévenance

Transcription

L`exigence de la prévenance
MATTHIEU 5.38-48
Introduction
Les nerfs à vif !
Veuillez fermer vos Bibles, sortir une feuille blanche, inscrire vos noms. Nous allons faire ce matin une interrogation
écrite surprise sous forme de QCM (question à choix multiples).
1 . Vous vous appelez George Bush Junior, vous êtes le gouverneur du Texas, où se trouve Carla Faye Tucker qui
doit être exécutée demain dans la journée. Vous êtes Chrétien - en tout cas M. Bush professe l'être — vous
savez que que Mme Tucker l'est également. Vous recevez des milliers de fax par jour vous demandant de la
gracier. Une simple signature de votre part et Mme Tucker est sauvée.
Vous signez l'arrêt de mort ?
Vous arrêtez le processus ?
2 . C'est le Printemps, vous marchez dans les rues de Lyon. Un ivrogne se précipite vers vous et vous cogne le
flanc droit.
Vous lui tendez le flanc gauche ?
Vous l'assommez avec votre Bible (que vous portez toujours avec vous, bien sûr ! ) ?
Vous essayez de le raisonner ?
3 . Vous avez économisé longtemps pour acheter une nouvelle voiture. Votre voisin qui est connu pour dilapider ses
économies dans les jeux, frappe à votre porte et vous annonce que s'il ne rembourse pas d'ici trois jours ses
créditeurs, il ira en prison. Il vous demande 60 000 F tout de suite.
Vous lui donnez vos économies ?
Vous refusez ?
Vous lui dites que vous prierez pour lui ?
Vous lui dites "parfois les conséquences du péché, on les paye !"
4 . Vous venez d'apprendre que votre voisin fait un mal sérieux à ses enfants. Vous avez développé des liens
amicaux avec lui, notamment pour lui témoigner de la foi en Christ.
Vous le dénoncez à la police ?
Vous le mettez en garde ?
Vous ne faites rien ?
5 . Les étudiants de votre classe ont réalisé une caricature très expressive de votre visage. A cause de vos
convictions chrétiennes, ils ont marqué "le curé" en dessous de l'image et l'ont affiché partout dans la faculté.
Vous connaissez très bien le rigolo qui a fait ça.
Vous priez les Psaumes d'imprécation à son encontre ?
Vous l'évitez à tout prix ?
Vous aggravez le déficit de la Sécurité sociale en lui fracturant le nez ?
6 . Vous êtes soldat, également chrétien. Vous êtes au Kosovo parmi les premières troupes envoyées au sol. Votre
arme est l'artillerie lourde, la plus meurtrière de toutes. Vous avez ordre de tirer sur un village car des soldats
ennemis viennent de s'y réfugier.
Vous acceptez ?
Vous refusez ?
Nous continuons notre série sur l'Evangile de Matthieu. Le passage que nous allons lire a fait l'objet de nombreuses
interprétations contradictoires. Peut-être plus que tous les autres passages du sermon sur la montagne. Selon le
regard que vous porterez sur ce passage, dépendront vos réponses aux questions posées.
Lecture: Matthieu 5.38-48
" 38 Vous avez appris qu'il a été dit, oeil pour oeil, et dent pour dent.
39 Mais moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu'un te frappe sur la joue droite,
présente-lui aussi l'autre.
40 Si quelqu'un veut plaider contre toi, et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau.
41 Si quelqu'un te force à faire un mille, fais-en deux avec lui.
42 Donne à celui qui te demande, et ne te détourne pas de celui qui veut emprunter de toi.
43 Vous avez appris qu'il a été dit, Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi.
44 Mais moi, je vous dis, Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux
qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent,
45 afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux; car il fait lever son soleil sur les
méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes.
46 Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les publicains n'agissent-ils pas
de même ?
47 Et si vous saluez seulement vos frères, que faites-vous d'extraordinaire ? Les païens n'agissent-ils pas
de même ?
48 Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait. "
La prévenance, c'est la capacité pour une personne de faire passer le bien de l'autre avant le sien.
Le chrétien brillera par des réactions servant le bien d'autrui.
