MOSCOW, BELGIUM Christophe Van Rompaey, Belgique, (2008) À

Transcription

MOSCOW, BELGIUM Christophe Van Rompaey, Belgique, (2008) À
MOSCOW, BELGIUM
Christophe Van Rompaey, Belgique, (2008)
À partir de 11 ans
Conseillé pour les 13 ans et plus.
Christophe Van Rompaey est un cinéaste belge né en 1970. Il a fait ses
études à l’école de cinéma RITS de Bruxelles. Avant son début dans le longmétrage avec Moscow, Belgium, il a travaillé en tant que producteur,
réalisateur, monteur et directeur de casting.
PRIX :
Prix SACD à la Semaine Internationale de la Critique 2008
Prix ACID à la Semaine Internationale de la Critique 2008
FILMOGRAPHIE :
2004 : 10 jaar Leuven kort
2008 : Moscow, Belgium
2011 : Lena
TAGS : relations, amour, famille, comique,
SYNOPSIS :
Abandonnée depuis cinq mois, deux semaines et trois jours par son mari qui
l'a quittée pour une femme deux fois plus jeune, Matty (41 ans) vit avec ses
trois enfants à "Moscow", un quartier populaire de Gand, en Belgique. Sur le
parking d'une grande surface, sa voiture se fait accrocher par le camion de
Johnny (29 ans), séparé depuis dix-huit mois de son ex-femme. Ce banal
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accident va pourtant bouleverser l'existence de Matty. Car, malgré les mises
en garde de Werner, son mari de nouveau amoureux d'elle, le regard ironique
de Véra sa fille aînée, contre toute attente et presque malgré elle, Matty
s'éprend de Johnny… Comédie sociale dont la drôlerie et l'esprit populaire
rappellent un certain cinéma britannique…
EXTRAIT INTERVIEW AVEC LE RÉALISATEUR :
Cineuropa : En quoi ce film peut-il plaire aux spectateurs du monde
entier ?
Christophe van Rompaey : Tout le monde a un parent ou un ami qui a vécu
ce genre d'expérience. Les problèmes conjugaux et relationnels sont vieux
comme le monde : un homme qui a une liaison, une femme d'un certain âge
qui rencontre soudain l'amour de sa vie mais doit d'abord résoudre son
passé... Voilà des problèmes universels dans lesquels tout le monde peut se
reconnaître. Les acteurs ont pour mission de convaincre le public que leurs
tragédies, leurs rires et leurs sentiments sont authentiques – c'est pour cela
que j'ai choisi les meilleurs acteurs flamands, et non pas les plus connus.
Le scénario a été composé par trois hommes [dont le réalisateur] mais
les femmes du film s'en sortent mieux que les hommes. Est-ce une
oeuvre féministe ?
Je n'y ai jamais songé dans ces termes. Werner, le mari de Matty, et Johnny
le camionneur ont certes des défauts, mais ce ne sont pas non plus des
perdants complets. La situation est plus nuancée que cela. Quoique
maintenant que j'y pense, on pourrait effectivement avoir une lecture féministe
du film, notamment à travers les personnages secondaires comme la fille de
Matty, ou encore le retraité de la poste et les policiers.
Vous avez tout tourné sur les lieux mêmes de l'action ?
Toutes les scènes d'intérieur, dans l'appartement de Matty, ont été tournées
sur place. Nous étions une trentaine là-dedans et Barbara, qui joue Matty, est
devenue notre mère à tous, acteurs et équipe. Ce qui est drôle, c'est que
Jean-Claude, un des scénaristes, et Johan, qui interprète le mari de Matty,
ont tous les deux grandi dans cet immeuble. Il était important d'avoir ces
énormes fenêtres et cette vue sur l'autoroute, qui crée ce bruit de fond
constant. On ne peut pas recréer cela dans un studio. Tout le film a été tourné
dans et autour de ce pâté de maison ; nous n'avons pas un instant quitté le
quartier qui donne son nom au film.
Comment voyez-vous cette nouvelle vague de films flamands à succès
?
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Les gens ont longtemps associé le cinéma belge à la langue française. Les
seuls réalisateurs belges connus à l'étranger étaient les frères Dardenne.
Cependant, ces deux dernières années, plusieurs films flamands ont eu un
grand succès au box-office local. Il ne leur manquait plus que d'être reconnus
sur le plan international, mais cela aussi est en train de changer. Il est
important que les réalisateurs aient la possibilité de faire leur premier film, or
la situation est en train de progresser à cet égard. Aux festivals, les gens sont
maintenant curieux de voir des films flamands, ce qui est fantastique.
(Source – Cineuropa :
http://cineuropa.org/it.aspx?t=interview&l=fr&did=87055)
THÉMATIQUES ET INTERPRÉTATIONS
Un rythme routinier véhiculé par un montage particulier
L’action du film se déroule très chronologiquement, rythmant le récit
avec des scènes qui se répètent, ou presque. Le spectateur s’attache aux
intertitres qui structurent la vie routinière de Matty. Barbara Sarafian joue le
rôle d’une mère de famille confrontée à une séparation en milieu de vie. Dans
le montage s’immisce répétitivement la scène de flirt du vieil homme qui
ramasse le courrier des gens décédés, son entrée à la poste sous un temps
pluvieux, les diners de famille toujours orchestrés par Matty, surplombés par
le bruitage familier des voitures, ainsi que les épisodes coutumiers à la
laverie. Gros plan sur le tambour de la machine qui tourne, circulation du train
et des voitures tout comme le tirage de cartes proposant un avenir plus ou
moins prometteur, il s’agit bien d’un film qui questionne la notion du temps.
