délégation Finistère-nord - Eau et rivières de Bretagne

Transcription

délégation Finistère-nord - Eau et rivières de Bretagne
Délégation Morbihan
Ecole Lanveur
Rue Rolland Garros
56100 Lorient
02.97.87.92.45
[email protected]
Monsieur le
Commissaire enquêteur
Mairie
29300 LOCUNOLE
Objet : déposition à l’enquête publique concernant l’extension de la SCEA Praténou
Monsieur,
Je vous prie de bien vouloir prendre note de nos observations pour l’enquête publique liée au
projet d’extension de la SCEA de Praténou en LOCUNOLE.
Préambule :
La filière porcine est depuis plusieurs années en état de crise quasi permanent. L’actualité de
la semaine, la manifestation des éleveurs du 26/01 à Paris, nous le rappelle une fois de plus.
Une pétition circule également sur le net (annexe 1) qui rappelle leurs problèmes et annonce une
perte de 30 € par porc produit.
On peut alors s’étonner que des éleveurs persistent à vouloir s’agrandir alors que leurs
collègues annoncent des pertes importantes…
Il existerait en ce moment une vingtaine de projet de création ou d’extension entre les rivières
du Scorff et de l’Aven. Quelle incohérence !
La crise que traverse l’élevage français est due à son inadaptation au terroir et à la
surproduction. Les élevages sont surdimensionnés et concentrés sur des surfaces agricoles
insuffisantes pour nourrir les animaux et absorber leurs effluents.
Quant aux problèmes de pollutions liés à ces élevages intensifs, on ne les compte plus. La
prolifération des algues vertes en est l’exemple le plus criant. Le sud Finistère épargné jusque là se
voit touché à sont tour (baie de Concarneau / Fouesnant , rivières Aven et Belon)
Ce type d’élevage, fragile sur le plan économique, social et environnemental, est donc
condamné à moyen terme. Les subventions publiques accordées la filière et consacrées au nettoyage
des plages ne peuvent plus continuer dans cette impasse.
Sur le plan technique :
Un certain nombre de points du dossier sont incohérents :
-
Présence des vaches laitières 4 mois en étable, novembre, décembre, janvier, février.
Où sont ces animaux en septembre, octobre, mars ? Pendant ces périodes les pâturages sont
inexploitables ou ne suffisent pas à la demande de production des animaux
-
Alimentation à l’auge en août
Présence des animaux en étable deux fois par jour lors des traites
Le potentiel de présence est au moins de 6 mois en étable Cette donnée est sous-estimée, elle est
utilisée pour reporter la charge principalement sur la SDN, et non sur la SPE de surface inférieure,
en profitant des prairies non épandables de la SDN
SPE Surface potentiellement épandable : 126 ha
SDN Surface directives nitrates (SPE + prairies non épandables) : 146 ha
SAU Surface agricole utile représentant la surface totale exploitée : 153 dont 19 ha de prairies
pâturables
Dans la réalité les 170 kg/N/ha , déjà polluants, sont dépassés, il est pernicieux de jouer avec
le temps de présence en étable des animaux et les surfaces disponibles
Une différence de 20 ha entre la SDN et la SPE, et 2 mois de plus de présence en étable
augmentent de 25% la charge bovine
Les rendements des cultures ne prennent pas en compte les aléas climatiques susceptibles
d’influer sur les rendements, d’autre part ceux-ci diffèrent selon les exploitations citées,
ceux de la SCEA de Praténou sont supérieurs. Pourquoi ?
SCEA Pratenou : Maïs grain : 92 qx
Blé tendre : 81 qx
SARL Rosgodec : Maïs grain : 85 qx
Blé tendre : 75 tx
De plus, le bilan d’exportation pour le blé tendre est basé sur un rendement de 81 quintaux /ha
alors que la moyenne pour le Morbihan voisin est de 70qx depuis plusieurs années, (source :
AGRESTE)
L’utilisation de normes de rendements optimaux permet d’équilibrer le rapport apport/ export des
éléments, mais ne correspond pas à la réalité ; Pour information 10 qtx de moins de rendement
correspond à 25 kg/N/ha pour du maïs grain, 30kg/N/ha pour du blé tendre, 15kg/N/ha par
tonne de MS pour du maïs fourrage.
Il ressort aussi que 140kg/N/ha sont épandus sur les terres vouées à l’emblavement en blé tendre,
aucune étude sur le lessivage potentiel des éléments durant la période hivernale.
Dans les analyses de terres, aucune donnée concernant l’azote résiduelle des cultures
précédentes, aucune prévisions concernant l’apport et la transformation dans le temps de la
matière organique. Le même questionnement sur l’apport au printemps sur les prairies
temporaires.
Les analyses de terre font ressortir des concentrations élevées, voir supérieures à la norme en
potasse. Toute la potasse se concentre principalement dans la phase liquide du lisier, elle ne
sera donc pas exportée, cette problématique est complètement occultée dans l’étude. La norme
européenne pour cet élément étant de 10 mg/litre dans l’eau de consommation.
Quel est le risque de surcharge en potassium pour les terres et l’eau ?
Sur le plan administratif :
La Commission Locale de l’Eau (CLE) du SAGE Ellé Isole Laïta travaille actuellement sur le
problème de la ressource en eau sur le territoire. A l’heure actuelle celle-ci est insuffisante et les
possibilités de ressources supplémentaires quasi inexistantes. Cela s’est traduit l’été dernier par une
période de restriction relativement longue. Il convient donc de prendre en compte la pression
supplémentaire due à l’abreuvement (31 % des besoins actuellement) car en période de sécheresse
les éleveurs se reportent sur le réseau domestique (le pompage n’étant plus possible)
Le développement des porcheries industrielles ne répond pas aux prescriptions et aux actions
prévues au SAGE pour garantir la ressource et la qualité de l’eau. Les sommes consacrées par la
collectivité pour ces actions sont importantes et doivent être cohérentes.
Aussi, il serait très souhaitable que la CLE se prononce sur ce projet comme le permet
le règlement du SAGE.
Le bon état de la ressource en eau, objectif 2015 du SDAGE, ne passera pas par un
développement tout azimut, de l’élevage industriel.
Ne vaudrait-il pas mieux un projet de reconversion avec meilleure valorisation des produits ?
Un élevage plus autonome en intrants, plus respectueux de l’environnement et du bien-être animal
serait mieux à même de résister aux aléas économiques.
Pour les raisons énoncées ci-dessus, nous vous demandons, Monsieur le Commissaire enquêteur, de
donner un avis défavorable au projet du SCEA Praténou/Rosgodec tel qu’il est présenté dans le
dossier d’enquête publique.
En vous remerciant par avance, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Commissaire enquêteur,
l’expression de toute notre considération.
Le 28 janvier 2011
Bernard AUDREN
Administrateur