Cordes et accords - Maya Le Roux Obradovic

Transcription

Cordes et accords - Maya Le Roux Obradovic
Musique
Cordes et accords
Pianiste et guitariste se produiront en faveur du rapprochement culturel
Publié le : 21.10.2008 | 15h32
C'est dans une ambiance sobre et sans paillettes qu'a débuté le «Festival international des Cordes Pincées» qui se déroule
du 20 au 25 octobre à la salle Bahnini à Rabat. Un lieu chargé d'histoire et qui se prête bien aux événements dits «sérieux», loin des
grands projecteurs.
Ce soir-là, il n'y avait pas de grand dispositif de sécurité, mais seulement une petite équipe qui s'employait à accueillir les
invités. C'est la Roumanie qui a ouvert le bal cette année avec un jeune duo de guitaristes hors pair. Agés respectivement de 17
et 21 ans, Mircea Stefan Gogoncea et Catalin Constantin Vlad ont étudié la guitare au Lycée de musique « George Enescu » à
Bucarest et suivi des Master Class avec les grands maîtres de l'instrument. Ces musiciens sont considérés comme deux des
meilleurs guitaristes de leur génération. « C'est un concert de haute qualité technique », lance à la sortie un spectateur.
Cette 13e édition qui se déroule sur le thème « La musique, langage de rapprochement » est organisée par l'Association
Musique et Cordes Pincées sous l'égide du ministère de la Culture avec la collaboration de plusieurs ambassades (Espagne,
Roumanie, Suisse, France, Allemagne et Délégation Wallonie-Bruxelles) réserve plusieurs surprises. « Trois artistes étrangers
vont jouer de la musique marocaine et aussi celle d'autres pays que le leur, notamment des Roumains qui interpréteront des
morceaux andalou et brésilien. Un guitariste espagnol, lui, enchantera le public par du flamenco et des modes musicaux
d'origine andalouss, tandis qu'un musicien allemand jouera du jazz et de la musique gnaouie sur piano. Ce qui illustre la
capacité du langage musical à rapprocher les différentes cultures », explique Said Laghzaoui, directeur et fondateur du festival.
La présence de ce pianiste se justifie-t-elle dans un festival consacré aux cordes pincées ? Il faut rappeler que la grande famille
des cordophones comprend trois branches : frottées (violon, violoncelle, etc.), pincées (guitare, luth, etc.) et frappées (piano).
Il y aura aussi un instrument loin des cordes, mais qui les a toujours accompagnées, le marimba, une percussion répandue
dans toute l'Amérique latine. Elle serait un mélange du balafon africain et d'instruments précolombiens et qui sera proposée
par le duo français Gourvennec-Le Henan.
Autre originalité de ce festival, le trio de guitaristes suisses, Le Roux-Linhares-Migy, qui interprète des airs de musique
symphoniques à la guitare, réussissant un tour de force exceptionnel. Des extraits musicaux connus qui ne sont pas à l'origine
écrits pour la guitare le sont devenus grâce à la technique guitaristique de ces musiciens.
Quant à la Wallonie-Bruxelles, elle propose du «blues» avec Marc Lelangue, un des rares musiciens wallons à se spécialiser
dans une musique à la fois riche et difficile à savoir le « blues américain ». Il témoigne de la diversité musicale et culturelle de
cette région belge.
Ce festival se clôturera par une nuit du flamenco, pourquoi ? «Toutes les soirées que nous présentons sont des temps forts.
On veut terminer notre festival avec le flamenco, parce que c'est une musique de fête et parce que l'Espagne nous avoir a
proposé l'illustre guitariste Oscar Herrero», ajoute l'ancien directeur du Conservatoire national de danse et musique de Rabat.
Mais une interrogation ne cesse de tarauder les observateurs. Comment donc un festival durant cinq jours, avec une
subvention de 40 000 DH du ministère de la Culture et sans vente de billets, continue d'exister ? «C'est vrai, le ministère de la
Culture nous soutient depuis plusieurs années. Mais il y aussi la contribution des ambassades et des instituts culturels
participants qui prennent en charge direct le déplacement de leurs artistes et même le séjour complet pour quelques-uns. Le
coût d'organisation est partagé par tous les partenaires. C'est grâce à cette participation collective que le festival a atteint sa 13e
édition pour le plaisir du public amateur de la musique », conclut M. Laghzaoui.