Quelle est votre connaissance de l`affaire dite du Corbeau et
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Quelle est votre connaissance de l`affaire dite du Corbeau et
Verbatim La déposition du général Rondot LeMonde.fr publie l’essentiel de l’audition du général Philippe Rondot par les juges d’instruction Jean-Marie d’Huy et Henri Pons, le 28 mars 2006. Le texte ci-dessous est la transcription du procès-verbal original, établie par la rédaction du Monde. Quelle est votre connaissance de l’affaire dite du Corbeau et connaissez-vous Imad Lahoud et Jean-Louis Gergorin, dont les noms ont été évoqués dans cette affaire ? Bien sûr que je connais Jean-Louis Gergorin ; je l’ai connu lorsque ayant quitté le Service de documentation extérieure et de contreespionnage, ancêtre de la DGSE, dans les années 80, j’ai cherché un point de chute qui a été le Centre d’études de politique étrangère, dirigé par Thierry de Montbrial. A cette occasion, j’ai rencontré JeanLouis Gergorin, qui dirigeait le centre d’analyse et de prévision du ministère des affaires étrangères, qui avait pris la suite de Thierry de Montbrial car il participait souvent aux séances de travail du Centre d’études de politique étrangère. C’est là que nous avons fait connaissance. C’était à la fin des années 70, au début des années 80. . Puis j’ai quitté le Centre d’études de politique étrangère pour rejoindre le Centre des hautes études sur l’Afrique et l’Asie moderne. C’est ce que l’on peut appeler ma période universitaire où j’ai mis à profit cette disponibilité pour passer un certain nombre de diplômes universitaires, jusqu’au doctorat en relations internationales. C’était une période de guerre au Moyen-Orient, au Liban, en Syrie et en Irak (guerre avec l’Iran) et Jean-Louis Gergorin a fait appel à moi en qualité de consultant au centre qu’il dirigeait s’agissant des problèmes du monde arabe et musulman, ainsi que des organisations radicales palestiniennes, sujets sur lesquels je travaillais depuis quelques années. J’ai fait des missions extérieures d’évaluation sur les conflits en cours en me rendant sur le terrain au Liban, en Syrie et en Irak et j’ai rédigé des comptes-rendus destinés au Centre d’analyse et de prévision ainsi qu’à l’état-major particulier à l’Elysée. Durant cette période, j’ai été approché par la DST pour lui apporter une coopération opérationnelle à l’étranger, dans le cadre de la lutte antiterroriste. J’ai ainsi rencontré Raymond Nart, commissaire divisionnaire à la DST, par l’intermédiaire de Jean-Louis Gergorin . J’ai ensuite intégré la DST, à la demande du préfet directeur de la DST de l’époque, M. Bernard Gérard. Cela se passait autour de 1986. Depuis, je suis resté en contact plus ou moins régulier avec JeanLouis Gergorin . Ma dernière rencontre avec lui remonte à février 2005. Qu’en est-il de votre connaissance d’Imad Lahoud ? Imad Lahoud m’a été présenté par Jean-Louis Gergorin en janvier 2003, comme un Libanais frère de Marwan Lahoud, fils d’un officier des renseignements libanais, comme pouvant présenter un intérêt pour nous dans le cadre de la lutte antiterroriste. Donc, j’ai reçu Imad Lahoud pour faire son évaluation. Il m’est apparu qu’il avait des connaissances intéressantes sur les réseaux de financement radicaux, particulièrement ceux d’Oussama Ben Laden. N’ayant pas les moyens de le traiter, je l’ai mis en contact avec la DGSE, qui s’en est occupée pendant un semestre à peu près. J’étais informé plus ou moins précisément des résultats de cette opération par le directeur du renseignement de la DGSE, M. Alain Juillet. Il m’a dit que c’était un personnage intéressant, qu’il y avait effectivement des ouvertures, qu’il semblait bien introduit dans les milieux financiers radicaux islamistes libanais, et qu’il avait peut-être la capacité d’approcher les réseaux financiers d’Oussama Ben Laden. Etiez vous informés des ennuis judiciaires de M. Imad Lahoud ? Quand il m’a été présenté, non. J’en ai eu connaissance quand j’ai fait faire son criblage, c’est-à-dire une recherche sur ses antécédents aux fins de déterminer s’il était clair ou non, par la DGSE en février 2003. Je m’en étais d’ailleurs expliqué avec lui au moment où je l’ai recruté, ses ennuis judiciaires étant selon lui en voie de règlement. Je précise que lorsque Imad Lahoud m’a été présenté, j’exerçais les fonctions de conseiller pour le renseignement et les opérations spéciales (CROS) auprès du ministre de la défense. J’ai commencé à exercer ces fonctions en 1991 auprès de M. Joxe, jusqu’à la fin du