Réagir avec désintéressement (5.38-42)
Le principe
" 38 Vous avez entendu qu'il a été dit: ‘oeil pour oeil, dent pour dent.' 39a Mais moi je vous dis de ne pas
résister au méchant. "
Cette parole se trouve dans l'Ancien Testament à au moins trois reprises (Ex. 21.24 ; Lév. 24.19-20 & Deut. 19.21) :
"Si des hommes se querellent, et qu'ils heurtent une femme enceinte, et la fasse accoucher, sans autre accident, ils
seront punis d'une amende imposée par le mari de la femme, et qu'ils paieront devant les juges. Mais s'il y a un
accident, tu donneras vie pour vie, oeil pour oeil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied, brûlure pour
brûlure, blessure pour blessure, meurtrissure pour meurtrissure" (Ex. 21.22-24).
Cette loi est un pilier fondamental d'une saine justice humaine. Elle est remarquable par deux de ses principales
fonctions : Elle veille à ce que le mal ne soit considéré comme quelque chose de normal. Une mauvaise action a des
conséquences. La violence est profondément anormale et exige compensation ou réparation.
Elle limite les peines à la hauteur de l'offense. Si quelqu'un te marche sur les pieds, tu n'as pas le droit de le
pendre! Même si l'envie est très forte !
Si Christ ajoute à cette loi ce n'est surtout pas qu'elle était devenue mauvaise. Au verset 17, Jésus a prévenu qu'il
n'était pas venu pour abolir la loi ou les prophètes et il a dit que même les lettres les plus petites de la Loi morale de
l'Ancien Testament ne disparaîtraient jamais, parce qu'elles étaient ‘soufflées de Dieu'. Le " mais moi je vous dis " ne
corrige pas la Loi elle-même mais l'usage qui en avait été fait... => puisque la Loi dit : "oeil pour oeil dent pour dent",
je me ferai donc le plaisir de l'appliquer de tout mon cœur :
Tu m'insultes ? Je te traite de tous les noms ! Tu t'insurges ? Mais c'est biblique, oeil pour oeil...
Tu me mens ? Je te mens ! oeil pour oeil...
Tu m'ignores ? Je t'ignore ! oeil pour oeil...
Tu me trahis ? Je fais de même... oeil pour oeil...
La loi qui était censée protéger l'excès était devenue dans la culture Juive prétexte biblique au vice. Le comble
pour la Loi de Dieu !
La Loi qui était censée restreindre le mal était devenue un moyen de se venger légalement. ‘Si tu me frappes,
j'ai le droit maintenant de te frapper. Quelle joie !'
C'est ce que Christ reproche. La Loi ne sert pas à appeler la vengeance, mais plutôt à contrôler la vengeance :
Le jugement ne pouvait être supérieur à l'offense
C'est aux juges, et non à l'offensé qu'il revenait d'appliquer correctement cette prescription.
C'est le sens des propos correctifs de Jésus: "39a Mais moi je vous dis de ne pas résister au méchant."
Le verbe "résister" pourrait se traduire par : tenir tête, confronter, s'opposer, faire face.
Le méchant (to poneros) pourrait s'appliquer à quelqu'un dont l'intention est mauvaise, mais on pourrait peutêtre l'appliquer au mal en général.
Comment comprendre ce passage ? Voici tout d'abord trois mauvaises pistes que j'aimerais écarter :
Le pacifisme judiciaire. Cette perspective nous dit que Christ envisagerait ici l'absence de toute forme de
répression policière et toute pénalisation juridique. Le seul outil disponible pour la société serait une sorte
d'amour passif. Tu me frappes ou tu frappes quiconque, je ne dis rien. Tu finiras un jour par comprendre. Dans
cette perspective, ni la peine de mort, ni la prison, ni même le tribunal n'a de place.
MAIS Rom. 13 nous dit que "ce n'est pas en vain que les autorités portent l'épée, étant au service de Dieu pour
(montrer) sa vengeance et sa colère à celui qui pratique le mal." Le chrétien doit les respecter. Le revolver d'un
policier et d'un militaire, comme le bouton qui lance la guillotine est légitime. Mais ces armes appartiennent au
gouvernement et non à l'individu.
