stimuler la passion et l`excellence en milieu de travail

Transcription

stimuler la passion et l`excellence en milieu de travail
« Développer le talent : stimuler la passion et
l’excellence en milieu de travail »
Conférence donnée par M. Bruno Ouellette, psychologue
organisationnel.
Bruno Ouellette est psychologue depuis plus de 20 ans. Au cours de sa carrière, il s’est intéressé
aux liens entre le sport de haut niveau et le monde du travail, ce qui l’a amené à conseiller et à
accompagner des équipes sportives, des athlètes (p.ex., Alexandre Despatie, Joannie Rochette) et des
entraîneurs (p.ex. Michel Larouche) dans l’amélioration de leur bien-être et l’exploitation de leur potentiel.
Ainsi, M. Ouellette est maintenant reconnu comme un expert dans le domaine du développement du
potentiel humain, de la gestion du stress, de la résilience, de l’intelligence émotionnelle et du changement
adaptatif.
Dans le cadre du souper-conférence du 26 octobre dernier, M. Ouellette a fait une présentation
originale s'inspirant du milieu sportif, dont le message était articulé autour de la prémisse que tous les gens
ont un potentiel extraordinaire qui peut être développé. Pour y arriver, M. Ouellette s’est inspiré d’athlètes
de haut niveau afin de nous illustrer la route à suivre vers la passion et l’excellence.
La performance en 2012
À l’instar des athlètes de haut niveau, les gestionnaires et les employés des organisations
contemporaines ont de grands défis à relever, et ce, à plusieurs niveaux. Au travail, les échéanciers sont de
plus en plus courts afin d’accomplir une charge de travail de plus en plus lourde. L’équilibre travail-vie
personnelle devient donc de plus en plus précaire. Même dans la vie personnelle, on s’impose une
surcharge. En 2012, s’entraîner six jours par semaine, se tenir à jour dans l’actualité, cuisiner et avoir une
vie sociale remplie, en plus de travailler 50 heures par semaine, n’est malheureusement pas un horaire
atypique.
Dans ce contexte, et partant du fait bien établi que nos ressources attentionnelles et notre volonté
sont limitées, il ne faut pas s’étonner que les problématiques d’épuisement professionnel soient en hausse
au sein des organisations. Dans ce contexte, est-il possible de stimuler la passion et l’excellence chez nos
employés? M. Ouellette nous a démontré que oui.
Quelques percées neurologiques encourageantes
La recherche en imagerie mentale a démontré que certaines parties du cerveau contribuent à la
résilience de l’humain et d’autres, à la dépression. L’«accès» à ces zones de notre cerveau serait en partie
inné, c’est-à-dire que certaines personnes seraient davantage prédisposées à la dépression ou à la
résilience. Or, l’«utilisation» de ces zones de notre cerveau pourrait être changée par l’expérience et les
apprentissages. Ainsi, une personne dont les connexions neuronales vers les zones de dépressions sont
plus fortes à la naissance pourrait devenir plus résiliente au fil des ans, dépendamment de son évolution
personnelle. Le mécanisme à l’œuvre sous-tend la création de nouvelles connexions neuronales donnant
accès à des zones de notre cerveau jusque-là sous-utilisées. Ainsi, tout ne se jouerait pas avant six ans et
un potentiel latent existerait au sein de tout individu.
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« Développer le talent : stimuler la passion et
l’excellence en milieu de travail »
Conférence donnée par M. Bruno Ouellette, psychologue
organisationnel.
Le bilan Despatie : Désir, support et temps
M. Ouellette a été le psychologue sportif d’Alexandre Despatie pendant huit ans. Cette expérience
lui a permis d’arriver au constat que pour se développer au meilleur de son potentiel, un humain a besoin
de certains éléments de base.
Le désir
Une étincelle doit d’abord éveiller le désir et la volonté d’atteindre un but. Cette étincelle sera le
moteur du dépassement de soi, le carburant qui nous pousse vers notre objectif.
