Santo Estevo et son Parador [brochure]

Transcription

Santo Estevo et son Parador [brochure]
LE MIROIR DES TEMPS
SANTO
ESTEVO
Et Son Parador
« Chemin blanc, vieux chemin,
inégal, pierreux et fin,
où l’écho du ruisseau bouillonnant
résonne paisiblement… »
Rosalía de Castro
C
es sacro-saintes berges naquirent et se formèrent il y a fort
longtemps : leurs origines confuses mais non erronées,
remontent à l’époque médiévale. Avant, très longtemps avant, à l’aube de
l’Histoire, presque toutes ces Galices furent habitées par des tribus celtes
qui, à leur manière, possédaient des cultures, des langues et même des
technologies – cuivre, fer, étain – très avancées et audacieuses pour une
époque à lisière de l'Histoire. Ils pratiquaient des religions, avaient des
lois, des langues et des coutumes similaires.
Ils vivaient dans de petits hameaux appelés « castros » (fortifications)
régis par des règles, des hiérarchies sociales, politiques, religieuses et
culturelles : ils étaient guerriers seulement par nécessité défensive… et
cherchèrent leurs meilleures défenses dans les endroits les plus reculés et
les plus inaccessibles.
Jusqu’à l’arrivée des envahisseurs romains munis d’armées toutes
puissantes capables de ravager tribus, terres, cultures et coutumes… mais
qui, amenèrent avec eux en même temps lois, œuvres publiques,
urbanisme et autres nouveautés alors inconnues sur ces terres ibériques.
Au début du XIIe siècle, la « Rivoyra Sacrata » allait être confirmée
comme telle, lorsque Doña Teresa de Portugal voulut marquer les
possessions du tout nouveau monastère de Montederramo, dans un
document signé et scellé dans la belle Villa de Allariz.
Le voyageur doit se souvenir que cet endroit fut, pendant très longtemps,
un lieu de référence obligée en ce qui concerne les ermitages et monastères
de tout genre ; les berges du fleuve Sil accueillirent ces constructions,
fruits des fondations ayant été patronnées par San Martin Dumieuse et
San Fructuoso de Braga, au VIe siècle.
Ermitages et monastères surent choisir les lieux les plus appropriés et les
plus reculés pour la méditation et le nécessaire recueillement mystique.
Epoques nouvelles, habitudes nouvelles : finalement, une grande partie
des monastères de la « Ribeira Sacra » (rive sacrée) suivirent les règles
bénédictines.
Le Chemin de Saint-Jacques, balisé par les hautes hiérarchies orthodoxes
clunisiennes dans un codex, mais aussi bien signalisé et pourvu d’hôpitaux
et d’auberges, apporte dans son flux pèlerin – entre autres choses – le goût
de l’art roman qui avait déjà commencé à se matérialiser en Catalogne et
en Aragon. Les échantillons de cette architecture sont les monastères de
Roncevaux, San Salvador de Leyre, San Millan de la Cogolla et bien
d’autres. Les églises sont généralement rectangulaires ; les colonnes
romanes galiciennes, assises sur l'idée de pauvreté, sont plus en rapport
avec les préceptes clunisiens. Pauvreté due aux dévastations normandes,
aux soulèvements des nobles contre les rois des Asturies et de León, et aux
occasionnelles incursions arabes qui teignent l’atmosphère d’une misère
SANTO ESTEVO ET SON PARADOR
1
tangible. Le paradigme roman clunisien, qui bientôt simplifie et allège
l’ordre de Cîteaux, est l’art des initiés. L’expressivité exagérée de ses
images ornées de frises et de chapiteaux constitue – selon l’opinion des
moines – un traité de théologie chargé de significations occultes qui, au
long des siècles, sont passés inaperçues, considérées comme de simples
caprices esthétiques.
Entre les murs bénédictins du XIe siècle, dans les cloîtres cisterciens du
XIIe, dans les bibliothèques, dans le réfectoire et dans le jardin des
monastères franciscains et dominicains fleurirent arts et sciences. Les lieux
de retraites se peuplèrent de spécialistes en astronomie, en médecine,
géométrie, mathématiques et évidemment d’ humanistes. Le monastère
disposait d’une officine. Moines et Juifs, experts en médecine, formaient
dans la société médiévale, encore tolérante, le noyau fort des métiers de
l’art et de la science.
