Le mot de la semaine à sauver

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Le mot de la semaine à sauver
Le mot de la semaine à sauver
La rentrée est le moment des bonnes résolutions. Et celui des défis.
La biblio vous propose de sauver 100 mots.
Chaque dimanche, nous vous proposerons un mot à découvrir sur le
Facebook de la bibliothèque. Ce mot devra être utilisé à l'oral ou à l'écrit par
le plus de personnes possibles, afin qu'il ne tombe pas dans les oubliettes.
Argousin : agent de police, Nom masculin. Ex-officier des galères, l'argousin
est, non sans une ironie un peu bravache, un agent de police. Il a du sang
espagnol et portugais de l'alguazil.
Le pandore, lui, est un gendarme. En dépit de Georges Brassens, qui employait le
mot volontiers dans ses chansons, le terme a également vieilli.
Atour : parure, "nom masculin. La dame d'atour avait la responsablilité de
l'habillement de la reine. Les princesses pouvaient aussi avoir des dames d'atour.
Au singulier, un atour était donc la parure, la toilette. Puis, au pluriel, les atours
sont devenus l'ensemble des vêtements de la femme. "Elle est parée de ses plus
beaux atours" disait-on encore il n'y a pas si longtemps. Le Petit Larousse ne
retient le mot qu'au pluriel." Bernard Pivot
"Enfant charmant haute est la tour
où d'un pied de neige tu montes.
Dans la ronce de tes atours
penchent les roses de la honte."
Jean Genet dans Le condamné à mort et autres poèmes.
Babillard : discourir avec légèreté.
adjectif et nom. Qui aime babiller. Donc bavarder, parler beaucoup. Ne sent-on
pas la nuance qui séparer le babillard du bavard ? Celui-ci est prolixe, abondant
sur toutes choses, y compris les plus sérieuses, alors que celui-là aime discourir
avec légèreté, souvent dans la confusion, de sujets frivoles ou amusants.
Par expérience, j'affirme qu'il est plus facile de couper le sifflet à un babillard qu'à
un bavard, mais le babillard revient plus vite et plus souvent ç la charge." Bernard
Pivot
Depuis 2004, le babillard, électronique ou non, est devenu un tableau où
s'inscrivent des tas de mots....
C'est aussi une fauvette
Badauderie : flânerie curieuse des riens
Bailler : donner
Alors avec les croissants ce dimanche, découvrons le mot Bailler.
"Il y a bâiller (ouvrir involontairement la bouche), bayer aux corneilles (tuer le
temps la bouche ouverte, le regard perdu), et bailler, verbe dont on a oublié qu'il
est synonyme de donner : "baillez-nous le mot de passe", "baillez-moi cent euros".
Bailler ne subsiste plus que dans l'expression "vous me la baillez belle" ou vous
me la baillez bonne", c'est à dire : vous cherchez à me faire croire une chose
fausse.
Je donnerais bien davantage à un mendiant qui écrirait sur son bout de carton :
balliez-moi S.V.P 1 ou 2 euros".
Bernard Pivot
Bancroche : boiteux
Tartinez généreusement votre brioche et dégustez celui-ci : Bancroche
"adjectif. Croche équivaut à crochu. Qui est recourbé, qui n'est donc pas droit. Qui
est même bancal. Se dit généralement d'une personne qui a les jambes tortues
(pas de faute de frappe, adjectif vieilli lui aussi), torses, et dont la démarche est
claudicante. Par extension, bancroche qualifie un raisonnement bancal ou une
démonstration boiteuse.
à propos de crocs et de crochets, on notera l'expression argotique imagée, très
savoureuse : avoir les crocs ou avoir les crochets, avoir faim. Avoir la dent ou les
dents a le même sens. Le croquignole était jadis un petit gâteau sec et ...croquant
(relate Alain Rey dans son dictionnaire historique de la langue française) avant de
devenir le nom d'un des trois Pieds Nickelés (Croquignol, Filochard,
Ribouldingue). Le charmant et drôle croquignolet était aussi un nom de pâtisserie
avant de qualifier quelqu'un ou quelque chose d'assez ridicule, quoique
sympathique."
