Santo Estevo et son Parador [brochure]
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Santo Estevo et son Parador [brochure]
LE MIROIR DES TEMPS SANTO ESTEVO Et Son Parador « Chemin blanc, vieux chemin, inégal, pierreux et fin, où l’écho du ruisseau bouillonnant résonne paisiblement… » Rosalía de Castro C es sacro-saintes berges naquirent et se formèrent il y a fort longtemps : leurs origines confuses mais non erronées, remontent à l’époque médiévale. Avant, très longtemps avant, à l’aube de l’Histoire, presque toutes ces Galices furent habitées par des tribus celtes qui, à leur manière, possédaient des cultures, des langues et même des technologies – cuivre, fer, étain – très avancées et audacieuses pour une époque à lisière de l'Histoire. Ils pratiquaient des religions, avaient des lois, des langues et des coutumes similaires. Ils vivaient dans de petits hameaux appelés « castros » (fortifications) régis par des règles, des hiérarchies sociales, politiques, religieuses et culturelles : ils étaient guerriers seulement par nécessité défensive… et cherchèrent leurs meilleures défenses dans les endroits les plus reculés et les plus inaccessibles. Jusqu’à l’arrivée des envahisseurs romains munis d’armées toutes puissantes capables de ravager tribus, terres, cultures et coutumes… mais qui, amenèrent avec eux en même temps lois, œuvres publiques, urbanisme et autres nouveautés alors inconnues sur ces terres ibériques. Au début du XIIe siècle, la « Rivoyra Sacrata » allait être confirmée comme telle, lorsque Doña Teresa de Portugal voulut marquer les possessions du tout nouveau monastère de Montederramo, dans un document signé et scellé dans la belle Villa de Allariz. Le voyageur doit se souvenir que cet endroit fut, pendant très longtemps, un lieu de référence obligée en ce qui concerne les ermitages et monastères de tout genre ; les berges du fleuve Sil accueillirent ces constructions, fruits des fondations ayant été patronnées par San Martin Dumieuse et San Fructuoso de Braga, au VIe siècle. Ermitages et monastères surent choisir les lieux les plus appropriés et les plus reculés pour la méditation et le nécessaire recueillement mystique. Epoques nouvelles, habitudes nouvelles : finalement, une grande partie des monastères de la « Ribeira Sacra » (rive sacrée) suivirent les règles bénédictines. Le Chemin de Saint-Jacques, balisé par les hautes hiérarchies orthodoxes clunisiennes dans un codex, mais aussi bien signalisé et pourvu d’hôpitaux et d’auberges, apporte dans son flux pèlerin – entre autres choses – le goût de l’art roman qui avait déjà commencé à se matérialiser en Catalogne et en Aragon. Les échantillons de cette architecture sont les monastères de Roncevaux, San Salvador de Leyre, San Millan de la Cogolla et bien d’autres. Les églises sont généralement rectangulaires ; les colonnes romanes galiciennes, assises sur l'idée de pauvreté, sont plus en rapport avec les préceptes clunisiens. Pauvreté due aux dévastations normandes, aux soulèvements des nobles contre les rois des Asturies et de León, et aux occasionnelles incursions arabes qui teignent l’atmosphère d’une misère SANTO ESTEVO ET SON PARADOR 1 tangible. Le paradigme roman clunisien, qui bientôt simplifie et allège l’ordre de Cîteaux, est l’art des initiés. L’expressivité exagérée de ses images ornées de frises et de chapiteaux constitue – selon l’opinion des moines – un traité de théologie chargé de significations occultes qui, au long des siècles, sont passés inaperçues, considérées comme de simples caprices esthétiques. Entre les murs bénédictins du XIe siècle, dans les cloîtres cisterciens du XIIe, dans les bibliothèques, dans le réfectoire et dans le jardin des monastères franciscains et dominicains fleurirent arts et sciences. Les lieux de retraites se peuplèrent de spécialistes en astronomie, en