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La prévention des plaies au talon: le rôle de l’ergothérapeute Nicole O’Dowd Ergothérapeute Mai 2009 Au service des personnes ayant une déficience physique ÉQUIPE DE CONSULTATION SUR LES AIDES TECHNIQUES (ÉCAT) Introduction ¾ Pourquoi une recherche sur les plaies au talon et le rôle des ergothérapeutes ¾ Prévalence 15 % à 30 % ¾ 2è site anatomique en importance ¾ Pourquoi la croissance des plaies au talon ¾ Populations à risque ¾ La recherche spécifiquement sur les plaies au talon ¾ Les plaies au talon en particulier Objectifs de la présentation ¾ Informer sur les facteurs de risque des plaies au talon ¾ La prévention des plaies au talon ¾ Le rôle de l’ergothérapeute – – – – Dans la prévention L’intervention Présenter un outil d’évaluation Moyens d’intervention ¾ Les aides techniques Plaies au talon: Notions théoriques ¾ Définition Un ulcère peut être défini comme une blessure localisée dans les tissus mous causée par une pression, de la friction, du cisaillement ou une combinaison de ces éléments ¾ L’apparition d’une plaie est habituellement l’aboutissement du cumul de multiples facteurs de risque. Facteurs intrinsèques ¾ ¾ ¾ ¾ ¾ ¾ ¾ ¾ la mobilité de la personne, sa sensibilité, son âge, sa masse corporelle, son état nutritionnel, son niveau d'hydratation, ses contractures, la présence d’incontinence urinaire ou fécale ou les deux, ¾ les infections, ¾ la condition médicale générale de la personne, ¾ son état de conscience. Facteurs extrinsèques ¾ les effets secondaires des médicaments, ¾ l'hygiène personnelle, ¾ les techniques de transfert et de déplacement du patient au lit, ¾ le positionnement au lit, ¾ la pression, la friction et le cisaillement, ¾ les chaussures, ¾ l'environnement humain, ¾ la température ambiante. Facteurs de risque ¾ Les ampoules causées par PFC = ulcères de pression. ¾ Résultent de situations problématiques qui limitent la mobilité de la personne. ¾ La pression continue exercée sur les tissus mous entre la structure osseuse et la surface portante exerce une compression sur les capillaires. Cela cause une ischémie dans les tissus mous et peut entraîner une détérioration cellulaire en moins deux heures au niveau des surfaces exposées. ¾ Plus la pression est grande, moins il faudra de temps qu’un début de plaie apparaisse. À contrario, moins la pression est grande, plus il faudra de temps pour causer un début de plaie. Pression, friction et cisaillement (PFC) ¾ PFC : éléments clés à la source des plaies. ¾ La pression est le résultat de la compression des tissus mous entre une surface osseuse et la surface portante. ¾ La friction est produite quand il y a déplacement et frottement de la peau sur une surface fixe. Il y a un effet d'abrasion et sensation de chaleur ou brûlure. ¾ Le cisaillement est causé par la combinaison de la pression, de la friction et du mouvement. – La pression sur les tissus mous au niveau d’une surface osseuse – La friction, parce que la peau adhère au drap ou à la surface portante, – Le mouvement, parce que le mouvement du patient ou de la surface portante fait que les proéminences osseuses bougent littéralement sur les tissus mous alors que la peau reste sur place. Contrer la pression, la friction et le cisaillement ¾ Prendre soin d'éviter les effets des forces mécaniques externes qui les provoquent ¾ Réduire la pression pour les clients très à risques ¾ Pour prévenir les plaies au talon on doit soulever les jambes lors des mobilisations au lit ¾ En attribuant un matelas de redistribution de la pression avec zone spécifique pour diminuer la pression sur les talons. Implication de la pression de la friction et du cisaillement dans la pratique ¾ Friction et cisaillement présents dans la prestation des soins : – Par le mouvement du client lui-même – Par le mouvement du client mobilisé par des personnes aidantes – Par le mouvement du lit Le mouvement du client ¾ La personne se mobilise est susceptible de bouger ses proéminences osseuses sur la surface portante Un mouvement destructeur pour les talons – quand la personne se remonte dans le lit en en exerçant une pression élevée en poussant sur ses talons ce qui provoque souvent un glissement des talons sur le drap sur une distance plus ou moins grande. De cette pression, il résulte de la friction aux talons et secondairement du cisaillement. – La