Barguigner : hésiter
Fraise ou abricot ? Thé ou café ? Voici le mot de la semaine :
Barguigner.
"C'est hésiter, ne pas se décider, balancer pour gagner du temps. On l'emploie le
plus souvent dans une formulation négative : sans barguigner, il n'a pas
barguigné, allons-y, ne barguignons pas. Autrement dit, neuf fois sur dix,
barguigner est utilisé pour dire qu'on ne barguigne pas. "
Bath : agréable, exquis
Ne pas utiliser de franglais, même si c'est plus snob !
"Adjectif invariable. C'est bath ! ah, ce que c'est bath !. On disait aussi, pour bien
se faire comprendre : c'est drôlement bath !c'est vachement bath !. Il faut
entendre Bath comme beau, magnifique, agréable, exquis. Chanson célèbre de la
première moitié du siècle précédent : la java la plus bath. On peut aussi employer
bath sans exaltation, sans forcer la voix, pour dire de quelqu'un qu'il est épatant,
serviable, chic : c'est bath ce que tu fais ! Et puis super est arrivé qui a remplacé
bath : c'est super ! c'est un type super ! c'est super ce que tu as fait ! le fim était
super !
Mais bath est un mot très bath, et même super !
Chouette, moins démodé que bath, mais beaucoup moins moderne que super,
géant, extra, génial, est une sympathique interjection qui, justement, exprime,
mezza voce, la sympathie, l'admiration."
Béjaune : jeune homme un peu bébête
Billevesée : sottises, propos dénués de sens
Nom féminin. Ce n'est pas parce qu'il désigne des sottises, des propos dénués de
sens, des balivernes sans intérêt (de beille, boyau et de vezé gonflé, autrement
dit des vessies, des outres) que ce mot n'est pas précieux. D'autant qu'il est très
agréable, certains soirs où "on ne se prend pas la tête" parce qu'on est entre amis
et que l'humeur est joyeuse, d'échanger des billevesées. S'emploie généralement
au pluriel. Si toutes appartiennent à la famille des propos légers, bizarres et
trompeurs, les billevesées sont cependant différentes des calembredaines et des
carabistouilles."
Bernard Pivot
Voilà un mot facile à placer. Combien allez vous pouvoir le dire cette semaine ?
Brimborion : objet de peu de valeur
Aujourd'hui avec la poule au pot ou le rôti, parlons de Brimborion.
"Nom masculin. Un brimborion est un petit objet d'une valeur très modeste. C'est
une babiole, une chose de peu. Par rapport à de grands mots coûteux, restés
modernes, comme château, orfèvrerie, meuble.
Brimborion : objet de peu de valeur, authenticité, collection, antiquité....,
brimborion est un mot - brimborion. S'emploie beaucoup au pluriel.
"On voit par là comme il est difficile de se débarrasser de sa conscience,
comme d'un brimborion salissant"
Alexandre Vialatte dans ses Chroniques de la Montagne,
"On voit par là comme il est difficile de se débarrasser de sa conscience, comme
d'un brimborion salissant"
Alexandre Vialatte avait pour les mots un goût sûr, immodéré, enjoué et même
farceur. Il en inventait. Il en associait qui ne se connaissaient pas jusqu'alors.
Dans ses chroniques, en particulier du quotidien auvergnat La Montagne, il en
utilisait de vieux, de savants, de bizarres, de savoureux. Il usait de mots précieux
autant que de brimborions. "
Brocard : moquerie
voilà une belle homophonie, Brocard, à déguster en regardant la pluie tomber ou
le soleil pointer ses premiers rayons.
Un brocard, à ne pas confondre avec le jeune chevreuil mâle que l'on voit bondir
au coin du bois, ni avec brocart, soie à fils d'or et d'argent comme dans les contes
de fées. Notre brocard est une moquerie, un persiflage, une petite flêche railleuse.
