Ressenti et vécu des parents à l`annonce d`un surpoids chez leur

Transcription

Ressenti et vécu des parents à l`annonce d`un surpoids chez leur
UNIVERSITE PARIS-EST CRETEIL
FACULTE DE MEDECINE DE CRETEIL
******************
ANNEE 2014
N°
THESE POUR LE DIPLOME D'ETAT
DE
DOCTEUR EN MEDECINE
Discipline : Médecine Générale
-----------Présentée et soutenue publiquement le :
à : CRETEIL (PARIS-EST CRETEIL)
-----------Par Aurore LEBARON
Née le 29 Décembre 1983 à Ermont
-------------
Ressenti et vécu des parents à l’annonce d’un surpoids chez
leur enfant.
DIRECTEUR DE THESE :
M. Samuel Chartier
Signature du
Directeur de thèse
LE CONSERVATEUR DE LA
BIBLIOTHEQUE UNIVERSITAIRE
Cachet de la bibliothèque
universitaire
2
REMERCIEMENTS
Au Docteur Samuel Chartier, mon tuteur et directeur de thèse qui fut le premier à
croire à ce projet.
Aux Docteur Gatfosse, Docteur Saunier, Docteur Chermi, Docteur Weiler, Docteur
Lloret-Linares qui m’ont appris la médecine tout au cours de mon cursus.
Au Professeur Tounian, qui m’a permis de réaliser cette thèse.
Au Docteur Kuczynski-Levy, qui m’a épaulée tout au long de cette aventure, et a eu
la gentillesse de m’aider et de relire cette thèse.
Au Docteur Ludivine Muzard, pour son amitié, ses conseils, et son aide précieuse
pour la relecture.
Au Docteur Sandrine Bercier, qui nous a permis d’améliorer ce travail.
Aux parents qui ont eu la gentillesse de prendre le temps de participer à cette thèse,
sans qui ce travail n’aurait pu être réalisé.
A mes parents, qui ont toujours eu confiance en moi, pour leur soutien indéfectible et
leur patience.
A mon frère Adrian, que j’ai réussi à ne pas écœurer des longues études, et qui
désormais comprend ces heures passées derrière un bureau.
A ma belle-sœur Fabienne, qui m’a soutenue dès le début.
A Yohann, mon mari qui m’a toujours soutenue et encouragée.
A ma fille Emma qui ne m’a pas empêchée d’achever cette thèse malgré son arrivée
précoce, et à qui je souhaite de réaliser ses rêves.
3
SOMMAIRE
LISTE DES ABREVIATIONS : ................................................................................................ 4
1. INTRODUCTION .................................................................................................................. 5
1.1. La prévalence du surpoids chez l’enfant. ................................................................ 5
1.2. Le surpoids : un problème de santé publique. ........................................................ 5
1.3. Le dépistage. ................................................................................................................ 6
1.4. La place du médecin généraliste. ............................................................................. 7
1.5. Objectif de l’étude. ....................................................................................................... 9
2. METHODE .......................................................................................................................... 10
2.1. Approche qualitative et types d’entretiens. ............................................................ 10
2.2. L’échantillon. ............................................................................................................... 11
2.2.1. Composition. ....................................................................................................... 11
2.2.2. Taille de l’échantillon.......................................................................................... 11
2.2.3. Recrutement. ....................................................................................................... 11
2.3. Les entretiens ............................................................................................................. 12
2.4. Analyse des données. ............................................................................................... 13
3. RESULTATS ....................................................................................................................... 14
3.1. Caractéristiques de la population des parents. ..................................................... 14
3.2. Caractéristiques des enfants. .................................................................................. 17
3.3. Analyse des entretiens .............................................................................................. 17
3.3.1 Le cadre de l’annonce du diagnostic ................................................................ 17
3.3.2. Ressenti des parents à l’annonce du surpoids de leur enfant. ................... 19
3.3.3. Attitudes et discours des praticiens. ................................................................ 21
4. DISCUSSION ...................................................................................................................... 24
4.1. Synthèse des résultats.............................................................................................. 24
4.2. Comparaison aux données de la littérature. .......................................................... 26
4.3. Forces de l’étude ....................................................................................................... 27
4.4. Limites de l’étude. ...................................................................................................... 28
4.4.1. Biais de sélection................................................................................................ 28
4.4.2. Biais de mémorisation. ...................................................................................... 28
4.4.3. Biais de subjectivité............................................................................................ 28
5. CONCLUSION .................................................................................................................... 29
6. BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................... 30
7. ANNEXES ........................................................................................................................... 33
4
LISTE DES ABREVIATIONS :
BMI : Body Mass Index
ENNS : Etude Nationale Nutrition Santé
HAS : Haute Autorité de Santé
IMC : Indice de Masse Corporelle
INSERM : Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
PMI : Protection Maternelle et Infantile
PNNS : Programme National Nutrition Santé
RéPPOP : Réseau de Prévention et Prise en charge de l'Obésité Pédiatrique
5
1. INTRODUCTION
1.1. La prévalence du surpoids chez l’enfant.
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit le surpoids et l’obésité comme
une accumulation anormale ou excessive de masse grasse ayant des conséquences
pour la santé.
En 2010, 43 millions d’enfants dans le monde étaient considérés en surpoids ou
obèses [23]. La prévalence du surpoids et de l’obésité chez l’enfant est passée de
4,2% en 1990 à 6,7% en 2010 et est estimée à 9,1% en 2020 [14].
La prévalence de l’obésité dans les pays développés est 2 fois plus élevée que celle
observée dans les pays émergents [15].
L’Étude Nationale Nutrition Santé (ENNS) réalisée en France en 2006 chez les
enfants de 3 à 17 ans montrait une augmentation de la prévalence depuis les années
80 : 18% des enfants souffrent actuellement de surpoids dont 3,5% d’obésité, contre
10% au début des années 90 (Institut National de la Santé et de la Recherche
Médicale, INSERM) [14].
Le dépistage, la prévention et la prise en charge du surpoids infantile est un vrai
enjeu de santé publique [25].
1.2. Le surpoids : un problème de santé publique.
Depuis mai 2004, la 57ème Assemblée Mondiale de la Santé, composée des
délégués des états membres, a approuvé la stratégie mondiale de l’OMS concernant
l’alimentation, l’exercice physique et la santé, confirmant ainsi son action menée
dans le domaine de l’alimentation et plus particulièrement celle du nourrisson et du
jeune enfant [23].
Les principaux axes ont été d’établir une stratégie nationale, avec la mise en place
d’une politique régionale et locale, tout en maintenant une équité d’offre, et un suivi
dans la prévention de l’obésité chez l’enfant.
Les pouvoirs publics ont en effet un rôle déterminant dans le développement d’une
stratégie cohérente.
L’obésité expose les personnes concernées à des maladies cardio-vasculaires,
6
métaboliques, articulaires, cancéreuses ayant pour conséquence une augmentation
de la mortalité. [23]
Comme l’adulte, l’enfant peut présenter des complications liées au surpoids [3,14].
La prise en charge du surpoids et de l’obésité chez l’enfant est nécessaire d’autant
plus que la probabilité pour que l’enfant obèse le reste à l’âge adulte varie de 20 à
50% avant la puberté et de 50 à 70% après la puberté [14].
La prévention dès le plus jeune âge a des effets bénéfiques sur le long terme.
Il existe désormais en France une vraie politique de prévention, de dépistage et de
prise en charge. Un «Plan Obésité » a été mis en place en 2010, avec des
recommandations de bonne pratique [25].
Des réseaux ont été mis en place depuis 2003, les RéPPOP, Réseaux de
Prévention et Prise en charge de l’Obésité Pédiatrique. Ces réseaux ont une mission
de prévention de l’obésité, de dépistage précoce et de prise en charge personnalisée
de proximité. Ils permettent une prise en charge pluridisciplinaire autour de l’enfant et
de sa famille. Les acteurs de ces réseaux sont le médecin, le diététicien, le
psychologue, l’infirmier, les centres de santé.
1.3. Le dépistage.
Le dépistage du surpoids chez l’enfant et l’adolescent consiste en une surveillance
systématique de la corpulence 2 à 3 fois par an [14, 26].
Pour cela le professionnel de santé dispose des courbes de corpulence du PNNS
dans le carnet de santé, il calcule le statut pondéral, estimé par l’Indice de Masse
Corporel (IMC) (IMC = poids (kg)/taille² (m)).
Les seuils recommandés en pratiques cliniques sont définis par les courbes de
corpulence du Programme National Nutrition Santé (PNNS) de 2010. (Annexe 1)
Les experts de l’International Obesity Task Force (IOTF) ont établi une définition
internationale de l’obésité chez l’enfant qui assure une continuité avec les définitions
de l'obésité chez l'adulte. Elle utilise le même indice (IMC) et se réfère aux mêmes
seuils (25 et 30 kg/m²). C’est cette méthode qui doit être utilisée pour les
comparaisons de prévalence entre pays [13]. Sur les carnets de santé on peut
utiliser des courbes de centiles d’IMC atteignant les valeurs 25 kg/m² (IOTF-25) et 30
7
kg/m² (IOTF-30).
