Question : Est-il permis à la femme d`être nommée Mouqadem dans

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Question : Est-il permis à la femme d`être nommée Mouqadem dans
Question : Est-il permis à la femme d’être nommée Mouqadem dans la Tariqa
Tidjaniya ?
Concernant votre question sur le Taqdim pour les femmes, cela a été en effet l’objet d'avis
divergents. Certains l'interdisent, d'autres le permettent, mais en limitant leurs rôles aux femmes
et d'autres encore le permettent aux hommes et aux femmes sans aucune condition.
La divergence porte surtout sur le fait qu'il ne semble pas exister de cas clair et précis d'une
femme nommée à cette fonction du temps de Seïdina Ahmed Tidjani (qu'Allah sanctifie son
précieux secret). Il y a pourtant bel et bien une allusion que l’on retrouve dans un courrier écrit par
Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) dont le scribe fut Sidi Mohamed ibn
Mechri (qu’Allah l’agrée). Dans ce courrier, il salue avant tout un groupe de disciples de Fès et
parmi eux une femme, voici le passage en question : « […] notre écrit est adressé à nos aimés, à
ceux qui nous sont les plus chers, détenteur des qualités pures et des états resplendissants, notre
aimé sincère et notre véritable ami Sidi Hajj Taïeb Qabab, notre aimé son fils Abou Abdallah Sidi
Mohamed ainsi que ses enfants, et la pure, éminente et noble dame, la Mouqadima Fatima […] »
(cf. Kachf el hijab : le Mouqadem Sidi Hajj Taïeb Qabab.)
En ce qui concerne les compagnons de Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux
secret), il n’y a que son grand compagnon Sidi Mohamed El Hafidh Chinguitti (qu'Allah l'agrée) et
qui a été éduqué de ses nobles mains bénies durant deux années consécutives, qui a désigné son
épouse à la fonction de Mouqadem. Elle était une femme sainte célèbre pour son Ouverture et
elle faisait partie des dix Mouqadem qui lui étaient permis de désigner. Cela ne signifie pas que
d’autres parmi eux ne l’ont pas fait, mais il n’y a pas de trace précise contrairement à ce dernier.
De même, Cheikh ‘Omar Foutiyou (qu’Allah l’agrée) a désigné sa fille aînée la pieuse et
Connaissante en Allah Fatima Madaniya à cette fonction.
Parmi les savants et sommités qui ont désigné des femmes Mouqadem il y a aussi le célèbre Alfa
Hachim el Fouti qui vécut à Médine et qui y mourut. Il désigna dans cette ville prophétique bénie
une femme surnommé « Allah Hayyou », car elle s’exclamait inlassablement par ces termes, et cela
est mentionné dans Kachf el Hijab. Il y a aussi le Connaissant Cheikh Mohammed Fall qui
désigna la Sainte dame Khadidja el Qara’at et il existe d’autres cas célèbres et moins célèbres.
Pourtant certaines personnes, estimant qu’il s’agissait de cas exceptionnels pour des femmes
exceptionnelles, interdirent cette pratique avec comme argument le fait que la femme ne peut
assumer la responsabilité de l'Imama pour diriger les prières, donc par analogie ils estimèrent qu’il
n’est pas permis de nommer une femme Mouqadem.
Or l'analogie ne peut être utilisée dans ce cas, car le statut d'Imam n'a rien à voir avec le statut de
Mouqadem et puisqu’il n’existe aucune restriction, ni mention de la part de Seïdina Ahmed
Tidjani (qu'Allah sanctifie son précieux secret) ou de ses compagnons qui interdit ou limite le rôle de
Mouqadem aux hommes, nous ne pouvons décréter de notre propre chef que cela est interdit.
Dans toute la profusion d’ouvrages écrits par les savants de la Tariqa et des compagnons de
Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) jusqu’à notre époque, nulle part il
n’est fait mention dans les conditions pour le Taqdim, que cela est réservé aux hommes et interdit
aux femmes.
