motoko kusanagi
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motoko kusanagi
100 icônes badass du cinéma Les années 90 • David Brami • MAJOR MOTOKO KUSANAGI Interprétée par Atsuko Tanaka D • Le film : Ghost in the Shell (攻殻機動隊, Kôkaku kidôtai, 1995). Réalisé par Mamoru Oshii • epuis le milieu des années 1980, le mangaka Masamune Shirow est connu pour ses personnages de femmes fortes au caractère bien trempé. Inutile de dire que pour un apprenti fan de BD et de japanime, découvrir cette alternative aux City Hunter, Dragon Ball et autres Akira a eu un effet dévastateur. De Black Magic à Orion en passant par Appleseed, cette constante a sans doute eu autant d’impact sur ma psyché qu’en ont eu les héroïnes de James Cameron. Pourtant, au sein de l’œuvre du japonais, Ghost in the Shell s’est particulièrement imposé. Si dans les premiers chapitres du manga créé par Masamune Shirow, Motoko Kusanagi est une policière fêtarde, aimant se torcher la gueule et participer à des orgies huilées (mon Dieu, ces pages couleurs !), elle finit par se poser beaucoup plus de questions métaphysiques que ses consœurs. C’est d’ailleurs sur ce dernier point que s’est focalisé le réalisateur Mamoru Oshii, faisant du Major Kusanagi un avatar implacable duquel personne ne peut se cacher. Ni les ambassadeurs corrompus (abattus en covert ops avec un sourire de satisfaction en prime), ni les travailleurs du dimanche devenus tueurs au cerveau reformaté. Berçant le spectateur de longs plans contemplatifs comme il l’avait déjà fait dans les films de Patlabor, Oshii a choisi le bon cheval : après une intro coup d’éclat, le monsieur nous balance une séquence d’intro mythique durant laquelle on assiste à la naissance de l’androïde Kusanagi, de l’enveloppe charnelle aux cellules grises. Toute une métaphore, brillamment habillée pas une inoubliable litanie signée de main de maître par un Kenji Kawai au meilleur de sa forme. Rien de mieux pour donner corps à cette héroïne qui, tel un fantôme au regard absent, sent qu’il existe une clé aux réponses de ce monde. Une réponse qui la détache irrémédiablement de la population de pantins inconscients qui peuple les rues. Bille en tête, Motoko ne reculera devant rien pour trouver les réponses qu’elle cherche, quitte à perdre ses deux bras pour ouvrir le cockpit d’un tank araignée ultra-blindé. À l’issue de sa quête, Motoko mutera et quittera son corps pour visiter seule les méandres du réseau et embrasser cette âme virtuelle qui lui susurre la voie à suivre. Dieu parle-t-il aux machines en leur offrant une conscience libre de toute programmation ? Comble du charisme, la miss est virtuellement absente du second film de la licence. Tout-puissant, son esprit réside désormais dans les réseaux, Kusanagi n’utilisant un corps physique qu’en cas d’ultime nécessité pour botter le cul de tout un chacun. De quoi filer la chair de poule à tous les hackers de la planète. Réalisée neuf ans plus tard, cette suite est accompagnée de la ressortie en vidéo d’un GITS remis au goût du jour (Ghost in the Shell 2.0), Oshii harmonisant ses deux films de la même patte visuelle. Pas de doute, Avalon, son héroïne des MMO et son esthétique orange fumée est passée par là. On ne se refait pas. Au passage, Oshii a largement atténué la dimension christique de Kusanagi, en modifiant une vision angélique qu’avait le personnage avant sa “ mort physique ”. Armée des possibilités que lui aura offerte sa quête, elle n’en restera pas moins le messie omnipotent de son monde. ¶ 167