discours du president idriss deby

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discours du president idriss deby
DISCOURS DU PRESIDENT IDRISS DEBY
A L’OCCASION DE LA JOURNEE DE LA PAIX
Monsieur l’Archevêque de l’Archidiocèse de N’Djamena;
Monsieur le président du Conseil supérieur des affaires islamiques;
Monsieur le Secrétaire général de L’Entente des églises et missions évangéliques au Tchad;
Mes frères et sœurs;
En cet instant précis, nous vivons un évènement unique dans la vie de notre nation qui a cinquante
ans jour pour jour aujourd’hui. Vous avez pris une initiative, vous les trois chefs des
congrégations religieuses d’unir le peuple tchadien, de bannir le mal, la violence sous toutes ses
formes, de créer les conditions nécessaires d’une vie acceptable dans notre pays, respecter la
laïcité sous toutes ses formes et faire du Tchad, un pays meilleur pour les cinquante années à
venir. Je voudrais de tout mon cœur, saluer cette initiative qui vient des hommes religieux qui
prient pour la paix et pour l’unité dans notre pays mais surtout qui implorent Dieu le Toutpuissant afin qu’ils nous aident à nous unir davantage dans la paix .Je voudrais demander au
peuple tchadien, à vous mes frères et sœurs ,grands et petits d’écouter le message de Dieu qui
vient d’être prononcé par ces trois hommes qui sont nos références, nos guides, des hommes sages
qui savent ce qu’ils disent .Vous les avez bien écoutés. Je pense que chacun de nous ici a eu une
émotion profonde en écoutant ces trois hommes religieux. Je disais tantôt que cette cérémonie est
une première dans l’histoire de notre pays depuis son indépendance.
A ce même endroit symbolique (le palais du 15 janvier) moi-même et l’ancien Président
Goukouni Weddeye avions brûlé des armes ; Et c’est à ce lieu aussi que s’est tenue la conférence
nationale souveraine qui a jeté les bases de toutes les institutions de la République. Mais
malheureusement, c’est à ce lieu là même qu’on est venu brûler avec des armes cette maison qui
est devenue inutilisable aujourd’hui .Il nous faut 22 milliards pour la réfectionner. L’histoire nous
rappelle beaucoup de choses, beaucoup de nos actes. Des actes réfléchis qui nous ont conduits
depuis 1960 jusqu’à nos jours à des actes souvent liés à la violence, à la division des fils du
Tchad. Comme le disait tantôt Monseigneur Mathias Ngartéri en nordistes, sudistes, musulmans,
chrétiens, abit, doum, et que sais-je encore? Ces termes sont utilisés par vous tous ici présents; par
la majorité des Tchadiens. Je vous demande aujourd’hui même de bannir ces mots. Appelonsnous Tchadiens tout simplement et bannissons ces mots du fond de nos cœurs.
La paix est une conquête et non seulement l’œuvre d’une seule personne. Elle doit être une œuvre
commune pour chaque Tchadien et chaque Tchadienne, dans les foyers, les communautés, au
niveau de la société, des ethnies. En ce moment exceptionnel de notre histoire, nous devons
conquérir la paix qui n’a pas de prix. Mais sachons que rien n’est facile .Les hommes ne se
donnent pas facilement la paix. Faisons un effort. Les Tchadiens doivent faire un effort en ce sens
parce que nous sommes appelés à vivre ensemble. Le Tchad, je le disais assez souvent est notre
père, notre mère. Les armes de la conquête de la paix sont en nous, en chacun de nous. Car il
s’agit d’un problème de cœur, d’un comportement. En effet, c’est le cœur qui nourrit toutes les
pensées, nourrit aussi la guerre, la haine, l’injustice, la violence. Le cœur nourrit tous ces maux.
Sommes-nous capables de nous maîtriser, de prendre conscience après cinquante ans d’errements?
Sommes-nous aujourd’hui capables d’écouter la voix de la sagesse? Je le crois de tout cœur.