médecine, géométrie, mathématiques et évidemment d’ humanistes. Le monastère disposait d’une officine. Moines et Juifs, experts en médecine, formaient dans la société médiévale, encore tolérante, le noyau fort des métiers de l’art et de la science. Un peu plus tard, entre le XIVe et le XVe siècle, ces pouvoirs monacaux subirent une profonde crise économique et religieuse dont elles mirent du temps à se remettre. Au XIXe siècle, le désamortissement (vente des biens du clergé) de Mendizabal entraîna la fermeture d'une grande partie de ces monastères de la « Ribeira Sacra », comme d’ailleurs ce fut le cas dans toutes les régions d’Espagne. LA SAINTE COMPAGNIE : SECRÈTES PROCESSIONS D’ÂMES EN PEINE ’est inévitable : pratiquement tous les endroits de Galice sont imprégnés d’innombrables légendes et de superstitions variées.La Sainte Compagnie est le royaume des morts-vivants. Ce sont des âmes en peine qui errent en silence dans les nuits enveloppées de brouillard. Une sorte de prémonition de la mort. C Personne ne sait quand ni où se présente cette curieuse procession. Elle est formée par deux rangées, d'êtres aux mains froides et aux pieds nus, enveloppés dans des suaires. En tête de ce redoutable groupe, un être vivant : il porte toujours une croix et un chaudron rempli d’eau bénite. Chaque spectre porte une lumière invisible pour les vivants. Il n’y a que l’odeur de la cire et peut-être une légère brise qui révèlent le passage de cette procession de spectres. Le porte-parole de la croix ne peut, en aucun cas, regarder derrière lui, ni renoncer à sa charge. Il est délivré seulement quand il rencontre un autre humain qui prend la relève. On affirme que le meneur de la procession perd la mémoire : il ne peut pas se souvenir, durant la journée, de ce qui s’est passé la nuit précédente. Si jamais le voyageur rencontre cette curieuse procession, on lui recommande fortement de passer son chemin sans regarder l’étrange Compagnie ni même se laisser voir : on lui suggère de faire un cercle avec l’étoile de Salomon, ou une croix à l’intérieur, et de passer dedans. De porter sur soi des scapulaires, des objets sacrés, des gousses d’ail et des châtaignes. Et si c’est nécessaire de s’allonger sur le ventre et d’attendre que la Sainte Compagnie passe audessus de son corps. C’est, diton, une recette infaillible. SANTO ESTEVO ET SON PARADOR 2 PARADOR DE SAN ESTEVO ET SON BELVÉDÈRE SUR LES RIVIERES ET LES MONTAGNES « Jusqu’au milieu du XIIIe siècle au moins, la cour était remplie de Galiciens. Ils occupaient les postes politiques principaux. Les nobles allaient régulièrement en Galice chercher leurs épouses. Et ils y émigraient facilement… ». (Histoire de Galice, Ramon Villares) e Parador est baigné par le Sil avec l’aide du Miño et les alentours de la ria atlantique, presque déjà marins, se confondent en une sage symbiose avec les côtes atlantiques portugaises ; car pratiquement tous les environs ont des coutumes identiques. En tout, ou presque tout. C A tout juste 28 km de Orense, à Entrevalles – commune de Nogueira de Ramuin et berceau de rémouleurs et de marchands de parapluies – se dresse, majestueux parmi la végétation, le monastère de San Estebo de Ribas do Sil. De tous les monastères qui forment la Ribera Sacra, c’est le plus grand et le mieux conservé.Le monastère, aujourd’hui Parador, tourne son visage vers l’endroit où confluent le Miño et le Sil. L’édifice fut déclaré monument historique et artistique en 1923 ; et aujourd’hui le Parador dispose de 74 chambres. Certaines d’entre elles furent des dépendances du couvent et sont situées autour des trois cloîtres. De n’importe quelle chambre, la vue est magnifique. Elles donnent toutes soit sur les canyons du Sil, soit sur les forêts de châtaigniers qui peuplent la région. fêtes régionales. Et le langage est si volontiers mélangé qu’il est parfaitement réversible car