6.9. La sécurité sociale : une Rolls Royce avec un moteur de 2CV ?

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6.9. La sécurité sociale : une Rolls Royce avec un moteur de 2CV ?
6.9. La sécurité sociale : une Rolls Royce avec un moteur de 2CV ?
Depuis quelques jours, les premières
estimations relatives au déficit dans le
secteur de la sécurité sociale sont connues:
au minimum 2,5 milliards d'euros cette
année et plus de 5,5 milliards en 2010. Et
les perspectives ne sont pas bien meilleures
pour les années suivantes. Il est désormais
évident que la sécurité sociale dépense
"structurellement"
(c'est-à-dire
indépendamment de la conjoncture défavorable)
quelque 4 milliards de plus qu'elle n'a de
recettes.
En
d'autres
termes:
nous
voudrions rouler en Rolls Rayee, mais avec
un moteur de 2CV.
Par facilité, les syndicats revendiquent bien
sûr une augmentation des recettes, via un
impôt sur la fortune, une cotisation sociale
générale, plus de taxes sur l'industrie
pharmaceutique,
etc.
S'agit-il
d'une
stratégie
durable?
Non.
Elle
peut
éventuellement résoudre une partie du
problème à court terme, mais à long terme
cela
revient à scier la branche sur laquelle on est
assis. Pourquoi? Parce que ces beaux
slogans fiscaux cachent en fait une
opération unique de relèvement des impôts
pour les actifs âgés de 25 à 50 ans.
J'attends avec impatience les propositions
concrètes visant à taxer ceux qui ont investi
leurs économies dans une maison ou les ont
placées sur un compte. Un impôt sur la fortune, qui toucherait quelque 10.000 'riches',
ne permettra pas non plus de combler le
déficit structurel de 4 milliards d'euros, mais
entraînera la fuite de ces capitaux à
l'étranger.
J'entends déjà certaines personnes dire qu'il
n'y a plus qu'à se tourner vers les
entreprises. Si l'on veut compromettre la
relance économique, porter un coup à
l'industrie ou aux services et donc à l'emploi
-, alors attaquons-nous aux bœufs qui tirent
la charrue. Le moteur 2CV de notre Rolls
Royce ne tardera pas à caler.
Nous devons donc changer de cap. Oser
aujourd'hui décider de mesures structurelles
qui auront au fil des années un impact
grandissant. Nous devons vivre selon nos
moyens. Les chiffres de la sécurité sociale
montrent parfaitement où le bât blesse. En
voici quelques exemples.
IHK-Infos 09/2009
Le chômage augmente, or le nombre de
fonctions critiques demeure élevé.
Notre espérance de vie est de plus en plus
longue, mais nous souhaitons sortir relativement tôt du marché du travail. Notre régime
de pensions ne restera soutenable à l'avenir
que si nous intégrons d'une manière ou
d'une autre cette espérance de vie accrue
dans le calcul des pensions.
Nous souhaitons continuer à appliquer au
principal poste de la sécurité sociale, à
savoir l'assurance maladie (22 milliards
EUR/an 1), une norme de croissance de
4,5% par an, et ce alors que l'économie
connaîtra cette année une croissance
négative de l'ordre de 4% et, dans le
meilleur des cas, une croissance nulle en
2010.
Les autres allocations bénéficient d'une liaison au bien-être, sur la base d'une
augmentation annuelle de la productivité
dans le secteur privé de 1,75%. Or,
actuellement, celle-ci ne dépasse pas 1,25%
au mieux. Dès lors, les revenus des
travailleurs croîtront moins vite que ceux
des allocataires sociaux.
La FEB est prête à prendre ses
responsabilités et à prendre part à la
recherche de changements structurels
visant à rendre la sécurité sociale
payable à terme.
Une autre solution consiste en une lutte
contre la fraude fiscale ET sociale. Nous
sommes en faveur d'une politique de
tolérance zéro dans ce domaine, mais en
traitant en parallèle 'tous' les facteurs qui
encouragent cette fraude. Mais là aussi,
restons réalistes: il est utopique de croire
que cela permettrait de combler les déficits.
La
FEB
est
prête
à
prendre
ses
responsabilités et à prendre part à la
recherche de changements structurels visant
à rendre la sécurité sociale payable à terme.
Les chiffres indiquent qu'il faut adapter
structurellement le rythme des dépenses à
l'assise de notre économie. Vouloir le
contraire relève du rêve.
PIETER TIMMERMANS,
ADMINISTRATEUR - DIRECTEUR GÉNÉRAL
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