Un peu plus tard, entre le XIVe et le XVe siècle, ces pouvoirs monacaux
subirent une profonde crise économique et religieuse dont elles mirent du
temps à se remettre.
Au XIXe siècle, le désamortissement (vente des biens du clergé) de
Mendizabal entraîna la fermeture d'une grande partie de ces monastères
de la « Ribeira Sacra », comme d’ailleurs ce fut le cas dans toutes les
régions d’Espagne.
LA SAINTE COMPAGNIE : SECRÈTES
PROCESSIONS D’ÂMES EN PEINE
’est inévitable :
pratiquement tous les
endroits de Galice sont
imprégnés d’innombrables
légendes et de superstitions
variées.La Sainte Compagnie est
le royaume des morts-vivants.
Ce sont des âmes en peine qui
errent en silence dans les nuits
enveloppées de brouillard. Une
sorte de prémonition de la mort.
C
Personne ne sait quand ni où se
présente cette curieuse
procession. Elle est formée par
deux rangées, d'êtres aux mains
froides et aux pieds nus,
enveloppés dans des suaires.
En tête de ce redoutable groupe,
un être vivant : il porte toujours
une croix et un chaudron rempli
d’eau bénite. Chaque spectre
porte une lumière invisible pour
les vivants. Il n’y a que l’odeur
de la cire et peut-être une légère
brise qui révèlent le passage de
cette procession de spectres.
Le porte-parole de la croix ne
peut, en aucun cas, regarder
derrière lui, ni renoncer à sa
charge. Il est délivré seulement
quand il rencontre un autre
humain qui prend la relève.
On affirme que le meneur de la
procession perd la mémoire : il
ne peut pas se souvenir, durant
la journée, de ce qui s’est passé
la nuit précédente.
Si jamais le voyageur rencontre
cette curieuse procession, on lui
recommande fortement de
passer son chemin sans regarder
l’étrange Compagnie ni même se
laisser voir : on lui suggère de
faire un cercle avec l’étoile de
Salomon, ou une croix à
l’intérieur, et de passer dedans.
De porter sur soi des scapulaires,
des objets sacrés, des gousses
d’ail et des châtaignes. Et si
c’est nécessaire de s’allonger sur
le ventre et d’attendre que la
Sainte Compagnie passe audessus de son corps. C’est, diton, une recette infaillible.
SANTO ESTEVO ET SON PARADOR
2
PARADOR DE SAN ESTEVO ET SON
BELVÉDÈRE SUR LES RIVIERES ET
LES MONTAGNES
« Jusqu’au milieu du XIIIe siècle au moins, la cour était
remplie de Galiciens. Ils occupaient les postes politiques
principaux. Les nobles allaient régulièrement en Galice
chercher leurs épouses. Et ils y émigraient facilement… ».
(Histoire de Galice, Ramon Villares)
e Parador est baigné par le Sil avec l’aide du Miño et les
alentours de la ria atlantique, presque déjà marins, se
confondent en une sage symbiose avec les côtes atlantiques
portugaises ; car pratiquement tous les environs ont des coutumes
identiques. En tout, ou presque tout.
C
A tout juste 28 km de Orense, à Entrevalles – commune de Nogueira de
Ramuin et berceau de rémouleurs et de marchands de parapluies – se
dresse, majestueux parmi la végétation, le monastère de San Estebo de
Ribas do Sil.
De tous les monastères qui forment la Ribera Sacra, c’est le plus grand
et le mieux conservé.Le monastère, aujourd’hui Parador, tourne son
visage vers l’endroit où confluent le Miño et le Sil.
L’édifice fut déclaré monument historique et artistique en 1923 ; et
aujourd’hui le Parador dispose de 74 chambres. Certaines d’entre elles
furent des dépendances du couvent et sont situées autour des trois
cloîtres. De n’importe quelle chambre, la vue est magnifique. Elles
donnent toutes soit sur les canyons du Sil, soit sur les forêts de
châtaigniers qui peuplent la région.
fêtes régionales. Et le langage est si volontiers mélangé qu’il est
parfaitement réversible car il est presque pareil d’être Galicien,
Espagnol ou Portugais. Les frontières peuvent s'oublier ici.