Le maire de New York, Rudolf Guiliani, a décidé qu'il n'y aurait plus la moindre tolérance pour les petits délits.
Avant lui, la police se consacrait à la grande criminalité, et laisser filer les infractions mineures. Le maire a
inversé totalement le principe, escomptant faire baisser les statistiques de la délinquance de 20 % pendant les
quatre ans de son mandat. Deux ans plus tard, il y avait 50% de crimes en moins à New York.
Le pacifisme militaire. Cette autre perspective affirme que tout engagement armé va à l'encontre des
principes énoncés par le Christ, puisque justement le militaire a pour fonction ultime de détruire un adversaire,
donc de tuer, ce qui n'est certainement pas une manière de céder au méchant !
Cela a été traditionnellement la position de nos églises lors des siècles passés. Lors de la guerre de sécession,
les Eglises Evangéliques des Frères qui se trouvaient à la frontière allaient soigner les soldats des deux camps et
refusaient de s'enrôler dans l'une ou l'autre armée. Beaucoup furent emprisonnés et leurs biens confisqués à
cause de leur position.
Personnellement je ne crois pas que l'on puisse légitimer une telle position en partant de ce passage. A la
décharge des EEF, il faut dire que nos églises venant d'Allemagne, avaient connu des décennies de guerres de
religions (entre princes Protestants & Catholiques) et que ces guerres n'avaient apportées que de la souffrance.
On comprend alors qu'une telle position ait été tenue. La question est complexe et il faudrait du temps pour
l'aborder. En tout cas, le sermon sur la montagne ne traite pas directement de la question.
Le pacifisme individuel, style " paillassonisme "
. Quoi que tu me fasses, je ne réagirai pas. Tu peux me
frapper ou faire du mal à mes proches, je suis dans la joie sereine & confiante de mon christianisme !
Lorsque Paul & Silas furent arrêtés, battus sans procès et jetés en prison dans la ville de Philippes, les
magistrats réalisèrent qu'ils avaient fait une grave erreur car ils étaient citoyens romains. Ils décidèrent donc de
les libérer discrètement. Que firent Paul & Silas ? Ils refusèrent ! Ils exigèrent que les magistrats viennent en
personne les libérer. Pourquoi ? Pour la protection future des chrétiens de cette ville (Act. 16.) Ce n'était pas
pacifiste ! Même dans l'Eglise, l'amour doit revêtir suffisamment de force pour aller voir un frère ou une soeur
et l'inviter à se repentir d'un péché. S'il refuse, ce processus peut aller jusqu'à l'annonce à l'ensemble de l'Eglise
que cet homme ou cette femme ne peut être considéré(e) comme un frère ou une soeur (Mat 18).
Cette section où Christ interprète correctement la Loi dans son intention est encadrée par deux versets : le verset 20 :
" si votre justice n'est pas supérieure à celle des scribes et des Pharisiens, vous n'entrerez pas dans le royaume de
Dieu " et le verset 48 : " vous serez donc parfaits comme votre Père céleste est parfait. "
Quatre remarques permettent de comprendre.
1 . Le but de Christ est de relever l'erreur et l'hypocrisie des traditions religieuses qui s'étaient développées et
qui étaient contraires à l'esprit des lois de l'Ancien Testament.
2 . Le but de Christ est d'identifier la vie individuelle selon le Royaume de Dieu. Avec une double dimension :
celle du "maintenant" et du "pas encore". Maintenant un homme peut découvrir le bonheur de la vie avec Dieu.
Mais demain (quand Christ reviendra) ce bonheur sera complet.
3 . Le but du Christ n'est pas de donner un code civil ou pénal à la société. Le sermon sur la montagne
s'applique au disciple de Christ, pas à un gouvernement, une armée ou la police.
4 . Le but de Christ est d'anéantir l'assurance spirituelle des religieux de son époque en plaçant la barre au
niveau de la perfection du Christ. En révélant l'immensité de la distance qui sépare l'homme de Dieu, Christ
montre que l'homme a besoin de Dieu pour parvenir à Dieu. Une colère, une convoitise immorale, rendent une
personne digne d'un enfer éternel. Elles engendrent un acide qui creuse un abîme entre Dieu & les hommes.
