Claude Besson - Philippe So

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Claude Besson - Philippe So
Claude Besson - Philippe Sollers à l'index, actualité Débats : Le Point
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Publié le 10/07/2008 - Modifié le 11/07/2008
N°1869
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Le Point
Claude Besson - Philippe Sollers à l'index
Patrick Besson
Le numéro 101-102 de L’Infini (Gallimard, 22,50 E) est
composé des sommaires des 100 premiers numéros de la
revue de Philippe Sollers. En éditorial, l’édito du numéro 1.
« Et vous allez faire quoi ?-Vous verrez. » On est en 1983.
Tarek Aziz en visite à Paris, la France voulant resserrer ses
liens avec Saddam Hussein, qui bénéficiera désormais de facilités de paiement pour ses
achats d’armes. En Turquie, 105 peines de mort sont requises contre les nationalistes kurdes
à Diyarbakir. Jorge Luis Borges reçoit, le 19 janvier, les insignes de commandeur de la
Légion d’honneur. L’avant-garde littéraire officielle comme toujours elle le fut. Le poète à
l’abri du policier. Ou fils de flic, tel Aragon. L’ordre absolu étant celui des mots. Le ParisDakar, aujourd’hui disparu pour cause de frousse des organisateurs, voit la victoire de Jacky
Ickx. Pierre Moinot, reçu à l’Académie française, prononce l’éloge de René Clair. C’est le
centenaire de la mort de Richard Wagner, célébré par la Noire Jessye Norman et le juif
Daniel Barenboïm. Il n’est de justice que ni raciste ni antisémite.
Imprimez
Réagissez
Classez
L’Infini a 25 ans. On n’emploiera pas le mot bilan puisqu’il n’y a pas eu de mort. A part
Frédéric Berthet. Parmi les auteurs vivants de L’Infini : Amette, Angot, Arrabal, Assayas,
Beigbeder, Bon, Braudeau, Bulteau, Dantzig, Debray, Delannoy, Duteurtre, Eco, Ernaux,
Finkielkraut, Forest, Forestier, Henric, Jaccard, Jauffret, Kristeva, Kundera, Laclavetine,
Lambron, Lévy (Bernard-Henri), Michon, Moix, Nabe, Neuhoff, Nonn, Onfray, Ravalec, Rolin
(Dominique), Rolin (Jean), Sureau, Viviant, Wiesel, Zagdanski. Sans compter mes oublis.
Volontaires.
L’Infini marqua la fin d’une époque : celle des revues. C’est la dernière revue. Il le sait,
Sollers, qu’il est un fossoyeur. Celui qui écrit est celui qui enterre. Il termine à tort. Philippe
a gangrené le poème. Achevé le roman. Entamé la critique. Après avoir tant reproché à
Hallier d’être un clown, il finit amuseur. Abuseur. L’hommage que Sollers se rend ici semble
posthume. Il se célèbre comme s’il était mort. L’ordonnateur des propos funèbres est
Marcellin Pleynet, qui conçoit et réalise ce numéro. Sollers est l’amoureux de Pleynet.
Marcellin est l’homme qui met les mains dans le cambouis de Philippe. Il a fait un superbe
travail d’archiviste. Le numéro 75 : mon préféré. Dans lequel il y a mes « Trois lettres
d’amour à Emmanuelle Ribes ». Qu’es-tu devenue, casquette boudeuse ? Page 102, une
photo émouvante de Martin Heidegger. Penché sur sa table de travail comme sur son unique
amour terrestre. Ou Debord avec son écharpe de théoricien (page 62), plus démodé qu’une
truite au beurre blanc. La culture : ce résidu grotesque du temps. La plus belle page est la
44 : portraits photographiques de Proust, Kafka, Joyce, Céline. Nos sauveteurs
18/07/2008 10:25