Centre de Ressources des Arts Actuels de Madagascar

Centre de Ressources
des Arts Actuels de Madagascar
Engagée et engageante : Coco Masombika
On aime l’appeler Coco Masombika [en malgache, grappe de noix de palmier]. Un regard
doux, attentif, poreux à tous les entours, comme si l’horizon était à portée de (ses) mains.
L’horizon des matières, naturelles et recyclées. Du sol rouge argileux de
Madagascar, en passant par les pigments naturels, le coton, le lin, la laine, la
soie de murier, Coco sillonne les rues de Tamatave : elle récupère les fils de
cuivre sur les transformateurs électriques en déshérence, elle salue les
restaurateurs de la ville qui lui remettent les emballages alu ou les collerettes
de bouteilles de vin, elle écume les parcs à engins et les garages pour dénicher
pneus et chambres à air fourbus. Tout est prétexte à… créer/recréer. Femme
hors normes qui s’aventure dans des territoires inouïs / impensés / impensables,
Coco est une artiste-styliste engagée et engageante ; depuis dix ans, elle crée
comme elle respire, avec naturel et conviction jusqu’à ouvrir, en 2005, une
galerie d’art à Tamatave, Originale, pour donner une vitrine au Made in
Malagasy, méconnu parfois des Malgaches eux-mêmes.
Dans son atelier-laboratoire-show-room, Coco expérimente, accumule,
confronte, brasse, compose, associe les éléments. Les créations prêt-à-porter
haut de gamme et accessoires qui en ressortent tonnent comme des explosions
visuelles : incrustation de dentelle de chambre à air dans une robe, bustier
brodé avec du fil de cuivre récupéré, bottes en bâche commerciale recyclée et
semelles compensées en pneu, mariage du papier alu d’emballage et du sisal
pour les ceintures, sac tissé en bandes-vidéo et raphia naturel, « rivière » de
perles en alu de collerettes de bouteilles… Une tendance gothique glam-rock
malagasy qui mixe savoir-faire traditionnel et innovation technique grâce à sa
connaissance des techniques industrielles (Madagascar abrite un nombre
important d’entreprises textiles). Les artisans, avec lesquels Coco échange et
expérimente, notamment des ateliers artisanaux familiaux de proximité, ne s’y
trompent pas : cette façon qu’elle a d’imposer la poésie par la matière leur
permet, à leur tour, d’élargir leur horizon, de décentrer leurs habitudes de
création, et d’innover. Quand l’artisanat et l’art se saluent dans la rue,
Madagascar excelle. Et Coco sillonne inlassablement…
source : www.craam.mg :