il est presque pareil d’être Galicien, Espagnol ou Portugais. Les frontières peuvent s'oublier ici. Comme le voyageur a déjà pu le constater, il s'agit d'un lieu privilégié qui peut se vanter d’être l’un des plus beaux et des plus spectaculaires de toute la péninsule ibérique. Le monastère a su devenir l’un des Paradors les plus nobles et les plus grandioses de tous. Ses premières pierres de taille datent du VIe siècle, quand la Ribeira Sacra était parsemée d’ermitages. Puis au Xe siècle, il sera agrandi et rénové. Et à partir du XVIe siècle, il baignera dans la splendeur pour tomber en ruines avec la vente des biens du clergé… A présent, il récupère l’excellence de son passé et la promesse de son futur. Le portail de la façade de ce monastère est soutenu par deux colonnes. On peut y voir des niches où trônent les représentations des Bénédictins sanctifiés et un balcon aux blasons du couvent. Son cloître, couronné d’une superbe voûte gothique, impressionne le voyageur le plus sceptique : une quarantaine d’arcs supportent des colonnes doubles. Quant au retable, incrusté au premier étage, il est du plus beau style Renaissance. En 1836, la Vente des biens du clergé entraîne l’abandon de ces monastères par la dernière communauté bénédictine. A ce qu’il semble, les biens de la communauté seront confisqués et éparpillés par différents diocèses, mais très souvent aussi par des curés et des paroissiens qui vendaient, à bas prix, des images, des ostensoirs, des crucifix, des orgues et autres joyaux sacrés ou sacro-saints. Le Parador dispose aussi de salles pour banquets, de restaurants et de jardins et juste à côté, de mystérieuses forêts réservent d’agréables surprises. Dans le beau restaurant de ce Parador, on organise vers la mi-juillet, des « Journées de la cuisine des saveurs » où la meilleure gastronomie galicienne fait le délice des palais les plus raffinés. Le voyageur logé dans ce Parador pourra profiter également d’un climat privilégié, d’un artisanat original et d’une gastronomie exquise… et de SANTO ESTEVO ET SON PARADOR 3 Sur les borde du sil « J’ai eu une vision physique de la Galice, comme un songe de l’imagination : celle d’une longue main de terre obscure tendue sur les eaux vagabondes, et dans le creux de la main, des herbes aussi vertes que le blé, nées dans le sillon de la vie et de la fortune » Álvaro Cunqueiro l faut commencer par le commencement : San Pedro de Rocas est l'église la plus ancienne de Galice, à quelques pas du monastèreparador où le voyageur est logé, tout en bas du mont Barbeiron. Ce fut le lieu de méditation et de retraite de véritables ermites mystiques qui s’éloignèrent volontairement de la vie mondaine à la recherche de la vérité suprême à travers le jeûne, la méditation et l’ascétisme. I Ces pionniers anachorètes, non christianisés, jouirent de l’air de la montagne et de ses grottes jusqu’à ce qu’en 573, sept peuplades germaniques transformassent ces bosses en temple. Du temple, on conserve le frontispice. Le sol en forme de croix grecque est un legs évident de la culture byzantine. L’influence byzantine est évidente aussi dans certains de ses chapiteaux qui alternent avec d’autres de style roman. L’architecture de la toiture, en voûte de canon surmontée d'une sorte de fer à cheval, est une anticipation du style des Asturies. La réforme la plus importante fut menée à terme au Xe siècle et révèle un style renaissance hispano-wisigoth, bien que le clocher soit du XVe et le reste du XVIIe. Le charme sauvage des origines perdure malgré les nombreuses reconstructions, et le voyageur peut admirer la tour du campanile, qui est un monolithe, et constater que les sépultures sont anthropomorphes, surtout quand il se trouve dans l’une de ses chapelles creusées dans la roche et baignée par la lumière qui, de la cime, se répand sur la montagne. Du monastère