Comme le voyageur a déjà pu le constater, il s'agit d'un lieu privilégié
qui peut se vanter d’être l’un des plus beaux et des plus spectaculaires
de toute la péninsule ibérique.
Le monastère a su devenir l’un des Paradors les plus nobles et les plus
grandioses de tous. Ses premières pierres de taille datent du VIe siècle,
quand la Ribeira Sacra était parsemée d’ermitages. Puis au Xe siècle, il
sera agrandi et rénové. Et à partir du XVIe siècle, il baignera dans la
splendeur pour tomber en ruines avec la vente des biens du clergé…
A présent, il récupère l’excellence de son passé et la promesse de son
futur.
Le portail de la façade de ce monastère est soutenu par deux colonnes.
On peut y voir des niches où trônent les représentations des Bénédictins
sanctifiés et un balcon aux blasons du couvent.
Son cloître, couronné d’une superbe voûte gothique, impressionne le
voyageur le plus sceptique : une quarantaine d’arcs supportent des
colonnes doubles. Quant au retable, incrusté au premier étage, il est du
plus beau style Renaissance.
En 1836, la Vente des biens du clergé entraîne l’abandon de ces
monastères par la dernière communauté bénédictine. A ce qu’il semble,
les biens de la communauté seront confisqués et éparpillés par différents
diocèses, mais très souvent aussi par des curés et des paroissiens qui
vendaient, à bas prix, des images, des ostensoirs, des crucifix, des orgues
et autres joyaux sacrés ou sacro-saints.
Le Parador dispose aussi de salles pour banquets, de restaurants et de
jardins et juste à côté, de mystérieuses forêts réservent d’agréables
surprises.
Dans le beau restaurant de ce Parador, on organise vers la mi-juillet, des
« Journées de la cuisine des saveurs » où la meilleure gastronomie
galicienne fait le délice des palais les plus raffinés.
Le voyageur logé dans ce Parador pourra profiter également d’un climat
privilégié, d’un artisanat original et d’une gastronomie exquise… et de
SANTO ESTEVO ET SON PARADOR
3
Sur les borde du sil
« J’ai eu une vision physique de la Galice, comme un songe
de l’imagination : celle d’une longue main de terre obscure
tendue sur les eaux vagabondes, et dans le creux de la main,
des herbes aussi vertes que le blé, nées dans le sillon de la vie
et de la fortune »
Álvaro Cunqueiro
l faut commencer par le commencement : San Pedro de Rocas est
l'église la plus ancienne de Galice, à quelques pas du monastèreparador où le voyageur est logé, tout en bas du mont Barbeiron.
Ce fut le lieu de méditation et de retraite de véritables ermites mystiques
qui s’éloignèrent volontairement de la vie mondaine à la recherche de la
vérité suprême à travers le jeûne, la méditation et l’ascétisme.
I
Ces pionniers anachorètes, non christianisés, jouirent de l’air de la
montagne et de ses grottes jusqu’à ce qu’en 573, sept peuplades
germaniques transformassent ces bosses en temple.
Du temple, on conserve le frontispice. Le sol en forme de croix grecque est
un legs évident de la culture byzantine. L’influence byzantine est évidente
aussi dans certains de ses chapiteaux qui alternent avec d’autres de style
roman.
L’architecture de la toiture, en voûte de canon surmontée d'une sorte de fer
à cheval, est une anticipation du style des Asturies. La réforme la plus
importante fut menée à terme au Xe siècle et révèle un style renaissance
hispano-wisigoth, bien que le clocher soit du XVe et le reste du XVIIe.
Le charme sauvage des origines perdure malgré les nombreuses
reconstructions, et le voyageur peut admirer la tour du campanile, qui est
un monolithe, et constater que les sépultures sont anthropomorphes, surtout
quand il se trouve dans l’une de ses chapelles creusées dans la roche et
baignée par la lumière qui, de la cime, se répand sur la montagne.
Du monastère rupestre, nous nous dirigeons vers Xunqueira de Espadanedo.