Le support
Les efforts communs de plusieurs personnes sont essentiels à la performance : Alexandre Despatie
n’aurait pas atteint de tels sommets si d’autres personnes n’avaient pas joint leurs efforts aux siens. À cet
égard, l’entraîneur d’Alexandre Despatie mentionne que pour être un bon coach, il faut posséder les
caractéristiques suivantes :
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Être crédible (via une expertise constamment renouvelée);
Être visionnaire (reconnaître le potentiel latent chez quelqu’un);
Être capable de transmettre et d’inspirer sa vision à la personne concernée;
Être capable de fournir une rétroaction efficace (c.-à-d., précise, pertinente et très descriptive
(pour ne pas atteindre l’estime de soi), synchrone et fréquente);
Être capable d’optimiser le contexte de pratique du coaché par la séquence suivante :
plan action  rétroaction repos.
Ce dernier élément, le repos, fait toute la différence entre l’amélioration que l’on peut retirer de la
pratique de n’importe quelle discipline. En effet, l’attention et la volonté sont des ressources limitées dont le
renouvellement dépend de la qualité et du temps de repos qu’on s’octroie.
Le temps
L’atteinte de haut niveau de performance exige énormément de temps. C’est scientifique : la pratique
augmente la myélinisation des axones, ce qui augmente la vitesse de communication entre nos neurones,
nous permettant donc d’atteindre une performance toujours meilleure.
Le bonheur c’est le trajet, pas la destination
La médaille c’est la fin du plaisir. Peu importe le domaine, si on met les efforts simplement pour
recevoir la récompense, on risque de vivre une amère déception. Ainsi, le trajet vers l’objectif doit être
plaisant afin qu’il puisse générer du bien-être, de la satisfaction et l’envie de continuer. À cet égard, la
pratique en soi devient un renforcement. En effet, la pratique d’une activité agréable fait sécréter de la
dopamine, drogue naturelle à laquelle on voudra avoir accès à nouveau.
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l’excellence en milieu de travail »
Conférence donnée par M. Bruno Ouellette, psychologue
organisationnel.
Comment fait-on pour être le meilleur?
D’abord, il ne faut pas viser d’être meilleur que les autres, car cela met une limite à son potentiel. Il
faut viser de faire mieux que ce qu’on s’imagine être le meilleur de notre potentiel. Ainsi, le défi à relever est
d’être meilleur que soi, ce qui signifie exploiter son plein potentiel, c’est-à-dire celui qu’on ne se soupçonnait
pas.
Ensuite, il faut avoir une mentalité de croissance pour croire qu’on peut toujours se dépasser. En
effet, M. Ouellette souligne que notre «mindset» (c.-à-d., notre façon d’aborder les situations), a un impact
majeur sur nos comportements. Effet, comment peut-on mettre les efforts pour s’améliorer si on ne croit pas
aux capacités d’actualisation de l’humain? Le talent c’est une chose, mais 70 % de la réussite serait
tributaire de l’entraînement. M. Ouellette souligne également l’influence des modèles qu’on a dans notre
entourage sur notre «mindset». Si on est entouré de gens qui se dépassent, on aura un «mindset» de
dépassement de soi, et vice versa.
Enfin, il faut avoir notre objectif en tête (le résultat qu’on veut atteindre) et se faire faire un plan
ponctué d’indicateurs qui nous serviront de rétroaction quant à l’avancement vers notre objectif. Prenons
l’exemple, que j’ai l’objectif de dormir davantage, soit 8 heures par nuit. Mon plan pourrait être de me
coucher à 22h et de me lever à 6h. Je pourrais noter mon heure de coucher et de lever pendant un mois
(indicateurs) afin de voir si je suis dans la voie d’atteindre mon objectif. Si ce n’est pas le cas, je saurai où
est le problème (p.ex., si je me lève à 6h, mais que je me couche à 23h30, je saurai que je dois me coucher
plus tôt pour atteindre mon objectif de 8 heures de sommeil). Si je n’ai pas d’indicateurs qui m’aiguillent sur
ce qui m’empêche d’atteindre mon objectif, fortes sont les chances que je ne l’atteindrai jamais.
Conclusion
À travers sa présentation dynamique, M. Ouellette a su stimuler la passion de son auditoire à viser
l’excellence dans les buts qu’il se fixe. En définitive, il faut se souvenir que la performance est un
processus de transformation qui amène tout individu à déployer son plein potentiel. L’excellence dans un
domaine ou un autre, celui qui aura suscité une étincelle, est accessible à tous, pour autant que le désir de
réussir, le support de notre réseau et le temps requis fassent partie de l’équation.
Rédigé par Éliane Bergeron
Doctorante en psychologie I/O
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