Un quatuor pour ne pas

Transcription

Un quatuor pour ne pas
Fiche théorique
Un quatuor pour ne pas
détonner
Quelques aspects d’une causerie sur la gestion donnée récemment par le quatuor Annesci
pour les cadres de DebioManagement à Lausanne. Accords et une musique ailée!
Un couple, cela fait 2, une équipe de chercheurs, ça peut commencer à 3,
une famille de deux enfants ou bien alors un quatuor, on en est à 4, et dans
les entités minimes et les petites entreprises cela ne va guère au-delà de
7 à 10 personnes, 7 membres d’un gouvernement ou 10 membres d’un
conseil d’administration, par exemple. Tous ces ensembles de petit gabarit et
souvent de grand pouvoir usent de procédures propres de gestion, analogues
et ciblées, pour durer, pour aller de l’avant, pour délivrer de la qualité, pour
assurer l’emploi et créer des revenus. Aurait-on songé à les aborder par le
truchement de la musique?
La gestion de micro
groupes fait l’objet de
règles de base et exige
une tournure d’esprit
qui n’a pas grand chose
à voir avec la gestion
des grand ensembles
mastodontiques, celle
Armand Lombard
dite par Harvard ou
d’autres Hautes Ecoles
de management. Mais
faut-il rappeler que 300 000 entreprises en Suisse rassemblent moins de 10
salariés et que seules 600 en comptent plus de 500. Les règles de la petite
structure, extrêmement diverses et de consonances variées, sont donc
immensément majoritaires dans le paysage industriel et des services. Elles
sont à inventorier, à analyser, à décortiquer… et à pratiquer. En sus d’innombrables séminaires «ultra didactiques, avec support inclus» assez formels, il
existe des instruments originaux capables, avec punch et surprise, de transmettre ce savoir.
En observant un quatuor à corde par exemple, on apprend, règles universelles, qu’il faut écouter ses comparses avant d’imposer un tempo, qu’il faut évoluer en fonction des compétences individuelles des membres, composer avec
les tensions et les humeurs de chacun, avec leurs bêtises et leurs traits de
génie, jouer de la constance d’un tel ou de l’imprévisibilité d’un autre. «Pour
une bonne musique, il faut une gestion d’écoute et de composition», expose
en une causerie vivifiante le quatuor Annesci. Visant comme lui l’harmonie
et la pérennité, les petites unités, qu’elles soient entrepreneuriales, politiques
ou familiales, gagnent ainsi en qualité, «fabriquent du son» en le chargeant
de sens avec des notes renouvelées. Un des musiciens est-il mal luné, mentionne le premier violon, le travail s’en trouve pénalisé. Il s’agit dès lors à ceux
qui sont en bonne forme de poursuivre la route du son, comme si de rien
n’était et, sans dramatiser, de tabler sur le retour inéluctable du «fâché» au
bercail en de meilleurs sentiments!
La présence d’un chef dans une équipe semble évidente. Le pater familias a
de tous temps été la pièce maîtresse, non? Chez les romains, dans le féodalisme, dans le machisme des grandes structures, il est considéré comme l’évidence. Dans le nano groupe toutefois, il est négatif car il ne laisse pas se
former une harmonie. Dans la quête d’une solution, il n’oblige pas chacun des
participants à se sublimer et incite à la simple acceptation passive.
L’adolescent non accepté par le père tout-puissant glisse en destruction. Le
cadre que son patron écrase gère de façon grise et sans apporter au groupe
ses compétences propres. Le «senior» tout puissant ne peut compter que sur
l’effet limité de ses décrets, carrés et unilatéraux, et prive le groupe des
accords qu’une gestion commune fait naître.
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Créateurs No 8
Un métronome devrait, de l’avis de nombreux musiciens, être utile pour
assurer un même tempo et atteindre ensemble la dernière mesure. Dans l’entreprise, on se réfère à des protocoles-métronomes «qui ont fait leurs preuves». Pourtant, à y bien regarder, le métronome mène inéluctablement à une
ritournelle sans âme, impropre à l’évolution, il est l’instrument des bureaucraties dont Charlie Chaplin a montré l’absurde répétitivité. Bridé par le
tic-tac inflexible, où donc dès lors pourrait intervenir le «plus» que devrait
apporter le quatuor à corde cher à Haydn, la petite équipe inventive? Là où le
quatuor devrait être un organisme vivant, il n’y aurait plus, avec un métronome régulateur, qu’une machine sans fraîcheur, une partition sans nuances,
un rituel sans connivence. Place plutôt à l’écoute réfléchie! Tout groupe, une
fois sa voie bien tracée, a tendance à se mettre sur métronome, sur protocole
fixe et sur «pilote automatique», alors que pour éviter le rabâchage sans
charme, le violoncelliste affirme qu’il s’agit de faire retour sur soi-même,
revenir à son intériorité pour retrouver le plaisir, pour être à même de faire
chanter son moi interne, de réinventer demain.