Que veut donc dire Jésus : " mais moi je vous dis de ne pas résister au méchant " ? Par les quatre exemples qu'il
donne, nous allons essayer de comprendre.
L'illustration de l'affront (5.39b)
" 39b Si quelqu'un te frappe sur la joue droite, tends-lui aussi l'autre. "
Pour cette vérité de la parole, essayez de visualiser la scène d'une personne qui s'apprête à gifler une personne qui lui
fait face :
Supposez que je veuille vraiment faire du mal à une personne, Si je suis droitier, je vais prendre mon élan et le
frapper sur... la joue gauche, n'est-ce pas ?
Maintenant pour que je frappe quelqu'un sur la joue droite, c'est vraisemblablement du revers de la main, signe
de mépris total.
Jésus ne parle pas d'une agression physique en bonne et due forme. Il ne parle pas de blessure, mais d'un
affront, d'une honte.
Dieu dit: on te fait honte ? Laisse béton !
Montre que ton honneur ne dépend pas d'une gifle — ou d'une insulte. Montre qu'en Christ on est suffisamment
sûr de son identité pour ne pas être ébranlé par ce genre de comportement. L'évaluation de notre honneur, de
nos qualités ne se fait pas par le regard des autres.
Montre que tu as confiance en Dieu. " Ne dis pas : Je rendrai le mal. Espère en l'Éternel, et il te sauvera "
(Proverbes 20:22). Celui qui cultive une proximité avec Dieu est quelque part blotti dans la main de celui qui est
plus grand que tout. " Si Dieu est pour nous... , qui sera contre nous ? " Un jour, Dieu révélera toute chose,
résoudra tout conflit et récompensera les siens. Confiance que Dieu s'occupera mieux que nous de justifier notre
droit.
L'exemple le plus marquant de l'Écriture nous est donné par David & Saül. Ce dernier voulait "rester Calife", et le
premier devait "devenir Calife à la place du Calife" — non par sa propre volonté, mais par celle de Dieu, car Saül
s'était disqualifié. La jalousie de Saül l'avait conduit à persécuter David. Or à deux reprises, David aurait pu tuer Saül,
mais ne l'a pas fait. Par le bien qu'il manifestait envers Saül, il voulait gagner la bataille du mal.
L'illustration de l'expropriation (5.40)
" 40 Si quelqu'un veut te traîner en justice et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau. "
Les gens de l'époque portaient un vêtement à même le corps, c'était la tunique. Généralement, les gens n'avaient que
deux ou au plus trois tuniques. Ils avaient en plus un vêtement en tissu plus épais qui servait aussi bien de manteau
que de couverture. Sans ce vêtement, les nuits pouvaient être mortelles.
Ce deuxième exemple (ainsi que le quatrième) s'inspire des lois de l'Ancien Testament, notamment...
Ex 22. 22ss " Tu n'affligeras point la veuve, ni l'orphelin. 23 Si tu les affliges, et qu'ils viennent à moi,
j'entendrai leurs cris; 24 ma colère s'enflammera, et je vous détruirai par l'épée; vos femmes deviendront
veuves, et vos enfants orphelins. 25 Si tu prêtes de l'argent à mon peuple, au pauvre qui est avec toi, tu ne
seras point à son égard comme un créancier, tu n'exigeras de lui point d'intérêt. 26 Si tu prends en gage le
vêtement de ton prochain, tu le lui rendras avant le coucher du soleil; 27 car c'est sa seule couverture, c'est le
vêtement dont il s'enveloppe le corps, dans quoi coucherait-il ? S'il crie à moi, je l'entendrai, car je suis
miséricordieux. "
Ainsi Christ pense au procès que l'on ferait à un pauvre, qui n'aurait peut-être qu'une tunique et un manteau.
Si ce pauvre est vraiment fils du Royaume, il doit être prêt à réparer l'offense qu'il a causée, au point même de
se priver de son manteau.
Un témoignage fort d'une repentance authentique. Un juge ne serait-il pas sensible à l'attitude qui admet le mal
et qui cherche à le réparer ?
Le procès des hommes a des conséquences terrestres limitées. Quelques années. Qu'est-ce, comparé à
l'éternité, les milliards de milliards de milliards d'années !
