HAYLING ISLAND - Mondial 420 2003

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HAYLING ISLAND - Mondial 420 2003
HAYLING ISLAND - Mondial 420 2003 - Par Equipes
Challenge Francis Mouvet
Denis Dupin, 07/2003
[email protected]
06 61 95 76 98
Avant propos
Je ne sais sous quel angle amorcer ce compte-rendu.
Sous l'angle de la déception que notre équipe ne soit pas mieux que 4è sur 5 nations participantes,
Sous l'angle de la déception que cette épreuve me paraisse traitée par le mépris par les organisateurs,
Sous l'angle de la déception que les conditions de course ne nous soient pas paru régulières…
Pas de blabla, les résultats
1 Espagne
2 Italie
3 Angleterre
4 France
5 Portugal
Préparation
2 équipages garçons et un équipage filles ont accepté de constituer une équipe pour travailler le sujet lors de
la nationale de Ouistreham.
A Hayling, aucun temps n'a pu être consacré à une quelconque forme de travail sur l'eau.
A moins qu'elle se soient cachées au fond la marina après 22h00 le soir, il ne me semble pas avoir vu d'autre
équipe préparer davantage le mondial par équipes.
La constitution de l'équipe a été réalisée collectivement le 20 au soir.
Désignation de l'équipe
Précision étant faite qu'un faible nombre de candidatures des filles est lié à un manque de confiance pour ce
type d'épreuve, j'ai proposé les équipages féminins selon les critères suivant:
- envie de participer au Challenge
- classement provisoire au mondial
- expérience d'équipage (ancienneté dans le 420, ensemble, pour préjuger d'habitudes de manœuvres)
Dehlia Seurin-Lorraine Manlay me paraissaient incontournables et ont accepté ma sollicitation.
Leslie-Seurin - Aurélie Vidron ont accepté de se préparer au rôle de remplaçantes.
Pour les équipages garçons, une réunion de l'ensemble de l'équipe a eu lieu à l'hôtel le 20 au soir.
Alex a proposé une première liste d'équipages, dont je crois identifier les critères suivants:
- envie de participer au Challenge
- expérience d'équipage
- expérience en courses par équipes
- observations faites lors du national de Ouistreham
Après avoir recueilli les avis de chacun, développé nos propres arguments, nous avons proposé:
Alexandre Rossignol-David Bougdour
Morgan Lagravière - Noe Delpech
Alex Bishop - Pierre Bombray
Remise et correction des instructions de course
Les instructions de course nous ont été remises le 21 à 10h00 (!), lors d'un briefing des équipes pour le Challenge Mouvet.
Dans le même temps, l'organisation a recensé le nombre d'équipes ayant l'intention de participer.
Le classement des nations candidates a été établi sur les 2 meilleurs équipages messieurs/mixtes et le meilleur
équipage féminin au clst provisoire des épreuves individuelles:
1 FRA, 2 GBR, 3 ESP, 4 ITA, 5 POR, soit 5 nations.
Devant ce nombre, les organisateurs ont proposé de modifier le schéma de course.
(L'article 11 des dites instructions indiquait que tout changement aux instructions serait affiché avant 09h00
le jour où il prendrait effet !)
Quand le comité semblait hésiter entre deux options, nous sommes intervenus à plusieurs reprises jusqu'à ce
que les modalités de déroulement de l'épreuve soient explicitées avant d'aller sur l'eau.
Il est plus que probable que des déficiences visuelles (procédure inscrite sur un tableau) et la médiocre qualité
de notre anglais nous aient fourvoyés: en sortant de ce briefging, Alex, Muriel, et moi, avions compris la procédure suivante:
- Round Robin à 5 nations; les 3 premières nations accèdent au 2è round
- Round Robin à 3; les 2 premières accèdent à la finale
- Finale au meilleur des 3 matches
- matches pour la 3è place.
Il est malheureux qu'en outre nous ayons tous été frappés simultanément de déficience auditive: à aucun moment
ne nous a été communiqué la forme de décompte des points:
décompte sur la base des victoires, ou cumul des points marqués dans chaque course ?
