Entrée de saint Vincent de Saragosse au paradis
Transcription
Entrée de saint Vincent de Saragosse au paradis
Entrée de saint Vincent de Saragosse au paradis Les collections de sculptures médiévales du musée des BeauxArts recèlent plus de 200 pièces de provenances variées. Parmi celles-ci, l’iconographie de saint Vincent a retenue notre attention ce mois-ci car il est honoré le 22 janvier. Il s’agit d’un panneau en bois de noyer polychrome sculpté en bas relief, daté du milieu du XVIe siècle. Le sujet principal en est l’entrée de saint Vincent de Saragosse au paradis, mais aussi la défense par un corbeau du corps martyrisé contre l’attaque d’un loup. SAINT VINCENT DE SARAGOSSE Entrée de saint Vincent de Saragosse au paradis. 86,3 x 55,5 x 3,6 cm. Legs Béthouart en 1933 - Inv 7227 Ce diacre espagnol aragonais aurait été martyrisé à Valence en 304. Selon les auteurs, les supplices qu’il aurait enduré sont fort nombreux et bien qu’atroces, la ferveur du saint homme lui aurait permis de traverser ces épreuves jusqu’à ce qu’il soit brûlé vif. Sa dépouille, privée de sépulture, protégée par des corbeaux, aurait encore résisté à des assauts de loups affamés. Jeté et lourdement lesté dans la mer, son corps aurait flotté pour être recueilli sur le rivage où il fut chrétiennement inhumé. Son nom signifiant vainqueur, les « victoires » de sa foi l’ont rendu fort populaire, au point que plusieurs villes de divers pays (Italie, France, Portugal) pensaient posséder ses vraies reliques. L’association avec l’imagerie des corbeaux se retrouve encore dans la légende de translation de son corps sur un navire parti depuis Valence, qui échoua au sud du Portugal près d’un promontoire sacré devenu le cap SaintVincent. Ces oiseaux accompagnèrent en croassant le corps jusqu’à Lisbonne, qui prit alors pour blason un navire avec un mât portant l’image du saint accompagné de 2 corbeaux. Selon les pays, son patronage peut être en faveur des navigateurs, mais aussi comme en France, celui des vignerons et marchands de vin. Sa fête fixée en janvier, et non au moment des vendanges, marque un moment important dans la culture de la vigne. DESCRITPION DE L’OEUVRE Le saint est représenté dans son costume de diacre, avec une crosse dans la main gauche. Il a des traits juvéniles et se tient debout à l’entrée d’une grotte qui s’ouvre au milieu de rocailles dans un paysage désert. La chasuble a un décor bleu-vert composé d’un motif végétal peint, ornée d’une bordure poinçonnée de rosaces. Le revers de la chasuble est rouge, le col souligné d’un trait noir de quadrilobes en relief. La bordure de la dalmatique est ornée également de quadrilobes en relief, de cercles et de rosaces poinçonnés. Enfin, l’aube aux plis verticaux tombant à terre est parsemée de fleurs de lys peintes en blanc qui alternent avec de petits poinçons. Sur la tiare et sur le revers de la chasuble subsistent de courtes pointes de bois qui maintenaient probablement des petites perles disparues. Sur la partie droite, les corbeaux font partie de son iconographie, mais le loup est quelque peu transformé en animal fantastique. Ce panneau est à rapprocher d’un autre bas-relief provenant du même retable et présenté à côté, celui du martyr du saint.