L'illustration de la réquisition d'une aide (5.41)
" 41 Si quelqu'un te force à faire un mille, fais-en deux avec lui. "
A cette époque, les soldats & les fonctionnaires romains avaient le droit de réquisitionner l'aide de n'importe quel
homme pour qu'il lui porte ses bagages sur une distance d'à peu près 1500 m. Après les 1500 m, ce soldat appelait
un autre homme pour lui demander de faire un autre parcours de 1500 m.
Imaginez-vous à Paris, en 1941. Vous êtes sur la terrasse d'un café, sirotant un pastis bien frais — sans alcool
bien sûr J — et un soldat allemand arrive et vous dit : ‘toi, porte mes bagages.' Vous laissez votre pastis bien
frais... Quel sentiment auriez-vous ? Quelle humiliation ! Quelle corvée !
Christ dit : ce n'est pas grave, ne reste pas tant attaché à toi-même. Un gouvernement impie te demande de
faire 1500 m ? Fais-en 3000 ! Dans la mesure où ce que le gouvernement demande n'est pas immoral, faisle ! Tu n'es qu'un voyageur sur cette terre. Notre cité est ailleurs, et des pastis frais à siroter, il y en aura plus
tard !!
Il y a une attitude d'abnégation, de désintéressement, que Christ veut susciter en nous. Quand vous remplissez
votre déclaration d'impôts, quand vous cédez à un enfant qui vous demande de jouer avec lui, quand votre
conjoint vous demande quelque chose, quand un collègue demande un service, quand un patron exige un coup
d'accélérateur — comment réagissez-vous ?
Il ne s'agit pas de céder en toutes circonstances — ce serait le "paillassonnisme" dont j'ai parlé plus haut — mais
de tenter de contraindre la réaction naturelle de refuser immédiatement, avec la grâce d'un esprit de
dévouement.
L'illustration de l'emprunteur (5.42)
" 42 Donne à celui qui te demande et ne te détourne pas de celui qui veut emprunter de toi. "
Le sentiment de possession est une marque de l'humanité. Ce n'est pas un vol que de posséder, contrairement à des
propos tenus par certains. Il est légitime de posséder un certain nombre de choses. Avoir beaucoup ou avoir moins
n'est ni bien ni mal. C'est le fruit d'une grâce.
Mais comme toute chose légitime, elle devient illégitime lorsqu'elle nous contrôle. Posséder est bien sauf si ce
sont les choses qui nous possèdent.
Un chrétien doit pas être contrôlé par ses possessions. Il doit les gérer à bon escient.
Gérer à bon escient ? Pour que les possessions soient utiles à Dieu, aux hommes ! La générosité qui ne touche
que les paroles n'en n'est pas une. La générosité authentique touche la manière dont on donne à Dieu ou aux
hommes, comme la quantité proportionnelle que l'on consacre à Dieu et aux hommes.
Est-ce à dire que l'on doit tout donner à tous ceux qui nous demandent ? Je ne le crois pas.
Nous avons tous regretté, je suppose, d'avoir tenté d'aider financièrement des gens qui, en fait, avaient surtout
besoin d'apprendre une saine gestion !
L'apôtre Pierre était l'un des responsables d'une église immensément riche, l'Eglise de Jérusalem. A ce titre,
lorsque l'estropié du Temple lui a demandé de l'argent, il aurait pu lui en donner. " Mais Pierre lui dit : je ne
possède ni argent ni or ; mais ce que j'ai je te le donne : au nom du Seigneur Jésus-Christ de Nazareth, lèvetoi et marche " (Act. 3.6.)
De nouveau, cette image illustre les dispositions du cœur. Quelle est la première réaction quand on nous
demande de l'argent ? pas question ? Christ nous dit : ne ferme pas si vite la porte. Peut-être qu'il est juste de
le faire. Le chrétien prendra le temps de considérer le fait de se dépouiller d'une partie de ses ressources pour le
bien de l'autre.