Les moines de Montederramo, dont nous visiterons plus tard l’insolite
monastère, fondèrent ce lieu en 1170, l’un des premiers avec son proche
frère aîné, à faire partie de l’ordre de Cîteaux. L’ensemble architectural
accueille le visiteur par une façade néoclassique, élégante, équilibrée et le
conduit vers un cloître style Renaissance, totalement restauré, qui conserve
certaines parties du XVIe. Les fenêtres de la nef romane primitive méritent
une admiration particulière.
Nous passerons par le barrage de Edrada où nous verrons le pont de style
roman sur la rivière Mao. Le culte à Notre-Dame est perceptible dans les
nombreuses Saintes Maries que nous trouvons le long de cette berge : c’est
une image introduite par les premiers moines qui, dans leur désir d’union
avec la terre, récupérèrent la figure de La Sainte Mère jusqu’alors décriée
par les autorités de Rome. Une véritable prouesse dans un système dont
l’idéal de sainteté passait par un mépris absolu envers toute exaltation de la
femme.
Santa Maria de Montederramo est une fondation de Doña Teresa de
Portugal qui date du milieu du XIIe. Dans ce qui reste aujourd'hui, on
devine les grandes espérances que ses fondateurs avaient déposées en elle.
En effet, elle devint un centre rayonnant de culture et d’études de l’ordre, et
elle possédait une grande partie de la région.
Les bâtiments, qui souffrirent lors de la Vente des biens du Clergé,
conservent d’importantes réussites artistiques : le cloître des Médaillons,
avec des arcs en plein cintre posés sur des colonnes ainsi que les médaillons
eux-mêmes qui alternent figures bibliques et monarchiques. L’autre cloître
est d’une beauté originale, favorisée par les tympans ajourés des arcs en
plein cintre. Quand on s’arrête devant la façade signée par Juan de Herrera
en personne, et qu’on admire le grand autel baroque, réalisé par Mateo de
Prado, on voit bien qu'à cette époque-là, les prétentions et l’appui de
l’autorité étaient manifestes.
Promenons-nous au bord du Sil avant que son cours, en serpentant, ne
débouche sur le Miño. Là, à Parada de Sil, se dresse le monastère de Santa
Cristina, dissimulé par la végétation. Les randonneurs ont dessiné au milieu
de la forêt de châtaigniers, des sentiers sûrs qui le relient à pied à San
Estevo. Santa Cristina est un joyau saisissant et presque intact, de l’art
roman ; et cependant, il n’a sans doute pas reçu les louanges méritées qui
lui auraient valu le titre de monument national historique. A l’exception du
cloître, où l’on reconnaît les interventions de style Renaissance, l'ensemble
et la façade sont des archivoltes en plein cintre : la rosace, le toit en bois et
le plan de la nef unique sont des témoignages du style roman primitif du
IXe siècle.
Après un repos nécessaire au Parador, le voyageur aura peut-être encore le
désir et la force d’aller visiter, un jour ou l'autre, cette demi-douzaine de
monastères anciens qui restent à voir en allant vers le nord.
Tous recommandables mais à choisir en fonction de ses goûts. Tous, les plus
modestes comme celui de San Miguel de Eire, ont été fondés par un
membre de la noblesse. Dans le cas de ce dernier, c'est Doña Ordoñez qui
voulut ainsi réparer ses fautes passées et donner un abri aux âmes
consacrées à Dieu. Le monastère de Santa Maria, le plus grand et le plus
proche du Parador, est le seul où les religieuses bernardines sont cloîtrées.
Au sein de cette communauté on vénère, comme une sainte, la comtesse
Doña Fronilda de Lemos qui régenta le lieu comme abbesse, jusqu’à sa
mort.
En amont du Miño, on peut voir San Estevo de Atan, San Paio de Diomendi
et San Estevo de Ribas de Miño qui gardent des secrets mystiques entre
leurs grosses pierres de granit.
