Du cauchemar à l`enfer, de l`enfer au paradis….ou le

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Du cauchemar à l`enfer, de l`enfer au paradis….ou le
Du cauchemar à l’enfer, de l’enfer au paradis….ou le compte rendu d’un
Galaurien sur l’Embrunman
Samedi 14 aout mise en place des vélos dans le parc à vélo…il tombe des cordes et il faut faire la
queue pendant plus de 30 minutes sous la pluie pour avoir droit d’accéder à sa place, mettre son vélo
sous des sacs poubelles pour ne pas qu’il passe la nuit sous la flotte…
Dimanche 15 aout, réveil à 3h du mat, je n’ai pas beaucoup dormi, mon petit déj a un peu de mal à
passer, mais c’est indispensable de se l’avaler au vue des calories qu’on va dépenser durant cette
journée. Je finis de préparer mes affaires (bidons, camel back, nourriture solide…), un sac poubelle
pour la natation, 1 sac pour le vélo et un autre pour la course à pied. Vers les 4h30 je quitte le gite de
st alban mon lieu de résidence où j’ai été choyé pendant 3 jours (merci à Annick et Daniel et leur
charmante famille) …il y a déjà beaucoup de monde dans le parc à vélo. Il fait un froid glacial, la pluie
de la veille a détrempé tous les emplacements mais il faut quand même installer tout notre bardas
dans moins d’1m2 . La météo de la journée semble bonne, le départ est imminent, tout le monde a
revêtu sa combinaison de pingouin, je m’aperçois que la mienne commence à dater du siècle
précédent et que je suis un des rares à ne pas avoir de manches.. !
La sono de l’organisation fait monter la pression en crachant « Hell bells » d’ACDC quelques secondes
avant le départ….j’espère que ce n’est pas prémonitoire.. !!
6h , c’est parti.. objectif : arriver de jour.. avant 21h,.il fait encore nuit sur le lac et on distingue au
fond des petites loupiottes qui nous indique notre cap. Je laisse partir la foule des bons nageurs pour
ne pas prendre trop de claques et de coups de pied.. Et , surprise, sur les éditions précédentes je
trouvais que la température de l’eau était plutôt agréable de bon matin, mais là, je n’arrive pas à
mettre le visage dans l’eau et chaque essai me coupe la respiration, me tétanise. Je brasse quelques
mètres… je réessaie, rien n’y fait. Au bout de 5- 7 minutes de cet exercice qui me paraissent une
éternité, je n’arrive toujours pas à nager le crawl et la panique m’envahit… je suffoque un peu et je
songe très très sérieusement à abandonner, car je ne vois pas comment je vais pouvoir nager 4
bornes en brasse ou en crawl polo (en gardant la tête hors de l’eau). Je me dis que, perdu pour
perdu, autant essayer de nager au moins jusqu’à la loupiotte du bout du lac, qui n’a pas beaucoup
avancé depuis tout à l’heure… je me mets en dos crawlé pour essayer de reprendre une respiration
normale, je re-brasse… je met la tête dans l’eau je crawl 1 mouvement de bras , 2 puis 3 , puis 4
ouf.. ; c’est parti pour mes 2 tours de lac.. mais j’ai laissé beaucoup de force et d’adrénaline dans ce
départ calamiteux, je prie pour ne pas le payer plus tard.. sortie de l’eau en 1h22 : la cata.. j’avais
prévu 1h10 au pire…je suis défait. J’aperçois jean-mi et Maryse à la sortie de l’eau qui n’ont pas dû
me reconnaitre, vu ma tronche de déterré.
Je cours vers ma place et je fais une transition canon en 4 mn pour m’habiller en cycliste.. c’est parti
pour 188km. Dès le départ mon rythme est bon, et je passe la première difficulté sans problème..le
soleil commence à briller sur les montagnes alentours.. la journée va être belle. Après le pont de
Savines une belle surprise m’attend, des copains de mon ancien club de Rambouillet sont venus me
supporter.. la journée va être vraiment belle… Je passe l’Izoard sans soucis (j’ai bien fait de me taper
des bosses toutes l’année) et bascule sur Briançon à 12h pile.. descente de folie puisqu’il n’y a
aucune voiture en sens inverse.. la pluie commence à faire son apparition dans les 2 derniers km de
la descente et un vent violent, de face nous cueille au demi tour…il reste 80km à faire, la tronche
dans le vent ..les cuisses commencent à être lourdes très lourdes.. le vent souffle en rafale, obligé de
passer le petit plateau sur certaines portions plates je suis à 12km/h alors que lors de la reco j’étais
tranquille à plus de 35. 13h30.. je passe la cote de Palon (14%).. pas de pb. Penser à s’alimenter, ne
pas oublier les ravitos, il reste encore du chemin. Retour sur st clément, toujours beaucoup de vent..