Les Tchadiens sont capables de faire un profond examen de conscience et se regarder comme des
frères et sœurs en tout lieu, en tout moment et en toute circonstance. Le comportement finit par
relever ce qui est caché. Ne cachons rien tant qu’il s’agit du Tchad. Parce que ce que vous pensez
cacher, de l’extérieur, les hommes et les femmes voient; tout au moins, Dieu voit. Et c’est lui, le
seul juge. Vouloir la paix, c’est savoir surmonter les injustices; vouloir la paix, c’est surmonter les
frustrations, les inégalités; vouloir la paix, c’est abandonner «le moi» avec un grand M et regarder
en face l’intérêt commun. La recherche de la paix est une valeur qui doit être partagée par
l’humanité toute entière. Vous devez vous-mêmes tous ici, Tchadiens de deux sexes, les
responsables de deux religions monothéistes et des trois congrégations religieuses combattre et
dénoncer vigoureusement l’intégrisme, le terrorisme sous toutes leurs formes.
En clair, vous devez respecter la laïcité de l'État comme valeur essentielle dans notre pays .Nous
ne voulons pas des étrangers qui viennent chez nous qui se disent des érudits, des grands prêtres,
des grands oulémas et qui viennent nous dire «comment vont les chrétiens, comment vont les
musulmans, que font les chrétiens, que font les protestants?» A ceux là, je leur dis non! Nous
avons nos hommes religieux; nos érudits à qui Dieu leur a confiée la mission. Et ils accomplissent
cette mission avec la plus grande honnêteté, la plus grande sagesse; ils n’ont pas besoin des leçons
de l’extérieur. Écoutez leur voix et suivez leur conseil ; vous sortirez le Tchad des ténèbres. Vous
mettrez votre pays dans la lumière. Il faut poursuivre ce combat sans relâche. C’est un combat de
tous les jours, de toutes les heures ; n’oubliez jamais cela ! Ce combat est le nôtre; c’est le combat
de tous les Tchadiens de deux sexes. Ceux qui nous regardent à partir de la télévision de
l’extérieur ou de l’intérieur m’écoutent. Je suis gagné aujourd’hui par une profonde émotion, une
très grande émotion. J’espère que tous ceux qui nous regardent ou qui nous suivent sont avec nous
de cœur. Cette émotion doit les atteindre. Persévérons dans la prière! Donnons-nous toujours la
main pour développer dans notre esprit, la fraternité.
Une fraternité sans frontière susceptible de nous aider à forger une nation unie et prospère à
l’intérieur de ses 1.284.000 km2.Nos enfants doivent être éduqués, ils sont là ; filles et garçons qui
ont entonné ici, l’hymne national et présenté notre drapeau national. Ces enfants issus de toutes
les ethnies, de toutes les religions confondues viennent de nous démontrer la danse d’une ethnie,
d’une région. Ils ont besoin qu’on leur prépare leur avenir. Et c’est un message fort. Eduquons-les
dès leur bas âge à l’unité, au brassage en bannissant la violence, le sectarisme dans le respect de
nos us et coutumes fondé sur le respect de la personne humaine. C’est aussi, le rôle de l’école
républicaine. Je souhaite de tout cœur que les éducateurs qu’on appelait aussi les seconds pères, le
corps enseignant aient cette mission d’éduquer les enfants républicains. Je leur demande de tout
cœur. Vous le savez mieux que moi que l’injustice engendre des frustrations, l’injustice crée
l’injustice et est à la base de tous les maux. L’injustice peut se faire aussi dans nos foyers. A tous
les niveaux de l’organisation sociale, bannissons l’injustice. Je m’adresse ici très humblement
mais fortement convaincu de ce que je dis à nos magistrats garants de l’indépendance de la
justice, qu’ils ont la lourde mission de créer les conditions d’une paix sociale par une justice saine
sans alibi et sans monnayer leur conscience. Pour ma part, je vous renouvelle ma ferme volonté à
mener une lutte sans merci contre toutes les pratiques qui empêchent les Tchadiens de vivre
décemment et dignement ensemble.