Pourquoi le verbe brocarder, lui aussi considéré comme oublié est-il moins inusité
que brocard, réellement en voie de disparition.
Comme Proust Marcel, gaussons-nous des brocards de M. et Mme Verdurin.
Brune : tombée de la nuit, crépuscule
Ce soir à la brune, ben non, c'est à la brume. Cela aurait pu, aurait eu du sens,
mais Maxime Le Forestier ne l'a pas voulu ainsi.
Bien, revenons à nos montons, non à notre brune.
"Tout va bien pour les brunes, même si les hommes, dit-on, préfèrent les blondes.
Pour les brunes, bières généralement plus alcoolisées que les blondes; pour les
brunes, cigarettes auusi dangereuses que les blondes. Mais la brune, c'est-à-dire
le soir, la tombée de la nuit, disparaît peu à peu du langage. De même la jolie
locution adverbiale, à la brune, au crépuscule, quand il commence à faire sombre
et que l'air fraîchit."
En voilà un, un tantinet désuet mais si romantique... Vous l'aurez compris, le mot
à sauver est "brune", dans le sens de soir
Cagoterie : faux dévot
Avec les croissants, avant la messe, nous dégustons Cagoterie.
Le cagot est un tartuffe, un faux dévot. à ne pas confondre avec la bigoterie, état
de dévotion étroite, ressassée, voyante mais sincère, alors que la cagoterie, elle,
est une bigoterie mensongère.
Cagot est un mot béarnais signifiant "lépreux blanc". Les descendants des cagots
étaient tenus au Moyen-Age et sous l'Ancien Régime pour des pestiférés. Ils
étaient frappés de mesures d'exception.
Serait-ce l'origine du nom Cagouillet ? Ou celui-ci serait-il en lien avec nos
escargots ? La question est ouverte.
Capon : froussard, poltron
Capon, caponne. à ne pas confondre avac Al qui en était l'antithèse.
Un capon est un froussard, un poltron, et même un lâche. Le mot viendrait de
l'argot italien accapone.
Autres synonymes : couard, pleutre, trouillard, dégonflé...
Et dans ces temps près Noel, oublier le h.
Carabistouille : fariboles, bêtises
Voilà un mot qui chante : Carabistouille. Comique, truculent, original et farceur, il
nous vient de Belgique. Les carbistouilles sont des fariboles, des bêtises, des
propos anodins et un peu trompeurs. Les enfants vont adorer ce mot qui sent un
peu la citrouille et le mot magique.
La calembredaine est d'un sens un peu différent. Il s'agit de propos farceurs,
déraisonnables, quasi extravagants et même de grosses bourdes. Presque
toujours au pluriel parce qu'un zigoto qui a l'habitude de dire des calembredaines
ne se contente pas d'une seule.
Caraco : corsage assez ample
Caraco, caracoler, rien à voir. caraco vient du turc kerake, désignant deux pièces
de vêtements féminins, l'une qui cache, l'autre qui révèle. Autrefois un caraco était
un corsage, une blouse assez ample, une pièce du dessus sous laquelle on ne
pouvait
que
deviner
les
formes
de
sa
locataire.
Aujourd'hui, le caraco est une pièce de lingerie féminine, parfois en soie ou en
satin, sous-vêtement très sexy, droit; Le caraco d'origine est désormais délaissé
au profit de chemisette, débardeur, top, haut, etc.
Par quel chemin mystérieux, qui, celui-là, ne doit rien aux Turcs, est-on passé
d'un caraco qui recouvre à un caraco qui découvre ?
Cautèle : prudence motivée par la ruse
Même si on l'entend rarement, l'adjectif cauteleux, se dit d'une personne aux
manières ou aux paroles habiles, caressantes mais hypocrites, est resté debout.
Alors que la cautèle est bien fatiguée. Elle est synonyme de prudence motivée par
la ruse, au moins par l'attentisme. Peut-être cauteleux doit-il sa survie à sa belle
sonorité,
alors
que
cautèle
paraît
mièvre
à
l'oreille
?
