RGGPP2 et Braderie des monuments historiques
Transcription
RGGPP2 et Braderie des monuments historiques
12, rue de Louvois - 75002 PARIS- tel / 01.40.15.82.68 - fax / 01.40.15.85.99- [email protected] ENTRE RGPP ACTE 2 ET BRADERIE DES MONUMENTS HISTORIQUES …. Frédéric Mitterrand reçoit les organisations syndicales ce 2 décembre. La date est bien choisie ! Le jour même du coup d’Etat de Louis-Napoléon Bonaparte, le ministre va nous faire part de nouvelles mesures visant à vider un peu plus le ministère de sa substance. MONUMENTS HISTORIQUES : RELANCE DE LA GRANDE BRADERIE ! L'un des fondements de notre ministère est d'entretenir le patrimoine qui lui a été confié pour le transmettre en bon état aux générations futures. La loi du 13 août 2004 relative aux libertés et responsabilités locales, permettant de transférer aux collectivités locales des monuments historiques appartenant à l’État ou au Centre des Monuments Nationaux, avait ouvert une première brèche dans cette mission de service public. Cette possibilité était limitée, dans le temps, aux 176 sites issus de la commission Rémond. Bien que le ministère n’ait pas été particulièrement regardant sur le devenir des monuments transférés, l’opération n’a pas eu le succès escompté, puisque seules 56 conventions de transfert ont été signées et 9 sont en cours de signature. Mais des monuments prestigieux, comme le château du HautKoenigsbourg, repris par le conseil général du Bas-Rhin, ne font désormais plus partie du patrimoine de l’Etat. Aujourd’hui, avec l’article 52 du projet de loi de finances pour 2010, qui reprend une proposition de loi de Philippe Richert, sénateur du Bas-Rhin déposée en octobre 2008, prévoit de relancer furtivement ces transferts. Ceux-ci seront pérennisés, sans limite temporelle, le champ des immeubles concernés serait étendu à l’ensemble des éléments du patrimoine de l’État et de tous ses établissements publics. De plus, des transferts partiels seraient possibles. Bien entendu, cet article a été adopté sans aucune concertation préalable, alors que le ministre de la culture lui-même s’était préalablement prononcé pour la réalisation d’une étude qui devait durer au moins six mois. Mais on a déjà pu s’apercevoir que Frédéric Mitterrand comptait pour du beurre et n’était pas à une couleuvre près. Pire, ses services compétents n’auront même pas leur mot à dire sur les futurs transferts puisque c’est le préfet qui jugera seul si le monument concerné doit rester dans le patrimoine de l’État. Seul garde-fou : le transfert pourra être refusé sur la base de critères tirés de l'intérêt des finances publiques, des conséquences statutaires pour les personnels concernés, du projet scientifique de l'établissement ou de l'importance qui s'attache à ce que l'élément de patrimoine demeure au sein de l'Etat. C’est ainsi que va pouvoir s’organiser une braderie générale des monuments historiques. Ainsi, le Mont Saint Michel, le Domaine de Saint-Cloud (convoité particulièrement pour satisfaire les délires pharaoniens du conseil général des Hauts de Seine) et, pourquoi pas Versailles, pourront être transférés par des collectivités territoriales désireuses avant tout de se les accaparer pour récupérer à leur profit les recettes du tourisme. Nous sommes bien loin de l'intérêt général. Avec cet article 52, c’est la cohérence et la visibilité de la politique patrimoniale qui sont menacées. Au-delà, c’est aussi une prérogative fondamentale du ministère, telle qu’elle est énoncée par le titre II du livre VI du code du patrimoine qui se trouve battue en brèche. Il serait peutêtre temps que le ministre réagisse enfin contre le dépeçage du ministère dont il a reçu la charge ! Et que dit notre ministre ? « il est tout à fait favorable à la réforme … en gardant à l'esprit la nécessité de conserver une présence directe de l'Etat sur tout le territoire ainsi que la cohérence de la politique culturelle générale » affirmation dénuée de toute crédibilité puisque le ministre de la Culture perd toute prérogative dans ces processus. Ajoutons que rien n’interdira aux collectivités de revendre ce patrimoine au privé au cas où leurs moyens ne leur permettraient plus de l'entretenir. C’est-à-dire probablement dès 2011 quand ne seront plus exactement compensées les recettes liées à la Taxe Professionnelle. RGPP ACTE 2 : SUS AUX OPERATEURS1 DU MINISTERE Après être passé en force pour en finir avec l’acte 1 de la RGPP, Frédéric Mitterrand vient de lancer l’acte 2. Les prochaines victimes ? : les 78 opérateurs du Ministère de la Culture et ses 22 000 ETP (Equivalents-temps-plein) qui représentent pourtant un enjeu essentiel pour le maintien d'une réelle politique culturelle ! Pierre Hanotaux, directeur du Cabinet de Frédéric Mitterrand, a été 1 Dans le jargon technocratique et managérial en vigueur, « opérateur » est l’appellation donnée aux établissements culturels relevant du ministère. parfaitement clair : cette deuxième vague de dérégulation a pour objectif unique d’adapter les opérateurs au dogme du non remplacement d'un départ à la retraite sur deux et de faire face à la baisse