gouvernement Bérégovoy, en mars 1993, époque à laquelle j’ai rejoint la DST, en charge de la lutte antiterroriste et de la traque de Carlos. J’ai repris ce poste de CROS auprès de M. Alain Richard, ministre de la défense du gouvernement Jospin, à partir de septembre 1997. J’ai continué à exercer ces fonctions jusqu’au terme des fonctions de M. Richard, en mai 2002, et j’ai été reconduit aux mêmes fonctions par Mme Alliot-Marie, qui lui avait succédé. J’ai cessé d’exercer ces fonctions le 31 décembre 2005. Revenons à votre connaissance de l’affaire dite du Corbeau, de l’élaboration et de la transmission des lettres anonymes et des listings de comptes Clearstream à M. Van Ruymbeke. Après la séparation entre Imad Lahoud et la DGSE, intervenue à la fin du premier semestre 2003, qui trouvait que le personnage ne lui apportait pas ce qu’elle attendait et qu’il n’était pas facile à traiter ou à manipuler, Imad Lahoud m’a fait part de sa déception et j’ai continué à utiliser ses compétences, ses connaissances et ses accès sur les réseaux financiers et les proches d’Oussama Ben laden, tout particulièrement sur le demi-frère de celui-ci, Yeslam. Imad Lahoud m’a fourni des renseignements de manière disparate, irrégulière et de valeur inégale. Je lui ai demandé en même temps s’il était capable de travailler sur les réseaux financiers de soutien des criminels de guerre en Bosnie. Les recherches qu’il a effectuées confirmaient ce que je savais déjà et son travail ne m’a pas véritablement apporté un plus. Cela correspond à la période de septembre à novembre 2003, pendant laquelle je continuais à voir moins fréquemment Jean-Louis Gergorin . Entre-temps, Imad Lahoud avait un contrat ou trouvé un emploi à EADS. Le fait qu’Imad Lahoud ait ainsi pu collaborer à EADS alors qu’il faisait l’objet d’une procédure judiciaire dans le cadre de laquelle il avait été incarcéré, ne vous a-t-il pas paru surprenant, eu égard à la sensibilité de la société EADS ? Cela ne m’a pas étonné car c’était quelqu’un de connu de Jean-Louis Gergorin . Il y avait par ailleurs des liens entre Jean-Louis Gergorin et Marwan Lahoud, frère d’Imad Lahoud. En effet, ML avait un poste de directeur dans une entreprise liée à l’aéronautique et c’était aussi un interlocuteur de Gergorin. Pour autant, lorsque Imad Lahoud a fait l’objet d’une procédure d’habilitation « confidentiel défense » par le secrétariat général de la défense nationale, quelque temps plus tard, sans que je puisse être plus précis à ce sujet, j’ai fait part au général Barrot, chef de la Direction de la protection et de la sécurité et de la défense, de mises en garde orales quant au risque que présentait une telle habilitation d’Imad Lahoud. En effet, il ne correspondait pas aux critères d’habilitation, eu égard à son passé judiciaire. Je pense donc que la DPSD a du émettre un avis défavorable pour cette habilitation de même que probablement la DST, que j’avais également mise en garde à ce sujet en la personne de M. Jean-François Clair, directeuradjoint de la DST à l’époque. Je ne sais pas si Imad Lahoud a effectivement obtenu cette habilitation « confidentiel défense » dont je vous précise qu’elle est décidée par le secrétaire général de la défense nationale en personne, mais si tel était le cas, cela me paraîtrait anormal et la marque d’une intervention pour décider d’une telle habilitation en dépit des risques encourus. Cela signifierait que le ou les décisionnaires de cette habilitation auraient pensé que ces risques valaient le coup d’être pris, compte tenu de l’apport d’Imad Lahoud à l’entreprise EADS. Quand je parle de « risques », je parle de risques d’image pour la société EADS en cas de condamnation de Lahoud, mais également du risque de renouvellement de faits délictueux par l’intéressé au sein même de la société EADS. Début novembre 2003, il y a eu une sorte de bruit, de rumeur qui se répand selon laquelle certains ont connaissance d’une liste de personnalités et de fonctionnaires ayant pu bénéficier de rétrocommissions dans l’affaire des frégates qui circule. A ce moment-là, au cours d’une conversation avec Jean-Louis Gergorin , le sujet est évoqué et Jean-Louis Gergorin , avec lequel j’avais auparavant échangé sur certaines rumeurs selon lesquelles la mort de M. Lagardère père aurait eu pour origine la criminalité organisée russe, m’a confirmé l’existence de cette rumeur. Lors de cet entretien, M. Gergorin m’a remis un listing informatisé comportant des numéros de comptes, des noms, la mention d’entrées et de sorties de fonds, de