MUSIQUES GASTRONOMIQUES
« Le chevalier du Vert Gaban convia toute cette joyeuse
compagnie à passer à table. Et tandis que la maîtresse de
maison disposait les nappes, le chevalier et ses amis goûtèrent
le vin qui était un Chantada tout à fait correct… »
Cervantes
P
resque tous les alentours bénéficient de climats privilégiés,
favorables à des cultures suffisantes et même abondantes :
légumes, les meilleurs de la péninsule, truites qui dans ces rivières se
laissent encore pêcher, et excellentes vignes qui donnent un vin aux
saveurs singulières…
Poulpes et « empanadas » (chaussons farcis) en veux-tu en voilà ! «
Vieiras » (coquilles Saint-Jacques), chorizo… et tant d’autres choses
encore. Durant la fête de la empanada de Chantada – tout près du
Parador –, l'hôte est vite adopté.
Près de la Ribeira Sacra tout le monde est généreux.
Dans ses environs, en plus des truites, il y a beaucoup de poissons d’eau
douce abondants et excellents. Comme par exemple, les anguilles qu’on
mange frites, en « empanadas » ou même en tortillas.
Mais il y a surtout le « pulpo a feira » qui est un mets bien particulier.
Les caractéristiques de la cuisine galicienne résident dans sa variété, sa
simplicité et son aspect traditionnel. Viandes, poissons, légumes et fruits
de mer se distinguent dans toute la gastronomie galicienne qui joue à
combiner les saveurs de la terre, de la mer et de la rivière en imprimant
son cachet personnel dans chaque province. Et Orense ne pourra pas être
en reste : son excellente carte varie selon les saisons.
pour son exquise simplicité.
On invite le voyageur à commander, dans un restaurant quelconque, un
plat d’anguilles, qui, ici, sont aussi petites que savoureuses ; ou encore des
« empanadas de vieiras, de carnes, de pulpo » (chaussons de coquilles
Saint-Jacques, de viande ou de poulpe). Et à goûter à tout ce qu’on vous
recommandera.
Partout le plat du jour sera aussi bon qu’abondant : le « botillo » (du
Bierzo) (plat de viande aux pommes de terre et aux choux), les « patatas
cachelos » (pommes de terre cuites de la région) ; ou aussi les « percebes »
(pouce-pied). Et de vraies truites… et des mollusques et des fruits de mer
qui n’ont jamais manqué et ne manqueront jamais…
Pour les mois les plus froids qui commencent en novembre, le proverbe dit
« Con San Martiño, mata el pobre su cochino » (« A la Saint Martin, le
pauvre tue son cochon ») et on signalera le fameux « Lacon con grelos »,
plat complet qui remplit notre ventre de viande de porc, légumes, pommes
de terre et chorizo.
A l’approche de Noël, le plat typique de ces jours de fête est le chapon :
c’est un poulet fermier, qui doit la tendresse de sa chair au fait d’avoir
été castré à 4 mois avant d’être engraissé. On le sert généralement farci de
viande et de charcuterie et on l’arrose d’un bon Albariño.
Les viandes sont variées, mais la plus exquise est le veau, car il a été bien
élevé avec amour. Quant aux poissons, on ne doit pas oublier de citer le
bar (lubina), le mérou (mero), le colin (merluza) et le turbot (rodaballo).
Parmi les fruits de mer, le plus apprécié, et qui vient des côtes voisines est
le pouce-pied (percebe). Mais il y a aussi les araignées de mer (centollas)
et les étrilles (nécoras). En Galice, le roi des fruits de mer est le poulpe,
plat typique de tous les mois de l’année : il mérite une mention spéciale
SANTO ESTEVO ET SON PARADOR
5
LA RECETTE SECRÈTE
Il y a de délicieux plats galiciens plus élaborés, mais il n’y a rien de plus
modeste et de plus captivant qu’un bon poulpe. Le poulpe « a feira » ne se
compose de rien d’autre que du fameux mollusque, d’huile d’olive, de
paprika fort et de gros sel. La réussite de ce mets exquis réside dans le
choix et la cuisson du poulpe. Il doit être frais et vidé. L’idéal est de le
laisser au moins un jour au congélateur, dans un sac plastique.
