Riffs HiFi 27.11.2010

Transcription

Riffs HiFi 27.11.2010
LE JOURNAL DU JURA / SAMEDI 27 NOVEMBRE 2010
RIP
Emerson, Lake & Palmer tirent leur révérence
L’apparition d’ELP en tête d’affiche du High Voltage Festival, cet été à Londres, restera
comme l’un des derniers shows du groupe de rock prog anglais. En 40 ans de
carrière, les trois lascars auront écoulé plus de 30 millions d’albums. Bien sûr,
l’annonce de cette séparation coïncide avec la sortie d’un CD et d’un DVD live... /lk
1 SHAKIRA Sale el sol
2 JAMIROQUAI Rock dust light star
3 GRAND CORPS MALADE Troisième temps
4 ERA Classics II
5 YODELICE Cardioid
6 VÉRONIQUE SANSON Plusieurs lunes
Ventes d’albums en Suisse romande. Source: lescharts.ch.
De bric et de rock
SWISS ATTITUDE
Quand les Young Gods
ceinturent ferme
■ SOCIOLOGIE DE LA CÉLÉBRITÉ?
Où l’université planche sur le phénomène Lady Gaga
C’est le fort docte Figaro qui nous l’apprend: l’Université de Caroline du
Sud proposera incessamment un cours à des étudiants sociologues
«confirmés» intitulé «Lady Gaga et la sociologie de la célébrité». Le prof
serait un fan avéré et assumé de la Gaga qu’il a applaudie sur scène 29
fois. Mais attention, prévient-il, l’ascension fulgurante de la belle offre
«une matière sociologiquement pertinente pour étudier la culture
populaire et les conditions actuelles de la célébrité». Tous les poussiéreux
insignifiants qu’on étudie à l’Uni ne peuvent pas aspirer à autant. /pabr
■ HUGUES AUFRAY
A Montreux avec une chorale de 200 kids
Entre gens de bonne
compagnie, je n’ai pas osé
écrire initiés, on ne va pas se
le cacher: écouter un nouvel
album des Young Gods, c’est
un peu comme goûter à une
nouvelle drogue. Le mélange
d’excitation trouble et
d’inquiétude acide propulse ses
salves d’adrénaline telle une
pompe à orgasmes sur orbite.
Dernièrement, le magazine Rock & Folk, qui fut il y a longtemps le
journal du folk autant que celui du rock, a adressé ses plus plates
excuses à Hugues Aufray. Alors qu’il traquait le plus fugace flûtiste de
Malicone, l’éphémère joueur de tambourin de Machin, il a toujours
snobé l’immense Hugues. Oui, celui qui a amené Dylan en France, qui
n’a pas son pareil pour dénicher les mélodies ultimes dans tous les
folklores du monde, qui a écrit avec «Les crayons de couleurs» la
première chanson antiracisme, a toujours été snobé dans ce canard. A
81 balais, l’idole des profs – pour une fois qu’ils sont lucides – et de
leurs élèves se produira les 17 et 18 décembre à l’Auditorium Stravinski
de Montreux en compagnie d’une chorale de 200 kids des écoles de
Villeneuve et Sion. Emotion et ferveur garanties. /pabr
PATRICK DUJANY
■ STAKHANOVISTE
Arjen Anthony Lucassen remet ça, Pendragon aussi
E
Arjen Anthony Lucassen ne tient pas en place. Après un coup de maître
nommé Guilt Machine l’année dernière, le longiligne Néerlandais, cerveau
des metal opéras d’Ayeron, embraye avec son troisième groupe, Star One.
«Victims of the Modern Age», deuxième livraison du plus lourd de ses
multiples projets, ne fait pas de quartiers. Du riff tranchant, presque
chirurgical, baigné d’orgues Hammond, le tout emballé dans un concept
de fin du monde: les adeptes du genre vont adorer. Puisqu’on est dans le
«prog», Pendragon prépare un successeur au très réussi «Pure» (2008).
«Passion», c’est son nom, est attendu au printemps 2011. Comme d’hab’,
le rock progressif aussi classique que mielleux sera de sortie. /lk
■ BUSINESS
Take That in the tronche
LES YOUNG GODS Et maintenant, ils sont quatre.
enfers trop réelle. Celle de Lucifer en contrepoint. Sombrer
dans la noirceur des ténèbres.