IMC ≥ seuil IOTF-25 = surpoids (obésité incluse)
seuil IOTF-25 < IMC < seuil IOTF-30 = surpoids (obésité exclue)
IMC ≥ seuil IOTF-30 = obésité*
* L’obésité, qui débute à partir de l’IOTF-30, est une forme sévère de surpoids
Selon les références françaises, un enfant présente une corpulence d’évolution
normale lorsqu’il évolue à l’intérieur de sa zone de corpulence. Les bornes de la
zone de corpulence dite «normales » étant comprises entre le 3ème et le 97ème
percentile de la valeur normale de l’IMC pour l’âge.
IMC < 3ème percentile
Insuffisance pondérale
3ème ≤ IMC < 97ème percentile Corpulence normale
IMC ≥ 97ème percentile
Surpoids
Le surpoids est alors défini par un IMC supérieur au 97ème percentile ou IOTF-25 et
la zone de surpoids avec obésité au-delà de l’IOTF-30 [14]
Au cours de la croissance, la corpulence varie de manière physiologique. Elle
augmente la première année de la vie, puis diminue jusqu’à l’âge de 6 ans, et croit à
nouveau jusqu’à la fin de la croissance, cette remontée observée en moyenne à
l’âge de 6 ans est appelée rebond d’adiposité.
L’utilisation de ces courbes permet de détecter un rebond d’adiposité précoce (avant
l’âge de 6 ans) qui est un facteur prédictif d’un IMC plus élevé dans l’adolescence et
chez le jeune adulte et donc un risque supérieur de devenir obèse à l’âge adulte [14].
1.4. La place du médecin généraliste.
Le suivi de l’enfant est assuré par les généralistes, les médecins de PMI et les
pédiatres, tous acteurs dans la prévention de l’obésité.
Les parents peuvent avoir du mal à évaluer le poids de leur enfant, du fait parfois
d’une corpulence d’apparence normale [21,6].
Le diagnostic et l’annonce du surpoids sont donc souvent effectués par le médecin
8
généraliste.
L’HAS recommande d’ailleurs des niveaux de recours et de coordination pour la
prise en charge multidisciplinaire des enfants en surpoids ou obèses ; le premier
recours étant alors le médecin habituel de l’enfant, les deuxième et troisième recours
étant les professionnels spécialisés au niveau du territoire (réseaux tels que
RéPPOP), médecins et équipes spécialisées au niveau régional (hôpitaux) [14].
L’annonce d’un surpoids à la famille est difficile. Il peut provoquer l’embarras, la
culpabilité dans les familles des enfants, un sentiment de stigmatisation [4,20].
La perception du poids par les parents d’enfant en surpoids et les termes généraux
employés pour parler de surpoids ou d’obésité ont fait l’objet de travaux [6,13, 21,27,
29]. Trente-cinq pourcent des enfants n’étaient pas perçu en surpoids par leur
parent, les termes « surpoids » ou lié à l’IMC sont préférés à «obèse » et «gros ».
Les euphémismes sont plus appréciés que le terme médical « obèse » considérés
comme plus sérieux.
Pour adhérer à la prise en charge du surpoids de leur enfant, les parents devraient
avoir les moyens de le constater, le comprendre et l’accepter [21].
L’annonce et son vécu sont importants pour la prise en charge ultérieure de l’enfant.
Une mauvaise communication peut être source d’une opposition de la part des
familles augmentant le risque d’échec de la prise en charge.
Une revue de la littérature publiée en 2007 par «Journal of child Health Care » avait
recensé des facteurs pouvant influencer la communication entre professionnels de
santé et patients, tels que le défaut de perception du surpoids de l’enfant, le poids de
la mère, le niveau socio-économique des parents, la stigmatisation, l’attitude
négative, et le manque de temps de la part des professionnels [20].
Peu d’études ont été menées sur le vécu global des parents lors des entretiens
d’annonce entre les professionnels de santé et les parents.
La plupart des travaux étudient le rôle du médecin généraliste dans la prise en
charge du surpoids et de l’obésité infantile.
Cette pathologie pédiatrique est peu enseignée dans le cursus médical et les
médecins sont moins à l’aise dans leur annonce et prise en charge [20,9].
Une thèse soutenue en 2010 étudiait l’information délivrée à des parents d’enfants
9
obèses, et a montré un défaut d’information du médecin généraliste et une attitude
attentiste et peu alarmante vis-à-vis du problème [1].
1.5. Objectif de l’étude.
Devant le manque de données, nous avons souhaité décrire le vécu et ressenti des
parents ayant fait l’objet d’une annonce de diagnostic de surpoids chez leur enfant,
en vue d’une éventuelle amélioration des pratiques professionnelles.
10
2. METHODE
2.1. Approche qualitative et types d’entretiens.
Pour accéder au ressenti des parents dont l’enfant a été diagnostiqué en surpoids,
l’approche qualitative s’imposait. Cette méthode permet de recueillir des données
verbales et d’analyser des expériences concrètes, des représentations, des opinions
chez des patients ou des professionnels sur un sujet donné.
Ce type d’étude n’est pas fait pour mesurer. Elle sert à explorer les émotions, les
sentiments des patients ainsi que leurs comportements et leurs expériences
personnelles. Elle peut contribuer à une meilleure compréhension du fonctionnement
des sujets et des interactions entre eux [2].
Différents types d’études qualitatives existent : celles par observation et celles par
entretiens individuels ou collectifs [11].
Pour notre travail, nous avons effectué des entretiens semi-directifs en face-à-face.
Les entretiens collectifs (focus group) n’étaient techniquement pas possibles à mettre
en place pour nous lors de cette thèse.
Ces entretiens semi-directifs permettent de centrer le discours du parent autour d’un
thème et de questions définies préalablement et consignées dans un guide
d’entretien (cf. infra).
Le caractère semi-directif de l’échange permet d’avoir une liberté d’expression de la
part du parent et la possibilité d’interagir directement sur les données de l’entretien.
Pour les entretiens nous avons cherché un aspect « compréhensif », visant à
explorer l’expérience individuelle et à recueillir au mieux les impressions du parent.
L’entretien compréhensif recherche une connaissance sociale de l’individu, le parent
n’est pas un simple informateur. Nous avons essayé ainsi d’éviter les réponses de
surface, et d’établir l’entretien selon un mode de conversation en s’appuyant sur des
consignes et non des questions/réponses.
L’empathie de la part de la personne réalisant l’entretien permet d’établir un lien de
confiance [17].
11
Un premier entretien exploratoire, dit «test », a été effectué et nous a permis de
modifier la première version du guide d’entretien. Celui-ci a été analysé avec les
autres.
2.2. L’échantillon.
2.2.1. Composition.
Les « informateurs » inclus étaient des parents d’enfants âgés de 2 à 15 ans pour
lesquels le diagnostic de surpoids ou d’obésité avait été porté.
Nous avons cherché à avoir un «échantillonnage en variation maximale » qui est
adapté à la recherche d’une diversité des perceptions/opinions/comportements. Au
sein de cette population, nous n’avons donc pas recherché la représentativité
statistique mais la variabilité maximale.
Lors de chaque entretien, l’informateur (le parent), a ainsi rempli un questionnaire
pour recueillir des informations générales sociodémographiques ; âge, sexe,
profession… (Annexe 2) [11].
2.2.2. Taille de l’échantillon.
La taille de l’échantillon nécessaire à la réalisation d’une enquête par entretien est de
manière générale plus réduite que pour une étude quantitative ou qualitative par
questionnaire [5].
Le nombre d’entretiens n’a pas été fixé au préalable : il existe une «saturation des
données », c’est-à-dire un moment où les nouvelles données recueillies ne
fournissent plus d’éléments différents.
2.2.3. Recrutement.
Pour inclure les informateurs nous avons fait appel à plusieurs structures de soins
recevant des parents et enfants, de juillet 2012 à mai 2013 :

Cabinets de Médecine Générale du Val d’Oise (95)

1 Centre de Santé de la CPAM de Paris (75)

1 Consultation de Nutrition de l’Hôpital Trousseau (75)
12

1 Cabinet de Médecine Générale du Val d’Oise référent RéPPOP (95)
La prise de contact avec les parents fut réalisée par l’intermédiaire des médecins
sollicités, des affiches déposées dans les salles d’attente de cabinets médicaux, et
une sollicitation spontanée par la thésarde (Annexe 3).
2.3. Les entretiens
Lors de la prise de contact, par courriel, téléphone, ou de façon directe, une
explication était donnée concernant l’étude et le fait que l’entretien serait enregistré
et les données anonymisées. L’accord oral pour participer à cette étude était
systématiquement recueilli et l’entretien planifié.
Les entretiens ont été effectués au domicile, au cabinet du médecin généraliste ou
sur leur lieu de travail à la convenance des parents.
Les entretiens étaient enregistrés avec un dictaphone pour permettre la
retranscription. Un seul entretien a été consigné directement par écrit, du fait du
refus du père d’être enregistré.
Un guide d’entretien établi par la thésarde visait à être le moins directif possible. Ce
plan d’entretien permettait d’organiser les thèmes de la recherche que nous
souhaitions explorer et les éventuelles relances faites au parent afin d’optimiser
l’acquisition d’informations [5].
Le guide d’entretien aidait à conceptualiser la recherche et sa mise en œuvre
concrète.