C’est dans sens que j’ai instruits le Gouvernement à combattre la corruption et les taxes illicites
qui constituent aujourd’hui, la cause principale de la montée vertigineuse des prix et de la cherté
de la vie dans notre pays. La paix est aujourd’hui est à ce prix. La cherté de vie empêche
aujourd’hui les Tchadiens de manger deux (02) fois par jour. Cette cherté de vie pousse les
hommes et les femmes à voler, à tuer, à devenir des coupeurs de routes voire même des
mercenaires contre leur propre pays. Mes frères et sœurs commerçants, arrêtez de créer des
situations d’instabilité dans notre pays par des bénéfices que voulez gagner rapidement. Dieu est
contre cette manière de faire! Si les hommes et les femmes commerçants sont attachés à leurs
religions, ils doivent se ressaisir et faire en sorte que le Tchadien qui gagne 24.800 Francs CFA
par mois (le taux du SMIG) arrive à manger le matin, à midi et le soir y compris son petit
déjeuner. Il s’agit d’une question d’importance capitale. Je vais faire un contrat de confiance avec
les commerçants .Je leur ai déjà rencontrés et ils ont rencontré plusieurs fois mes émissaires.
Je crois que nous allons nous entendre pour laisser les Tchadiens manger à leur faim. S’ils arrêtent
cela, la paix sociale reviendra parce que chacun va manger à sa faim. Dans tous les cas de figure,
en ce qui concerne ce point précis, je me suis engagé dans ce combat. Je veillerai à ce que dans les
jours à venir, nous nous comprenions parfaitement avec les commerçants. Comme vous le savez,
j’ai placé mon quinquennat sous le signe du social dont l’éducation, la santé et l’agriculture
constituent des axes prioritaires sur lesquels je mettrai tout en œuvre pour la formation des cadres
compétents. Des cadres intègres, un nouveau type de cadres. Aujourd’hui, les cadres ne sont pas
intègres ; ils sont à la recherche du profit, à la recherche du gain facile; ils ne sont pas au service
du peuple tchadien. Je voudrais qu’ils changent. Nous devons changer nous tous et nous mettre au
service de notre pays. Avec la volonté de Dieu, nous œuvrerons davantage ensemble dans ce sens
pour sortir le Tchad de la pauvreté. Tant qu’il y aura la paix, rien ne pourra arrêter la marche du
Tchad et de ses fils vers un avenir meilleur. Je poursuivrai ma politique de la main tendue et de
réconciliation nationale afin que tous les Tchadiens viennent apporter leur contribution à
l’édification de notre pays. Mais attention, il n’y a pas de paix à acheter ; je n’ai rien pour acheter
la paix.
La paix est une nécessité pour tout le monde. Il faut que les uns et les autres pensent que le
moment est venu pour construire le pays ; d’arrêter de vivre en cherchant les voies de facilité ; de
prendre une arme en vue de devenir demain ministre, conseiller, colonel sur le dos du peuple
tchadien souverain. C’est fini tout cela! Le Tchad est un et indivisible. Les Tchadiens du fond de
leur cœur doivent être unis pour le pire et pour le meilleur. Le Tchad a besoin de cette unité. Le
moment est venu aussi après cinquante ans d’errements pour les Tchadiens de se réconcilier. Il
nous faut encore d’autres événements de ce genre pour déboucher sur la célébration du
cinquantenaire de l’indépendance du Tchad le jour J. Tchadiens, réconcilions nous ! Il y a des
choses qui ont été faites ; le mal a été fait par tout le monde y compris moi qui vous parle. Mais
réconcilions nous pour l’amour de notre pays, prenons la voie de la sagesse. Mes frères et sœurs,
je ne saurai terminer mes propos sans prononcer le nom de Dieu parce que nous sommes les
enfants de Dieu. Nous croyons en lui.
Que Dieu nous aide à travailler toujours dans le sens de l’unité, de la cohésion sociale, l’amour
entre les Tchadiens et pour notre nation.
Que Dieu nous aide à laver nos cœurs et rendre nos cœurs blancs pour que la paix s’installe dans
notre pays.
Que Dieu nous aide afin que les Tchadiens se mettent au travail, puissent vivre dignement par le
fruit de leur travail et la sueur de leur travail.
Vive la paix au Tchad!
Que Dieu bénisse notre pays!
Je vous remercie!