Les instructions type (D4, classement d'une série) sont pourtant sans ambiguité:
D 4.2: le vainqueur de la série doit être l'équipe qui a gagné le plus grand nombre de courses ou de matches.
Les instructions de l'épreuve ont bien prévu une modification à D 4.1 (All the matches in the flights will be
competed in one race), mais en aucun cas à D 4.2, 4.3, ou 4.4.
Mondial par Equipes, Challenge Francis Mouvet
21/07 Pleine mer 16H50
prévi météo: vents de secteur S - SW 4 à 5, veering SW dans la matinée.
réel sur site: S - SW 06 - 10 nds
mise à l'eau vers 11h30, le parcours est implanté sous le vent du club, bouée au vent à 10 mètres de la plage.
Manifestement les français ne sont pas les seuls à avoir du mal avec la compréhension de l'anglais.
Pour la première série de matches, FRA X GBR et ESP (X ITA) se trompent de procédure:
Les deux premières coupent la ligne de départ trop tard (pas de vainqueur), l'Espagne coupe la ligne trop tot et
l'Italie gagne son match (pendant ce temps, les portugais en attente sont, au choix, dubitatifs, rêveurs, hilares.
Tableau des matches - 1er Round Robin
R1
R2
R3
R4
R5
POR au repos
ITA au repos
GBR au repos
ESP au repos
FRA au repos
FRA X GBR
pas de vainqueur
ESP bat FRA
FRA bat ITA
FRA bat POR
ESP bat GBR
ITA bat ESP
GBR bat POR
ESP bat POR
GBR bat ITA
ITA bat POR
FRA
GBR
ESP
ITA
POR
FRA
*
0
0
1
1
2
GBR
0
*
0
1
1
2
ESP
1
1
*
0
1
3
ITA
0
0
1
*
1
2
POR
0
0
0
0
*
0
La suite reste un mystère:
Il n'y a pas de deuxième round robin;
ESP et ITA sont désignés finalistes.
Nous signalons au comité et au jury que des équipages (dont toute l'équipe GBR) utilisent des voiles non tamponnées…
A juste titre, il nous est répliqué que notre plainte est trop tardive (elle intervient en dehors du temps des
matches)
Effectivement, et pour notre plus grand malheur, nous avions prévu d'attendre la fin des matches des tours
suivants pour, selon le score, porter réclamation.
L'angleterre est classée troisième…
Malgré nos interventions et demandes d'explications auprès des jurys et comité, la seule réponse reste invariable:
Spain and Italy are finalists, Great Britain third, no more match for France.
Nous quitterons le plan d'eau quelque peu désabusés, d'autant que la journée n'est pas exempte de dégât.
Il est un proverbe chinois qui dit:
"Là où la main de l'homme touche le fond, la jonque ne passe pas" (Zang Yé, fin XIIè)
Effectivement, Dehlia-Lorraine, Alex-Pierre auront pu confirmer en version française:
"Quand ta main le fond touchera, safran et dérive tu referas."
Impressions très personnelles
La course par équipe est une forme de pratique très particulière, par ailleurs très marginale et peu représentative de la voile sportive dont les formes les plus connues des pratiquants et du public sont la course en flotte
ou le match-racing.
On pratique régulièrement et de manière exemplaire d'intensité la course par équipe dans le mondial optimist,
le national 420, le mondial 420.
Au-delà, l'intensité de cette forme de pratique est aussi élevée que l'electro-encéphalogramme d'une banane.
Dans le championnat du monde, le Challenge Françis Mouvet est posé au milieu du séjour pour l'égayer, comme
les coquelicots sont déposés au milieu des champs de lavande au mois de juin en Provence, et là, vous pouvez me
croire, c'est très beau. Mais quelque peu hors sujet.
Il est particulièrement bluffant de voir le degré de motivation des coureurs pour venir butiner cette épreuve.
Les arguments le plus souvent entendus pour contourner cette manifestation sont (tous pays confondus):
- le jour de libre = le seul jour pour voir autre chose d'un pays que son champ de vagues,
- le jour de libre = le jour pour se reposer,
- le jour de libre = un jour pour faire le tour du matériel,
- course en dehors du mondial = risque supplémentaire pour le matériel ou les équipages.