personne qui bouge et glisse constamment ses pieds sur le lit – La personne qui utilise ses talons pour propulser son fauteuil roulant Le mouvement du client mobilisé par des personnes aidantes ¾ Le glissement des talons sur le lit lors des déplacements et mobilisations au lit, ¾ Importance de soulever les jambes et problématique posée ¾ L’utilisation d’une surface de glissement Le mouvement du lit ¾ Le cisaillement peut aussi être causé par l'élévation de la tête du lit qui amène la personne à glisser vers le pied du lit lorsque la tête du lit est surélevée ¾ L'effet de la position assise au lit avec la tête du lit surélevée sur le risque de plaie au coccyx mais ce même effet s'applique sur les talons ¾ L’utilisation d’un lève-personne pour soulever la personne pendant qu'on relève la tête du lit ¾ Pour limiter le glissement, il convient de lever d'abord légèrement le pied du lit et de ne pas surélever la tête au-delà de 30°. Prévention spécifique des plaies au talon ¾ Toute personne à mobilité réduite ou présentant un problème de sensibilité est à risque de développer des plaies au niveau du sacrum, des ischions, des trochanters ou des talons ¾ Protocole de prévention des plaies appliqué en équipe interdisciplinaire dans les établissements de santé ¾ Les membres de l’équipe interdisciplinaire : – médecin, de l'ergothérapeute, de l'infirmière, du travailleur social, du physiothérapeute ou technicien en réadaptation physique, du nutritionniste. Selon les milieux cliniques et les ressources, peuvent s'ajouter à l'équipe un psychologue et un pharmacien et à domicile et l'auxiliaire familiale ¾ Incluant le client et ses proches aidants Prévention spécifique des plaies au talon ¾ Une évaluation (Norton ou Braden) administrée dès qu’un facteur de risque tel la mobilité réduite ou une perte de sensibilité ¾ À ces évaluations, Blaszczyk (1998) propose un outil d'évaluation plus spécifique pour les personnes à risques de plaies au talon et un modèle d'intervention selon le niveau de risque observé : faible risque (Universal), risque moyen (Preventive), risque élevé (Strict). ¾ Mise en place un plan d’intervention le plus tôt possible. Prévention des plaies ¾ Le traitement idéal : LA PRÉVENTION ¾ Le premier élément de la prévention : L’ENSEIGNEMENT – L'enseignement particulièrement important en contexte de domicile où les clients ont à former leurs préposés aux soins. • Renforcer le client dans sa prise en charge de la prévention des plaies pour qu'il puisse exprimer ses besoins aux personnes qui lui dispensent des soins. Prévention des plaies ¾ La prévention s’actualise par l'observation quotidienne des sites potentiels de plaies, des mobilisations préventives du client et la réduction de la pression aux sites anatomiques à risque de plaies. Prévention spécifique des plaies au talon ¾ De routine et particulièrement à domicile, noter les modifications et intervenir si de nouvelles colorations de la peau ou toute petite rougeur ou ampoule. ¾ La moindre zone qui devient blanchâtre ou rougeâtre devrait être observée de près et des mesures de prévention appliquées immédiatement. ¾ Une lésion sérieuse des tissus en profondeur au niveau du pied peut aussi se présenter comme une contusion bleue violacée ou marron sous une peau intacte. Il est important d'enlever complètement la pression sur cette lésion et de considérer l'utilisation de bottes, d'oreillers ou d'atèles lesquels sont susceptibles d'éliminer la friction et le cisaillement au niveau du talon. (Black J., 2005). ¾ Les zones douloureuses doivent également être notées et des mesures de prévention appliquées s'il y a lieu. ¾ Palper la région du talon et de s'assurer d'une texture et d'une température normales. Prévention spécifique des plaies au talon Chez les personnes à la peau foncée l'observation de la coloration de la peau peut ne pas être concluante donc surveiller davantage les zones douloureuses et la texture de la peau Si la personne porte des bas de compression, à enlever au moins deux fois par jour pour examen des pieds et talons examiner les pieds et les talons. Prévention spécifique des plaies au talon ¾ L’examen de la peau – Rouler la personne sur le côté – Oreiller entre les jambes du client – Utilisation d’un miroir ¾ Les mobilisations et transferts – Éviter le glissement des talons sur la surface portante – Éviter les