Plan d’entretien :
Le cadre de l’enquête a été exposé en rappelant le thème de l’étude aux parents :
«Ressenti et vécu des parents à l’annonce d’un surpoids chez leur enfant ».
Le contenu du plan d’entretien était le suivant :
Exposer le cadre de l’enquête
Question ouverte :
En quoi ce sujet vous concerne ?
Relance :
13
-Qui vous l’a annoncé ?
-Quel était le motif de consultation ?
-Comment s’est-elle passée ?
-Faire évoquer le déroulement de la consultation.
Question ouverte :
Quels mots le professionnel a employé ?
Relance :
-Y avait-il eu des insinuations auparavant ?
Question ouverte :
Qu’avez-vous ressenti ?
Relance :
-Quelque chose vous a-t-il interpelé ou posé problème dans ce diagnostic ?
-Comment auriez-vous souhaité que cela se passe ?
-Qu’est-il ressorti de cette consultation ?
2.4. Analyse des données.
Tous les entretiens ont été retranscris par écrit sur un support informatique (Annexe
4).
L’analyse a été effectuée selon une analyse thématique [5].
Cette analyse défait la singularité des discours et découpe les entretiens en verbatim
les uns après les autres, pour rechercher une cohérence thématique inter-entretiens.
On repère ainsi des expressions verbales ou textuelles des thèmes généraux
récurrents.
Ce type d’analyse est cohérent dans la recherche de représentations ou de modèles
explicatifs.
14
3. RESULTATS
3.1. Caractéristiques de la population des parents.
Nous avons réalisé 17 entretiens, nous permettant de nous approcher d’un
échantillonnage en variation maximale. En effet, l’échantillon était varié au niveau
des interlocuteurs, leurs âges, leurs professions et origines.
Nous avons relevé certaines caractéristiques ayant pu jouer un rôle sur leur
perceptions et ressentis, telles que leur entourage familial et leur perception du poids
de leur enfant.
-Les informateurs :
La population d’informateurs était majoritairement féminine, âgée en moyenne de 35
ans.
La répartition de la population selon l’âge est représentée sur la figure 1.
Les parents étaient venus aux entretiens seuls dans 82,3% des cas (70,6% mère,
11, 7% père) ou en couple 17,7%.
Les catégories socioprofessionnelles des patients sont représentées dans la figure 2.
Leur situation maritale était la suivante : ils étaient en couple, divorcés ou célibataires
dans 70,6%, 17,6% et 11,8% respectivement. Le caractère multiculturel de notre
échantillon est représenté sur la figure 3.
15
Figure 1. Age des parents au moment du diagnostic :
>40 ans
5,50%
20-25 ans
5,50%
26-30 ans
5,50%
36-40 ans
33,50%
31-35 ans
50%
Figure 2 : Profession des parents se prêtant à l’entretien :
Sans
profession
6%
Ouvrier
6%
Artisan
12%
Cadre /
Profession
libérale
29%
Employés/Fonc
tion publique
41%
Profession
intermédiaire
6%
16
Figure 3 : Population de notre échantillon
Antilles
6%
Orient
6%
Afrique
11%
Europe
occidentale
50%
Afrique Nord
22%
Asie
5%
-L’entourage familial :
Dans cette population, on retrouve parfois des antécédents de surpoids dans la
parenté du premier ou second degré.
Pour quatre couples de parents ayant spontanément consulté pour leur enfant, on
retrouve une sensibilisation au problème de surpoids du fait d’un antécédent chez le
père de l’enfant.
Sur les 17 entretiens, 8 histoires familiales de surpoids ou d’obésité étaient
retrouvées.
-Perception du poids chez leur enfant :
Le surpoids de quatre des 17 enfants n’avait pas du tout été appréhendé par leurs
parents notamment dans le cas de petites filles (3/4 des cas).
Neuf des 17 parents avaient remarqué une prise de poids de leur enfant (5 garçons
pour 4 filles) sans penser qu’il s’agissait déjà d’un surpoids.
Quatre parents ont remarqué le problème de poids et ont consulté pour cela. Il
s’agissait majoritairement de garçons (3/4).
17
3.2. Caractéristiques des enfants.
Les enfants diagnostiqués en surpoids ou obèses étaient 8 filles et 9 garçons, avec
un âge moyen lors du diagnostic de 6,3 ans.
Cet âge correspond à la période du rebond d’adiposité physiologique.
Le surpoids ou l’obésité étaient diagnostiqués plus précocement, en moyenne à 4,8
ans écart type (2-8) chez les filles et à 7,5 ans chez les garçons (3-10).
L’objectif de notre travail n’était pas d’estimer la proportion réelle d’enfants en
surpoids et obèse lors de ces entretiens, puisque les enfants n’étaient pas évalués,
nous n’avons pas recueilli les poids, taille et IMC actuels des enfants lors de ces
entretiens.
3.3. Analyse des entretiens
L’analyse des entretiens a permis de dégager trois axes de lecture à propos de
l’annonce : le cadre de l’annonce, le ressenti des parents, l’attitude et le discours du
médecin.
3.3.1 Le cadre de l’annonce du diagnostic
a) Les interlocuteurs
Les entretiens ont révélé que le diagnostic avait été porté, dans trois cas lors de
consultations en PMI, six cas lors de consultations effectuées par des pédiatres, un
cas lors d’une consultation par un cardiologue, cinq cas par un médecin généraliste
et deux cas par des infirmières scolaires.
Nous retrouvons les principaux acteurs du suivi de l’enfant, le généraliste étant
représenté dans près de 30% des cas.
b) Les situations d’annonce
Ces annonces faisaient suite dans 4 cas à une consultation motivée par les parents
soit près de 23%.
Deux parents ont appris le surpoids de leur enfant à la lecture du compte rendu de
consultation par des infirmières scolaires.
18
Les 11 autres annonces émanent des praticiens dont 10 cas lors de visite
systématique en PMI ou de visite pour un autre motif et 1 cas à la suite d’un examen
cardiologique.
c) Les termes rapportés comme ayant été employés par le praticien
L’annonce du diagnostic de surpoids a été formulée de différentes façons classées
ci-dessous.
-Phrases abordant directement la notion d’obésité
Entretien n°1 «vers 2-3 ans ils ont parlé qu'il allait vers l'obésité «ça va être un enfant
obèse » »
Entretien n°3 «j'ai bien lu «obésité morbide » »
Entretien n°7 «tendance à l'obésité »
Entretien n°11 «obèse »
Entretien n°12 «on a fait sa courbe, ils ont dit qu'il était dans le truc de l'obésité »
Entretien n°14 «je vais « en faire un obèse » »
-Phrases abordant la notion de prise de poids
Entretien n°1 «il a quand même pris beaucoup de poids, faut faire attention »
Entretien n°3 «elle prend du poids »
Entretien n°6 «petit peu de poids en plus »
Entretien n°10 «nous on dit que ce n'était pas par rapport au cœur, mais par rapport
au poids »
Entretien n°12 «qu'il avait pris beaucoup de poids »
Entretien n°13 «il a dit qu’elle était en train de prendre du poids »
-Phrases abordant la notion de « surpoids »
Entretien n°2 «puisqu'il y avait un léger surpoids »
Entretien n°5 «En «surpoids »
Entretien n°9 «il était en surpoids. Pas en obésité mais en surpoids »
Entretien n°10 «ils auraient pu s'apercevoir qu'il était grand et en surpoids »
Entretien n°14 «En surpoids »
19
Entretien n°15 «Elles ont marqué «Surpoids » sur le carnet de santé, souligné en
rouge »
-Phrases à connotation fortement négative
Entretien n°1 «bah euh, il a bien pris hein, A»
Entretien n°3 «Sh*** était grosse »
Entretien n°4 «parce qu'elle est un petit peu rondouille »
Entretien n°7 «regarde comme t'es gros », «il est gros faudra faire attention »
Entretien n°14 «Non non, vu comment il bouffe ce n'est pas la peine »
-Phrases abordant la notion d’indice de masse corporelle
Entretien n°5 «elle a fait la courbe, et oui effectivement, il est beaucoup plus haut. »
Entretien n°8 «IMC élevé »
Entretien n°9 «elle voyait qu'il dépassait la normale »
Entretien n°13 «il a fait les courbes, elle était au-dessus »
Entretien Test «la courbe de poids qu’elle n’avait pas dépassé, mais qu’elle était
borderline, limite »
On s’aperçoit que l’évocation d’un surpoids pour un enfant requiert différentes formes
verbales : le langage utilisé peut être courant ou médical.
La courbe de l’IMC a permis à certains de mieux visualiser le surpoids.
3.3.2. Ressenti des parents à l’annonce du surpoids de leur enfant.
L’annonce a pu être perçue de deux manières différentes initialement, de manière
négative et angoissante ou de manière positive et constructive.
■ Nous retrouvons 6 expériences d’annonces vécues de façon négative.
□ La majorité des parents avait été sensibilisée soit par les médias, soit par
l’existence d’un surpoids ou obésité personnel ou d’un proche.
□ Toutes ces annonces avaient été faites lors de consultations non dédiées : l’enfant
20
avait été amené pour suivi systématique ou pour une cause infectieuse. Les parents
ne s’attendaient donc pas à ce qu’on leur parle du poids de leur enfant.