Approches durables du marché
«Quoi qu’il en soit, remarquerait un chef d’entreprise ordinaire, on ne peut
comparer les objectifs d’un quatuor à cordes avec ceux d’une entreprise. Cette
dernière a ses objectifs de production et de vente, elle doit approcher son
marché alors que les musiciens font de l’esthétique et de l’harmonie.»
– Tout de travers, répond Annesci. Le quatuor a une exigence de qualité,
pour le plaisir bien sûr, mais pour être demandé par un public et par
des impresarios. Le quatuor veut durer, lui aussi, comme une entreprise.
Milliers d’heures de mise au point pour 4 individualités à réunir, symbiose de 4 caractères et affinités à découvrir afin d’atteindre une présentation «goûteuse» sans qu’une œuvre ne devienne jamais routine.
Une présentation transpirant l’ennui verrait s’éloigner le public/
le client, et par conséquent les recettes. A l’image de l’entreprise en
démarrage ou à celle d’une entité décisionnelle, il s’agit d’inventer, de
tester, de saisir la compétence de chacun des acteurs. Sans une quête
constante de l’offre la plus originale ou la plus adaptée, de la méthode
et de l’approche, le jeune créateur ou le groupe entrepreneurial ne sauront atteindre leur marché ni trouver qualité et rentabilité.
– Tout de même, interviendra une fois encore l’entrepreneur confit de
normalité, en musique, il s’agit de suivre la partition et les indications
de son compositeur. Ce sont eux qui imposent des procédures rigides, il
n’y pas de liberté d’action, contrairement à l’entreprise!
– Eh bien non, répond Annesci, tout groupe a des indications obligatoires,
des cheminements qu’il s’agit de suivre. Le mouvement d’une montre,
irrémédiablement identique dans le monde, n’empêche pas de compo-
ser avec finesse pour les différentes types de clientèles, «grand luxe»
ou «populaire», tout comme le compositeur a noté pour sa partition
«fortissimo» ou à un autre passage «piano». Musiciens et autres nano
entités, jeunes entrepreneurs ou membres de famille, ne peuvent
émettre chacun sa voix propre, inondant le marché sans coordination,
lançant produits et publicités sans ordonnance. Le quatuor va analyser
le projet et décider en commun de séquencer la partition, confiant la
réalisation de chaque partie au meilleur de l’équipe, les trois autres
musiciens agissant comme facilitateurs et révélateurs.
qui va au-delà. Ce devrait être là l’objectif de tout groupe de nombre restreint.
La quête de la perfection musicale apporte une image du management de
toute nano entité, basée sur l’écoute et la valorisation des composants d’une
équipe, méthode qui évite l’affrontement, l’échec et conduit à l’amélioration
durable et à l’inventivité permanente d’une entité. La gestion du nano groupe
a ses propres schémas, d’une tranquille simplicité, à l’abri des maxi théories
et des procédures fixes. Elle repose sur le bon sens, sur l’approche claire, sur
les brins de folie des acteurs, sur l’écoute et sur l’échange. Ca n’est décidément
pas Harvard ni la systématique des macro structures mais une musique d’intelligente communion en groupes de bon sens.
Le Quatuor Annesci, 2 violons, un alto et un violoncelle, joue sur 16 cordes.
D’après les directives de Joseph Haydn qui inventa cette forme d’expression,
le quatuor à cordes doit s’efforcer de créer un cinquième son d’unisson, une
expression meilleure, de nouvelles consonances, un «instrument collectif»
Armand Lombard
Président du Réseau Genilem Suisse
Fiche pratique
L’accueil d’un investisseur
financier:
une possibilité pour financer sa croissance
Dans certaines phases du cycle de vie de l’entreprise, assurer la croissance passe par des financements externes.