mouvements, ce listing faisant deux ou trois pages. Je ne crois pas que ce listing portait la mention de Clearstream. Cet entretien et cette remise de documents ont eu lieu dans mon bureau, situé 16, rue Saint-Dominique au ministère de la défense. Ayant ce document en main et regardant les noms inscrits, je me suis étonné la présence d’hommes politiques de droite et de gauche messieurs Rocard, Strauss-Kahn, Fabius ainsi que Madelin. Je ne suis pas sûr que le nom de Sarkozy était présent sur cette première liste mais peut-être figurait-il sous les autres patronymes de Bocsa et Nagy. Mais ce ne sont pas les hommes politiques qui m’ont le plus surpris, ce sont plutôt les noms de fonctionnaires et militaires appartenant à nos services : le général Heinrich, ancien directeur du Renseignement militaire, M. Martini, chargé de la défense du patrimoine à la DST, M. Squarcini, numéro 2 des Renseignements généraux, M. Gilbert Flam, magistrat en détachement à la DGSE, M. Alain Chouet, responsable du contre-espionnage à la DGSE et supérieur de M. Gilbert Flam, le colonel Klebnikoff, ancien du SGDN puis responsable de Thomson our les Etats-Unis, avant d’exercer à l’époque des faits la direction d’une ONG s’occupant de la reconstruction d’un village en Chine. La liste comprenait également les noms de Gomez, Delmas et Martinez, ainsi que les vedettes du show-biz Alizée et Laetitia Casta. Il y avait également Jean-Pierre Joulin, qui est journaliste me semblet-il, ainsi que des Russes, un suisse dirigeant une société de sécurité dont le nom m’échappe, deux ou trois personnes italiennes. En tout cas, il devait y avoir une centaine de noms. [NDLR : Aucune de ces personnalités n’a en définitive été convaincue de détenir le moindre compte à l’étranger via la société Clearstream] Le nom de Clearstream n’apparaissait pas sur ce listing, mais Gergorin m’avait dit que les comptes dont il était question sur ce listing étaient des comptes ouverts chez Clearstream, qui était une chambre de compensation, d’après ce que m’en avait dit Gergorin. Celui-ci m’avait également précisé que Clearstream était installé au Luxembourg. Le nom de Clearstream me disait quelque chose à travers la publicité qui en avait été faite lors des procès ayant opposé Clearstream au journaliste Denis Robert. Je précise que sur ce listing apparaissait une liste de mouvements financiers venant créditer et débiter des comptes ouverts chez Clearstream au nom de Gomez et principalement de Delmas. Il comportait les mentions suivantes, de gauche à droite : un numéro de six chiffres, correspondant soit à un numéro de compte soit à un ordre de virement ; avant ou après ce numéro, une date d’opération ; le nom et le prénom du titulaire du compte ; la somme en dollars et le numéro du compte à créditer, ainsi que la banque où était ouvert ce compte. Ce listing était en fait une liste de mouvements de fonds créditant les deux comptes au nom de Gomez et Delmas et débitant ces deux comptes. Les virements au débit de ces deux comptes créditaient divers comptes ouverts au nom de personnalités que je vous ai citées plus haut, dans différentes banques : une française, en l’occurrence le Crédit Lyonnais, s’agissant du compte ouvert en France au nom de Martini, et d’autres banques étrangères, suisses et italiennes notamment. J’indique également que figuraient parmi les noms des titulaires des comptes mentionnés sur ce listing des noms de sociétés étrangères, principalement de Russie et d’Italie. Dès le lendemain de cet entretien, soit vers le 15 novembre 2003, j’ai rendu compte à M. Philippe Marland, directeur de cabinet de Mme la ministre de la défense, de la teneur de l’entretien avec M. Gergorin et des documents que celui-ci m’avait remis. J’ai proposé à M. Marland d’entamer des recherches pour vérifier si les personnels relevant du ministère de la défense, plus M. Martini, qui appartenait à la DST, possédaient réellement un compte chez Clearstream. M. Marland m’a donné son feu vert pour mener mes investigations en me disant de limiter mes recherches aux personnels relevant des services, et que si cela prenait de la consistance, de lui faire un compte-rendu qui serait porté à la connaissance du ministre le moment venu. Jusqu’à Noël 2003, j’ai évalué comment j’allais m’y prendre, j’ai vérifié quelles fonctions occupaient à ce moment les personnes qui étaient citées sur ces listings. J’ai pris conscience que cela devait être important car entre-temps, j’ai été convoqué par Dominique de Villepin, alors ministre des affaires