Les versets 9 à 21 de Romains 12 illustrent totalement les principes que Christ énonce :
Dieu veut confondre le mal qui nous entoure, par le bien. Romains 12:17 " Ne rendez à personne le mal pour le
mal. Recherchez ce qui est bien devant tous les hommes. " Ce n'est pas toujours possible. Le verset qui suit
Rom 12.17 nous dit " S'il est possible, autant que cela dépend de vous, soyez en paix avec tous les hommes. "
On laisse à Dieu le soin de juger. Lorsqu'on répond avec amour, lorsqu'on choisit de pardonner par un acte de
volonté, on n'efface la dette de l'autre. On ne fait que la remettre à Dieu, qui est meilleur gestionnaire des
dettes des hommes. Rom 12.19 nous dit : " ne vous vengez pas vous-mêmes bien aimés, mais laissez agir la
colère... " Dieu réglera l'ensemble des conflits. " Le Seigneur se rit du méchant, Car il voit que son jour arrive "
(Ps 37:13).
Enfin, Rom 12.21, nous voyons que la guerre que nous menons n'a pas pour but d'ôter le mal de la planète, mais
d'ôter le mal de nos cœurs. " Ne sois pas vaincu par le mal, mais vainqueur du mal par le bien. " En tant que
disciples du Christ, Dieu va placer sur notre route un certain nombre d'épreuves qui révéleront ce qui est dans notre
cœur, et en l'épurant, feront de nous des conquérants.
Ces principes se retrouvent ailleurs dans l'Écriture :
1 Pierre 3:9 "Ne rendez pas mal pour mal, ni insulte pour insulte; au contraire, bénissez, car c'est à cela que
vous avez été appelés, afin d'hériter la bénédiction".
1 Thessaloniciens 5:15 "Prenez garde que personne ne rende le mal pour le mal; mais recherchez toujours le
bien, soit entre vous, soit envers tous."
La piété ne se mesure pas en terme d'activité, même religieuse. On est tous de bon disciples le dimanche matin, à
Pâques et à Noël. La piété (notre service quotidien du Christ) se mesure précisément lorsque nous sommes confrontés
au mal.
Quand on me vole mon portefeuille. Quand un collègue m'insulte. Quand un parent semble dur et qu'en tant
qu'enfant de Dieu et de ce parent je dois me soumettre avec amour & confiance. Quand un mari est dur à vivre
& qu'il vous ignore. Quand une femme est critique et ne vous respecte pas. Quand on est confronté à son péché
ou à ses erreurs.
C'est dans le contraste avec les ténèbres que les enfants de lumière brilleront le plus, grandiront le plus et
seront le plus efficace.
Comment réagissez-vous ? Le monde peut-il constater chez vous une manière radicalement différente de voir la vie
? Peuvent-ils s'exclamer " Ouah ! Ton Dieu, il est fort ! Il mérite d'être aimé, adoré. Il mérite ma vie entière ! "
C'est pourquoi cette section est intitulée "Réagir avec désintéressement". Le problème principal selon Dieu c'est
que nous sommes tellement attachés à nous même.
J'ai trouvé un paradoxe en devenant chrétien. Plus je vise le bien de Dieu dans la vie des autres, plus je
m'oublie moi-même. Plus je vais dans un sens de sérénité et de joie. Mais comme je suis si égoïste et attaché à
moi-même, à mon épanouissement, à mes prérogatives, je retombe souvent dans des réactions charnelles, et je
cherche moins le bien des autres. Et vous savez ce que je retrouve ? Moi, dans ma forme la plus pure ! Et ce
n'est pas beau.
Comme le disait Lefuneste à Achille Talon, " si on transformait votre amour de vous-même en énergie, ça
développerait une force suffisante pour envoyer la colonne Vendôme sur Orbite ! "
Un instinct légitime de survie s'est transformé en désir pervers de combattre tous ceux qui empiètent notre vie.
Réagir avec bienveillance (5.43-48)
Le principe
" 43 Vous avez entendu qu'il a été dit: ‘tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi'. "
La première partie du commandement n'est pas nouvelle. On la trouve déjà dans l'Ancien Testament.
"Tu ne haïras point ton frère dans ton cœur; tu auras soin de reprendre ton prochain, mais tu ne te chargeras point
d'un péché à cause de lui. 18 Tu ne te vengeras point, et tu ne garderas point de rancune contre les enfants de ton
peuple. Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Je suis l'Eternel. " (Lév. 19.17)
Ce qui est surprenant, c'est la partie suivante : "tu haïras ton ennemi."