Avec un jeu d’ellipses, le film traite subtilement du quotidien d’une mère de
famille comptant les jours qui passent depuis le départ de son mari. La
monotonie de ses journées se fait ressentir dans la totalité du montage : la
première scène dévoile un gros plan de Matty déambulant dans les rayons du
supermarché, faisant un clin d’œil à la dernière. En effet, un gros plan mobile
suit le visage de Matty dans un cadre qui semble avoir évolué : elle longe le
quai d’une gare. Un train passe. Sa vie avance enfin. Avant cela, le rythme
routinier contribue à la caractérisation d’une mère de famille. Matty est
présentée les cheveux ébouriffés avec un tablier de cuisine. Sa
caractérisation est à son comble lorsque Johnny la baptise en temps que
« Matty moutarde ». Le décor restreint suffoque, Matty circule entre la laverie,
le parking et l’appartement. Un autre détail de la mise-en-scène étouffe, les
cadres de photos de famille agissent en temps que rappel pesant du passé.
Passé qui rentrait dans un cadre, alors que sa vie actuelle prend une autre
tournure malgré elle : « Je veux une vie normale. »
Une relation antagoniste pour un personnage
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La relation qui se tisse entre Matty et Johnny est particulière. À l’image de
leur rencontre, c’est le conflit et la confrontation qui sont moteurs de la
relation. Sur la base de « l’attraction – répulsion », Matty tombe
progressivement amoureuse de Johnny. Il lui déclare : « Tu es mon horizon »,
« Je vois la Mona Lisa quand je te vois » alors que Matty répond sèchement
« On n’est pas en Italie, mais à Ledeberg et il n’y a pas d’amour ici. » Le
cynisme de Matty s’oppose radicalement à l’amour aveugle de Johnny qui se
projette presque dans un compte de fée. Les paires de talons qu’il lui offre
font grossièrement allusion à Cendrillon. Le décalage en âge ainsi que la
différence de personnalité - Johnny est très dragueur et persévérant en
contraste avec Matty, plus réticente et conventionnelle- agit de manière
ironique. En effet, Matty reproduit le schéma relationnel de son mari alors
qu’elle le lui reproche, créant un réel paradoxe de situation. Paradoxe,
antagonisme, conflit, sont autant de termes pouvant caractériser le
positionnement de Matty dans ses relations. Sa relation avec son corps reflète
ce double jeu entre le laisser-aller dans la baignoire et le face-à-face
réconciliateur et confiant que Matty effectue nue devant son miroir. Cette
dualité se retrouve dans la différence de personnalité des deux hommes
qu’elle côtoie. Un jeune routier charmeur avec un passé compliqué face à un
professeur d’art intello assez « bobo ».
Un film comique
La tonalité du film est d’un comique grinçant. La maladresse des
personnages, et surtout le burlesque du film agissent avec efficacité. La
situation pitoyable de Matty résumée avec tant de franchise : « un mari atteint
du démon de Midi, une fille aînée qui traverse la crise d'adolescence, une
cadette croyant la traverser et un gamin refusant de le faire » fait rire. La
référence aux singes lorsque Johnny cherche à flatter la vivacité d’esprit de
Matty est tout aussi burlesque, pour ne pas dire triviale, qu’un dîner autour
de boudin noir. D’autres outils et signes de comédie romantique font
surface, comme les clichés du dragueur italien. Un comique de situation
laisse le spectateur hilare lorsque Matty insurge : « Je ne veux plus d’homme
à la maison » au moment où sa fille assume son homosexualité en présentant
sa petite copine. Enfin, lorsque Johnny prévoit la présentation de Matty à son
entourage en affirmant : « Je dirais que tu es ma mère », le malaise est vite
remplacé par un fou rire.
L’univers d’une certaine classe populaire
« Moscow Belgium » est aussi un voyage social qui nous plonge dans
l’univers d’une certaine classe populaire. Bars et bières actant comme
carrefour social, le réalisateur nous brosse un portrait assez réaliste du
quartier populaire de Gand. La caméra effectue une inclinaison panoramique
verticale afin d’insister sur le décor. Il s’agit d’un HLM des années 70 bordé
d’une autoroute bruyante. Une volonté d’authenticité se ressent dans l’équipe
car l’acteur et le producteur du film ont réellement vécu à « Moscow »,
quartier baptisé après les immigrants russes qui y avaient été hébergés. De
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plus, le concert improvisé de Johnny dans le bar informe de la culture
musicale de cette frange de la société. La conscience de Johnny d’appartenir
à une classe ouvrière est d’autant plus explicite lors du débat tendu entre
Werner, l’ex-mari de Matty et Johnny.
PISTE DE RÉFLEXION POUR LES ÉLÈVES :
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Des intertitres apparaissent à plusieurs reprises. Quelles scènes les
suivent ? Qu’est-ce que cela nous dit sur le rythme de vie de Matty ?
Comparez la scène d’ouverture et la scène finale. Portez une attention
particulière à la bande son et la mise-en-scène. Selon vous, est-ce que
le personnage de Matty a évolué ?
Johnny déclare à Matty : « Tu es mon horizon ». Pouvez vous penser
à d’autres méthodes de drague que Johnny opère. Matty, elle,
réplique : « On n’est pas en Italie, mais à Ledeberg et il n’y a pas
d’amour ici. » Comment pouvez vous caractériser la relation que Matty
tisse avec Johnny ?
Commentez l’affiche : À quoi font références la couleur jaune et le gros
logo rouge ?
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