étrangères, par l’intermédiaire de son secrétariat et par téléphone. Cette convocation a dû intervenir le 4 ou le 5, pour une réunion qui s’est tenue, ainsi que cela apparaît dans les notes que vous avez saisies à mon domicile, le 9 janvier 2004 dans le bureau de M. de Villepin au ministère des affaires étrangères. J’ignorais l’objet de cette convocation mais je me doutais qu’elle pouvait avoir un rapport avec les listings informatisés que m’avait remis Gergorin. En effet, M. de Villepin connaît depuis longtemps Jean-Louis Gergorin pour avoir travaillé sous les ordres de celui-ci au sein du Centre d’analyse et de prévision du ministère des affaires étrangères, en qualité de spécialiste des affaires africaines. J’explique cette convocation de M. de Villepin de participer à cette réunion par plusieurs raisons. La première était que quand M. de Villepin était secrétaire général de l’Elysée auprès de M. Chirac, président de la République, j’avais été missionné officiellement et directement par M. Chirac en présence de Dominique de Villepin et à la connaissance d’Alain Richard, ministre de la défense de l’époque, pour démêler ce qu’on appelle « l’affaire japonaise ». Cette affaire n’est pas secrète puisque la presse s’en était fait l’écho début 2002 et que Franz-Olivier Giesbert la rapporte dans son dernier livre sur le président Chirac en reprenant les propos du président à mon endroit. Cette affaire était la suivante : un officier de la DGSE avait dénoncé au début de l’année 2002, environ trois mois avant l’élection présidentielle, l’existence d’une supposée machination animée au sein de la DGSE par une petite équipe dont Gilbert Flam serait l’animateur. A partir de renseignements recueillis soit par Gilbert Flam, soit par ses collaborateurs, le but était de mettre en cause le président à travers l’existence d’un compte bancaire que le président possédait dans une banque japonaise. Ce compte était alimenté par le versement régulier d’une somme très importante, dont je n’ai pas le montant précis en tête, provenant d’une fondation culturelle dont M. Chirac était membre du conseil d’administration. (…) A ma connaissance, ce compte avait été ouvert en 1992. J ‘étais chargé de vérifier si les fonctionnaires de la DGSE, n’avaient pas essayé, hors de leur hiérarchie, de monter un dossier contre le président, en révélant le compte de celui-ci au Japon. Cette enquête interne au sein de la DGSE a été diligentée par le général Champtiaux, qui avait été désigné pour y procéder par M. Cousserand, alors directeur général de la DGSE. Pour ma part, je devais suivre les développements de cette enquête interne sous l’égide du président de la République et du ministre de la défense, mais je n’ai par la suite rendu compte qu’au ministre de la défense puisque je n’ai plus jamais revu M. Chirac à ce sujet, les comptes-rendu lui ayant été faits par M. Richard en personne. Ma conclusion suite aux vérifications internes à la DGSE que j’ai suivies était que cette affaire était assez trouble et qu’il y avait probablement un fond de vérité. D’ailleurs, les gens impliqués dans ce dossier avaient été écartés de leurs fonctions, notamment M. Cousserand puis M. Gilbert Flam, à l’initiative du successeur de M. Cousserand, M. Pierre Brochand, actuel directeur général de la DGSE et frère de Bernard Brochand. Pour autant, j’ai considéré que l’action de M. Gilbert Flam s’inscrivait dans le cadre normal de ses compétences au sein de la DGSE. La deuxième cause qui me paraissait justifier cette convocation auprès de M. de Villepin était que je connaissais celui-ci depuis longtemps, pour avoir travaillé avec lui au Centre d’analyse et de prévision à l’époque dirigé par Jean-Louis Gergorin . La troisième était que je connaissais M. Gergorin, tout comme M. de Villepin. Lors de cette réunion, je suis arrivé le premier dans le bureau de M. de Villepin, et une ou deux minutes après, M. Gergorin s’est également présenté dans le bureau de M. de Villepin. J’étais assez surpris de le voir arriver. M. Gergorin a sorti de la poche intérieure de sa veste un papier : c’était le même listing, comportant des noms et des numéros de comptes, qu’il m’avait remis à la mi-novembre 2003. M. de Villepin a pris la parole le premier, a parlé de cette entreprise assez énorme mettant en cause les hauts fonctionnaires, des ministres et personnalités politiques, et M. Gergorin a dit qu’il s’agissait de la liste de comptes Clearstream. Dans mon souvenir, M. de Villepin n’a pas parlé le premier de Clearstream. M. de Villepin