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Thomas Michaud La Zombification du monde Marsisme.com 1 Introduction Les zombies ont la réputation d’appartenir au monde de l’imaginaire. Ces êtres terrifiants revenant de l’enfer ont apeuré des générations de cinéphiles, dont la plupart ont toujours un doute sur la possibilité d’en rencontrer un en rentrant de leur séance de cinéma. Le succès des effets spéciaux a permis d’accroitre la qualité de ces films, au point que les zombies sont de plus en plus terrifiants, mais aussi de plus en plus réalistes. Il y a aussi de plus en plus de films de zombies, ce qui pose la question du sens social attribuable à ce phénomène, qui ressemble à une forme de thanatophilie. Une véritable zombie culture prend de l’ampleur en Occident, qui semble de plus en plus fasciné par les spectacles de morts vivants. Une atmosphère morbide a envahi l’Occident après le 11 septembre 2001, et soudainement, la zombie culture est devenue une forme de réponse à apporter à la critique djihadiste de la civilisation. Certains critiques ont comparé l’Occident à un zombie, pour signifier que ce territoire était peuplé de morts, d’individus sans existence, membres d’un système productif très performant les utilisant comme des aliments qu’il est habilité à broyer pour son fonctionnement. Si l’Etat a parfois été comparé à un vampire, dans la mesure où il lui arrive de saigner les populations pour se nourrir, par exemple en période de crise économique ou de guerre, ses citoyens peuvent être assimilés à des zombies, à des morts vivants qui reviennent ponctuellement à la vie avant d’être exterminés à nouveaux par le système productif. Ce livre présente la zombie culture avec la problématique de déterminer l’apport de ces films à la culture occidentale. Les films et les livres de zombies révèlent un aspect de l’identité de l’Occident, territoire sur lequel des violences très graves ont eu lieu dans l’histoire et qui se sont cristallisées dans l’inconscient collectif. La multiplication des films de zombies a eu lieu après la seconde guerre mondiale, pendant laquelle de grands 2 massacres ont eu lieu, pour purifier les grandes civilisations eurasiatiques de leurs populations parasitaires. Le souvenir de ces massacres de masses est particulièrement présent en Europe, où le génocide des juifs et les grandes tueries de la première guerre mondiale furent les éléments les plus marquants. Cette enquête repose sur le visionnage d’environ cent films de zombies. Environ cinquante sont résumés dans ce livre, pour que le lecteur comprenne les thèmes principaux de cette culture. D’autre part, la culture zombie à été étudiée à travers des déplacements sur des lieux de rassemblement. Les adeptes sont surtout des jeunes, proches du mouvement gothique, qui apprécient de se déguiser, un peu dans la lignée des festivités d’Halloween. La fascination pour les morts vivants d’une partie de la population ressemble à la fascination pour les vampires, qui a depuis le dix-neuvième siècle alimenté de nombreux courants de la culture alternative. L’objectif était de déterminer à quels types de peurs ces films font référence. Il est suggéré que la culture zombie témoigne d’un sentiment de morbidité de la part des populations, et de la peur de dangers comme les grandes épidémies ou les monstres. L’analyse du livre de Stephen King Cellulaire, présentée à Cerisy-la-Salle en 2007, montre l’analogie entre le zombie et le malade mental. Les zombies sont aussi des êtres décérébrés, archétypes d’une hyperaliénation par le système productif. Ils sont souvent drogués par leurs maîtres, comme les prolétaires des sociétés technicistes qui doivent souvent prendre un antidépresseur pour pouvoir travailler dans des conditions optimales, c'est-à-dire servilement. Le parallèle avec les cultes vaudous sera intéressant pour le lecteur qui comprendra de quelle manière l’Occident est devenu progressivement une société néoesclavagiste et zombifiée à force d’avoir recours aux antidépresseurs et aux anxiolytiques pour gérer l’agressivité de la population. Par ailleurs, les films de zombies peuvent révéler la peur des maladies contagieuses, comme le SIDA. La dernière partie de l’ouvrage explique comment l’épidémie de SIDA a contribué à créer 3 un climat de peur de l’autre dans les sociétés occidentales, et propose même un moyen simple de débarrasser la planète Terre de ce terrible fléau. La combinaison de tous ces facteurs explique l’expression de la culture zombie, c'est-à-dire d’un mal être de la population qui se réfugie dans la glorification des morts ou dans l’observation des monstres pour effectuer sa catharsis dans un monde qui tend à broyer les individus pour nourrir la technostructure de leurs âmes. A l’heure où le tiers-monde se révolte contre ses anciens maîtres occidentaux, il est important de comprendre les points faibles de cette civilisation, afin d’éviter qu’elle soit détruite par de nouvelles invasions barbares, comme ce fut le cas pour l’empire romain. Le sentiment de déshumanisation de la population peut la mener à ne plus vouloir lutter contre les ennemis de l’intérieur, à se laisser insulter par ses ennemis sans avoir envie de se révolter, au point de se laisser massacrer. Cet aspect de la culture occidentale est important à signaler, pour éviter qu’il cause sa perte. Les prolétaires sont souvent broyés, et des millions de citoyens sont aussi humiliés pour servir