Une alternative au recours unique à l’emprunt existe, il s’agit de l’accueil d’un investisseur financier qui apportera
des liquidités supplémentaires en échange d’une partie du capital. Cette façon de procéder nécessitant une certaine
prudence, arrêtons-nous sur les principaux éléments dont il faut tenir compte.
L’investisseur financier, tel qu’un fonds d’investissement, se distingue de l’investisseur industriel. Contrairement à ce dernier, il ne cherche qu’à entrer
provisoirement dans l’entreprise, pour en ressortir avec une plus-value.
Pour l’entrepreneur, une décision de vente partielle ne se prend pas facilement. Elle est souvent chargée d’émotions et d’inquiétudes. Des entrepreneurs craignent de devoir partager une partie du pouvoir avec le nouvel
arrivant. La réflexion qui aboutit à son accueil peut durer de nombreux mois.
Pour ces raisons, l’appui d’un professionnel extérieur est utile pour accompagner le processus et en garantir la réussite.
L’accueil de l’investisseur financier est une opération de type gagnantgagnant, win-win. En effet, il permet à l’entrepreneur de financer sa croissance
et de donner un élan supplémentaire à son entreprise, tout en sachant qu’il
pourra reprendre ultérieurement la part de sa société qu’il a provisoirement
cédée. Pour l’investisseur institutionnel, cette prise de participation provisoire
amène une rentabilité élevée pour une durée déterminée à l’avance.
Préparer l’accueil: un exercice délicat
Avant d’établir quelque contact que ce soit, il est essentiel de bien préparer l’accueil: préciser les objectifs de l’opération envisagée, déterminer la valeur de la
société et établir un calendrier préliminaire. La question concrète étant: j’ai besoin
de cet investisseur pendant combien d’années? Si le calendrier est primordial, il
faut cependant garder à l’esprit que le processus est, en général, long. L’objectif de
l’investisseur financier est souvent de revendre les parts détenues dans un horizon
de cinq à dix ans. Pour certains secteurs, la durée de détention est supérieure à celle
du cycle économique. Des objectifs de sortie avec plus-value de l’investisseur
financier trop importants entraînent une forte pression sur l’entreprise.
La réflexion porte sur les conditions de marché, les modalités de sortie de
l’investisseur. Il faut également analyser les forces et les faiblesses de l’entreprise: produits et prestations, situation financière et fiscale, ressources
humaines, capacité du management. On en profitera pour tenter de corriger
les faiblesses et développer les opportunités. Bien les identifier permet
d’appréhender l’intérêt des investisseurs financiers et de fixer un horizon de
prix en analysant le potentiel et la rentabilité réelle de l’entreprise, souvent
supérieure à la rentabilité comptable.
Bien choisir son futur partenaire
L’entrée en contact avec les investisseurs financiers potentiels se fait de façon
discrète, afin de ne pas créer d’inquiétude parmi les employés, les clients et
les fournisseurs, qui pourraient craindre une vente totale de l’entreprise
déguisée en prise de participation provisoire. L’idéal est bien entendu d’annoncer l’opération quand tout aura été déterminé. Le niveau d’information
qu’on va donner aux candidats doit être bien réfléchi, afin de communiquer
ce qui est essentiel à la prise de décision, sans toutefois divulguer des éléments confidentiels dont la transmission pourrait être dommageable si la
transaction n’aboutit pas. L’entrepreneur aura la difficile tâche de garder
la maîtrise des discussions. Il doit aussi déterminer s’il conduit plusieurs
négociations en parallèle, notamment pour les mettre en concurrence et optimiser les conditions de la transaction.
Les investissements peuvent prendre la forme de participations en capital ou
de financement en mezzanine (renforcement des fonds propres, convertibles
ensuite en actions ou options). L’apport des nouveaux fonds, sous forme de
souscription de titres nouvellement émis (augmentation de capital), passe
par l’établissement d’une holding.
Concrétiser
Quand les discussions se font plus précises, on peut aborder les conditions
d’entrée (le prix exact, la nature des titres qui seront achetés, la date et les
modalités de paiement), la communication interne et externe et les conditions
de sortie. Le contrat inclura tous ces éléments et l’accueil de ces nouveaux
fonds pourra se faire en toute sérénité.
Olivier Schaerrer, BCGE
Pour plus de renseignements:
Banque Cantonale de Genève
Maurice Pierazzi
[email protected]
Tél. 058 211 21 00
Créateurs No 8
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