□ Certains parents ont eu du mal à entendre l’annonce du diagnostic et à l’accepter,
ce qui a pu engendrer une multiplication des consultations explicatives parfois mal
vécues.
Deux de ces parents n’ont d’ailleurs pas voulu revoir, dans un premier temps le
médecin qui leur avait parlé du problème de poids de leur enfant.
Entretien n°3 «j'ai entendu mais j'ai pas forcément fait attention »-«Ce sont ses
reproches, beaucoup de reproches »
Entretien n°14 «Non, il avait dû me le dire plusieurs fois, avant que je réagisse »«j'ai trouvé ça violent »-«quand il me l'a dit, je l'ai mal pris »
Entretien n°11 «J'étais un peu interloquée mais sans plus »-«elle a commencé à
s'acharner sur son poids »
Les consultations ont fréquemment été répétées pour aborder le surpoids de l’enfant.
□ D’autres parents ont même décrit un état de choc au diagnostic.
Entretien n°1«on m'avait donné un coup de massue. J'étais complètement perturbée
par rapport à ça »-«je me suis dit « est-ce que c'est moi qui ne comprends pas le mot
obésité, ou... » »
Entretien n°4 « «elle nous cherche des défauts »-«sur le coup j'étais vexée quand
même je pense »»
Entretien n°11 «vous faites le deuil de l'enfant »
□ Le sentiment de culpabilité est récurrent au cours des entretiens, en rapport avec
leur responsabilité quant à la prise de poids de l’enfant ou leur négation potentielle
du problème. L’énoncé du diagnostic par un praticien inscrit alors le problème dans
une réalité qu’ils ne peuvent plus écarter et dont ils doivent s’occuper.
Entretien n°1 «je me disais «est-ce que c'est vrai, est-ce que c'est pas vrai ? »«Peut-être que moi j'ai pas su faire comme une maman doit faire »
21
Entretien n°3 «je savais que Sh. prenait du poids »
Entretien n°8 «c'est vrai que nous on culpabilisait par rapport à ce que on avait pu
bien ou mal faire »-«il ne faut pas être susceptible... »-«Ça reste difficile quand
même »
Entretien n°11 «vers 2-3 ans, j'ai vu qu'il était un peu bouboule mais bon voilà, c'était
un beau bébé quoi, il n'était pas gros »-«oui quand on m'a dit « obèse » ça m'a peutêtre pas fait plaisir sur le coup »-«vous faites le deuil de l’enfant, qu’on rêve tous »
Entretien Test «elle m’a fait prendre conscience »-«Mais le fait de la poser sur la
table, par le biais d’un médecin ça change »
■ Pour d’autres parents, l’annonce a été vécue de façon positive et constructive.
En effet, elle répondait à leur demande/attente qui avait bien été entendue, et « on »
allait pouvoir prendre en charge ce problème.
Quatre parents avaient motivé une consultation à ce sujet. Ces parents étaient
attentifs aux problèmes de poids du fait de prédisposition familiale, de remarques
de leur entourage ou de leurs propres observations.
Entretien n°5 «nous étions conscients qu'il était en surpoids donc on savait qu'elle
allait nous le dire, nous le confirmer »-«faut qu'on soit franc avec moi »
Entretien n°9 «Il y a une situation que l'on doit régler »
Entretien n°12 «Non non, ça ne m'a pas vexé, parce que quand, déjà je l'ai vu avec
les habits »- «j'ai tout aimé, parce que quand tu es obèse, déjà tu n'es pas dans le
cadre, »
Entretien n°13 «Chaque fois qu’il y a quelque chose, il y a une solution qu’on doit
appliquer»-«je suis contente qu’on me l’ai dit …. »
3.3.3. Attitudes et discours des praticiens.
Lors de ces entretiens, certains parents nous ont fait part de leur ressenti face à
l’attitude de leur médecin, voulant ainsi nous livrer la consultation qu’ils auraient
préférée.
22
□ Malgré la sensibilisation par les médias, par une expérience personnelle ou
familiale de surpoids ou d’obésité, certains mentionnent, un avis défavorable sur leur
médecin généraliste qui selon eux n’a pas su, ou n’a pas pris en charge leur
problème.
Entretien n°1 «Donc ça déjà, en parler devant tout le monde je suis pas très... je suis
pas une maman qui partage tout avec tout le monde »-«plutôt m'expliquer les
choses, me prendre à part et m'expliquer les choses »
Entretien n°2 «elle a plus reçu ma demande comme quelque chose de clinique,
quelque chose de médical, et non pas... »-«il n'y avait pas forcément le côté affectif
ou le côté relationnel qu'on peut avoir avec des enfants »
Entretien n°3 «l'hôpital je trouve, ça a été du superflu... »-«elle me montre elle
m'explique bien »
Entretien n°4 «elle s'intéresse vraiment à nous »
Entretien n°7 «il était plus philosophe. C'est « vous devriez, oui mais la C. faudrait
faire attention » » c'était pas «ohlala ohlala qu'est-ce qu'il est gros qu'est-ce qu'il a
encore grossi ! T'as vu comment t'es gros t'es obèse ! »-«nous préparer un petit peu,
nous montrer par exemple une courbe de poids normal »
Entretien n°8 «moi je pense qu'en effet, plus tôt on nous le dit, avec des termes
simples, il ne faut pas non plus se cacher les choses …une approche délicate »
Entretien n°10 «Necker…, et puis c’est mieux, que les médecins généralistes qui
s'en tamponnent. »
Entretien n°11 «Ce ne sont pas les mots. Parce que moi je pense que l'on peut tout
dire, à partir du moment où on le dit d'une certaine manière. Si on le dit avec
bienveillance, avec empathie, on peut tout dire, il n'y a pas de mots proscrits »
Entretien n°13 «C’est dire la vérité, enfin une certaine forme de vérité, avec
diplomatie. Il faut sentir qu’il existe des solutions, on peut écouter s’il y a des
solutions. »-«On peut tout dire car c’est important pour la santé »
Entretien n°15 «C'est un regard extérieur puisque mon médecin généraliste, jamais
ça ne l'a affolé. »
Entretien Test «Elle l’a dit sèchement, car c’est sa façon d’être. Elle n’a pas
forcément pris de pincette, ça va parce que c’était moi et que je suis cool »
□ Certains parents ont mal vécu les conseils donnés ou commentaires effectués par
23
les professionnels de santé. En effet ceux-ci étaient vécus comme inadaptés à la
situation de la mère. Ainsi il apparaîtrait qu’une mère ait dû faire suivre un régime
pour son bébé de 3 mois, alors qu’elle était demandeuse d’aide dans un contexte de
tétées très rapprochées et de pleurs. Elle n’a pas su comment réagir et gérer et ne
s’est pas sentie soutenue.
Deux autres mamans avaient des problèmes financiers et sociaux importants, source
de perturbation dans la prise en charge au quotidien de leur enfant. Ces mamans
n’ont pas trouvé de soutien ou de conseils en adéquation avec leurs situations.
□ On retrouve ainsi que les parents recherchent l’empathie, la gentillesse, l’attention
des praticiens face à cette nouvelle.
Par ailleurs il apparait à la lecture des entretiens que le ton de la conversation est
très important, et que le parent ne doit pas se sentir jugé. En ce qui concerne les
termes employés, «obèse », «obésité morbide », «gros », ou toute expression
d’évolutivité et de gravité, sont perçus de manière plus négative et violente par les
parents.
Les parents ont besoin d’être accompagnés, car c’est d’un problème qu’ils parlent
avec leur médecin, ils attendent de ce dernier de l’aide et un traitement.
24
4. DISCUSSION
4.1. Synthèse des résultats.
Au cours de ce travail, nous nous sommes intéressés au vécu des parents à
l’annonce du surpoids de leur enfant.
Il existe très peu d’articles ou de thèses qui explorent la vision du patient et
notamment des parents [1, 16, 24].
Alors que la communication entre professionnels de santé et patients est un sujet de
préoccupation majeur pour les praticiens, elle reste très peu étudiée, notamment du
point de vue du patient [27,12].
Bien que portée sur un petit échantillon, notre étude a permis de décrire le ressenti
d’une annonce de maladie chronique chez l’enfant, dans laquelle les parents ont un
rôle majeur à jouer. Il s’agissait d’une population de classe d’âges, de professions et
d’origines géographiques variées.
Dans la majorité des cas, le diagnostic a été posé lors du rebond d’adiposité, un
moment où la corpulence apparente peut être anormalement trompeuse, puisque
cette phase normale de développement succède à une période où l’enfant est
physiologiquement très mince et au plus bas de sa courbe IMC. Cette situation est
telle que les parents peuvent être surpris du diagnostic. Elle doit motiver une
explication de la part des médecins, courbe à l’appui, pour faire comprendre aux
parents l’enjeu de leur intervention à un moment précoce de la vie de l’enfant.
En effet les courbes de poids et d’indices de masse corporelle disponibles dans le
carnet de santé sont primordiales, et ont ainsi aidé certains parents à mieux
objectiver le surpoids grâce au visuel.
Nous avons pu mettre en évidence les sentiments ressentis par les parents et leur
caractère non systématique.