Puis revoir la lumière en devenant son porteur.
Revenir de nulle part et oser
regarder Dieu dans les yeux.
De no land’s man à no heaven’s god, nous franchissons le
Styx.
Only heaven. Everybody
knows…
Inquiétude aussi, dont le vaet-vient lancinant défile en boucles syncopées.On ne voudrait
pas que la médiocrité égratigne
nos héros.
(LDD)
Ça, tout le monde le sait…
Everbody knows.
Crépitements de feu autour
de l’aura.
Distorsion de l’instant.
Complaintes spatiales.
Déchirures d’intérieur.
Everybody knows….
Une montée paradoxale facon montagnes russes inversées,
le champ des perceptions s’élargit, la douceur se fait violence
lorsque soudain galope l’electro.
Spasmes libérateurs. Tellurismes rockoïdes sur la plaque tectonique des possibles. Fusion
d’un futur antérieur tribal dans
la redéconstruction primitive
d’un passé décompensé.
Le choc frontal des parallèles.
Le chaos sublime des silences
apaisants. Freiner un peu, non,
accélérer! Longue route, disait le
prophète. A fond! A fond, te disje! Non, retiens-toi encore un
peu! Tout lâcher.
Et tenter le grillage. Au moins
une fois. Encore jeunes Dieux.
Mais déjà humains aboutis. Emboutis.
Everybody knows…. /PDU
Le Prévôtois Patrick Dujany est
animateur vedette sur Couleur 3.
LE VER(T) EST DANS LA POMME!
Un morceau? Pour Jobs, c’est du gâteau
A la fin des années 80, le CD surclassait
les disques vinyle. Depuis environ six ans,
la musique se décline en MP3 et les artistes
ne vendent quasiment plus d’albums.
Comble de l’évolution, désormais, même
les Beatles se vendent sur iTunes!
Aïe… Je crois bien que le mécanisme du
marché musical mondial et nos habitudes
de consommation ont tué le rock!
Mais ne jetons pas la pierre aux «Fab
Four», 30 ans de lutte judiciaire avec un pilier de l’informatique, ça use. Et tout ce cirque pour une futile histoire de nom! Rappelez-vous, en 1978, Apple Corp., l’organisme qui gère les droits des Beatles, poursuit le constructeur informatique Apple
pour violation des droits de propriétés sur
le nom. Trois ans plus tard, un accord est
trouvé et il est imposé à Steve Jobs (patron
d’Apple) de ne jamais développer le secteur
de la musique. Ma Dio! On peut pas dire
que le Steve n’ait qu’une parole! Aujourd’hui, la majorité des studios d’enregistrement utilisent ses «bécanes» et Apple dé-
LES BEATLES A fond la caisse pour Apple?
(LDD)
tient plus de 90% du marché de la musique
numérique en Amérique!
Au fil des années, la bataille lui aura certes coûté plus de 50 millions de dollars,
mais en une semaine, la catalogue des
Beatles a cumulé plus de 2 millions de télé-
chargements, dont 450 000 albums... L’entente entre les deux parties ne devrait donc
pas faire que des malheureux, tout au plus
quelques tombes risquent de vibrer.
Jobs s’amuse donc à prendre tout le
monde pour des chèvres, sauf un des derniers bastions du rock: AC/DC! Bien
qu’avec plus de 200 millions d’albums vendus, les rockeurs australiens pourraient s’en
laver les mains, ils ont vite compris que la
vente au titre et la disparition du format album allait tuer les groupes, et de surcroît le
rock. Allez les gars, tenez bon!
Mais ne tapons pas sur les doigts des consommateurs d’iTunes! Au moins ils achètent, eux. Et reconnaissons le côté pratique
de la chose. Please, par respect, achetez au
moins l’album complet du groupe qui vous
plaît. Et surtout, réfléchissez à deux fois
avant de vous débarrasser de vos vinyles et
CD’s… Vous y reviendrez, pour ne pas être
pomme même avec le bour... DAVID KESSI
David Kessi est le bassiste de Middlecage.