Les arguments le plus souvent entendus pour soutenir cette manifestation sont:
- elle permet d'insufler à nos jeunes marins un esprit d'équipe,
- elle permet d'envisager un travail pointu des règles de course,
- elle perpétue le souvenir de Francis Mouvet, pionnier et ardent défenseur du 420, d'une pratique festive,
- elle décerne un titre mondial.
Je prend la liberté de donner mon sentiment point par point:
- seul jour pour autre chose d'un pays: vrai dans bien des cas, argument compréhensible. Ceux qui à Hayling
auront fait tous les trajets enfouis au fond de la bétaillère auront été heureux de voir autre chose que l'empilement des sacs de fringues sur les caisses à outils!
- jour de repos: vrai, confirmé par la plupart des pays. Pour les garçons le Mouvet suivait les qualifs: un bon
moment pour évacuer une part de stress et se remobiliser pour la deuxième partie du championnat.
- tour du matériel: vrai pour quelques rares équipages (il me semble en avoir dénombré une douzaine, tous
pays confondus à Hayling). Au regard de l'ensemble des pépins qui ont touché les bateaux français, je ne peux
m'empêcher de penser que nous aurions été inspirés de proposer un check-up complet des bateaux.
- risque supplémentaire: vrai. Au soir du Mouvet, j'ai passé 3 heures à refaire du safran/dérive qui avaient
touché les fonds incroyablement hauts sur le parcours. La réparation de la compensation de safran a recassé
sur le bateau de Dehlia et Lorraine le 23, leur plus mauvaise journée, la seule où elles n'ont pas gagné de places en cours de manches.
L'exemple des nations ayant pris la décision de sortir avec des voiles de remplacement en dit long.
- insufler un esprit d'équipe: ceux qui ont eu la chance de vivre ce séjour le savent. L'esprit d'équipe s'est invité dès les premières heures de ferry. Il ne nous a pas laché jusqu'aux dernières heures de ferry (et quand je
dis dernières heures...). Les images fort gentiment gravées par jean-Pierre sur le CD en témoignent.
Et les témoignages d'autres mondiaux confirment que le Mouvet n'est pas seul moteur de cet état.
- travail pointu des règles: à ma connaissance bien d'autres moyens existent. Plus généralement j'estime que la
responsabilité du pédagogique appartient aux entraineurs. Et si la classe voulait vraiment utiliser ce support
comme support pédagogique pour les règles, elle pourrait s'engager dans une démarche d'organisation plus
crédible.
- souvenir Francis Mouvet: pour l'avoir connu, notamment comme entraineur et coach, pour avoir suivi son
parcours et particulièrement les très pénibles années qui ont suivi la semaine de La Rochelle en 80, pour savoir que sa volonté était de promouvoir une forme "festive" de régates pour les équipes au sein du mondial, je
suis attaché au maintien du Mouvet et à la participation des français à ce challenge.
Mais j'y suis très attaché au titre de régate festive, qui, bien qu'elle conduise à décerner un titre, ne soit pas
un objectif prioritaire propre à induire une forme de pression qui n'aurait plus rien à voir avec l'idée du promoteur.
A mon sens, le Mouvet devrait être promu en décernant de très beaux prix tirés au sort parmi les participants,
en valorisant par exemple des efforts de déco (le projet d'autorisation de voiles spéciales est à suivre), ou des
comportements exemplaires dans le rapport agressivité/exploitation/respect des règles au service de l'équipe,
bref, des tas de choses mais pas un titre mondial...
- elle décerne un titre mondial. Alors là, je reste baba. Et pour tout dire, je cache une vrai colère. Comment
prétendre élever à un enjeu mondial une épreuve pour laquelle l'organisation est des plus flottantes ?
Des instructions pas prêtes, fournies au dernier moment aux équipes, modifiées au-delà des heures limites indiquées dans les-dites instructions, et encore modifiées sur l'eau, un champ de jeu inadapté, le fondement des
règles de jeu bafoué (jauge !). Mon bon Françis mérite bien mieux !