rupestre, nous nous dirigeons vers Xunqueira de Espadanedo. Les moines de Montederramo, dont nous visiterons plus tard l’insolite monastère, fondèrent ce lieu en 1170, l’un des premiers avec son proche frère aîné, à faire partie de l’ordre de Cîteaux. L’ensemble architectural accueille le visiteur par une façade néoclassique, élégante, équilibrée et le conduit vers un cloître style Renaissance, totalement restauré, qui conserve certaines parties du XVIe. Les fenêtres de la nef romane primitive méritent une admiration particulière. Nous passerons par le barrage de Edrada où nous verrons le pont de style roman sur la rivière Mao. Le culte à Notre-Dame est perceptible dans les nombreuses Saintes Maries que nous trouvons le long de cette berge : c’est une image introduite par les premiers moines qui, dans leur désir d’union avec la terre, récupérèrent la figure de La Sainte Mère jusqu’alors décriée par les autorités de Rome. Une véritable prouesse dans un système dont l’idéal de sainteté passait par un mépris absolu envers toute exaltation de la femme. Santa Maria de Montederramo est une fondation de Doña Teresa de Portugal qui date du milieu du XIIe. Dans ce qui reste aujourd'hui, on devine les grandes espérances que ses fondateurs avaient déposées en elle. En effet, elle devint un centre rayonnant de culture et d’études de l’ordre, et elle possédait une grande partie de la région. Les bâtiments, qui souffrirent lors de la Vente des biens du Clergé, conservent d’importantes réussites artistiques : le cloître des Médaillons, avec des arcs en plein cintre posés sur des colonnes ainsi que les médaillons eux-mêmes qui alternent figures bibliques et monarchiques. L’autre cloître est d’une beauté originale, favorisée par les tympans ajourés des arcs en plein cintre. Quand on s’arrête devant la façade signée par Juan de Herrera en personne, et qu’on admire le grand autel baroque, réalisé par Mateo de Prado, on voit bien qu'à cette époque-là, les prétentions et l’appui de l’autorité étaient manifestes. Promenons-nous au bord du Sil avant que son cours, en serpentant, ne débouche sur le Miño. Là, à Parada de Sil, se dresse le monastère de Santa Cristina, dissimulé par la végétation. Les randonneurs ont dessiné au milieu de la forêt de châtaigniers, des sentiers sûrs qui le relient à pied à San Estevo. Santa Cristina est un joyau saisissant et presque intact, de l’art roman ; et cependant, il n’a sans doute pas reçu les louanges méritées qui lui auraient valu le titre de monument national historique. A l’exception du cloître, où l’on reconnaît les interventions de style Renaissance, l'ensemble et la façade sont des archivoltes en plein cintre : la rosace, le toit en bois et le plan de la nef unique sont des témoignages du style roman primitif du IXe siècle. Après un repos nécessaire au Parador, le voyageur aura peut-être encore le désir et la force d’aller visiter, un jour ou l'autre, cette demi-douzaine de monastères anciens qui restent à voir en allant vers le nord. Tous recommandables mais à choisir en fonction de ses goûts. Tous, les plus modestes comme celui de San Miguel de Eire, ont été fondés par un membre de la noblesse. Dans le cas de ce dernier, c'est Doña Ordoñez qui voulut ainsi réparer ses fautes passées et donner un abri aux âmes consacrées à Dieu. Le monastère de Santa Maria, le plus grand et le plus proche du Parador, est le seul où les religieuses bernardines sont cloîtrées. Au sein de cette communauté on vénère, comme une sainte, la comtesse Doña Fronilda de Lemos qui régenta le lieu comme abbesse, jusqu’à sa mort. En amont du Miño, on peut voir San Estevo de Atan, San Paio de Diomendi et San Estevo de Ribas de Miño qui gardent des secrets mystiques entre leurs grosses pierres de granit. MUSIQUES GASTRONOMIQUES « Le chevalier du Vert Gaban convia toute cette joyeuse compagnie à passer à