Quinze ans après une séparation houleuse – c’est le méchant Robbie
Williams qui avait claqué la porte –, Take That est de retour aux affaires. Et
pour cause: en une semaine, «Progress», l’album de la reformation, c’est
écoulé à un demi-million d’exemplaires rien qu’en Grande-Bretagne... /lk
LA PLAYLIST DE...
The Hillbilly Moon Explosion Raw Deal (2010)
[email protected]
xcitation, car le paradis
semble objectivement atteignable. Enfin! La quête
se poursuit, immuable,
mais protéiforme depuis 1985,
date à laquelle on situe les premiers épanchements cyberkinétiques d’une trinité mutante devenue quatuor à force d’extensions cérébrales. Si vous n’avez
jamais réussi à déplacer un objet
par la pensée ou pénétrer à l’intérieur de l’âme de quelqu’un,
c’est parce que vous n’avez jamais réellement essayé. Ou
peut-être cela vous rebute-t-il?
Allez, bourgeonnons ensemble encore un peu…
Embrassons le soleil en effeuillant non pas la marguerite,
mais la Skinflower, sorte de
mandragore cosmique issue des
amours incestueuses entre la
chair et le néant.Une espèce de
big gang bang universel mélant
les phallus industriels et les clitocomètes dans un fluide spatial
turgescent. Bientôt le paradis, je
vous dis. Au fond à gauche….
Everboydy knows…
Et qu’importe s’il se montre
artificiel. C’est toujours plus appréciable qu’une descente aux
21
LES CHARTS ROMANDS AU 14 NOVEMBRE
PIERRE-ALAIN BRENZIKOFER
LDD
RIFFS HIFI
Vous ne connaissez pas? Pourtant, c’est le groupe suisse
dont on parle le plus à l’étranger. De la Russie à la
France! Ici, on a pourtant dû rallier Thoune pour
dénicher sa dernière galette. Les Hillbilly? Du rockabilly
divin évoquant tout à la fois les Clash de «London
Calling» et des icônes comme Patsy Cline ou Billie
Holiday. Car il y a un chanteur et une chanteuse, chez
les Hillbilly. Après avoir ouvert pour Jeff Beck, ils
seront à Bienne, à l’Etage Club, le samedi 4 décembre.
Jeff Beck Emotion & Commotion (2010)
Hendrix est mort. Et pis, il était incapable de jouer
deux fois la même chose. Clapton? Il nous saoule avec
son blues simpliste. Joe Satriani? Un petit prof de
guitare sans génie. Steve Lukather? Il a tout compris,
lui, puisqu’il ne jure que par Beck. Jeff Beck? Le seul
guitariste qui évolue. Après trois albums résolument
techno, le maître a recours ici à trois couineuses et à un
orchestre classique. Et quand il reprend «Over the
rainbow», on flirte littéralement avec l’Absolu.
Kamelot Poetry for the poisoned (2010)
Question à deux zlotys. Est-ce du power metal? Du
heavy metal symphonique? Du baroque and roll un poil
satanique? C’est qu’il faut être pointu, quand on
s’approche de la planète hard. Kamelot? Ça n’en est
certes pas et ça n’a rien à voir avec une série mythique
et «graalienne» qui s’essoufle. Gros effets, gros râles,
gros riffs. Et recours sympathique à quelques cantatrices
plus rauques que chauves? Oui, ces Américains-là
(distribution Phonag Records) savent se fourguer.
The Doobie Brothers World gone crazy (2010)
Oser s’appeler Les Frères Pétard, c’était banal dans les
seventies aux States. Surtout qu’à cette époque, ils
égalaient et côtoyaient des gangs comme Allman
Brothers Band, Moby Grape, Captain Beefheart. Pas
vraiment des sevrés! Avec «World gone crazy» (Phonag
Records», le groupe renoue avec la tradition de ce rock
US terriblement mélodieux, porté par des voix
angéliques. En prime, un DVD sur la saga du combo.
Ange Le bois travaille, même le dimanche (2009)
40 ans, 40 albums. Et toujours la même ferveur. Et si
Ange restait, même oublié – et souvent franchement
saqué – le plus grand groupe français? «Le bois
travaille...» (Disques Office) est leur meilleure galette
depuis plusieurs années. Et ils voyagent en autarcie!