L`incurable de la civilisation - cliniquetransculturelle-mana

L’incurable de la civilisation
Yann Zoldan et Claire Mestre
Association Mana - www.cliniquetransculturelle.org
Argument
Une nouvelle désillusion a frappé la civilisation, aurions-nous oublié que des êtres humains ont le
statut de « tuables » aux yeux des autres, que les assassinats des uns répondent aux humiliations
des autres. Ainsi les amnésies contemporaines sont bousculées par les figures horrifiques du passé.
Il y aurait quelque chose de pourri au royaume du progrès civilisationnel, un incurable …
L’incurable a l’étymologie commune avec l’incurie, cela s’entend comme le manque de soin, le peu
d’égard face à l’autre. Il prend également le sens de la condamnation, d’un impossible, d’une limite
du médical, il s’agit d’une convocation du réel. Quant à elle, la civilisation est une traduction du
terme allemand Kultur, l’usage français de civilisation permet non seulement de traduire la
conception freudienne de Kultur mais encore d’y inclure les aspects négatifs comme son usage
colonial. La civilisation est le cheval de bataille de l’illusion occidentale mais aussi une trace
archéologique, un reste culturel porté par chaque sujet.
Nos cruelles actualités conjuguent toujours le questionnement freudien au présent :
« La question décisive pour le destin de l’espèce humaine me semble être de savoir si et dans quelle
mesure son développement culturel réussira à se rendre maître de la perturbation apportée à la
vie en commun par l’humaine pulsion d’agression et d’auto-anéantissement. »1
Les réponses apportées par les orateurs de l’immédiat sont souvent faussées par une mise à distance
du problème derrière des oppositions, civilisés contre barbares ou encore mécréants face aux
croyants et autres clivages excluants. Notre pensée ne pourra être qu’inclusive, reprenons les termes
de Freud sur cette humaine pulsion. Ce ne sont ni des monstres ni des sauvages mais une commune
humanité qui est en guerre.
A cela fait écho la proposition de Devereux à propos du négativisme social, il nous invite à discuter
de notre propre pathologie sociale avant de vouloir guérir celle des autres. L’incurable s’entend dès
lors comme cette non prise en compte de nos résidus de cruauté ; fasciste, coloniale, tout en
affirmant une volonté de soigner l’autre de celle-ci.
Questionner l’incurable de la civilisation est un appel à réfléchir en commun, avec les déçus de
l’idéologie républicaine, sur nos rapports à l’histoire et ses dénis et est un appel à construire, à
renouer avec l’altérité.
1
Sigmund Freud, Malaise dans la culture.
Bibliographie :
Devereux, G. (1983). Essais d'ethnopsychiatrie générale. Paris: Gallimard.
Freud, S. (1995 (1929)). Le malaise dans la culture. Paris: Presses Universitaires de France
Zaltzman, N. (2011). Psyché anarchiste : Débattre avec Nathalie Zaltzman. Paris: Presses
Universitaires de France.
Attention, le séminaire a habituellement lieu le 3ème jeudi du mois de 18 à 20h. Pour des raisons
de disponibilité de nos invités, certains auront lieu le matin du troisième samedi du mois.
Dates année 2015-2016 :
19 novembre 2015 : Yann Zoldan, psychologue, doctorant, Toulouse
19 décembre 2015 : Sophie de Mijolla Mellor, psychanalyste, Paris
17 mars 2016 : Alice Cherki, psychanalyste, Paris
16 juin 2016 : Carole Lemée, anthropologue, Bordeaux
Dates année 2016-2017 :
08 septembre 2016 : Malika Mansouri, psychologue, Université Paris 5
15 décembre 2016 : Matthieu Renault, philosophe London School of Economics and Political Science,
Londres
16 février 2017 : Abdel Yahyaoui
18 mai 2017 : intervenants pressentis Abdel Yahyaoui, Simona Taliani