table. Et tandis que la maîtresse de maison disposait les nappes, le chevalier et ses amis goûtèrent le vin qui était un Chantada tout à fait correct… » Cervantes P resque tous les alentours bénéficient de climats privilégiés, favorables à des cultures suffisantes et même abondantes : légumes, les meilleurs de la péninsule, truites qui dans ces rivières se laissent encore pêcher, et excellentes vignes qui donnent un vin aux saveurs singulières… Poulpes et « empanadas » (chaussons farcis) en veux-tu en voilà ! « Vieiras » (coquilles Saint-Jacques), chorizo… et tant d’autres choses encore. Durant la fête de la empanada de Chantada – tout près du Parador –, l'hôte est vite adopté. Près de la Ribeira Sacra tout le monde est généreux. Dans ses environs, en plus des truites, il y a beaucoup de poissons d’eau douce abondants et excellents. Comme par exemple, les anguilles qu’on mange frites, en « empanadas » ou même en tortillas. Mais il y a surtout le « pulpo a feira » qui est un mets bien particulier. Les caractéristiques de la cuisine galicienne résident dans sa variété, sa simplicité et son aspect traditionnel. Viandes, poissons, légumes et fruits de mer se distinguent dans toute la gastronomie galicienne qui joue à combiner les saveurs de la terre, de la mer et de la rivière en imprimant son cachet personnel dans chaque province. Et Orense ne pourra pas être en reste : son excellente carte varie selon les saisons. pour son exquise simplicité. On invite le voyageur à commander, dans un restaurant quelconque, un plat d’anguilles, qui, ici, sont aussi petites que savoureuses ; ou encore des « empanadas de vieiras, de carnes, de pulpo » (chaussons de coquilles Saint-Jacques, de viande ou de poulpe). Et à goûter à tout ce qu’on vous recommandera. Partout le plat du jour sera aussi bon qu’abondant : le « botillo » (du Bierzo) (plat de viande aux pommes de terre et aux choux), les « patatas cachelos » (pommes de terre cuites de la région) ; ou aussi les « percebes » (pouce-pied). Et de vraies truites… et des mollusques et des fruits de mer qui n’ont jamais manqué et ne manqueront jamais… Pour les mois les plus froids qui commencent en novembre, le proverbe dit « Con San Martiño, mata el pobre su cochino » (« A la Saint Martin, le pauvre tue son cochon ») et on signalera le fameux « Lacon con grelos », plat complet qui remplit notre ventre de viande de porc, légumes, pommes de terre et chorizo. A l’approche de Noël, le plat typique de ces jours de fête est le chapon : c’est un poulet fermier, qui doit la tendresse de sa chair au fait d’avoir été castré à 4 mois avant d’être engraissé. On le sert généralement farci de viande et de charcuterie et on l’arrose d’un bon Albariño. Les viandes sont variées, mais la plus exquise est le veau, car il a été bien élevé avec amour. Quant aux poissons, on ne doit pas oublier de citer le bar (lubina), le mérou (mero), le colin (merluza) et le turbot (rodaballo). Parmi les fruits de mer, le plus apprécié, et qui vient des côtes voisines est le pouce-pied (percebe). Mais il y a aussi les araignées de mer (centollas) et les étrilles (nécoras). En Galice, le roi des fruits de mer est le poulpe, plat typique de tous les mois de l’année : il mérite une mention spéciale SANTO ESTEVO ET SON PARADOR 5 LA RECETTE SECRÈTE Il y a de délicieux plats galiciens plus élaborés, mais il n’y a rien de plus modeste et de plus captivant qu’un bon poulpe. Le poulpe « a feira » ne se compose de rien d’autre que du fameux mollusque, d’huile d’olive, de paprika fort et de gros sel. La réussite de ce mets exquis réside dans le choix et la cuisson du poulpe. Il doit être frais et vidé. L’idéal est de le laisser au moins un jour au congélateur, dans un sac plastique. Selon les spécialistes, quand on le sort du congélateur, il est préférable de le cuire dans une casserole en cuivre ; mais si