Arrivée sur Embrun, il reste encore la terrible cote de Chalvet au 180 ème km et ce sera fini…
2ème changement canon et c’est parti pour le marathon..les jambes sont un peu lourdes, mais j’avais
pas mal travaillé les transitions, les sensations sont plutôt bonnes mais il faut quand même retrouver
les bons automatismes de courses…les premiers km sont difficiles je n’arrive pas à trouver un
rythme correct, les pas sont pesants et j’ai l’impression de ne pas être très coordonné. Jean-mi et
Maryse m’attendent vers le 6eme km, je viens de me taper la montée, je ne suis pas au mieux.. je
rame, je m’alimente, je traine, ça devient un cauchemar. 11ème km, plus j’avance , plus les jambes
sont douloureuses, plus mon moral baisse, je ne vois pas comment je vais pouvoir m’en sortir.. je
pense à ma natation catastrophique et me dis que peut être je vais me refaire une santé. 15ème km
steph me découvre au plus mal et malgré ses chauds encouragements j’envisage d’arrêter à mi
course. 19ème km, tour du lac, philippe, sylvie(s) et les gamins sont là, c’est bon pour le moral et pour
les 2 derniers km qui me reste à faire.. dernière ligne droite et j’abrège mes souffrances.. au bout de
cette ligne, 2 files.. a gauche.. on repart pour le deuxième tour, à droite on arrête.. je suis un peu sur
la droite et me dis subitement qu’on a pas le droit d’abandonner parce qu’on mal.. si on a mal, c’est
qu’on est pas entrainé.. et si on n’est pas entrainé c’est qu’on est un blaireau et alors on doit en
chier… l’Embrunman ça se respecte, on doit pas y venir en touriste…. on doit rien lâcher tant qu’on
n’est pas blessé et qu’on peut mettre un pied devant l’autre.. et tant pis pour le chrono, je bifurque à
gauche et entame mon 2eme semi..
Le premier semi bouclé en 2h27, je me dis que c’est foutu pour l’objectif de finir en moins de 15h car
il faudrait faire le second en moins de 3h, ce qui vu mon état ne me parait pas faisable.
Je retrouve Steph sur son vélo au 23ème km qui m’accompagne quelques km, vite rejoint par jean-mi
(à pied) au 26ème que j’essai de suivre difficilement dans la montée de la ville. On aperçoit des éclairs
au loin et le vent commence à reprendre.. Steph part ranger son beau vélo avant la pluie. Des petites
gouttes commencent à tomber, suivies d’une petite pluie rafraichissante et salutaire, accompagnées
très rapidement d’un vent violent et de trombes d’eau qui s’abattent sur les coureurs. 29 ème km un
mur d’eau nous encercle, l’orage gronde de toutes parts, les gouttes rebondissent par terre, le sol est
détrempé, les chaussures et le camelbak pèsent 3tonnes, les tables de ravitaillement sont inondées,
les bénévoles sont dans leur voiture, les spectateurs ont fuit le bord des routes.. et nous : on court,
on est douché, immergé, infusé pendant 30mn. La pluie cesse enfin et laisse place au froid, 35ème km
steph m’attend et m’accompagne en courant à mes cotés, je me renseigne sur l’heure (et oui..
comme un blaireau j’ai oublié ma montre au changement) .. surprise : je suis presque dans le même
temps que le 1er semi, je peux donc non seulement largement espérer finir en moins de 15h mais en
accélérant un peu, finir en moins de 14h30… les jambes deviennent légères, les vieilles douleurs
oubliées…on desserre les freins et on y va.. plus que 6km , 5, 4.. phiphi, jean mi, maryse, sylvie(s),
morgane, marine, laura, guillaume nous attendent sur le bord du lac pour le dernier tour, Marion
nous accompagne pour les derniers kilos….. on lâche plus rien… finir en moins de 14h30… 3..2…..1
j’entends le speaker qui annonce les temps de ceux qui arrivent 14h21….22.. 23 …. Encore 800m, le
sol est boueux autour du parc à vélo, les mares d’eau impressionnantes, j’encourage ceux qui
partent pour leur 2ème semi habillés de sacs poubelle ou de couverture de survie..600m, 400m… je
patauge..m’en fou, je peux finir en brasse.. dernière ligne droite, 200m.. l’euphorie, le public…100m
les copains….la ligne d’arrivée… 14h27.. C’est fini.. je lève la tête.. il fait encore jour malgré le ciel noir
et cette saloperie de pluie qui recommence à tomber. Objectif atteint….finisher pour la 3 ème et
certainement dernière fois.
Merci aux copains qui sont venus me supporter et à qui je dois faire savoir, Ô combien ils ont été
précieux dans cette &%ù$@# de course qui se gagne aussi au moral. Merci à tous ceux (en
particulier à Super Christian) qui m’ont accompagné durant cette année sur les terrains
d’entrainements des Alpes, de l’Ardèche ou de la Drome . Merci à ma famille qui a supporté tous les
tracas liés aux entrainements et à la course. Merci à tous ceux qui m’ont transmis leurs
encouragements et rendez vous l’année prochaine au 15 aout mais .. heu …. cette fois ci comme
supporter de la jeune garde montante du club des galauriens. Amicalement DOM

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