Ils ont en majorité bien pris l’annonce du surpoids chez leur enfant, dans certaines
situations, l’annonce a été vécue de façon positive, libératoire, comme une attention
particulière de la part du corps médical envers leur enfant.
Comme de nombreux parents l’expriment, ils semblent prêts à tout entendre s’ils
rencontrent en retour l’empathie et le soutien de leur médecin. Ces deux notions sont
25
primordiales dans ce contexte de culpabilité fréquente chez les parents qui ont
besoin de guidance et de bienveillance adaptées.
Le diagnostic de surpoids, donne un caractère officiel, formalisé au problème que
certains parents avaient constaté sans pour autant voir le risque potentiel à venir
pour leur enfant. Il devient alors le point de départ d’une prise en charge du problème
de surpoids chez des parents déjà sensibilisés. S’il est consigné dans son dossier et
en l’occurrence dans son carnet de santé cela pose le diagnostic d’une maladie
chronique. Ce qui peut avoir des répercussions dans ses futures prises en charge
médicales mais également des conséquences psychosociales à ne pas négliger.
A l’inverse, le professionnel de santé peut avoir du mal à faire accepter ou faire
comprendre le diagnostic de surpoids au parent. Cette difficulté insuffisamment
appréhendée peut être responsable d’une annonce plus brutale, parfois choquante
dans le choix des mots, mais pouvant s’avérer nécessaire dans certains cas. En
revanche l’emploi de ces termes n’a pas eu d’effets négatifs sur la prise en compte
du problème par les parents.
Dans les annonces qui ont choqué, nous avons retrouvé qu’une attitude négative ou
un ton de reproche ou de jugement émanant du médecin annonceur peuvent être
blessants. Le professionnel de santé doit donc être vigilant à son langage et son
attitude face aux parents et à l’enfant, et à adapter son discours à chaque situation.
En effet le risque étant de produire l’effet inverse, c’est-à-dire perdre de vue l’enfant
nécessitant un suivi rapproché, comme nous l’avons constaté dans ce travail.
La place du médecin généraliste, notamment le médecin traitant, est importante dans
le dépistage et l’annonce du surpoids chez l’enfant. En effet il connait bien la famille,
ses membres et son fonctionnement, ce qui permet une relation de confiance et des
conseils adaptés à leur situation toute singulière.
Néanmoins le médecin doit prendre conscience que pour les parents l’annonce peut
être difficile à entendre, qu’elle nécessite du temps, de l’attention et du soutien. Ils
sont alors très demandeurs de conseils et d’un guide pour le suivi de leur enfant.
26
4.2. Comparaison aux données de la littérature.
Il existe des recommandations de la Haute Autorité de Santé à destination des
professionnels de santé sur la prise en charge du surpoids et de l’obésité chez les
enfants et adolescents [14, 25, 26].
Des études ont souligné qu’il était souvent difficile d’aborder la question sensible du
poids de l’enfant en consultation, que ce soit du côté du praticien ou de celui du
parent [16]. D’autres soulignent que le médecin généraliste a un rôle central dans le
dépistage du surpoids mais qu’il néglige souvent cet aspect par manque de temps,
de connaissance ou d’absence de suivi [1, 15, 16, 18, 27].
Dans le cadre du surpoids de l’enfant, chaque consultation peut être l’occasion
d’aborder la question du poids, comme ce fut retrouvé dans notre travail [8].
On a retrouvé que 30% des annonces étaient effectuées par le généraliste. Cette
proportion tend à augmenter depuis ces dernières années 2007-2010 [7, 24]. Il est
nécessaire d’informer et de sensibiliser d’avantage les médecins généralistes à ce
problème de santé publique émergeant, leur rôle étant central dans le dépistage de
cette maladie [18, 28]. Elle passe notamment par l’élaboration de la courbe de l’IMC
qui par ailleurs peut être un bon outil pour accompagner l’annonce du surpoids aux
parents et à l’enfant [12, 24, 28, 29]. Cet outil permettrait de comprendre que les
mots tels que surpoids et obésité, ne sont pas des termes à connotation négative
choisis par le praticien mais qu’ils correspondent à une réalité de risque d’obésité
future qu’il convient de prévenir.
Il a effectivement été montré que les patients adultes préfèrent entendre des mots
tels que « poids », «surpoids », et «IMC ». Le terme «obèse », est très mal vécu
d’autant plus quand il s’associe au terme « morbide » qui est associé à la notion de
problèmes importants de santé [20, 27,29].
La communication sur un sujet aussi délicat que l’alimentation au cœur des familles,
la stigmatisation et le reflet négatif qu’est le surpoids, rendent difficile sa prise en
charge. Un soin particulier devrait être porté aux parents témoignant de difficultés de
compréhension du message et des conseils du médecin [23].
Des recommandations de l‘HAS ont été écrites sur l’écoute, la compréhension pour
l’accompagnement. L’HAS met en avant la construction d’une réponse individuelle
27
personnalisée, tout en tenant compte des facteurs environnementaux et sociaux,
ceci permettant d’adopter une posture empathique et déculpabilisante [1, 10, 12, 14,
18]. Ceci est effectivement retrouvé chez nos patients mais malheureusement pas
encore généralisé chez tous les professionnels de santé. Il est difficile pour le
praticien de ne pas faire culpabiliser sans pour autant minimiser cette maladie qui
nécessite une prise en charge sur la durée.
Certains praticiens ont en effet une vision négative de l’obésité, ce qui peut alors se
ressentir dans leur discours et leur prise en charge [20, 22].
Seuls 23,5% des parents avaient constaté un problème pondéral chez leur enfant,
soit une prévalence comparable à des chiffres observés dans de précédentes études
[1, 6, 20, 21].
Quant à l’implication de l’enfant dans cette prise en charge, il semble que la
présence de l’enfant lors de l’annonce du diagnostic soit importante pour certains
parents et qu’une relation de confiance entre praticien et enfant soit nécessaire afin
de faciliter son adhésion au soin et au suivi [15].
4.3. Forces de l’étude
Nous ne sommes pas représentatifs de la population de parents d’enfants en
surpoids mais l’échantillon de notre étude a pour avantage d’offrir une diversité
socioculturelle.
Il y a eu peu de travaux sur le vécu et le ressenti des patients dans la communication
avec le professionnel de santé. Malgré un petit échantillon, cette étude nous a
permis de constater qu’en dehors de l’information en elle-même, c’est la
caractéristique du parent, l’attitude du praticien et l’historique de cette annonce qui
va faire que le parent le vivra plus ou moins bien. Le suivi à terme sera conditionné
par ces facteurs.
28
4.4. Limites de l’étude.
Notre étude présente de nombreux biais.
4.4.1. Biais de sélection.
Le recrutement des parents fut réalisé auprès de médecins généralistes et pédiatres.
Du fait de recrutement dans un centre spécialisé et d’un médecin du réseau
RéPPOP, il est très probable que nous avons recruté des parents plus réceptifs et
plus satisfaits de cette annonce.
Nous n’avons pas estimé la réalité et l’importance du surpoids des enfants ayant fait
l’objet de la consultation. Nous avons uniquement évalué l’annonce sans tenir
compte des degrés de surpoids, ni même des excès ou des manques de diagnostic.
4.4.2. Biais de mémorisation.
Les parents peuvent ne pas avoir évoqué correctement l’annonce et son ressenti,
mais il est difficile de savoir dans quel sens ce biais peut modifier les résultats de
notre enquête.
4.4.3. Biais de subjectivité.
Lors des entretiens semi-directifs, il se peut que les relances et recadrages aient pu
être influencés par l’avis personnel de la thésarde, et l’évolutivité au cours de cette
enquête qualitative. Notamment une relance avec un terme à connotation négative
tel que « insinuation ».
29
5. CONCLUSION
Notre étude avait pour but d’évaluer l’impact de ce dépistage à travers l’annonce de
ce surpoids.
Il s’est révélé que dans l’ensemble les parents prennent de manière positive cette
annonce. En revanche, il persiste toujours une importante culpabilité chez ces
parents. C’est finalement plus l’attitude bienveillante du soignant dans le moment de
l’annonce, que les termes employés qui semblent avoir joué positivement.
Le médecin généraliste a donc une place centrale dans le dépistage et la prise en
charge de premier recours personnalisé de l’enfant en surpoids et/ou obèse.
Il devra être attentif à son annonce, choisir des termes appropriés et non blessants
pour les parents, y dédier une consultation, et la personnaliser dans la mesure du
possible, voire la renouveler afin que l’impact du diagnostic chez les parents ait un
effet positif pour la prise en charge du problème de poids.
Cette approche nécessite d’être consignée sur le carnet de santé.
La culpabilité est un sentiment récurrent des parents, dont on pourrait essayer de
mesurer l’impact dans la prise en charge du surpoids des enfants.
Le professionnel de santé pourrait prévenir ce sentiment, aider les parents à la
compréhension de cette pathologie et donc permettre à ces parents d’avoir une
place durable d’acteur de la santé de leur enfant au sein de l’équipe soignante.
Enfin, le diagnostic du surpoids devrait être davantage systématique dans la
consultation de médecine générale, puisqu’il n’était à l’origine que dans un tiers des
cas de notre travail. Les consultations pourraient être préparées et évaluées au
moyen de questionnaires permettant d’orienter l’annonce selon le vécu à priori et
d’associer d’autres mesures notamment psychologiques selon le vécu à posteriori de
l’annonce.