des ressources publiques qui leur seront affectées. Faisant fi des multiples audits sur les opérateurs qui encombrent les tiroirs de Matignon, le Premier ministre a lancé une nouvelle mission d'audit, pompeusement baptisé « Audit Flash ». Elle est assistée par l’incontournable Capgémini, bénéficiaire à de multiples reprises de contrats juteux avec le ministère et l'un des instigateurs de la destruction du service public de la culture. Cette mission, dont on ignore le cahier des charges est censée rendre, avant la fin du mois de novembre, ses conclusions. Elles seront examinées par un prochain Conseil de Modernisation des Politiques Publiques programmé fin décembre ou début janvier. Dans l’immédiat, il nous a été impossible d’être destinataire de la lettre de mission servant de base à cet audit qui va donc se dérouler sans réelle transparence visà-vis des personnels concernés. Sans être devin, nous pouvons anticiper les résultats de ce nouvel audit : réduction du nombre des opérateurs, transfert éventuel de certains musées nationaux aux collectivités locales, « modernisation » de la tutelle, externalisation de missions, systématisation des « contrats de performance », accroissement de la part des ressources propres, mutualisation des fonctions support, maîtrise des coûts, augmentation de la productivité, « modernisation » de la gestion des emplois, généralisation de la rémunération au mérite, encouragement à la mobilité des agents. C’est dans ce dernier exercice que pourra d’ailleurs pleinement s’appliquer la loi sur la mobilité des fonctionnaires adoptée cet été dans l'indifférence généralisée et avec la complaisance complice des médias : départs volontaires avec indemnités, primes à la mobilité, réorientation professionnelle, licenciement pur et simple au bout de trois nouvelles affectations refusées. La RGPP 2 entend poursuivre la RGPP1 qui a rapproché de manière arbitraire plusieurs établissements publics. Une RGPP1 qui se trouvait elle-même dans la logique des réformes engagées depuis 2004 : éclatement du réseau des musées et autonomie croissante accordée aux plus grands d’entre eux (Louvre, Orsay, Versailles et Guimet). Cette politique de balkanisation a contribué à substituer aux politiques mutualistes et scientifiques basées sur la conservation, la recherche et une large diffusion, une conception essentiellement mercantile, s'appuyant de plus en plus sur le développement à tout prix des ressources propres de ces établissements. En raison même de la structure des opérateurs, de la dissémination des sites culturels sur le territoire, une baisse des effectifs irait à l’encontre du maintien d’un véritable service public de la culture. 450 sites ont moins de 10 agents, 250 sites, moins de 4 agents. Les « économies » d'emplois sont donc impossibles, sauf à fermer des sites ou accélérer la politique de décentralisation et d’externalisation. Par ailleurs, les effectifs du ministère sont dispersés sur un grand nombre de métiers : conservateur, architecte, archéologue, enseignant, archiviste, bibliothécaire, chercheur, artiste, lissier, doreur, jardinier d’art, agent d’accueil et de surveillance, agent des services techniques, métiers de l’administration… La multitude de ces métiers peu substituables et répartis sur tout le territoire rend particulièrement difficiles les redéploiements d’effectifs. Annoncées avec la RGPP1, mises en sommeil depuis quelques mois, les attaques contre la RMN vont pouvoir reprendre de plus belle. Rappelons-les : absorption par la RMN d’un maximum de musées à « Service Compétence Nationale », politique de filialisation, voire de privatisation de certaines des activités RMN (réseau des boutiques, activités d'édition, agence photographique,…). Toutes ces mesures sont porteuses de lourdes menaces sur les personnels, les effectifs et les statuts. A l’évidence, de nouvelles mobilisations nécessaires pour contrer ces projets funestes. seront C’est ce qu’ont commencé les personnels du Centre Pompidou qui ont voté lundi la grève pour refuser les réductions d’effectifs, la baisse de la subvention de l’Etat et de véritables négociations salariales. Ils seront rejoints le 30 novembre par le personnel de la Bibliothèque Publique d’Information. Ce mouvement local a relancé une dynamique intersyndicale qui vient de déposer un préavis de grève reconductible à compter du mercredi 2 décembre. Au-delà des personnels des établissements publics, tous sont concernés. Ceux des administrations centrales qui subissent déjà les effets destructeurs de la RGPP1, mais aussi ceux des Services à Compétence Nationale et des Directions Régionales des Affaires Culturelles qui les subiront ces prochains mois. Avec l’intersyndicale, nous appelons à la tenue d’Assemblées Générales sur les lieux de travail pour organiser cette grève. Frédéric Mitterrand doit savoir que notre combat ne cessera pas tant que nous n’aurons pas obtenu satisfaction sur ces points aussi essentiels pour l’avenir du service public culturel de ce pays et, par voie de conséquence, pour tous ses agents. SUD Culture Solidaires, le 27 novembre 2009