Angelo était tellement heureux, après ces jours héroïques, de rencontrer un
homme dont la cautèle lui parlait des paix bien reposantes de l'égoïsme, qu'il
en était littéralement fasciné. »
Jean Giono, le Hussard sur le toit
Chemineau : vagabond
C'est un vagabond errant sur les routes et les chemins, vivant de peu, de petits
boulots, de maraudes, d'aumônes, de récupérations. Ses synonymes, trimardeurs
et galvaudeux, ont encore plus vieilli, le dernier ayant même une connotation
péjorative. Le chemineau moderne ne traîne plus ses grolles dans la poussière
des chemins, mais conduit une guimbarde ou une moto rafistolée.
Attention,
un
chemineau
n'a
rien avoir
avec un cheminot
!
Quelques chemineaux célèbres : Jack London, Kerouac, John Steinbeck....
Clampin : traînard, paresseux
Inconnu du Petit Larousse et du Petit Robert, on ne le trouve que dans les
encyclopédies homonymes. Un clampin est un traînard, celui qui se laisse
distancer par les autres, mais aussi un paresseux, un type quelconque, sans
originalité, sans envergure. Un bof, en bref.
Coquecigrue : chimère, projet absurde
C'est un oiseau burlesque, fait de la réunion d'un coq, d'une cigogne et d'une
grue. Vous voyez le tableau ? D'où son sens de chimère, de projet absurde et
loufoque. Dans une acceptation littéraire ancienne, une coquecigrue est une
baliverne, une observation ou une réflexion pas très sérieuse, hors du temps,
inactuelle.
Débagouler : vomir des injures
Le mot de la semaine que je ne vous souhaite pas, en ces temps de gastro, est
Débagouler. Vomir. On a gardé l'acte de rejeter par la bouche, mais cette fois, des
mots, des paroles. Celui qui débagoule ne se retient de proférer des mots
désobligeants, voire injurieux. Très employé par Flaubert dans ses lettres.
Il existe d'autres verbes, très familiers, synonymes de vomir : dégobiller, gerber.
Dégueuler est vulgaire. Si même malade on sait se tenir, on leur préférera rendre,
rejeter ou évacuer.
Déduit : habile aux jeux de l’amour
Dire de quelqu'un qu'il est "habile au déduit" signifie qu'il est expert dans les ébats
amoureux. Le mot vient de déduire, qui dans l'ancien français, signifie divertir.
Curieusement, l'Académie française, qui compte beaucoup d'écrivains, de
princes, de généraux, et même d'évêques habiles au déduit, dont certains
membres actuels ne sont ou n'étaient pas maladroits dans cet exercice, a
abandonné déduit dans la dernière édition de son dictionnaire.
Derechef : encore une fois
Derechef apporte une nuance culturelle, de nostalgie, d'humour, d'ironie. On
aurait tort de s'en priver.
Alors usez et abusez de Derechef !
PS : ce mot n'a rien à voir avec la cuisine, étoilée ou non.
Diantre ! : que diable ! Vieux juron
Le petit mot de la semaine, tout joli, tout sympa, avec un air d'autrefois, un peu
désuet mais si mignon. Ce sera Diantre.
Vieux juron qui utilise le diable pour exprimer toutes sortes de sentiments :
l'étonnement, l'admiration, l'embarras, la réprobation, l'agacement, la conviction...
Passe-partout, donc pratique, cette interjection se retrouvait souvent, autrefois,
dans les romans, sous la forme appuyée Que diantre, analogue à Que diable.
Démarquez-vous, utiliser Diantre plutôt que Hein, Quoi, Puti (en Charente) et
autres vilains mots.
S’ébaudir : rire, s’amuser
Ce dimanche, nous allons employer le mot de la semaine plusieurs fois. Quel estil ? S'ébaudir. Se réjouir, s'amuser, être intimement et sincèrement joyeux de telle
chose qui advient. La forme pronominale du verbe subsiste alors que comme
verbe transitif, ébaudir quelqu'un, n'est plus usité. Ébaudir est la forme moderne
d'esbaudir. Alors aujourd'hui, ébaudissons nous.