on n’en a pas, la solution est de mettre un oignon entier dans une casserole normale. Quand l’eau bout, environ trois litres, on plonge d’abord trois fois de suite le poulpe avant de l’introduire totalement, comme quand on veut ramollir un légume sec. Le temps de cuisson dépend de sa taille, mais pour vérifier, il est conseillé de le piquer avec un bâtonnet. Quand on l’a retiré du feu, on le laissera reposer un bon quart d’heure afin que la peau ne se détache pas quand on le découpe. Une fois qu’il est égoutté, on ajoute, dans cet ordre, le sel, le paprika fort, qu’on peut mélanger à du doux, et finalement l’huile. Il vaut mieux le servir bien chaud sur une assiette en bois et si en plus, on ajoute quelques bonnes pommes de terre cuites de la région, les « cachelos », on pourra déguster un plat authentique. Pour dessert, n’oublions pas la variété de fromages frais, l’exquise élaboration de la pâtisserie et, à l’époque du carnaval, les « artesanas filloas » (sorte de crêpes maison) sucrées ou salées. Il est impossible de ne pas mentionner les bons bouillons du pays, et les vins, surtout ceux du sud de la Galice. Le voyageur le sait, les trois vins d’appellation d’origine sont : Rias Baixas, Ribeiro et Valdehorras ; pour le poulpe, on conseille n’importe quel vin blanc. Vins Consacrés La région de la Ribeira Sacra peut se vanter, dans ses 19 municipalités réparties entre Lugo et Orense, d’excellents vignobles jumelés avec des églises du plus pur style roman : aux alentours de Amandi, Chantada, Quiroga, Ribeiras do Miño… PROMENADES DANS LES COINS RECULÉS D’ORENSE C es sud-ouest frontaliers galiciens-portugais chargés d’histoire, de fables et de légendes offrent tant de choses appétissantes que le voyageur néophyte aura bien du mal à faire son choix. Dans toutes ces régions frontalières, on sera sans cesse surpris par d’agréables coïncidences, bien qu’on sache qu’elles sont indissolublement jumelées par la culture, la langue, les coutumes et la gastronomie. Puisque le voyageur est arrivé jusqu’ici, on lui conseille de ne pas perdre l’occasion de visiter le pays frère et frontalier. Ses habitants excessivement aimables montrent leurs qualités sans jamais cacher leurs défauts. Dans cette région, on traverse également le « Camino Real » (chemin royal) où, dit-on, on peut entendre les hurlements du « Lobishome » ou « Home de Unto », une espèce d’homme-loup, si invisible, qu’il deviendra peut-être un jour une espèce protégée. Le Parador suggère d’excellentes alternatives adaptées à vos goûts et à vos loisirs. La présence des habitants qui vivaient dans ces régions remonterait à 1500 ans : la région conserve des ponts, des « pazos » (manoirs), des églises, des « cruceiros » (croisées) et des châteaux pourvus de reliques nombreuses et uniques d’un mystérieux passé. Le Galicien Fernando Acuña, professeur d’archéologie, a publié une brève mais excellente étude sur El arte castreño del noroeste (L’art des fortifications du nord-ouest) dans laquelle il démontre que déjà, à l’âge du bronze, il existait, dans la région, des fortifications (« castros ») habitées depuis le VIIe siècle avant J.-C. Même si l’essentiel de la culture liée aux fortifications remonte plutôt à la domination romaine. ORENSE CAPITALE Les raisins de ces vignes en terrasse produisent des vins d’excellente qualité. Parmi les vins rouges, les meilleurs sont les Mencia, Breuceallo, Merenzao et Caiño. Les cépages les plus appréciés sont ceux de Loureira, Teixadura, Godello, Doña Branca, Albariño et Torrontés. Comme on se doute bien que le voyageur est rassasié de tant de lieux saints, de prière et de recueillement, et qu’il souhaite à présent la compagnie, les rues, et les lieux où on lève la voix et le verre, nous lui recommandons une promenade jusqu’à cette capitale de Province. Si le voyageur prend, pour s’y rendre, la nationale 120 