Ca, ça ne se trouve pas dans l'Ancien Testament !
IL semble que cette tradition vienne de la communauté des Esséniens — le reste fidèle — qui restait séparé et à
l'écart du monde.
Christ corrige cette vue erronée de la Loi, qui pèche par deux erreurs très graves :
L'omission d'une clause : tu aimeras ton prochain comment ? comme toi même Le problème n'est pas qu'il faut
d'abord s'aimer pour aimer les autres (perversion moderne de cette loi) mais plutôt qu'il faut aimer à la mesure
de notre trop plein d'amour pour nous-mêmes.
L'addition d'une autre clause. "tu haïras ton ennemi". Aimer son prochain ne donne pas le droit de haïr son
ennemi !
" 44 Mais moi, je vous dis: aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux
qui vous haïssent, priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent. 45 Alors vous serez fils de
votre Père qui est dans les cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons et il fait
pleuvoir sur les justes et sur les injustes. "
C'est l'écho de la dernière béatitude (versets 10-12)
Vous savez pourquoi ? Parce que chacun est responsable de ses propres péchés. Si un homme pèche, cela ne
me donne nullement le droit de faire pareil. Si je pèche contre ma femme avec des propos inappropriés, cela ne
lui donne aucunement le droit de pécher par la colère. Vice Versa
Le contexte des béatitudes est celui de la persécution à cause de la justice et de notre position de chrétien.
Particulièrement dans ce sens là.
Devenir fils du Père n'est pas à comprendre dans le sens d'engendrement (Jean 1.12), mais dans le sens de lui
ressembler. De développer les qualités du Père
Lorsque quelqu'un se convertit, il reçoit un cœur nouveau et il doit apprendre une manière nouvelle de vivre.
Dans cet apprentissage, il est transformé de gloire en gloire.
Comment pour nous ? Par la fréquentation de Dieu. On prend modèle sur nos héros. Lorsque j'étais jeune
converti, j'avais inconsciemment repris des façons de parler propres à mon pasteur, réflexe de disciple
Si Dieu le Père dispense généreusement une grâce générale (ou commune) par la pluie et le soleil, le chrétien
doit s'inspirer de cette générosité pour manifester une bienveillance générale (ou commune) envers tous ceux
qui l'entourent.
" 46 En effet, si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous ? Les péagers aussi n'en
font-ils pas autant ? 47 Et si vous saluez seulement vos frères, que faites-vous d'extraordinaire ? Les
païens aussi n'en font-ils pas autant ? "
Tant de chrétiens vivent en fonction de l'immédiat. Mais un temps de salut vient, un temps d'évaluation de nos
vies, et ce que nous aurons fait en Christ et pour Christ sera pris en compte.
Jésus appelle les hommes à une vie radicalement autre. Différente du monde. Il invite les siens à vivre autrement.
Vous êtes disciples de Christ ? Montrez-moi ! Pas le dimanche ! C'est facile ! Dans les épreuves, les petites &
les grandes difficultés de notre quotidien. C'est là que se démontre la foi.
Quel témoignage quand un chrétien démontre par son attitude que son royaume n'est pas vraiment de ce
monde. Que ses possessions ne sont pas les seules valeurs de sa vie. Que son honneur est défendu avant tout
par le Dieu de l'univers.
J'espère que votre prévenance se voit. Que votre abnégation intrigue. Que votre douceur s'observe.
Même lorsque parfois, le bien de l'autre c'est de le confronter aux conséquences de ses actes. Parfois il faut
exercer la fermeté, dire "non" à un frère ou un ami. Parfois il faut mener quelqu'un au tribunal pour qu'il
comprenne, ou pour protéger d'autres personnes ou encore pour qu'une saine justice s'exerce.
Mais alors, que l'attitude demeure sereine. Reflétant même là cette douce fermeté du Christ.
Jamais la vengeance personnelle. Mais le bien réel de l'autre.