chocs des pieds et talons sur les surfaces dures Prévention spécifique des plaies au talon ¾ Dès qu'il existe un risque de plaie au talon, décoller les talons de la surface portante – oreillers sous les mollets – bottes protectrices pour les talons – Coussin en biseau sous la jambe (Attention hyper extension au genou) – Matelas de mousse peut aider à réduire la pression • Retournements aux 2 ou 4 heures (Defloor, 2005) • Matelas avec zone spécifique au talon LA PRÉVENTION DES PLAIES : LE RÔLE DES ERGOTHÉRAPEUTES ¾ Loi 90 : loi modifiant le Code des professions et d’autres dispositions législatives dans le domaine de la santé (2003) ¾ Réserve aux ergothérapeutes de certaines activités dont celle de prodiguer des soins reliés aux plaies ¾ Activité partagée avec d’autres professionnels LA PRÉVENTION DES PLAIES : LE RÔLE DES ERGOTHÉRAPEUTES ¾ Intervention peut se situer sur deux axes: – l'axe préventif : absence de plaie – l'axe curatif : présence de plaie ¾ Champ de pratique de l’ergothérapeute – – – – la prévention, l'évaluation, la formation du client et des personnes aidantes, la recommandation des aides techniques de réduction de la pression ou autre modalité. LA PRÉVENTION DES PLAIES : LE RÔLE DES ERGOTHÉRAPEUTES ¾ L'intervention ergothérapique vise à "cibler les facteurs de risque d'apparition d'une plaie et aussi tout facteur pouvant influer sur l'intégrité de la peau" (OEQ, 2007). ¾ Évaluation globale pour déterminer les facteurs de risque au niveau de : – – – – – – – la mobilité, la sensibilité, l'état de conscience, l'état nutritionnel et hydratation, le niveau d'humidité de la peau, le niveau d'activité de la personne, du comportement du client. ¾ Échelle de niveau de risque – Grilles Norton et Braden (Échelle de Blaszczyk) LA PRÉVENTION DES PLAIES : LE RÔLE DES ERGOTHÉRAPEUTES ¾ L’intervention en ergothérapie – En complémentarité avec les autres professionnels impliqués et particulièrement avec les infirmières. ¾ L’ergothérapeute évalue les plaies en fonction des différentes habitudes de vie de la personne et des facteurs de risque au niveau de la posture au lit, des modes de déplacement et des transferts, de la capacité de la personne de s’alimenter et s’hydrater. LA PRÉVENTION DES PLAIES : LE RÔLE DES ERGOTHÉRAPEUTES ¾ Les habitudes de vie (HDV) – Le client est-il capable de s’alimenter et s’hydrater adéquatement? – Quelles postures adopte-t-il pour dormir? – Comment se déplace-t-il au lit? Ou ne bouge-t-il pas? – Comment réalise-t-il ses transferts? – A-t-il des chaussures adéquates? Comment les enfile-t-il? – S’il n’est pas capable de réaliser seul ses AVQ, a-t-il • Aides compensatoires • Aide humaine suffisante et renseignée LE RÔLE DES ERGOTHÉRAPEUTES en contexte préventif ¾ But de l'intervention en prévention ¾ Réduire ou éliminer les facteurs de risque (PFC) par l'utilisation de surfaces qui répartissent la pression ou d'autres aides techniques appropriées; ¾ Sensibiliser le client et les personnes aidantes aux facteurs de risque et sur les moyens de prévention à prendre que ce soit dans la manipulation du client, l'application des soins, la posture à maintenir au lit ou au fauteuil et des habitudes de vie à pratiquer; ¾ Évaluer les facteurs environnementaux. Des aménagements des lieux pourront être recommandés afin d'éliminer certains facteurs de risques reliés à l'environnement. LE RÔLE DES ERGOTHÉRAPEUTES en contexte préventif ¾ L’enseignement – L'ergothérapeute doit enseigner au client et aux aidants naturels • les facteurs de risque en regard de la position au lit, les méthodes de déplacement, de transfert et de la posture • Les conséquences des plaies sur l’autonomie, la qualité de vie et la participation sociale • l'observation quotidienne d'un site potentiel de plaie • Moyens à mettre en place pour réduire le risque – Les facteurs de risque en regard des méthodes de transfert et déplacements et de la posture – Les facteurs environnementaux et les habitudes de vie qui constituent des risques ¾ L'ergothérapeute va par la suite va analyser l'interaction entre les différents facteurs de risque en vue de faire une recommandation appropriée. LE RÔLE DES ERGOTHÉRAPEUTES en contexte préventif ¾ En résumé l’intervention de l’ergothérapeute est complémentaire à l’intervention des soins infirmiers et se situe particulièrement au niveau des HDV – ce que la personne fait – comment elle le fait – de la recommandation visant à prévenir les plaies en fonction des facteurs de risque observés LE RÔLE DES ERGOTHÉRAPEUTES en contexte curatif ¾ Observer les plaies – La forme, les dimensions, stade d’évolution (Photo) – Pour mieux établir les facteurs de risque – Pour évaluer l’impact des interventions appliquées ¾ Les principes de prévention s’appliquent – Réduire ou éliminer les facteurs de risque (PFC) par l'utilisation de surfaces qui répartissent la pression ou d'autres aides techniques LE RÔLE DES ERGOTHÉRAPEUTES en contexte curatif ¾ Éléments à prendre en considération: – L’état de santé générale de la personne – Les restrictions médicales qui limitent la réalisation des HDV – La médication – Les facteurs étiologiques – La spasticité, les contractures – L’environnement physique – L’environnement humain LE RÔLE DES ERGOTHÉRAPEUTES en contexte curatif ¾ Selon la problématique, différentes modalités d’intervention en ergothérapie – Positionnement au lit – Attribution d’éléments de positionnement au lit – Attribution d’une surface thérapeutique ou d’autres aides techniques pour prévenir/aider à guérir les plaies au talon – Modes de déplacement dans le lit, par le client luimême ou par des personnes aidantes (ex.: les remontées) – Analyse des activités au lit – Méthodes de transfert du lit vers une autre surface et tous les autres transferts de la journée Un outil de travail ¾ Facteurs du rendement occupationnel influençant l’intervention ergothérapique dans la prévention et le traitement des plaies de pression – La grille avec les facteurs et les indicateurs – La grille vierge Les aides techniques pour prévenir les plaies au talon ¾ Se situent au niveau de la prévention et de l’intervention – Les surfaces thérapeutiques – Les équipements genre bottes, talonnières et modules de positionnement ¾ Peu de recherche sur leur efficacité ¾ Ne sont pas universelles et ne s’appliquent pas à toutes les situations ¾ L’ergothérapeute doit donc observer les sites de plaies, considérer les limitations fonctionnelles du client et connaître le potentiel et les limites des aides techniques à recommander Les aides techniques pour prévenir les plaies au talon ¾ La suspension reste l’intervention la plus efficace : c’est la seule qui enlève la PFC ¾ Les plaies au talon demandent plus que des pansements et des surfaces thérapeutiques pour guérir ¾ Le meilleur équipement de réduction de la pression au talon supporte et protège la cheville, maintient le talon en suspension et prévient le pied tombant (Black, 2004) Les surfaces thérapeutiques ¾ Matelas de mousse – La densité (lbs/pi3) – La compression IFD (lbs) ¾ Surfaces avec zones spéciales pour les talons ¾ Efficacité des surfaces de mousse en prévention : meilleur que surface à ressorts ¾ Les surfaces à air alterné ou à faible perte d’air ¾ Peu importe la surface, il reste toujours PFC Les bottes ¾ Meilleur moyen de prévenir : enlever la pression ¾ Aident à réduire la PFC ¾ Efficacité peu documentée mais les conclusions tendent vers combinaison de bottes avec d’autres interventions ¾ Diminuent les risque de rotation donc meilleur positionnement des Mis Les bottes : avantages ¾ Mises et enlevées facilement ¾ Gardent les pieds au chaud ¾ Évitent les blessures au pied chez personnes qui bougent beaucoup Les bottes : inconvénients ¾ Peuvent ne pas convenir chez les personnes agitées ¾ Certains les trouvent inconfortables ou trop chaudes ¾ Peuvent limiter la mobilité et les transferts ¾ Bottes faites pour la marche : attention au risque de chute augmenté Bottes Les talonnières ¾ Inefficaces car grande surface de portance ¾ Les talonnières n’ont pas la propriété d’enlever la pression ¾ Diminuent un peu la friction et le cisaillement AUTRES AIDES UTILISÉES ¾ Les oreillers ¾ La serviette roulée sous le tendon d’Achille CONCLUSION ¾ Les talons sont un site de plaie en augmentation ¾ Ergothérapeute a sa place dans l’équipe interdisciplinaire sur les soins de plaie – Habitude de vie en lien avec la prévention et la réduction des plaies – Aides compensatoires pour la réalisation des HDV – Aides techniques pour la prévention et la réduction des plaies ¾ Peu de littérature spécifique sur l’efficacité des aides techniques ¾ Secteur avec place pour la recherche Site Internet de l’ÉCAT ¾ http://www.centreinterval.qc.ca/fr/programmes/ecat.asp