30
6. BIBLIOGRAPHIE
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l’enfant et de l’adolescent » Septembre 2011 Disponible :
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33
7. ANNEXES
Annexe 1
Termes et seuils recommandés pour définir le surpoids et l'obésité chez l’enfant et
l’adolescent jusqu’à 18 ans, selon les courbes de corpulence du PNNS (Inpes)
34
Annexe 2
Informateur N°
Eléments socio démographiques. « Qui est l’informateur ? »
Mère : 
Père : 
En couple : 
âge au moment du diagnostic pour l’enfant : ………..
Divorcé : 
Célibataire : 
Profession : artisan  cadre/profession libérale 
agriculteur 
profession
intermédiaire  employé/fonction publique  sans profession  ouvrier  retraité

Origine : Europe occidentale, Europe de l’est, Europe du nord, Asie,
Afrique du Nord, Afrique, Antilles, Orient 
Nombre d’enfants : ……
Qui est l’enfant ?
Enfant : F  M 
Nombre de frères et sœurs……
Position dans la fratrie ? …..
Age au moment du diagnostic : ……..
35
Annexe 3
Parents
Votre avis nous intéresse !!
Un médecin vous a dit un jour que votre
enfant avait un problème de poids.
Comment l’avez-vous vécu ?
Merci de nous aider à vous
comprendre !
Pour participer merci de prendre contact avec Aurore Lebaron :
(Enquête par entretiens directs)
[email protected]
Cette étude est menée par Mlle Aurore Lebaron, interne de médecine générale et
le Dr Samuel Chartier, médecin généraliste dans le cadre d’une thèse de
médecine à la faculté de Créteil.
36
Annexe 4
Exemple d’un entretien ;
Entretien fait au domicile. L’enregistrement n’a pas pu être débuté conformément au
plan d’entretien. Mme G me recevant chez elle m’a fait part de son intérêt pour ma
thèse dès mon entrée. Je ne lui ai pas demandé de répéter de crainte de perdre la
spontanéité de la conversation qui s’était alors engager.
Entretien N°4 avec Mme G
Aurore Lebaron :
le deuxième...
Les deux enfants ont donc été, enfin, l'un on a dit de faire attention, et
Mme G :
Non, les deux en fait.
A.L :
Les deux vraiment ? Ils avaient quel âge en fait ?
Mme G :
Alors, en fait, ma grande, ce qu'il s'est passé, c'est que j'avais un
médecin qui a pris sa retraite... lui rien du tout, il la suivait, je l'emmenais régulièrement, puis
j'ai des enfants qui ne sont pas souvent malades donc c'est vrai qu'on ne va pas souvent
chez le médecin. Il y a des enfants qui y sont toutes les semaines donc c'est plus facile pour
le suivi. Et ma grande, on m'avait jamais rien dit, et c'est quand je suis allée chez mon
nouveau médecin, à ce moment-là. Et elle, dans les premiers rendez-vous, au premier je
crois même que c'est là qu'elle m'a dit « est-ce que vous faites attention à ce qu'elle
mange ? » j'ai dit « pourquoi faire attention à ce qu'elle mange ? Enfin elle mange comme un
enfant quoi » et elle m'a dit « parce qu'elle est un petit peu rondouille » mais gentiment hein,
comme ça. Et dès le rendez-vous d'après, on en a parlé un petit peu plus. Et je me suis dit
« tiens, ce médecin là il s'intéresse à nous » .Alors que sur le coup, quand elle m'a dit ça, je
me suis dit « elle nous cherche des défauts » sur le coup j'étais vexée quand même je
pense.
A.L :
Parce qu'elle avait utilisé le mot « rondouille » ou... ?
Mme G :
Non non, sur le coup, « rondouille » je trouvais le mot gentil, non c'était
le fait qu'elle me demande si je faisais attention à ce qu'elle mangeait, ça sous-entendait
pour moi, que certainement je faisais quelque chose de mal, et je n'avais pas envie. En plus
j'étais jeune, je l'ai eue jeune ma fille.
A.L :
Elle avait quel âge ?
Mme G :
Quand on a vu ce médecin pour la première fois elle avait six ans,
enfin elle avait presque six ans, et donc moi j'en avais vingt ans de plus. Je pense que ça
joue aussi, on n’entend pas les choses de la même façon quand on est jeune, que un peu
plus tard.
A.L :
Donc du coup le fait qu’après pendant les consultations elle prenne du
temps, là ça a désamorcé ?
Mme G :
Complètement, parce que j'avais essayé 4 ou 5 médecins avant, et
j'avais l'impression qu'ils ne nous écoutaient pas du tout, la gosse elle avait un symptôme, on
lui donnait des antibiotiques, enfin voilà, sans même la peser, la mesurer, rien du tout. Au
moins, là, enfin ça me faisait mal au cœur qu'elle me dise qu'il y avait un petit souci, en
même temps, elle, elle s'intéresse vraiment à ce qu'on fait, à ce qu'on est. Et elle a pris le
temps de nous écouter et de nous poser des questions. Donc ça m'avait rassurée, un peu,
37
sur ma capacité à faire avec ma fille.
A.L :
Surtout que c'était le premier enfant.
Mme G :
Voilà, surtout que c'était le premier.
A.L :
Et pour le deuxième alors ?
Mme G :
Le deuxième en fait je l'ai allaité jusqu'à 4 mois et demi, et dès la
première fois qu'il a mangé au biberon, il l'a bu en, je sais pas, deux minutes, et avec une
tétine premier âge bien serrée, enfin, et il s'est mis à hurler parce qu'il avait pas assez
mangé, on a eu l'impression qu'il avait mangé trop vite, même pas deux heures après on en
a refait un, mais vraiment très très serré pour pas que ça recommence. Et on s'est rappelé
que quand je l'allaitais il mangeait énormément, la courbe de poids et taille du premier mois
on n'a même pas pu la faire elle était complètement dans les choux. Dans le carnet de santé,
il a très vite grandi et très vite grossi donc... on s'est dit « bon, il a des gros besoins » et en
fait, en grandissant, il a toujours été, très « accro » nourriture, mais vraiment hein,
incroyable. Il n'a toujours pensé qu'à manger, et encore maintenant, il ne pense qu'à
manger, c'est difficile. C'est difficile, parce qu'en plus quand il était petit, les gens chez qui on
allait manger, ils trouvaient toujours ça super rigolo, « oh, regardez comme il est mignon ! Il
mange tout » et ils lui donnaient des chips des trucs des machins, enfin des gâteaux apéritif,
après il mangeait aux plats, aux desserts, et ça amusait tout le monde. Sauf nous évidement.
Parce qu'à la maison justement on faisait attention, pour ne pas qu'il parte dans tous les
sens.
A.L :
Parce que vous, vous aviez vu qu'il mangeait trop.
Mme G :
Franchement, dès le départ on l'avait vu.
A.L :
Et on vous avait dit de faire attention ?
Mme G :
Ben dès le départ on en a parlé avec son médecin, là-dessus il a
toujours été suivi. Je ne vais pas dire qu'on en parle à chaque rendez-vous parce que bon,
voilà, mais on en a toujours parlé régulièrement avec son médecin, savoir où on en est, et
tout.
A.L :
Et dans votre famille, il y a des gens qui sont forts ? Qui mangent ?
Mme G :
Ben le papa, le papa était franchement obèse, quand je l'ai connu il
était encore fort mais il avait eu un accident de voiture, il a été arrêté pendant un an, il a eu
bon, pas mal de soucis, ce qui fait qu'il était un peu moins gros. Mais il a toujours été
vraiment costaud, encore maintenant il est costaud, mais il est stable. Il est limite mais voilà,
costaud.
A.L :
D'accord. Et dans les consultations, la première fois, pour votre fille ?
Vous étiez toute seule, et la deuxième fois quand vous êtes retournée...
Mme G :
Non, j'y vais toujours toute seule en fait. C'est, je sais pas pourquoi,
dans le partage des tâches éducatives on va dire, enfin des enfants, le médecin c'est moi.
De temps en temps il les a emmené, parce que je ne pouvais pas, mais sinon c'est moi.
A.L :
Donc du coup, quand elle vous en a parlé, qu'elle était « rondouille » et
que vous aviez eu la question de savoir si vous faisiez attention, vous en avez parlé à votre
mari je suppose ?
38
Mme G :
Oui tout à fait.
A.L :
Et il a dit quoi ?
Mme G :
Je ne me suis pas reposée cette question... Mais je crois qu'il m'a
laissé me débrouiller avec ça. A ce moment là il était moins à l'écoute qu'il peut l'être
maintenant. Je pense qu'il m'a laissé me débrouiller avec ça. Je pense que ça ne lui a pas
posé de problème parce que voilà...
A.L :
Ce n'était pas dramatique.
Mme G :
Non.
A.L :
Alors que pour vous c'était...
Mme G :
A la limite pour lui c'était presque normal puisque lui était... rond, donc
à la limite, que son gosse soit rond aussi...
A.L :
Ça ne le choquait pas.
Mme G :
Non, c'était limite normal.
