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Le mot de l’Ambassadrice
U
LA LE T T R E DE LA COP 21
n an après le Sommet de septembre 2014, qui constituait un tournant et avait permis de lancer de
nombreuses initiatives coopératives pour l’action immédiate, le rassemblement qui vient d’avoir lieu
à New York a montré le chemin parcouru dans la mobilisation universelle pour l’action climatique,
tant au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement, que des entreprises, villes et associations.
Au niveau institutionnel, et au-delà des messages forts lors de l’Assemblée générale des Nations unies – et
notamment du Pape, le déjeuner co-organisé avec le Pérou et le Secrétaire Général des Nations unies a
permis d’avancer sur des enjeux clés du futur accord. Ainsi, pour la première fois, des options concrètes
pour préciser une opérationnalisation de l’objectif des 2°C ont été posées sur la table : décarbonation
progressive des économies, évolution vers des systèmes énergétiques 100% propres, transformation vers
le bas carbone au cours du siècle… Enfin, l’adoption des Objectifs de développement durable, qui accordent
une place importante au climat, doit contribuer à construire un monde « zéro carbone, zéro pauvreté ».
Sur les financements climat, le Président de la République a annoncé une augmentation de deux milliards
d’euros de nos financements climat à l’horizon 2020, qui s’engagera dès l’an prochain. Nous montrons donc
l’exemple, et les financements climat de la France dépasseront en 2020 cinq milliards par an.
Plus de cent évènements organisés ont vu la société civile, et notamment les entreprises, annoncer de
nouveaux engagements ambitieux, illustrant leur mobilisation pour agir pour le climat et enjoignant
les Parties à obtenir un accord ambitieux et universel. La deuxième édition du Business dialogue, qui a
réuni une trentaine de ministres et négociateurs ainsi qu’une trentaine de PDG de grandes entreprises
internationales sur l’enjeu de la taxation carbone, a permis d’illustrer ces convergences grandissantes entre
le monde des entreprises et les décideurs politiques.
Dans le même temps, 146 pays ont soumis des contributions nationales, qui couvrent à présent près de 87%
des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Conformément aux analyses continues dont nous avons
pu bénéficier grâce à vous, plus de la moitié de ces INDC ont été déposées au cours de la dernière semaine,
afin d’être prises en compte dans la synthèse sur l’effort global des contributions qui le Secrétariat de la
Convention-cadre présentera le 1er novembre.
Cet engagement d’ampleur a nécessité un travail technique important dans un temps restreint. Venant de
toutes les régions du monde et tous niveaux de développement, c’est un véritable plébiscite, qui confirme le
caractère universel de l’accord qui sera adopté à Paris. La mise en place d’un appui technique par la France
a par ailleurs permis à 23 pays en développement de soumettre leur contribution.
Bien entendu, cette première série de contributions ne suffira pas à elle seule à nous placer, dès à présent,
sur une trajectoire compatible avec la limite des 2°C en 2100, mais les premières estimations sont plus
qu’encourageantes, et indiquent que les contributions actuelles nous placeraient sur une trajectoire en
dessous des trois degrés. L’accord de Paris devra donc contenir des dispositions permettant de relever
régulièrement l’ambition de chacun dans le temps, afin que chaque période de contributions soit plus
ambitieuse et afin que nous puissions respecter nos objectifs de long terme.
A deux mois de la conférence, le monde entier est donc en mouvement. Les co-présidents ont répondu
au mandat qui leur avait été donné à Bonn en septembre en publiant le lundi 5 octobre un texte clair et
concis, qui constitue désormais une base de négociation. Les parties doivent maintenant s’en emparer et
fournir un travail intensif à Bonn en octobre lors de la dernière session de l’ADP pour l’améliorer, identifier
des compromis et définir ensemble les paramètres d’un accord ambitieux sur la réduction des émissions,
l’adaptation et les moyens de mise en œuvre. Nous rassemblerons ensuite entre 80 et 90 pays à Paris pour
une pré-COP du 8 au 10 novembre qui permettra aux ministres de discuter des points politiques clés de
l’accord.
Qu’il s’agisse de la préparation des échéances de New York, des soumissions de contributions nationales, de
la participation aux réunions de Lima et annonces financières ou encore de la mobilisation des acteurs nongouvernementaux au sein des initiatives LPAA… Sur tous ces sujets, votre appui est crucial et contribuera,
plus que jamais, au travail que nous devons accomplir d’ici l’ouverture de la Conférence de Paris. Je vous
remercie pour vos efforts, dont je mesure la charge.
Laurence Tubiana
Ambassadrice chargée des négociations sur le changement climatique et représentante spéciale pour la
COP21
N°9 - OCTOBRE 2015
3 questions à M. Jean-Marin SCHUH,
ambassadeur à Sri Lanka et aux Maldives
Quelle est la vulnérabilité particulière des Maldives face au
changement climatique ?
Les Maldives sont un pays constitué de 22 atolls plats
regroupant 1 199 îles (dont 197 îles habitées) dispersées
géographiquement, dont 80% sont à moins d’un mètre audessus du niveau de la mer, avec une population de plus de
400 000 habitants. Le pays a pour capitale Malé, qui est de loin
l’île la plus peuplée du territoire, regroupant près de 85% de la
population. 107 îles sont désignées « resorts » touristiques et
14 îles servent à des fins industrielles. Au vu des risques
encourus, la population de 17 petites îles a déjà été déplacée
vers d’autres îles - plus grandes.
