L`Afrique noire est mal partie

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L`Afrique noire est mal partie
 L’Afrique noire est mal partie
René Dumont dressait ce triste constat sur l’Afrique en 1962. 46 ans plus tard, Martin
Birnbaum n’est guère plus optimiste.
Il y a presque 50 ans, un des premiers écologistes français (bien avant l’avènement des partis «verts») a lancé au monde un cri d’alarme : après la décolonisation, les tentatives d’installer en Afrique des républiques populaires et socialistes gouvernées par des partis uniques, ne pouvaient que se révéler toutes désastreuses. Il a mis en garde autant l’Afrique que l’Occident que
ce qui attendait l’Afrique était soit la famine soit l’état de mendiant de l’aide internationale.
Son constat était simple et les résultats de ses prévisions se sont vérifiés au fur et à mesure du temps qui passait. Il suffit de regarder le graphique qui suit pour réaliser que l’Afrique, de 222 millions d’habitants en 1950, a vu sa population augmenter
depuis de presque 5 fois (1 milliard en 2010) pendant que sa production alimentaire propre n’augmentait que de 2,7 fois. En
2020 l’Afrique aura 1,2 milliard d’habitants (six fois plus qu’en 1950) avec une production alimentaire propre qui n’aura
augmenté que d’environ trois fois.
Malthus avait déjà expliqué, il y a plus de 200 ans (Essais sur le Principe de Population), que les
ressources alimentaires de la planète ne s’accroissant que selon une progression
arithmétique, tandis que les populations augmentent selon une progression géométrique, sauf facteurs «correcteurs» puissants (guerres, pandémies, etc.), vient un moment où la famine pointe à l’horizon.
Ce qui s’est passé en Afrique, avec la complicité de l’Occident et l’irresponsabilité des africains, est le résultat d’un cumul jamais rencontré dans l’histoire
de l’humanité : croissance exponentielle de la population, absence de pandémies dévastatrices (pratiquement depuis la distribution de DDT après la deuxième guerre mondiale), des guerres uniquement larvées créant misère mais moins de morts que par le passé et la transformation d’un continent en abonné à l’aide internationale qui le maintient en vie. En parallèle, la destruction des moyens de production alimentaire (agriculture) comme résultat de politiques raciales et/ou «socialistes» portées par des tyrans sanguinaires se maintenant au pouvoir avec l’aide de l’Occident ou de l’Orient (Russie et/ou Chine).
Malgré l’aide financière et matérielle considérable dont bénéficie l’Afrique depuis des décennies, l’écrasante majorité de la population continue de vivre dans des conditions de grande misère et de détresse. En 1960, l’aide à l’Afrique représentait, déjà, 1.38% du PNB français, 0.56% au Royaume-Uni, 0.88% en Belgique en ne regardant que les pays ayant disposé de colonies.
Cela étant, depuis 50 ans, on observe une relation négative entre la valeur de l'aide internationale reçue par un pays et son taux de croissance. De 1970 à 1999, 17 pays de l’Afrique Sub-Saharienne ont reçu plus de 100 milliards de $ d'assistance de la Banque Mondiale. Pourtant leur PNB par habitant a diminué. En 50 ans, les Etats-Unis ont donné 500 milliards de $ aux pays pauvres, sans qu'on observe de progrès du niveau de vie. De 1987 à 1998, l'incidence de la pauvreté s'est accrue en Afrique. La moitié de la population y gagne moins d'un dollar par jour ; le taux de mortalité infantile est de un sur dix (1999). En Asie, de 1980 à 1990, la Chine et l'Inde n'ont bénéficié que d'une infime portion d'aide internationale (4% et 7% de leur PIB respectif) ce qui ne les a pas empêchés de jouir d'un taux de croissance fulgurant de leur économie. L’Afrique n’est pas pauvre par la faute de la richesse des riches. La pauvreté et la faim n'ont rien à voir avec la redistribution du revenu mondial. Elles découlent, l'une et l'autre, de l'ineptie et de la rapacité des gouvernements en place, deux constats qui ne font pas partie du vocabulaire «politiquement correct». Et si l’on dit que les pays «donateurs» reprennent d’une main ce qu’ils donnent de l’autre, l’affirmation ne tient pas debout. Même si elle est répétée ad nauseam. Il suffit de regarder l’effacement des dettes à répétition concédé par la France, l’Allemagne ou les Etats-Unis. Par la faute
des gouvernements locaux, l'aide internationale ne fait, en réalité, que susciter une dépendance généralisée ; elle aboutit en bonne partie dans les comptes bancaires des potentats locaux protégés par les instances politiques (gouvernements, partis, élites intellectuelles et industrielles etc.) des pays donateurs de l’Europe, des Etats-Unis et du Japon. La Russie ? La Chine ?
Elles vendent des armes à des pays africains en guerre et la Chine devient le deuxième investisseur du continent (surtout dans les pays de grande misère : Soudan, Zimbabwe, Guinées etc.) et colonisateur s’il en est.
Depuis 1960, les pays riches ont consacré près de 5000 milliards de dollars US au développement international. Malgré cela, les Nations-Unies rapportaient en 2003 que près de la moitié de l’humanité vivait avec moins de 2 dollars US par jour. Après 50 ans d’aide internationale, où en sommes-nous ?
