Think Tank sur la géopolitique du risque en Afrique. Investir

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Think Tank sur la géopolitique du risque en Afrique. Investir
Think Tank sur la géopolitique du risque en Afrique.
Investir en Afrique oui mais à quel prix ? On parle de l’Afrique comme la nouvelle
frontière de l’économie mondiale. En effet, la croissance mondiale s’essouffle et sur
les 10 premiers pays du classement des taux de croissance les plus élevés, 7 sont
africains. Le barycentre de la croissance s’est donc déplacé en Afrique. L’Afrique est
au cœur de toutes les convoitises de par sa richesse : la Chine s’intéresse aux
hydrocarbures, les pays du golfe aux céréales et les pays du Nord aux minerais.
Toutefois, plusieurs risques amoindrissent ces opportunités. Qu’ils soient naturels,
climatiques ou directement liés à l’homme comme la corruption, le terrorisme ou le
nivellement des infrastructures. Printemps arabe au Nord, Djihadisme au centre,
Piraterie à l’Est, conflits internes au Sud, tous ces risques doivent être pris en compte
pour pouvoir profiter de la croissance Africaine. Plusieurs multinationales refusent
d’ailleurs d’investir dans certains pays africains en raison des risques sécuritaires et de
la corruption. D’autres en revanche ont moins de scrupule et n’hésitent pas à
s’adapter aux règles locales.
Peut-on réellement parler de croissance lorsqu’il y a un déphasage entre la hausse du
taux de croissance et la condition sociale ? Cette question est au cœur de la
problématique Africaine.
Tout
d’abord,
la croissance en Afrique est
due
principalement à la hausse des cours des matières premières et non à leur
transformation. 15% de la population mondiale mais seulement 1 à 2% de
contribution à la richesse mondiale, un PIB/hab de 1600$ soit 8 fois inférieur à la
moyenne mondiale, telle est la réalité africaine. L’indice du PNUD qui prend
notamment en compte l’accès à la santé et à la technologie souligne que la
croissance africaine est en réalité « artificielle ».
Faut-il une Afrique mondialisée ou une Afrique mondialisatrice ? Ce qui est certain,
c’est que les entreprises devront dorénavant prendre en compte les populations
locales et étudier les réalités socio-culturelles dans leur business plan pour s’assurer
un retour sur investissement à long terme.
L’Afrique attire tous les pays du Nord. Avec plus d’un million de chinois en Afrique, la
Chine s’impose comme l’un des acteurs majeurs du développement du continent. Elle
étend son influence grâce au SoftPower via les élites et les médias avec la création
d’une chaîne télévisée CCTV. La Turquie développe des lignes aériennes directes. Les
Etats-Unis reviennent en force en construisant des ambassades un peu partout. La
France véhicule l’image des droits de l’homme et de la démocratie. Les
investissements viennent de toute part.
Le drame de l’Afrique est l’indifférence des élites africaines qui au lieu d’avoir une
culture entrepreneuriale ont une position de prédateur. Il n’y a ni bonnes ni
mauvaises circonstances, il n’y a que des opportunités. Les élites africaines
investissent également en politique de la même manière qu’ils font du business.
Chaque élection est suivie de manifestations, de contestation des résultats, de morts
et les vaincus jouent de leur influence pour finalement se voir offrir une place à la
table des vainqueurs et former un gouvernement d’union nationale. Une des
conditions sine qua none au développement africain est la rupture de cette relation
incestueuse qui existe entre le monde de la politique et celui des affaires.
Certains courants proposent de suivre l’exemple chinois qui a une posture de
rattrapage face aux économies développées. Les indicateurs actuels ne sont
cependant pas en mesure de mesurer la croissance africaine. Elle existe mais selon un
modèle économique qui lui est propre. L’éducation par exemple existe Afrique. Elle
ne passe pas nécessairement par un apprentissage scolaire mais un nouveau modèle
de transfert de connaissance est en place. Les infrastructures routières sont
également à repenser, les routes goudronnés ne sont pas forcément la solution à
retenir dans des régions où la température atteint 50°C à l’ombre.
Suivre l’exemple des monarchies pétrolières peut être bénéfique puisqu’elles ont
réussi à trouver une clé de partage avec les majors et faire bénéficier la population
locale de la richesse nationale. Pour cela, certains leviers comme les médias et les
ONG sont indispensables pour contraindre les entreprises qui viennent s’implanter à
partager leur valeur ajoutée avec les locaux.
A la lumière de ce Think Thank, plusieurs recommandations ont été émises :
•
Repenser l’économie de manière à ce que l’état et l’entreprise se complètent.
•
Casser la rente des matières premières, se réinventer et réfléchir à l’optimisation
des ressources et à l’innovation
•
Porter l’éducation et le développement humain au rang de priorité absolue
•
Impliquer les communautés locales dans l’innovation sociale.
•
Prendre en considération la RSE, les risques inhérents en Afrique ne sont pas
une réelle contrainte au business si les conditions changent.

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