La cuisine centrale au menu
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La cuisine centrale au menu
La cuisine centrale au menu Le 31 août dernier, la cuisine centrale intercommunale a réalisé sa première production de 11 500 repas pour la rentrée scolaire. La concrétisation de six ans de travail entre trois villes partenaires, sous la houlette du Syrec. Visite guidée d’une structure hors du commun. D ès la rentrée, ce sont les jeunes Gennevillois et leurs camarades de Saint-Ouen et de Villepinte qui ont eu la primeur de goûter les plats élaborés par cette toute nouvelle structure publique de restauration collective, l’une des plus importante de la région parisienne. Chaque matin, 4 490 repas seront ainsi livrés à Gennevilliers ; et la veille, 4 210 repas seront acheminés à SaintOuen et 2 450 à Villepinte. Ses prestations alimentaires sont actuellement destinées aux enfants des écoles, des centres de loisirs, au personnel communal, aux personnes âgées en foyer, avant de concerner plus tard le portage à domicile et les crèches. 32 k SEPTEMBRE 2012 Au sein de cette cuisine innovante, comment concilier production industrielle – entre 600 et 1,2 tonne de viandes et 2 tonnes de légumes utilisés chaque jour – et plaisir gustatif ? Pour le découvrir, glissons-nous dans les coulisses de ce bâtiment au design sobre et fonctionnel où rien n’a été laissé au hasard, des circuits de marche en avant suivis par les aliments à ceux empruntés par le personnel, 43 employés au total, avec comme mots d’ordre, l’hygiène et la sécurité sanitaire. Tout commence sur le quai d’arrivée des marchandises. Dès six heures du matin, les magasiniers y réceptionnent les commandes. Les produits frais, selon leurs catégories, viandes, poissons, laitages, fruits et légumes, sont placés dans l’une des huit chambres froides. Conserves, riz, pâtes, condiments sont stockés dans l’épicerie. Depuis la zone rouge, dite sale, l’ensemble de ces produits sont placés dans des armoires de désinfection traversantes et récupérés de l’autre côté, en zone jaune, dite propre. Dans cet espace, maintenu à 10 degrés, les boîtes de conserves sont ouvertes et les produits mis à nu pour préparer la production. À côté, la légumerie de type industriel constitue l’une des spécificités de la cuisine centrale. « Équipée d’une éplucheuse, d’une laveuse, d’une découpeuse, d’une table de parage, elle permet de travailler des produits bruts et frais, avant de les conditionner sur place sans conservateur », souligne Bruno Le Saëc, directeur du Syndicat intercommunal de restauration collective (Syrec). ZONE DE PRODUCTION HIGH TECH On entre alors dans la zone de production. Les légumes pour les entrées froides, carottes, concombre, salade, par exemple, y sont ensachés, après injection INTERVIEWS rNACIBA ALLOUACHE, directrice du pôle qualité. umes g é l , s é e ach és, ens t d’une vigilanc s e p , s je Lavé ont l’ob f s e d n et via ximale. a m e r i sanita Nous sommes dans une démarche de santé publique vis-à-vis de nos consommateurs à qui nous nous devons de proposer des repas équilibrés et variés. Les menus sont conçus sur deux mois à partir d’un plan alimentaire et validés par une commission technique, incluant les responsables des services restauration de chaque ville. En parallèle, nous allons mettre en place une commission d’usagers qui rassemblera des parents d’élèves, des directeurs d’école, des enseignants. Nous disposons également d’un conseiller culinaire, venu du secteur hôtelier, chargé d’accompagner les cuisines-relais et de mettre en place un outil d’évaluation de notre service de restauration. rALEX HOURSON, chef d’équipe secteur production. d’azote, produit naturel qui permet de stabiliser les denrées. Ils sont ensuite sellés avec attribution d’une date limite de conservation, puis stockés en chambre froide. Dans la zone de préparation chaude, c’est une petite révolution qui s’opère dans les fourneaux. Technologies dernier cri pour des sauteuses, marmites ou encore cuiseurs à pâtes programmables et basculants pour alléger les efforts physiques des cuisiniers. Ici, le Une sécurité alimentaire optimale En tout point de la structure, la frontière entre zones propres et la zone rouge, dite sale, est hermétique. Pour maintenir ces normes d’hygiène, la cuisine centrale dispose, par ailleurs, d’un système d’évacuation des déchets totalement précurseur. Dans chaque unité, les déchets biodégradables et d’emballage sont expédiés via un système de pression de l’air vers des broyeurs ultrapuissants, avant d’arriver dans un local réfrigéré où ils seront récupérés pour être valorisés. C’est, à l’heure actuelle, la plus grosse unité de production française à disposer de ce système. La sécurité alimentaire est également garantie par une double traçabilité, globale et technique grâce à la GTC, gestion technique du bâtiment, système informatique qui permet de superviser l’ensemble des équipements installés, tout en améliorant la performance énergétique. fleuron des lieux, c’est le tunnel de braisage et l’équipement de cuisson basse température. Le premier permet en quelques minutes, à 500 degrés, de donner à un rosbif ou à une cuisse de poulet une belle couleur dorée ou un aspect grillé au barbecue. Après conditionnement sous vide, les préparations sont ensuite plongées, au bain-marie, dans de vastes cuves d’eau où elles vont cuire à basse température, entre 50 et 90 degrés, selon un cycle pouvant aller jusqu’à 70 heures. « Ce mode de cuisson est la marque de fabrique de la cuisine centrale, affirme le directeur du Syrec. Cette technique, aujourd’hui très prisée des grands chefs français, a l’avantage de préserver les qualités organoleptiques d’un mets, en terme d’apparence, de goût, de texture ; de limiter au maximum les risques de contamination et d’offrir une durée de conservation plus longue. » Refroidie rapidement, la préparation est stockée en chambre froide. Prête à l’emploi, elle sera directement réchauffée dans les cuisines-relais des écoles, avant consommation. Le circuit de marche en avant des aliments se termine dans une vaste aire réfrigérée où ils vont être allotis, c’est-àdire répartis par ville et par école, selon des menus communs aux trois communes et préétablis au sein de commissions. Avant d’être chargés sur le quai d’expédition. Enfin, à 19 heures, les camions de livraison sont de retour, les portes métalliques closes, jusqu’au lendemain. ì FABIENNE DAGOUAT J’organise les charges de production pour la journée, je gère les équipes, l’élaboration des recettes et le contrôle qualité et hygiène. Chaque matin, nous disposons de fiches de production différée à J-4. Cette marge de manœuvre est l’un des avantages de ce nouveau mode de production. Cela offre plus de sécurité et de confort de fabrication que la production au jour le jour effectuée auparavant. Au menu de ce premier jour de rentrée : carotte et tomate, escalope de volaille à la crème et macaronis. La grande majorité des employés du Syrec habitent l’une des trois villes pour lesquelles ils travaillent et où leurs enfants sont souvent scolarisés. C’est dire si nous avons à cœur de proposer des menus de qualité. rNICOLAS CADIN, cuisinier. L’unité de production de la cuisine centrale compte huit commis, quatre cuisiniers et un chef de cuisine. Chacun sait précisément la tâche qu’il a à effectuer au quotidien. Notre travail est moins dispersé qu’auparavant entre production et distribution. Le matériel est plus moderne. L’utilisation de bras mécaniques facilite, par exemple, les opérations de mélanges de légumes. Cette répartition des tâches est rassurante, surtout sur le plan de la sécurité alimentaire. SEPTEMBRE 2012 k 33