Selon les spécialistes, quand on le sort du congélateur, il est préférable de
le cuire dans une casserole en cuivre ; mais si on n’en a pas, la solution est
de mettre un oignon entier dans une casserole normale. Quand l’eau bout,
environ trois litres, on plonge d’abord trois fois de suite le poulpe avant de
l’introduire totalement, comme quand on veut ramollir un légume sec. Le
temps de cuisson dépend de sa taille, mais pour vérifier, il est conseillé de
le piquer avec un bâtonnet. Quand on l’a retiré du feu, on le laissera
reposer un bon quart d’heure afin que la peau ne se détache pas quand on
le découpe. Une fois qu’il est égoutté, on ajoute, dans cet ordre, le sel, le
paprika fort, qu’on peut mélanger à du doux, et finalement l’huile. Il vaut
mieux le servir bien chaud sur une assiette en bois et si en plus, on ajoute
quelques bonnes pommes de terre cuites de la région, les « cachelos », on
pourra déguster un plat authentique.
Pour dessert, n’oublions pas la variété de fromages frais, l’exquise
élaboration de la pâtisserie et, à l’époque du carnaval, les « artesanas
filloas » (sorte de crêpes maison) sucrées ou salées.
Il est impossible de ne pas mentionner les bons bouillons du pays, et les
vins, surtout ceux du sud de la Galice. Le voyageur le sait, les trois vins
d’appellation d’origine sont : Rias Baixas, Ribeiro et Valdehorras ; pour le
poulpe, on conseille n’importe quel vin blanc.
Vins Consacrés
La région de la Ribeira Sacra peut se vanter, dans ses 19 municipalités
réparties entre Lugo et Orense, d’excellents vignobles jumelés avec des
églises du plus pur style roman : aux alentours de Amandi, Chantada,
Quiroga, Ribeiras do Miño…
PROMENADES DANS LES
COINS RECULÉS D’ORENSE
C
es sud-ouest frontaliers galiciens-portugais chargés d’histoire, de
fables et de légendes offrent tant de choses appétissantes que le
voyageur néophyte aura bien du mal à faire son choix.
Dans toutes ces régions frontalières, on sera sans cesse surpris par
d’agréables coïncidences, bien qu’on sache qu’elles sont indissolublement
jumelées par la culture, la langue, les coutumes et la gastronomie.
Puisque le voyageur est arrivé jusqu’ici, on lui conseille de ne pas perdre
l’occasion de visiter le pays frère et frontalier. Ses habitants excessivement
aimables montrent leurs qualités sans jamais cacher leurs défauts.
Dans cette région, on traverse également le « Camino Real » (chemin royal)
où, dit-on, on peut entendre les hurlements du « Lobishome » ou « Home
de Unto », une espèce d’homme-loup, si invisible, qu’il deviendra peut-être
un jour une espèce protégée.
Le Parador suggère d’excellentes alternatives adaptées à vos goûts et à vos
loisirs.
La présence des habitants qui vivaient dans ces régions remonterait à 1500
ans : la région conserve des ponts, des « pazos » (manoirs), des églises, des
« cruceiros » (croisées) et des châteaux pourvus de reliques nombreuses et
uniques d’un mystérieux passé.
Le Galicien Fernando Acuña, professeur d’archéologie, a publié une brève
mais excellente étude sur El arte castreño del noroeste (L’art des
fortifications du nord-ouest) dans laquelle il démontre que déjà, à l’âge du
bronze, il existait, dans la région, des fortifications (« castros ») habitées
depuis le VIIe siècle avant J.-C. Même si l’essentiel de la culture liée aux
fortifications remonte plutôt à la domination romaine.
ORENSE CAPITALE
Les raisins de ces vignes en terrasse produisent des vins d’excellente
qualité. Parmi les vins rouges, les meilleurs sont les Mencia, Breuceallo,
Merenzao et Caiño.
Les cépages les plus appréciés sont ceux de Loureira, Teixadura, Godello,
Doña Branca, Albariño et Torrontés.
Comme on se doute bien que le voyageur est rassasié de tant de lieux
saints, de prière et de recueillement, et qu’il souhaite à présent la
compagnie, les rues, et les lieux où on lève la voix et le verre, nous lui
recommandons une promenade jusqu’à cette capitale de Province.