A.L :
Et donc la première consultation c'était un virus, un truc comme ça, et
vous êtes allée la voir parce que vous cherchiez un médecin.
Mme G :
Oui voilà, elle avait une angine, je crois avant qu'on y aille.
A.L :
Ok, et elle vous l'a dit au début ou à la fin de la consultation ?
Mme G :
Non, je crois que d'abord, mais il faut dire que je suis arrivé en lui
disant je crois qu'elle était le quatrième ou cinquième médecin que je cherchais, et qu'il fallait
qu'elle nous prenne en charge mieux, parce que je cherchais vraiment un médecin
généraliste, on parlait pas encore de référant à ce moment là.
A.L :
Un médecin de famille ?
Mme G :
Oui voilà, je crois que c'est ce que j'ai dit, un vrai médecin, qui va nous
suivre, donc elle avait dit « d'accord » et tout, et je crois que d'abord elle s'était occupée, de
pourquoi on venait, parce que la gosse avait une angine, et tout en posant des questions sur
son « passé », et après elle l'a pesée, mesurée, on s'est assis et elle en a parlé, à la fin de la
consultation, maintenant que j'y repense j'en suis sûre.
A.L :
Donc c'était à la fin de la consultation.
Mme G :
Oui enfin c'était une deuxième partie de consultation en fait. On est
reparti sur un deuxième sujet.
A.L :
Et elle vous a dit qu'elle voulait en reparler après ? « On se reverra
pour le vaccin », ou... ?
Mme G :
Oui je crois plutôt que c'était comme ça, elle m'a pas dit qu'on se
reverrait pour ce sujet-là, sinon peut être que j'y serais pas retournée, je ne sais pas.
A.L :
chez elle.
C'est intéressant justement, pour voir pourquoi vous êtes retournée
39
Mme G :
J'y suis retournée, parce que franchement, même si ça m'avait un peu
vexée, voilà c'est ce que j'ai dit tout à l'heure, je me suis dit « elle s'intéresse vraiment à
nous » et ne me posait pas de question du genre « qu'est-ce qu'elle mange ? » c'est une
question personnelle ça.
A.L :
celle de l'enfant.
Du coup ça aurait été plus intrusif et ça aurait été votre place ça, pas
Mme G :
Ben c'est moi que ça remet en question, puisque l'enfant, mange bien
ce qu'on lui donne, surtout à cet âge-là. Plus grand après c'est autre chose, mais à ces
âges-là, si l'enfant a un problème de poids, c'est directement lié à... Mais en plus elle ne
mange pas à la cantine, rien, donc je ne pouvais pas dire « peut-être que c'est à la cantine »
ça aurait été pratique, parce qu'on entend souvent des parents dire « oui mais on ne sait pas
ce qu'ils mangent à la cantine ». Quatre fois par semaine, quatre fois sur quatorze repas, je
ne suis pas sûr que ce soit là qu’ils grossissent mais bon.
A.L :
Donc pour le petit, quand on vous a dit que la courbe avait été
dépassée, là ça vous a fait quelque chose aussi.
Mme G :
« oulala »
Non mais même au niveau de la taille, là j'ai commencé à me dire
A.L :
Là vous vous en étiez aperçue. Pour votre fille, pas.
Mme G :
Non, pas pour ma fille. On n’est pas du tout hein, franchement, quand
Mme C. en a parlé pour la première fois, je m'étais pas posée la question, c'est à dire que je
faisais à manger, je lui donnais à manger matin midi et soir, sans me demander si je faisais
bien ou pas bien. En fait maintenant avec le recul je sais que je ne faisais pas bien,
clairement, oui. C’était pas catastrophique non plus, je pense qu'ils ont quand même une
tendance, enfin je pense que la vie est injuste sur le poids des enfants. Parce que
maintenant les miens mangent franchement bien, et ils restent bien. On ne mange pas de
charcuterie, pas de...
A.L :
Sodas, gâteaux...
Mme G :
Sodas on en achète, mais ça reste toujours très exceptionnel, et c'est
toujours du sans sucre. Même sans sucre c'est exceptionnel, quand on a des invités, un
anniversaire, enfin voilà, c'est, allez, deux fois dans le mois maxi, tout ce qui est gâteaux
viennoiseries, on en achète jamais, moi à quatre heures ils mangent du pain, du chocolat.
A.L :
deuxième ?
Et le médecin il a réussi à vous déculpabiliser un peu, pour la
Mme G :
Je pense que dès la première. Parce que à un moment donné, donc il
y a eu les premiers rendez-vous, à un moment donné elle m'a demandé de noter ce qu'ils
mangeaient, j'ai essayé de retrouver le carnet mais j'ai pas dû le garder. Enfin j'ai dû le
garder mais bien rangé. Parce que ça m'étonnerait que je l'ai jeté mais j'ai du le ranger du
côté des carnets de santé mais je l'ai pas retrouvé. Et en fait, rien que le fait de noter, on fait
un travail sur soi-même parce que si on donne des trucs et qu'on n'a pas envie de les noter,
et bien finalement on ne les donne plus, vous voyez. On va avoir « honte », d'aller noter
qu'on a donné un Twix, alors que le midi il avait déjà mangé, je sais pas, des frites, je dis ça
au hasard parce que nous on ne mange pas de frites non plus.
A.L :
Donc ça vous a fait beaucoup réfléchir.
40
Mme G :
Oui, ça permet d'avoir un vrai regard sur ce qu'on donne effectivement,
et sur ce que l'on consomme aussi, parce que nous on mange tous la même chose.
A.L :
Donc c'était un travail sur vous, avant d'aller affronter le médecin. Du
coup vous avez fait presque d'une pierre deux coups.
Mme G :
Franchement oui, parce qu'à partir du moment où l'on a des comptes à
rendre, on fait plus attention.
A.L :
était...
Et dans les médecins avant, personne ne vous avait dit que votre fille
Mme G :
Non, personne. En même temps, j'étais vraiment ennuyée à chaque
fois que l'on sortait de chez le médecin, parce que j'y allais avec un gosse malade ou à peine
malade, une rhino, ou un truc, enfin un truc de gosse quoi, et à chaque fois je ressortais
avec une ordonnance avec des antibiotiques dessus et rien d'autre. A la limite ce n'est pas
ça que j'allais chercher je pense. Sans arriver à mettre le doigt sur ce que j'allais chercher.
A.L :
Vous auriez aimé être prise en charge.
Mme G :
Oui. Ou au moins guidée. C'est ça. On a toujours peur de mal faire en
fait, quand on a un enfant, on a toujours peur, on voit que les autres parents font pas la
même chose, alors on réfléchit un peu, on se dit « peut-être que c'est eux qui ont raison », si
on a quelqu'un comme une « autorité » qui nous dit « c'est bien » ou « c'est pas bien » ça
rassure.
A.L :
votre enfant...
Et du coup, vu que vous étiez bien avec le Dr K, quand elle a suivi
Mme G :
Ah ça a changé ma vie...
A.L :
C'était « il mange beaucoup » « il mange plus que les autres »
Mme G :
Oui mais ça je m'en rendais compte.
A.L :
Là vous l'avez vu, elle vous a aidé à...
Mme G :
Là pour M., elle m'a beaucoup déculpabilisé parce que en fait, j'ai eu
des conversations avec des personnes, parce que évidement quand les gens disent « ah
mais il est rigolo, il mange tout » je me suis mise un peu en colère, avec des amis à moi, en
leur disant « non mais il faut arrêter, ce n'est pas une poubelle de table ». Je le prenais
assez mal. Et finalement c'était toujours moi la méchante « oui mais laisse le ton fils, il a
faim, il a envi de manger ». Et le gosse évidement, pour lui aussi j'étais la méchante, mes
copines lui donnaient des bonbons, et moi j'étais toujours celle qui disait « ah bah non, je ne
veux pas qu'il mange ça ». Leurs gosses avaient des petits pains au chocolat, s'ils n'en
voulaient plus, qu'il en restait trois, ben ils les donnaient à M. « ouais mais tu lui achètes
jamais rien » donc... c'est pas facile en fait, vis-à-vis de la société, quand on veut faire
attention à la, enfin à ce qu'on donne à manger à son enfant, c'est difficile. Et Mme *****
disait toujours que non, j'avais raison, parce que de le priver, c'était une façon de le protéger
de lui-même. J'ai une copine qui me disait toujours, bon elle est obèse et ses enfants aussi,
elle me disait toujours « moi je les aime alors je ne peux pas les priver ». Alors moi je lui
répondais « moi je l'aime et je le prive parce que je ne veux pas qu'il soit gros ». Et elle me
disait « mais moi les miens ça ne les gênent pas d'être gros » Et quelque part je me disais
41
« c'est encore moi la méchante ».
A.L :
Et pour M. sa courbe, à un moment elle a vraiment décollé ? Ou vous
avez réussi à récupérer...
Mme G :
après...
Je vous les ai sorties. Tenez, ça c'est M, donc il suivait cette ligne-là,
A.L :
Vers 4-5 ans il était un petit peu au-dessus.