S’esbigner : s’éclipser
Aujourd'hui nous allons sauver le mot s'esbigner. Il signifie décamper, fuir, se
sauver (de l'italien sbignare, s'enfuir de la vigne). Ah ah, voilà un mot qui nous
convient bien ! Mais s'esbigner propose une nuance importante, il s'agit de quitter
les lieux en douce, sans se faire remarquer, habilement, par un stratagème malin.
Donc rien à voir avec les verbes d'aujourd'hui : se tirer, s'arracher, ficher le camp
etc, qui annoncent un départ soudain et brutal. En revanche, s'échapper et surtout
s'éclipser, sont proches de s'esbigner. Alors ne vous esbigner pas de notre page...
Etalier : commerçant d’un étal de boucherie
Aujourd'hui nous avons le temps de déambuler au marché, de errer auprès des
étaliers. Inconnu dans le Petit Larousse, on le trouve encore dans le Petit Robert,
quoique très peu usité. Un étalier est un commerçant qui tient un étal de
boucherie.
à ne pas confondre avec un garçon boucher qui lui prépare. Vous pourriez ainsi
faire confusion avec le groupe de rock. Mais revenons non pas à nos moutons
mais à notre stand.
Faix : charge, fardeau
Ce jour, nous sauverons faix. Envers et contre tous, faix est une charge, un
fardeau. Le poids en est considérable. Le portefaix d'autrefois (sans tiret) est
devenu le porteur.
Faix vient du latin fascis, qui a donné, selon le Petit Robert, fagot, faisceau,
fascicule, fascisme, et même fessée, donc fesse-mathieu. Ah la beauté de la
langue française !
Faquin : serviteur insolent
Revenons à nos classiques et sauvons Faquin. Dans le théâtre de Molière, les
faquins sont des valets impertinents, des coquins qui ont tous les culots, des
drôles pleins de ruse et dont il faut se méfier. Si le terme était au début injurieux, il
s'est arrondi mais il désigne toujours un serviteur qui montre plus d'insolence que
de savoir.
Fesse-mathieu : avare, usurier
En ce dimanche, nous cajolerons "fesse-mathieu". Synonyme très ancien et
comique d'avare, d'usurier, de grippe-sou, de ladre, de pingre, etc. Ce mot
composé vient de saint Mathieu, patron des changeurs, fessé, battu, paraît-il,
pour qu'il abandonne un peu d'argent.
« Chantons pas la langue des vieux
pour les balourds, les fesse-mathieux,
les paltoquets, ni les bobèches,
les foutriquets ni les pimbêches »
La femme d'Hector de Georges Brassens, sauveur de mots oubliés
Fi ! : pouah ! Beurk !
En voilà un tout petit, mais qui veut tant dire : Fi !
Interjection vieillotte, hors d'usage. Pour exprimer le dédain, pouah ! a pris la
relève. Ou Beurk.
En revanche l'expression faire fi de , repousser, dédaigner, mépriser, est toujours
employée.
Ce que j'aime bien dans ce fi ! (du latin fimus, fumier), même j'ai l'air d'en faire fi,
c'est sa brièveté, sa rapidité, pour notifier un rejet sans appel. Bernard Pivot
Fla-fla : chichi, comportement ostentatoire
Fla-fla, ou chic-chi, ou tralala, comportement ostentatoire, mise en scène pour
faire de l'effet, pour impressionner. Habillement recherché, luxueux, maniéré, très
distingué. C'est le contraire du naturel.
Alors cet été, fla-fla ou naturel ? Peu importe il faut le sauver.
Flambard : fanfaron, vantard
Par ce beau dimanche, nous fêterons Flambard. Le mot latin flamma a crépité et
éclairé le français en lui donnant flamme, enflammer, flambe, flambeau, flamber,
flambeur, flamboyer...