l’intérêt collectif. Lorsque les perdants du système constituent la majorité de la population, un risque de dictature, ou de décadence apparaît. C’est ce qui s’est passé en Allemagne pendant la crise économique des années 1930, qui mena à l’arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler. Lorsque le système élimine ou broie trop d’individus, il s’expose au risque d’une révolution, ou à la prise du pouvoir par un ennemi du bien. La culture occidentale ultraproductiviste s’expose à de tels périls. La multiplication des films d’horreur montre la déliquescence du sens moral de cette civilisation, et la montée d’une thanatophilie potentiellement dangereuse pour la démocratie. La culture zombie est la conséquence d’une omniprésence de la mort dans une civilisation, et de l’incapacité d’approcher l’autre sans risque. Le SIDA, ainsi que l’hyperaliénation prônée par le système productif contribue à créer des zombies, fascinés par la mort, les films d’horreur les purgeant de leur sentiment de mort intérieure permanent. 4 La psychologie du zombie, développée par quelques philosophes, permettra de mieux comprendre le malaise qui touche parfois la civilisation occidentale. Derrière le spectacle permanent des sociétés hyperréelles, les morts vivants se ramassent à la pelle, et grondent sourdement, préparant leur retour à la surface pour se venger et manger les vivants, pour les contaminer et les convertir à leur sinistre existence. La culture zombie est une nouvelle culture alternative détectée comme de plus en plus influente. Après l’étude de la culture marsiste, de la culture cyberpunk et de la culture des guerilleros urbains, l’étude de la culture zombie nous oriente vers une nouvelle dimension de l’alternative et du folklore occidental. Après les rêves technophiles et révolutionnaires de la jeunesse occidentale, c’est à ses pires cauchemars que ce livre s’intéresse. De la même manière que le livre La rêvolution satanique s’intéressait aux causes socio-historiques des révoltes urbaines françaises de 2005-6, ce livre s’intéresse à un sentiment de morbidité de plus en plus présent dans les sociétés technicistes, au côté obscur de l’utopie du bonheur collectif. Il est important de s’intéresser au phénomène de zombification de la société car il révèle les dysfonctionnements de la civilisation, et le système répressif qui peut sembler pesant aux populations, surtout quand il est doublé d’une menace permanente de contamination par l’autre, liée à l’épidémie de SIDA. Ce livre clôt une enquête de dix ans dans les cultures alternatives du monde industriel. La quadrilogie révèle des utopies, des dystopies, des rêves, des cauchemars, qui alimentent les discussions de millions de personnes en occident. Les films et les romans contribuent à structurer et à révéler la mentalité collective des sociétés industrialisées. Le marsisme et Télécommunications et science-fiction présentent les rêves technicistes de ces sociétés, alors que La rêvolution satanique et La zombification de la société constituent les cauchemars, les craintes et les contestations les plus violentes. 5 L’étude des cultures alternatives est très importante pour bien comprendre les enjeux sociétaux qui sont souvent bien connus et envisagés clairement par des leaders d’opinion, ou des outsiders, au sens d’Howard Becker, qui évoluent dans des lieux alternatifs, comme des friches industriels, des festivals, des zones autonomes temporaires, ou bien d’autres lieux de culture comme des musées ou des conférences dans lesquels les intellectuels de la marge édictent avant les décideurs les problématiques du futur. Les alternatives se trouvent souvent dans des biens culturels peu diffusés, dans des films à petits budgets, des romans peu lus, des fanzines, et des manifestations culturelles autours de groupes de musiques plus ou moins reconnus. La fédération de zones alternatives peut créer des mouvements collectifs de grande ampleur. Internet est un média très utile à l’expression de ces courants. De nombreux alternatifs créent leur blog, leur myspace, par exemple, pour présenter leurs productions et contribuer à des mouvements collectifs. La culture zombie est une nouvelle contreculture en émergence qui se développe dans la continuité des précédentes. Elle s’inscrit dans le prolongement des courants gothiques et cyberpunks. Ce livre présente différents types de zombies, et l’apport de ces monstres à la culture industrielle. Il montre que la peur des morts-vivants témoigne de craintes liées à l’hyperrationalisation du système, ainsi que l’influence de la culture caribéenne sur cette culture. La culture zombie, au succès de plus en plus massif, est le résultat et le témoignage de l’assimilation des méthodes répressives utilisées dans les caraïbes pour rendre serviles les travailleurs. L’utilisation de la zombification dans les sociétés industrielles, alors que cette méthode était traditionnellement utilisée dans les îles comme Hawaï, explique en partie la victoire de Barack Obama à la présidence de la république américaine en 2008. Il est en effet normal qu’une personne issue des territoires qui ont inventé ce système répressif prenne le pouvoir, au moment où les Etats-Unis ambitionnaient d’imposer la démocratie sur 6 toute la planète à travers un vaste programme de psychiatrisation des masses, c’est-à-dire de zombification du monde, dans la perspective de faire triompher l’industrie des psychothérapies. 7