Compte-rendu d'interventions dans les coaches briefings
Le comité d'organisation a régulièrement convié les coaches et team leaders à divers briefings:
- Formel, tous les matins, 08h30, infos du jour
- Informel, en fin d'après-midi (le plus souvent vers 18h00) pour des ordres du jour divers.
Si nous n'avons pu être présent à tous (assistance des équipages au matériel, aux réclamations…), nous avons
néanmoins pu nous exprimer à plusieurs reprises.
Précisons que pour les briefings informels, il nous a été demandé d'exprimer des avis personnels, non représentatifs des classes nationales.
Briefing portant sur le Mondial par équipes
De manière fort courtoise nous avons fait remarquer que la médiocre qualité de notre anglais nous avait, comme
les anglais et espagnols, mis en difficulté pour comprendre parfaitement le sens des instructions de courses et le
déroulement des "one round robin"…
Nous avons demandé qu'à l'avenir les instructions de course complètes et détaillées pour le Challenge Francis
Mouvet soient remises en début de championnat, en même temps que celles du mondial individuel.
A un débat portant sur le projet de faire courir les par équipes sans trapèze et sans spi, j'ai rappelé qu'en tant
que français, et pour avoir bien connu Françis, j'étais très attaché au déroulement du challenge Francis Mouvet
sur 420, et qu'à ce titre, il n'était pas concevable d'appeler 420 un dériveur sans trapèze et sans spi.
J'ai manifesté ma surprise de voir que tant de pays semblaient particulièrement motivés par l'évolution de ce
challenge alors que seules 5 nations y ont pris part !
Les Australiens avouent avoir voulu reposer leurs équipages.
Nous avons demandé que les nations ayant participé au Mouvet 2003 donnent leur avis sur la question.
GBR formule des réserves quant aux risques matériel,
POR ok sans spi mais avec trapèze
Bien des nations proposent un jour de repos après le Mouvet.
Nous avons signalé que s'il était plaisant de faire se dérouler les matches devant la plage, il serait plus que convenable de trouver des zones pour lesquels nous n'ayons pas à refaire les dérives et des safrans !
Pour ce qui concerne le risque matériel, nous avons fait remarquer que nous avions été particulièrement surpris que des nations se présentent pour le Championnat du Monde par Equipes avec des voiles non jaugées, sans
demande de dérogation, ni information aux autres nations.
Nous avons formulé la proposition selon laquelle le mondial par équipe pourrait être couru avec des jeux de voiles spécifiques (non concernées par le mondial individuel), tamponnées par la jauge d'épreuve et mises en réserves.
La proposition semble avoir fait l'unanimité, les représentants de la classe internationale allant jusqu'à proposer l'ouverture du mondial par équipes à des voiles ayant seulement fait l'objet d'une jauge de classe.
Briefing portant sur la règle 42
Bien des regards se sont tournés vers les coaches français, et notre avis nous a été demandé avec bien d'insistance: de manière évidente, tous les coaches présents étaient conscients que les français ont payé une addition
bien trop lourde à l'interprétation de cette règle.
D'ailleurs, américains et australiens signalent que si les français sont devant, c'est parce qu'ils naviguent mieux
et non pas parce qu'ils sont plus "épais" que les autres et clament qu'il leur revient de travailler encore et encore…
Les débats ont porté sur le projet d'adapter au 420 les instructions qui ont cours en 470. (tronçons de course
déclarés autorisés à l'infraction de la règle 42.)
Nous avons donné notre point de vue selon lequel la qualité du pomping ne dépend pas de qualités ou gabarits physiques, mais bien davantage de qualité de rythme, de technique, de compétences de marins et donc de travail.
Nous avons en toute décontraction émis l'hypothèse selon laquelle la voile, sport de glisse, nous semble être un
sport pour lequel on cherche à aller le plus vite possible, et qu'il est naturellement bien fun de s'autoriser de
splendides descentes de vagues!
En outre, nous avons signalé qu'un des problèmes, en France, est le nombre d'incidents parfois générateurs
d'importants dégâts matériels au passage de marques sous le vent, et qu'il nous paraissait bien plus important
que le jury soit présent sur les zones à risque pour sanctionner des manquements aux règles de priorité.

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