Cette fonction est accessible à toute personne ayant les qualités requises pour assumer cette
responsabilité qu’il soit un homme ou une femme. Dans l’une de ses réponses, Sidi Hajj Ahmed
Soukeïrij (qu’Allah l’agrée) répondit sur ce sujet en disant : « Ce qui est fermement établi auprès de
nous dans la Tariqa c’est que la femme peut devenir Mouqadem et donner l’autorisation pour les
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oraisons conformément à ce qu’à accompli Cheikh (qu’Allah sanctifie son précieux secret) et ses
représentants après lui […] » puis il ajouta peu après : « certaines d’entre elles reçurent une
autorisation absolue pour nommer des Mouqadem à celles et ceux ayant les qualités requises,
comme cela nous a été rapporté de la part de gens dignes de confiance et nous avons eu la grâce
de le constater dans certaines lettres de Cheikh (qu’Allah sanctifie son précieux secret). Il suffit
comme preuve de la validité du titre de Mouqadem des nobles dames tidjani, le fait que dans les
lettres de Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) elles furent appelées par ce titre. Par
conséquent, nous confirmons qu’il n’y a pas de condition limitant le titre de Mouqadem aux
hommes, mais cela est attribué à ceux ayant les qualités requises, et cela qu’ils soient hommes ou
femmes, vieux ou jeunes, de condition libre ou esclave […] »
D'autres estiment que cela est permis, mais qu'elle ne peut transmettre qu'aux femmes et non aux
hommes afin d'éviter toute promiscuité et tentation entre les deux sexes. Mais là encore il est
établi, comme l'a stipulé Sidi 'Arbi ibn Sa-ih (qu’Allah l’agrée) dans son « Boughiya » que Seïdina
Ahmed Tidjani (qu'Allah sanctifie son précieux secret) a transmis lui-même la Tariqa aux femmes (en
respectant les indications de la Chari'a que nous allons évoquer) et ses compagnons (qu'Allah les
agrée) on fait la même chose. Donc, à partir du moment où cela s'est fait dans un sens (c'est-à-dire
que les hommes ont transmis à des femmes) on ne peut s'appuyer sur l'argument du contact entre
homme et femme pour restreindre le rôle de Mouqadem d'une femme aux femmes seulement.
Ainsi il reste évident que rien n'empêche qu'une femme dispense le Wird que ce soit aux femmes
ou aux hommes à partir du moment où elle en a reçu l'autorisation et que sa chaîne d'affiliation
est valide. Cependant, il faut respecter les conditions de la Chari'a qui ne permet pas de contact
corporel entre les personnes de sexes opposés à part si la personne lui est illicite au mariage
(Mouhram : tel neveu, fils, oncle) et c'est ainsi qu'agissait Seïdina Ahmed Tidjani (qu'Allah sanctifie
son précieux secret). S'il en rencontrait une, il se contentait de transmettre par la parole sans
contact et il l'installait derrière lui, lui-même se couvrant le visage avec une partie de son manteau,
il répondait à leurs questions et leurs enseignait ce qu'elles avaient besoin de savoir concernant la
Tariqa.
Seïdina Ahmed Tidjani (qu'Allah sanctifie son précieux secret) avait fait mention dans les conditions
qu'il avait données à un de ses compagnons nommé Abou Salim El 'Iyachi (qu'Allah l'agrée) en le
désignant Mouqadem, de ne pas toucher la main des femmes lorsqu'il leur transmet l'autorisation
pour le Wird sauf celles lui étant interdite au mariage (Mouhram). Il faut aussi prendre en compte
qu'elle ne pourra pas assister ou diriger l'assemblée de la Wadhifa et du Heïlala des hommes et
qu'elle sera tenue à tout ce qui concerne les disciples parmi les femmes, comme accomplir ses
oraisons à voix basse. Autrement, il n’y a aucun obstacle dans la transmission, l'enseignement et
l'apprentissage des sciences de la Tariqa aux hommes, car d'une part le cas de femmes savantes
enseignants le Qoran, les Hadiths et les diverses sciences de l'Islam dans l'histoire musulmane, et
ce, jusqu'à notre époque, est connu et reconnus depuis les premiers temps.
Les compagnons et les Suivants (qu’Allah les agrée) ont tiré leurs savoirs aussi bien des hommes
que des femmes de leurs époques. Des savants renommés tels l’imam Chafi’i, Qatâda, Al-Soubkî,
Al-Dhahabî, Ibn Taymiyya, Ibn ‘Asaker, Jalaleddine Souyouti et des milliers d’autres ont tous eu
parmi leurs professeurs des femmes qui leur ont transmis leurs savoirs et octroyé une
autorisation. D’autres parts le cas de femmes ayant obtenu la maîtrise spirituelle et guidés des
hommes dans la voie de Dieu est aussi connu et le célèbre Connaissant Ibn 'Arabi el Hatimi
(qu'Allah l'agrée) fait partie de ceux qui ont été disciples de ces femmes exemplaires.
Maintenant, à notre époque-ci, nous avons connaissance de cas de femmes nommées Mouqadem
au sein de notre noble Tariqa et pour notre part nous n'avons rien à en redire si les conditions
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liées à la Chari'a sont respectées et qu’elles remplissent aussi les critères rigoureux permettant
l’accession à ce titre, tout comme cela doit l’être pour les hommes. Enfin il est bon de tenir
compte du fait que cela ne suscite point de polémique inutile, car même dans la légitimité il est
préférable de délaisser ce qui suscite la polémique au sein d'une communauté, et cela varie selon
les contextes, les coutumes et les mentalités d'un pays à un autre.
Zaouiya Tidjaniya El Koubra d’Europe
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