Mme G :
Voilà. C'est difficile là on... Oui c'était l'âge où on n’arrivait pas à
l'arrêter, c'était catastrophique. On maîtrise complètement jusqu'à deux ans. Parce que
même s'il pleure, on lui dit « ben le repas est terminé, tu peux pleurer ». Plus tard on ne
maîtrise plus, parce qu'après bon, ils vont à l'école, il y a le regard des autres, il y a la sortie
de l'école, les goûters, les parents qui amènent des gâteaux des bonbons, et puis l'exemple
des camarades, parce qu'il a des copains, même encore maintenant hein, qui tous les jours
mangent des pains au chocolat des trucs des machins. Et lui des fois il me dit « Ben j'aime
ça aussi » « Ben oui mais toi tu sais que tu ne peux pas en manger tout le temps » « c'est
injuste » « oui mais c'est comme ça ».
A.L :
Donc là quand vous avez dépassé la courbe, le Dr ***** vous a dirigé,
ou elle vous a aidé, soutenu avec M, elle lui a parlé ?
Mme G :
Je ne sais pas si on peut dire dirigé ou soutenu, « guidé » plutôt, je
crois que c'est en plein entre les deux. De toujours, je crois qu'elle nous a toujours... Oui, a
partir de là. J'ai dû commencer un cahier là, quand il avait à peu près quatre ans, quand on
avait dépassé, ça a dû être la première fois où elle m'a demandé de faire un cahier où l'on
notait ce qu'il mangeait dedans.
A.L :
D'accord donc c'est pour lui c'est pas pour la grande.
Mme G :
On l'a eu aussi pour la grande. Il est redescendu un petit peu, à
chaque fois qu'on arrêtait le cahier en fait. Pourtant, très lucidement, parce que je n'ai pas
besoin de vous mentir c'est complètement ridicule, et puis je me mentirais à moi même,
même quand on arrêtait le cahier j'ai toujours fait attention à ce qu'il mangeait. Je ne me suis
jamais dit « allez, on s'en fiche », jamais. Parce que quand j'ai une idée dans la tête, je ne
cède pas, je ne lâche jamais. Même si souvent c'est dur, je peux être capable de pleurer ou
quoi dans mon coin, mais s'il ne faut pas lâcher je ne lâche pas. Et là, on a eu un gros gros
pic, à sept ans, et en fait, je ne sais pas du tout pourquoi. Donc certainement j'ai du relâcher
quelque part, parce que ça ne peut pas exister tout seul comme ça.
A.L :
Et là dessus ?
Mme G :
Ben de toute façon on a recommencé le cahier.
A.L :
Vous avez recommencé le cahier. Mais de toute façon elle a toujours
été présente auprès de vous quoi.
Mme G :
Oui toujours. Dès que ça a fait des, de toute façon on les a fait au fur
et à mesure, on les fait ensemble les cahiers, là c'est à dire que c'est le dernier, donc quand
c'est comme ça on jetait les anciens, mais elle me l'a toujours fait ce truc là. Mais comme je
vous dis on en parle pas à chaque séance, elle ne nous « embête » pas non plus, elle n'est
pas toujours à nous surveiller, d'abord on n'aimerait pas ça non plus. Mais au moindre petit
souci voilà elle est toujours là. Et là, on est bien, enfin on est bien, on suit son truc à lui quoi.
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A.L :
Pour votre fille donc tout est revenu...
Mme G :
Ben A... A c'est un peu le même problème, c'est pas normal de, enfin
pas normal, chacun ses normes, mais d'avoir des courbes qui font ça comme ça en dents de
scie c'est un peu...
A.L :
symétriquement...
Oh, on ne grandit pas ou ne grossit pas proportionnellement,
Mme G :
Oui oui mais bon... Enfin on reste quand même dans les normes, on
n’a jamais été dans l'obésité, n'empêche que si on n’avait pas fait attention...
A.L :
Oui mais vous êtes très grande, si votre mari est plus fort, ben voilà, ils
ont les deux, ils ont la grandeur et la taille.
Mme G :
Dans ma famille je suis la plus petite. Ils sont tous grands et...
A.L :
On peut pas leur demander d'être dans la courbe...
Mme G :
...Et dans la famille de mon mari, il est le plus grand, on n’a pas du tout
les mêmes formes de familles vous voyez, aux mariages par exemple, on a les petits gros
d'un côté et les grands maigres de l'autre, c'est...
A.L :
Donc les enfants ont récupéré des deux, ils ont la grande taille donc ce
qui fait que quoi qu'il arrive on tire toujours, hop une poussée de croissance, un
ralentissement, etc. C'est intéressant parce qu'on a envie de savoir pour vous ça s'est bien
passé, on aime bien savoir quand ça s'est bien passé. Parce que c'est important de savoir
comment elle a réussi justement à vous parler.
Mme G :
Elle a réussi parce qu’elle ne nous a jamais jugés. Elle n’a jamais dit
directement « ohlala vous faites n'importe quoi avec la nourriture » ça elle ne nous l'a jamais
dit. Quand elle nous a dit qu'il fallait qu'on fasse attention, elle ne nous a jamais dit que ce
qu'on faisait c'était mal. Jamais. Nous, après, on peut l'entendre comme on veut, ça à un
moment je l'ai entendu, dans les premières fois, mais c'est pas ce qu'elle a dit, très
clairement, sinon je n'y serais peut-être pas retournée.
A.L :
Justement c'est ce ressenti qu'on cherche à avoir. « J’ai cru qu'elle
avait dit ça bien que je sache qu'elle ne l'avait pas dit »
Mme G :
C'est ça. Et c'est ce que j'expliquais pour le cahier aussi, finalement il y
a des choses qu'elle n'a pas besoin de dire, si on les devine nous même, je pense qu'elle
s'arrange pour qu'on les devine. Quand elle nous a demandé de faire un cahier, enfin les
deux fois pour l'un et une fois pour l'autre, de faire un cahier c'est bien pour qu'on ait une
attention, parce qu'après elle a commencé, elle a essayé aussi de m'expliquer l'équilibre
alimentaire, mais en fait j'étais bien au top là dessus, je sais, mais c'est pas parce que l'on
sait qu'on applique. Après il y a aussi les goûts... Moi ils mangent beaucoup les deux
franchement, surtout le deuxième, ils mangent beaucoup. Ce qui fait que pour qu'ils mangent
beaucoup il faut qu'ils mangent beaucoup de légumes, beaucoup de fruits, ça a toujours été,
puisqu'il faut déjà combler, la quantité, et après les fritures s'ils en mangent une par mois
c'est le bout du monde... Les gâteaux idem, les sodas quand on achète c'est sans sucres, et
il est quand même pas mal.
A.L :
Après, il est encore jeune.
43
Mme G :
Après il mange beaucoup aussi. Les pâtes, le pain tout ça, des choses
qui font prendre de l'ampleur on va dire, et ça il en mange par contre... et il a faim hein.
Après bon, la viande je la cuisine sans graisses, au maximum en fait j'enlève, le maximum
de gras et de sucres qui ne servent à rien, pour qu'il puisse en quantité manger plus. Sans
grossir.
[Coupure]
44
ANNEE : 2014
NOM ET PRENOM DE L’AUTEUR : LEBARON Aurore
DIRECTEUR DE THESE : CHARTIER Samuel
TITRE DE LA THESE :
Ressenti et vécu des parents à l’annonce d’un surpoids chez leur enfant.
RESUME :
INTRODUCTION : La prévalence du surpoids infantile augmente depuis les années 80. Des
stratégies pour lutter contre ce problème ont été mises en place à l’aide de réseaux, plan
obésité, recommandations HAS. Le généraliste est alors amené à être l’un des premiers
acteurs de prévention auprès des parents. Peu d’études ont étudié l’impact de cette annonce
sur le parent de l’enfant, également acteur dans la prévention. Nous nous sommes donc
intéressés au ressenti et vécu des parents à l’annonce du surpoids chez leur enfant, pour
essayer d’améliorer les facteurs communicationnels et relationnels entre médecins et
parents.
METHODE : Une approche qualitative a été faite par entretien semi-directif pour recueillir
des expériences concrètes auprès de parents confrontés à ce diagnostic chez leur enfant.
Cette étude a été faite de juillet 2012 à mai 2013 en région parisienne.
RESULTATS : Dix-sept entretiens ont été réalisés. Sur ces entretiens un tiers des annonces
avaient été faites par un généraliste, 23% des parents supposaient ce diagnostic. Sur ces
entretiens 35% l’ont mal vécu, et 12% n’avaient d’ailleurs pas donné suite au suivi
initialement. L’annonce a souvent été répétée. La terminologie et le ton ont été importants
dans ces consultations. L’empathie et le soutien sont deux notions primordiales dans ce
contexte de culpabilité fréquente lors de la pose de diagnostic.
DISCUSSION : Globalement bien perçu, de nombreux parents avaient été sensibilisés soit
par un surpoids familial soit par les médias. Le médecin généraliste a une place privilégiée
auprès des parents car il connait bien ses patients. Mais il doit comprendre que le parent a
besoin de temps et qu’il a besoin d’empathie, de soutien, de guidance, sur ce problème très
intime aux familles. Le parent peut avoir du mal à l’accepter initialement.
MOTS-CLES :
- Communication
- Information aux parents
- Surpoids
- Enfant
ADRESSE DE L’U.F.R. :
8, Rue du Général SARRAIL
94010 CRETEIL CEDEX

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