qui longe le Miño, il sera reçu par l’un des monuments les plus anciens et les plus précieux : le pont roman – bien qu’il n’en reste que le soubassement et la lumière de ses arches. Les véhicules ne l’empruntent plus depuis l’inauguration du pont du « Milenio ». Un peu plus loin, vous vous trouverez dans la partie la plus verte de la ville, le « Campo dos remedios » (le Champ des remèdes), situé entre le sanctuaire de Fatima et la « Alameda de Crucero ». Sans désir de l’amoindrir – ni en taille ni en importance – Orense n’est pas grande. Et on conseille au voyageur d’abandonner sa voiture et de parcourir l’ancienne ville à pied pour voir ce que ses fondateurs romains, en plus du pont, ont laissé comme traces : cloaques, pierres avec inscriptions, pierres d’autel et lavoirs du Miño. Sans même y songer, le voyageur qui prend la route de la Alameda, se retrouvera sur « Las Burgas », un autre des lieux clés d’Orense qui depuis longtemps offre ses eaux thermales à ses habitants.La Plaza Mayor, dans laquelle des vies se croisent, réjouira certainement celui qui la voit pour la première fois. L’arcade qui soutient son étonnante construction, produit un dénivellement de l’emplacement par la coupe transversale. L’architecture de la « casa consistorial » (l’hôtel de SANTO ESTEVO ET SON PARADOR 6 ville) du XIXe est sans doute la plus remarquable, même si les autres façades – de style moderniste ou baroque – ne sont pas moins belles. Durant les saisons où le froid n’est pas trop violent, les arcades se remplissent de terrasses et il n’y a pas d’endroit plus agréable pour passer l’après-midi. Les canyons du Sil : Route des monastères : un ensemble ramassé et surprenant de singuliers monastères situés dans des paysages saisissants et reculés. Ou si le voyageur préfère, il peut faire de l’équitation… Le musée archéologique qui se trouve tout près d’ici n’est pas trop grand, donc les fonds ne le sont pas non plus. Cependant, le voyageur pourra apprécier des pièces d’art roman et d’art « castreño ». Règles et coutumes romaines : « caldarium », « tepidarium » et « frigidarium ». Strabon avait déjà rendu compte du fait qu’à l’époque « prendre des bains de vapeur était une coutume habituelle ». Si le voyageur a du temps et de la curiosité, il pourra admirer de remarquables et originales têtes sculptées sur pierre ainsi que des « torques » (colliers en or) au musée provincial de Lugo ou un « triskel de Castromao », sorte de fenêtre hélicoïdale au musée archéologique d’Orense. Mais aussi des diadèmes et d’innombrables pièces décoratives ou utilitaires, dans toute la région. Si vous désirez entamer une promenade ou une excursion, cet établissement est un excellent point de départ : on vous y indiquera des itinéraires variés et intéressants. Ecole de Voile sur les berges du Miño. Stations balnéaires comme celle de Baños de Molgar dont les eaux sont miraculeuses. Et d’autres routes encore : Pombar-Rebor où les chemins médiévaux sont parsemés de restes de l’époque préromane. La route des Framontanos : on peut y voir de très singuliers pétroglyphes réfugiés dans l’épaisseur des bois. Mais aussi de la randonnée, des promenades fluviales à bord de catamarans et des chasses à courre de gros ou petit gibier… Sans oublier des promenades moins aventureuses dans des lieux aussi agréables que Ourense, Carballino, Ribeiro, Celanova, Allariz, Verin, Trives. Et tant d’autres endroits surprenants. Mais le plus raisonnable Parador de Santo Estevo Monasterio de Santo Estevo. 32162 Nogueira de Ramuín (Ourense) Tel.: 988 010 110 - Fax: 988 010 111 e-mail: [email protected] Centrale de Reservations Requena, 3. 28013 Madrid (España) Tel.: 902 54 79 79 - Fax: 902 52 54 32 www.parador.es / e-mail: [email protected] wap.parador.es/wap/ Text: Juan G. D’Atri and Miguel García Sánchez Design: Fernando Aznar SANTO ESTEVO ET SON PARADOR 7