Les conséquences du réchauffement climatique sont diverses
pour le pays : élévation des températures de l’eau et de
l’atmosphère, élévation du niveau de la mer, érosion des plages,
destruction des mangroves, acidification de l’océan, blanchiment
et destruction du récif corallien, amenuisement des réserves
naturelles en eau et catastrophes naturelles plus fréquentes
et plus violentes. Il existe également une certaine insécurité
hydrique liée à l’infiltration de l’eau salée dans les lentilles d’eau
douce.
Quelle est la perception des enjeux climatiques et quelle est
l’implication de la société civile?
La société civile maldivienne se mobilise localement pour
sensibiliser la population aux enjeux climatiques et tente
parallèlement de mobiliser les autorités gouvernementales. Les
craintes principales sont la submersion, la disparition de sources
de revenus et les effets sur la santé.
Des ONG maldiviennes telles que Ecocare, Save The Beach
et BluePeace organisent des événements de sensibilisation,
des ateliers de renforcement des capacités, des projets de
régénération du corail et des campagnes de nettoyage des
plages afin de protéger la richesse de la biodiversité, aussi bien
en milieu aquatique qu’en milieu terrestre.
Quelles sont les positions et priorités des Maldives (et leur
rôle au sein de l’Alliance of Small Island States - AOSIS) ?
Assurant la présidence de l’Alliance des petits Etats insulaires,
les Maldives sont déterminées à voir signer un accord
ambitieux et contraignant à la COP21. Le ministre maldivien
de l’Environnement et de l’énergie a annoncé lors de la 70e
Assemblée générale des Nations unies qu’il s’agissait de
la dernière opportunité pour les chefs d’Etat d’adopter un
protocole limitant le réchauffement climatique à 1,5° Celsius par
rapport à l’ère préindustrielle.
Les Maldives appellent la communauté internationale à prendre
des mesures immédiates et à accélérer le pas pour que l’Accord
de Paris entre en vigueur en 2020. Du point de vue de l’AOSIS,
les engagements qui ont été pris à Copenhague et le Fonds Vert
sont essentiels pour donner un sentiment de sécurité aux petits
pays tels que les Maldives. Enfin, les Maldives appellent à la mise
en œuvre immédiate du mécanisme de Varsovie sur les pertes
et dommages. Le pays souhaite réduire sa dépendance aux
énergies fossiles et encourager l’investissement privé dans le
domaine des énergies renouvelables.
L ES C L É S P O U R CO M P R E N D R E
Le renforcement des capacités
Enjeu clé du futur accord de Paris, le renforcement des
capacités est l’un des trois moyens de mise en œuvre
de la Convention climat, au même titre que la finance
et les transferts de technologie. Indispensable à la
réalisation des objectifs de la CCNUCC, le renforcement
des capacités est central pour de nombreux pays en
développement, qui peuvent rencontrer certaines difficultés
à observer les dispositions prévues par la Convention,
ainsi que la soumission de communications nationales, la
transmission d’inventaires d’émissions de gaz à effet de
serre, l’identification de mesures d’adaptation... Cela peut
également constituer un frein à leur accès aux instruments
financiers climat ainsi qu’aux transferts de technologie.
Etabli lors de la COP7 en 2001 et enrichi d’un forum annuel à
Durban en 2011, le cadre existant vise à améliorer la capacité
des individus, organisations et institutions à mettre en
place des plans de lutte contre le dérèglement climatique,
en favorisant le développement de leurs capacités
institutionnelles, la coopération scientifique multilatérale, la
diffusion d’expertise technique et de savoir-faire politique,
l’aide à la décision, le dialogue inter-acteurs ou encore la
sensibilisation de la société civile.
Lors des consultations ministérielles informelles des 6 et 7
septembre 2015, de nombreuses parties ont relevé l’absence
d’avancées significatives du cadre actuel et souligné
l’importance du renforcement de capacité dans l’accord de
Paris. Il s’agit en effet, pour les pays en développement,
d’être aptes à mettre en œuvre les mesures prévues par
le futur accord, notamment s’agissant de l’évolution des
règles de transparence ainsi que du suivi des contributions
nationales. L’opportunité de la création d’un mécanisme
spécifique sous la Convention (comité, institut de
coordination, centres régionaux…) y a ainsi été discutée, une
option sur laquelle insiste fortement le G77 (Chine en tête,
suivie par les groupes Afrique et AOSIS). D’autres parties,
principalement parmi les pays développés, reconnaissent
la spécificité des besoins des pays annexe II ainsi que la
nécessité de clarifier le cadre institutionnel international,
mais recommandent son renforcement plutôt que la création
de nouvelles structures. D’autres privilégient l’inclusion du
secteur privé dans la dynamique existante.
A L LE R P LU S LOIN
 Projet de texte publié par les co-présidents du groupe ADP
Discours du président de la République sur le climat lors de l’Assemblée générale des Nations unies
Conclusions de la réunion des chefs d’Etat et de gouvernement du 27 septembre à New York
Mobilisation des pays pour le Plan d’Action Lima-Paris (LPAA - ND-2015-908694)
Diffusion de l'aide-mémoire des consultations ministérielles informelles (6 et 7 septembre 2015 - ND-2015-952813)
N°9 - OCTOBRE 2015