Compagnie Vita Nova Après

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Compagnie Vita Nova Après
News > "Au pied du mur sans porte", le théâtre-slam du poète Lazare
Compagnie Vita Nova
Après
« Passé, je ne sais où – qui revient », Lazare nous propose à
nouveau une pièce mêlant autobiographie et observation de notre société.
Le premier volet s’attachait aux pas de la mère, celui-ci se glisse sous la
peau du petit Libellule, un enfant qui souffre d’un « retard de l’école » et
tente de décoder ce grand monde qui l’entoure, inquiétant. C’est donc de
cela qu’il sera question : de cette dérive d’une part de la jeunesse, souvent
plus subi que souhaitée, imposée par ceux d’en haut, par cette hauteur qui
sans cesse les ramène à leur insignifiance. D’une certaine fatalité qui laisse
un choix en forme d’impasse, car toutes les voies semblent pourries
d’avance.
Il est question d’un être amputé d’une part de lui-même, d’un double mort-
né et caché, d’un noyé qui sans cesse reviendra hanté les consciences au
milieu d’une cité. Ce double sans âge, malicieusement interprété par Claude
Merlin, est l’âme de Libellule autant que son trouble, le ramenant inévitablement à son indéfectible solitude. Au pied du mur sans
porte est ainsi la métaphore de ce double qui n’est jamais venu, et de ces enfants qu’on accule à devenir des étrangers pour
eux-mêmes. Des « Français sans France ».
La « languistique » est essentielle ici, réinventée sous la plume de Lazare qui développe une nouvelle forme de parler, plus
sensitif, plus imagé, comme prêt à s’envoler pour éviter la crasse des banlieues noires. Un phrasé tantôt haché et lourd, tantôt
accéléré dans un slam viscéral qui crache la poésie des rues avec l’énergie des condamnés. La mise en scène reprend cette
tension un peu foraine où tout s’entremêle : Les musiciens de Fantazio apportent leurs drôles d’objets sonnant et trébuchant
sur le plateau et les comédiens leur gouaille titi banlieusarde.
La mise en scène est elle même mouvante, suivant des tonalités d’humeur variable, sombre lors de la première apparition du
double de Libellule, ironiquement clichée quand la police s’en mêle, très cabaret quand le jambon – Yohann Pisiou (à dévorer
dans sa petite tenue rouge satin) vient narguer Libellule.
Pièce à la fois noire et bigarrée, intime et publique, irrévérencieuse et pourtant à la mémoire de, Au pied du mur sans porte est
riche et diverse, à l’image de la société populaire qu'il décrit, et aussi sans doute de son auteur.
Marion Oddon
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