Conclusion : l'exigence de la perfection
" 48 Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait. "
Ces propos ont deux objectifs :
Rappeler que le modèle de nos vies est divin. Le modèle n'est pas l'opinion majoritaire, ni la mode du moment
ni la tradition d'un groupe religieux particulier. Le modèle, c'est le Père céleste lui-même.
Montrer que personne n'atteint un tel niveau.
Pour entrer dans le royaume de Dieu, nous devons être parfaits. Or aucune personne n'est exempte du péché et la
moindre imperfection nous qualifie pour l'enfer.
Notre situation vis à vis de Dieu est décrite dans le texte de Matthieu 18 vu précédemment. Devant lui nous
sommes comme cet homme, qui était redevable d'une dette de 15 milliards de francs. S'il avait été vendu, lui,
sa femme et ses enfants, on peut estimer qu'avec 5 garçons, à l'époque, cela représentait 130 000 F, soit
0,0086 % de ce qu'il devait. Dérisoire ! Alors comment pouvons nous effacer la dette que constitue notre
péché ? Jésus nous donne la réponse : c'est Lui qui a payé à notre place pour rendre des gens incapables d'être
à Dieu, parfaits en Lui.
La perfection s'obtient par la foi. 1 Cor. 6.9-11 :
"9 Ne savez-vous pas que les injustes n'hériteront point le royaume de Dieu ? Ne vous y trompez pas, ni les
débauchés, ni les idolâtres, ni les adultères,
10 ni les efféminés, ni les homosexuels, ni les voleurs, ni les cupides, ni les ivrognes, ni les outrageux, ni les
ravisseurs, n'hériteront le royaume de Dieu.
11 Et c'est là ce que vous étiez, quelques-uns d'entre vous. Mais vous avez été lavés, mais vous avez été
sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus-Christ, et par l'Esprit de notre Dieu." Tous les
efforts que nous pouvons faire sont inutiles, nous pouvons devenir religieux, être en couverture de Paris Match,
cela ne compensera nullement notre imperfection devant Dieu. Mais la bonne nouvelle, c'est que Christ est mort
sur la croix pour que son sang couvre l'ensemble de nos fautes, passées, présentes et à venir. Il nous dit : j'ai
payé pour toi, acceptes-tu ma confiance ?
Nous formons une église où, par l'utilisation mutuelle des dons spirituels, nous avançons vers la maturité, à la
mesure de la stature parfaite du Christ.
Ce processus a-t-il commencé pour vous ?
On raconte l'histoire d'une femme qui avait une fille unique, elle était assez pauvre et dans sa maison, les lits
n'étaient que de simples paillasses. Sa fille était devenue adolescente et elle avait envie de connaître autre chose que
cette pauvre maison. Ce n'est pas qu'elle était malheureuse, il y avait de quoi se nourrir, sa mère était une femme
aimante, joyeuse qui travaillait beaucoup, mais elle voulait autre chose, et disait à sa mère : "j'aimerais vraiment aller
en ville". Sa mère lui répondait : " Aller en ville, mais tu es folle ? comment est-ce que tu pourrais gagner ta vie làbas ?" et elle savait que pour vivre en ville, il n'y aurait que la prostitution pour sa fille. Un jour, la jeune fille se leva
très tôt, rassembla toutes ses économies, prit le bus et partit en ville. Les semaines s'écoulèrent ; la mère était
effondrée. N'y tenant plus, elle ramassa elle aussi toutes ses économies, et alla faire des quantités de photos
d'identité d'elle même, des dizaines et des dizaines. Derrière chacune de ses photos, elle avait écrit : "quoique tu sois
devenue, moi, je t'aime et je t'attends". Elle plaça ses photos dans tous les bars, dans toutes les discothèques, dans
tous les lieux mal fréquentés. Puis repartit chez elle.
Quelques semaines plus tard, la jeune fille découvrit une photo, qui lui rappela tant de souvenirs. Elle la prit, elle la
regarda et lut cette invitation à revenir. Et elle est revenue.
Savez-vous ? Dieu nous a tellement aimé, qu'il a donné son fils unique, afin que si nous croyons en Lui, nous ne
périssions pas, mais que nous ayons la vie éternelle. Lisez Jean 3.16 !