Le magazine Parade (2006) a publié son classement des vingt plus ignobles dictateurs encore au pouvoir. Les noms les plus familiers : Fidel Castro, Kim Jong Il, Robert Mugabe, Omar Al-Bashir. Ils se sont tous rendus coupables de violations des
droits de l’homme, voire dans certains cas de génocide. Un point commun unit ces dirigeants : chacun d’entre eux a reçu d'importantes aides au développement en provenance de pays occidentaux.
Omar Al-Bashir, le dictateur soudanais, se trouve en tête du classement. Pendant son règne, les pays de l’OCDE ont
distribué plus de 6 milliards de dollars d’aide non militaire au régime soudanais, ce qui ne l’empêche pas de fricoter avec la Chine (qui empêche toutes sanctions pour le génocide au Darfour car il y a du pétrole au Soudan), faire ami-ami avec l’Iran
qui attend que le pays tombe dans son escarcelle comme un fruit mûr, le tout avec la bénédiction tacite de la Ligue Arabe qui n’en peut mais. Les USA y ont contribué pour plus d’un milliard de dollars. Kim Jong Il est deuxième au classement et a reçu plus d’un milliard de dollars, dont plus de la moitié en provenance des USA. Robert Mugabe du Zimbabwe fait partie du «top 5» de cette liste. Les Etats-Unis, à eux seuls, lui ont apporté plus d’un milliard de $.
L’Afrique a été le principal bénéficiaire de l’aide internationale. Pourtant, elle compte toujours le taux le plus élevé de mortalité infantile. Sa durée moyenne de scolarisation, avec 1.6 année en 1992, était la plus courte du monde. Depuis, le taux de scolarisation n’a fait que baisser à de rares exceptions (Ethiopie, Guinée Bissau, par exemple). La part de l’Afrique
dans la production mondiale est de moins de 2 % (1.7 %) bien que sa population représente 15% de celle de la planète. Une vingtaine de pays africains sont engagés dans des conflits civils ouverts ou larvés avec plus de 6 millions de réfugiés et 17 millions de déplacés. Enfin, selon les données de la Banque Mondiale, la moitié de la population de l’Afrique sub-saharienne
vit depuis l’an 2000 dans une pauvreté absolue.
Afrique noire – espérance de vie à la naissance par pays.
Les états en cause sont subventionnés parce que leurs sujets sont pauvres et c'est à eux d'allouer ensuite les fonds. A moins de faire preuve d’angélisme et de croire que les hommes politiques et la bureaucratie chargés de distribuer les aides ne sont préoccupés que par le bien-être des citoyens, on doit bien réaliser que l’aide n’est rien d’autre qu’une source
de revenus pour eux. Ils sont ainsi encouragés à éviter les réformes qui pourraient avoir pour conséquence de soulager durablement la population, puisque le financement
international devrait alors s'arrêter. Cet effet pervers de l’aide
internationale à l’Afrique est lui aussi interdit de cité par le politiquement correct.
Qu’à cela ne tienne, l’Europe a décidé d’accroître l’aide à l’Afrique : 25 milliards d’euros pour 2010 et 38 milliards d’euros
pour 2015. Notre pays se targue d’être le deuxième contributeur européen pour l’aide à l’Afrique. Plus personne ne se
souvient des glas qui suggéraient de donner des sous à la Corrèze plutôt qu’au Zambèze… Ni de la rupture annoncée par Nicolas Sarkozy pendant sa campagne présidentielle. Rupture avec «la France-Afrique» de triste mais de longue mémoire (Foccart sous De Gaulle et Pompidou, le «fils» sous Mitterrand, ensuite Chirac, père nourricier de Bongo et alea) ? En guise de rupture on a sacqué, à la demande de deux ou trois dictateurs africains, le socialiste ministre de la coopération…
Il faut bien admettre que les aides déversées sur le continent noir ont comme principal résultat que la population africaine se multiplie à une vitesse jamais et nulle part ailleurs constatée dans l’histoire de l’humanité. Elle est passée de 130 millions d’individus en 1900 à 780 millions en 2000 et atteindra au moins 2200 millions à la fin du siècle présent, en dépit de la pandémie du SIDA et malgré les famines dues à la désertification provoquée par des hommes, transformés en assistés de la communauté mondiale (moins les pays arabes, naturellement). Il faut savoir que le taux de fécondité en Afrique noire est encore en moyenne de 7 à 8 enfants par femme en âge de procréer. Certains croient, bien à tort, que les ravages de l’épidémie de SIDA vont casser ce dynamisme démographique. En réalité, à part quelques pays particulièrement touchés comme l’Afrique du Sud et le Zimbabwe, ce désastre sanitaire n’empêchera pas la population d’Afrique Noire de continuer
à s’accroître très rapidement. Un pays comme le Nigeria verra sa population dépasser les 300 millions d’ici vingt ans, soit
autant à lui seul que toute la zone Euro.
Mais parler de l’Afrique au moment où la crise financière de l’Occident fait des ravages autant dans les économies développées que dans celles en état de développement peut paraître incongru. Il y a une raison majeure, d’actualité, elle s’appelle le Zimbabwe et l’épidémie de choléra qui y sévit depuis quelque temps.
Le Zimbabwe est le stéréotype de la faillite du continent africain : un pays qui, jusqu’en 1986, était un des greniers de l’Afrique a été réduit à la mendicité en une vingtaine d’années par (...)
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