Le flambard, ou fanfaron, ou vantard, s'est éteint, accusé d'être trop vieillot. Il
mérite tel le sphynx de ressusciter de ses cendres.
Flandrin : dadais, grand et mou
Flandrin : Le mot à sauver est flandrin. Rarement employé sans être précédé de
grand, il parle d'un homme jeune, d'allure molle, gauche, hésitante, sans
caractère ni colonne vertébrale. Ressemble au grand dadais.
Ce flandrin vient évidemment des Flandres, de leurs domestiques, grands par la
taille et, selon les Picards et les Wallons de jadis, petits par l'esprit.
Fortifs : fortifications
Ce jour nous sauverons fortifs, qui n'est pas la déformation de très forts, mais
l'apocope de fortifications de Paris. Dans la première moitié du 20ème, le populo
parisien parlait des fortifs comme aujourd'hui on parle de Petit déj', de l'appart ou
de la télé pour la télévision. Les apocopes sont de nos jours innombrables, alors
qu'autrefois elles étaient rares. Même si on ne va plus se promener près des
fortifs, le mot mérite de rester, apocope deux fois historique : dans la défense de
la capitale et dans l'évolution du vocabulaire.
Gandin : jeune homme dont la mise trop raffinée frôle le ridicule, dandy
Le mot à sauver, hors la France, en ce jour du 8 mai est Gandin.
Rien que pour son histoire ce mot mérite de ne pas disparaître.
à Paris, le boulevard des Italiens, baptisé ainsi en raison de la Comédie-Italienne
(devenue Opéra-Comique) s'appelait autrefois Boulevard de Gand.C'était un haut
lieu de la mode et des mondanités. Il fallait y être vu. On appelait les habitués du
boulevard des gandins. Ainsi moquait-on leur élégance trop recherchée et trop
voyante. Depuis, un gandin est un jeune homme dont la mise raffinée, précieuse,
frôle le ridicule.
Zola, La Curée (1872)
“Petit monde étonnant, couvée de fats et d’imbéciles, qu’on peut voir chaque jour
rue du Havre, correctement habillés, avec leurs vestons de gandins, jouer les
hommes riches et blasés,”
Génitoires : testicules
Un mot rigolo pour ce dimanche. Toujours au pluriel, elles vont par deux au bas du
ventre des hommes. On peut leur reprocher d'être du genre féminin alors que les
testicules sont du même genre que leurs propriétaires. Elles ont disparu du Petit
Larousse. Qui sont elles ? Les génitoires. Géniteur, génital, etc, perdurent. Les
dictionnaires utilisent testicules, roubignoles, roustons... Leurs grands frères
(Littré et autres) font une place aux génitoires, mais les traitent de vieilles. Alors
que les petits jeunes ( le Petit Larousse et le Petit Robert) s'en sont séparées, ce
qui n'est pas prudent !
Goguenardise : raillerie facétieuse
Soyons fous, sauvons Goguenardise.
L'air goguenard, la mine goguenarde s'affichent toujours volontiers dans les livres
et les articles de presse. Il y a de la moquerie, de la raillerie dans l'oeil ou le rire
du témoin goguenard. La goguenardise est une raillerie facétieuse, une
plaisanterie moqueuse, et nous ne la rencontrons plus guère !
Gommeux : jeune homme maniéré, fat
Avant la plage, nous sauverons Gommeux. C'est un jeune homme ridicule par sa
mise voyante et maniérée, et par la prétention qu'il en tire. C'est un plus que
gandin, il s'affiche avec provocation et fatuité. Le mot vient-il du verbe se gommer,
se pommader, ou de l'adjectif gommé, empesé ? Rien n'est encore défini, vous
pouvez supputer à votre aise.
Il existe un féminin à gommeux. Mais la gommeuse n'est pas une jeune femme à
l'élégance aussi risible que vaniteuse. La gommeuse autrefois chantait dans les
caf-conc. Elle y chantait souvent des goualantes. Colette a été gommeuse à
l'Alcazar de Limoges.