Article DNA du - Niederhausbergen

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Article DNA du - Niederhausbergen
Niederhausbergen Verrière et vitrailliste Niederhausbergen Gaby Lemaître, artisan
d’exception
Gaby Lemaître restaure des vitraux de 1910 pour un immeuble strasbourgeois. PHOTO
DNA
Verrière à Nierderhausbergen, Gaby Lemaître enchaîne les
vitraux, de la création à la restauration. Experte et inspirée,
sa boutique scintille aussi de toutes ses autres inventions.
Dans son atelier à l’entrée du village, elle « ébarbe » avec sa pince à gruger. Elle ne tire
pas les poils de barbe de sa victime avec une longue tenaille pour tromper sa
vigilance… non ! Gaby Lemaître est verrière. Et tout simplement, elle ajuste un verre,
avant de le placer sur le vitrail de 1910 aux armatures de plomb qu’elle restaure, avec
une pincette qui casse des morceaux de matière trop importants pour être limés, trop
petits pour être encore coupés.
Armée d’une roulette japonaise, un coupe verre en tungstène (le remplaçant du
diamant), légère et adaptée à ses mains féminines et gantées, d’un gabarit en papier pour
prendre les mesures, d’un couteau à plomb à bout courbe et d’un petit marteau de
sertissage, elle s’applique à réparer l’ouvrage de verre martelé jaune.
Une copie de la tête de Christ de Wissembourg
Hérité du Moyen-Âge, et de la joaillerie, ce travail de haute précision s’est enrichi des
avancées technologiques… mais les bases techniques et certains outils sont toujours les
mêmes 1 000 ans après la création du plus vieux vitrail d’Europe connu : la tête de
Christ de Wissembourg, admirable au musée de l’Œuvre Notre Dame de Strasbourg…
et dans la boutique de Gaby qui en a fait une copie exacte (voir la photo ci-contre).
Aujourd’hui, elle n’a pas besoin de croquis, de dessiner, ni de sortir ses pinceaux. Ses
talents de calligraphes ne sont pas requis non plus. Mais restaurer n’est pas plus facile
que créer ou copier : « Il faut savoir comment attaquer un travail, et ce sont des années
d’expérience. Vous ne l’apprenez pas en six mois », atteste Gaby.
« Au début, j’avais plus de sparadraps que de doigts »
Et de l’expertise, Gaby, elle en a ! Plus de 30 ans qu’elle opère en tant que verrière et
vitrailliste, diplômée d’un brevet de maîtrise, formée chez les prestigieux et exemplaires
Ott frères, à la Cour du Corbeau, à Strasbourg ; leur employée jusqu’à leur départ de
l’édifice en 1983. « J’avais vu une annonce dans les DNA : cherche apprenti (e). C’était
rare à l’époque qu’ils prennent des filles ! J’ai passé une journée dans la Cour du
Corbeau. Le soir, j’ai dit à mon maître en alsacien : « yo, ça, c’est facile, j’y arriverai
aussi. Et sur vingt candidats, ils m’ont prise. Au début, j’avais plus de sparadraps que de
doigts. J’ai passé trois ans à couper le verre. Il fallait du courage. Mon maître m’a
adoptée et m’a toujours encouragée », se souvient-elle.
Bijoux, vaisselles, miroirs
Bien lui en a pris. Gaby Lemaître est l’une des six verriers vitraillistes d’Alsace, la seule
femme, et la plus jeune… à près de 50 ans ! Elle excelle non seulement dans le vitrail
mais aussi dans le thermoformage (fusion des verres) et crée pour des entreprises et des
particuliers décors, bijoux, vaisselles, panneaux, miroirs et bien sûr vitraux en verre. Il
faut d’ailleurs compter au minimum 1 500 euros pour un mètre carré de vitrail.
par A.F, publiée le 21/02/2013