Si le voyageur prend, pour s’y rendre, la nationale 120 qui longe le Miño, il
sera reçu par l’un des monuments les plus anciens et les plus précieux : le
pont roman – bien qu’il n’en reste que le soubassement et la lumière de ses
arches. Les véhicules ne l’empruntent plus depuis l’inauguration du pont
du « Milenio ». Un peu plus loin, vous vous trouverez dans la partie la plus
verte de la ville, le « Campo dos remedios » (le Champ des remèdes), situé
entre le sanctuaire de Fatima et la « Alameda de Crucero ».
Sans désir de l’amoindrir – ni en taille ni en importance – Orense n’est pas
grande. Et on conseille au voyageur d’abandonner sa voiture et de
parcourir l’ancienne ville à pied pour voir ce que ses fondateurs romains, en
plus du pont, ont laissé comme traces : cloaques, pierres avec inscriptions,
pierres d’autel et lavoirs du Miño. Sans même y songer, le voyageur qui
prend la route de la Alameda, se retrouvera sur « Las Burgas », un autre
des lieux clés d’Orense qui depuis longtemps offre ses eaux thermales à ses
habitants.La Plaza Mayor, dans laquelle des vies se croisent, réjouira
certainement celui qui la voit pour la première fois. L’arcade qui soutient
son étonnante construction, produit un dénivellement de l’emplacement par
la coupe transversale. L’architecture de la « casa consistorial » (l’hôtel de
SANTO ESTEVO ET SON PARADOR
6
ville) du XIXe est sans doute la plus remarquable, même si les autres
façades – de style moderniste ou baroque – ne sont pas moins belles.
Durant les saisons où le froid n’est pas trop violent, les arcades se
remplissent de terrasses et il n’y a pas d’endroit plus agréable pour passer
l’après-midi.
Les canyons du Sil :
Route des monastères : un ensemble ramassé et surprenant de singuliers
monastères situés dans des paysages saisissants et reculés.
Ou si le voyageur préfère, il peut faire de l’équitation…
Le musée archéologique qui se trouve tout près d’ici n’est pas trop grand,
donc les fonds ne le sont pas non plus. Cependant, le voyageur pourra
apprécier des pièces d’art roman et d’art « castreño ».
Règles et coutumes romaines : « caldarium », « tepidarium » et «
frigidarium ». Strabon avait déjà rendu compte du fait qu’à l’époque «
prendre des bains de vapeur était une coutume habituelle ».
Si le voyageur a du temps et de la curiosité, il pourra admirer de
remarquables et originales têtes sculptées sur pierre ainsi que des « torques
» (colliers en or) au musée provincial de Lugo ou un « triskel de
Castromao », sorte de fenêtre hélicoïdale au musée archéologique
d’Orense. Mais aussi des diadèmes et d’innombrables pièces décoratives ou
utilitaires, dans toute la région.
Si vous désirez entamer une promenade ou une excursion, cet
établissement est un excellent point de départ : on vous y indiquera des
itinéraires variés et intéressants.
Ecole de Voile sur les berges du Miño.
Stations balnéaires comme celle de Baños de Molgar dont les eaux sont
miraculeuses.
Et d’autres routes encore : Pombar-Rebor où les chemins médiévaux sont
parsemés de restes de l’époque préromane.
La route des Framontanos : on peut y voir de très singuliers pétroglyphes
réfugiés dans l’épaisseur des bois.
Mais aussi de la randonnée, des promenades fluviales à bord de
catamarans et des chasses à courre de gros ou petit gibier…
Sans oublier des promenades moins aventureuses dans des lieux aussi
agréables que Ourense, Carballino, Ribeiro, Celanova, Allariz, Verin,
Trives. Et tant d’autres endroits surprenants.
Mais le plus raisonnable
Parador de Santo Estevo
Monasterio de Santo Estevo. 32162 Nogueira de Ramuín (Ourense)
Tel.: 988 010 110 - Fax: 988 010 111
e-mail: [email protected]
Centrale de Reservations
Requena, 3. 28013 Madrid (España)
Tel.: 902 54 79 79 - Fax: 902 52 54 32
www.parador.es / e-mail: [email protected]
wap.parador.es/wap/
Text: Juan G. D’Atri and Miguel García Sánchez Design: Fernando Aznar
SANTO ESTEVO ET SON PARADOR
7

Documents pareils