m’a alors fait part des instructions qu’il avait reçues au sujet de cette affaire des listings de comptes Clearstream de la part de M. Chirac, président de la République. Ces instructions étaient les suivantes : il s’agissait de vérifier la validité de cette liste de comptes pour savoir si oui ou non les personnalités qui étaient citées possèdaient un compte Clearstream ainsi que cela était mentionné sur ces listings. Lors de cette réunion, M. de Villepin n’a pas découvert cette affaire de listings de comptes Clearstream, puisqu’il avait reçu à ce sujet des instructions du président de la République. Je présume que le président de la République avait été informé de cette affaire à la fin de l’année 2003, ou tout au début de l’année 2004 par l’intermédiaire de M. de Villepin, lui même informé par M. Gergorin. Bien sûr, M. de Villepin était informé de cette affaire par M. Gergorin et compte tenu de l’énormité de ce qu’on nous présentait, je présume qu’il en a rendu compte à M. Chirac. La consigne du président de la République était également d’agir avec précaution, discernement et discrétion car l’affaire était grave, que les mises en cause soient fondées ou pas, et qu’elle pouvait donc avoir des conséquences politiques. Parmi les personnes citées comme titulaires de comptes Clearstream, le nom de M. Sarkozy a été évoqué lors de cette réunion, mais il n’y a pas eu de fixation particulière à ce sujet. Je vous précise à ce propos que dès que j’avais examiné la liste de comptes que m’avait remise M. Gergorin à la mi-novembre 2003, j’avais fait un rapprochement entre la personne de M. Sarkozy et les deux patronymes Bocsa et Nagy figurant sur ces listings, en faisant des vérifications sur le Who’s who. M. de Villepin m’a demandé de travailler sur cette affaire comme je le fais d’habitude c’est-à-dire en solitaire, avec mes moyens pour valider ou non les renseignements figurant sur ces listings. Je vous précise que bien que j’aie une relation très amicale avec Dominique de Villepin, je n’avais jamais été convoqué par lui dans ces conditions, sauf le précédent de l’affaire japonaise, lorsqu’il était secrétaire général de l’Elysée. J’ai donc commencé mon travail de recherches et de vérifications. (Mention : à la demande de M. Rondot, l’audition est supendue à 18h14. Reprise à 18h30) J’ai alors repris la liste que m’avait remise M. Gergorin, je me suis intéressé en priorité au cas de M. Jean-Jacques Martini et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, c’est un ami que je connais bien pour l’avoir côtoyé à la DST et je ne pouvais l’imaginer inscrit sur une telle liste. J’avais un a priori favorable à son endroit, j’ai donc fait une vérification technique le concernant. Comme sur le listing que m’avait remis Gergorin il y avait un élément technique que je pouvais vérifier tout de suite, j’ai procédé à cette vérification. En effet, il était indiqué sur le listing que Jean-Jacques Martini avait bénéficié d’un virement de fonds émis par M. Delmas au crédit de son compte Crédit Lyonnais en France. Comme je suis moi-même titulaire d’un compte au Crédit Lyonnais, j’ai essayé de procéder à un virement à partir de mon propre compte et au crédit du compte qui était indiqué comme celui de M. Martini, à partir d’un guichet automatique. Mais cela n’a pas marché, car le numéro de compte de M. Martini apparaissait incorrect et ne permettait pas de réaliser l’opération. J’ai fait valider cette première constatation en demandant à une personne dont je ne me souviens plus le nom, ni le service pour lequel elle travaille, de prendre contact auprès du Crédit lyonnais pour vérifier la validité du compte qui serait celui de M. Martini et le nom du titulaire. Cette personne m’a alors dit qu’elle connaissait elle-même une autre personne travaillant au Crédit lyonnais lui permettant d’effectuer une telle opération. Elle m’a alors parlé de M. Wack, en me disant qu’il s’agissait d’un ancien policier qui travaillait au Crédit lyonnais et qui était chargé de la sécurité. Cette personne a dû aller voir M. Wack ou lui téléphoner. La réponse était que le compte imputé à Martini sur le listing de Gergorin n’existait pas dans les livres du Crédit lyonnais. J’ai également procédé à des vérifications humaines. C’est ainsi que j’ai rencontré certaines personnes citées comme bénéficiaires de virements sur les listings de M. Gergorin. J‘ai ainsi rencontré M. Martini, M. Klebnikoff, le général Heinrich, ainsi que Philippe Delmas. Je ne leur ai pas parlé des comptes lors de ces rencontres, mais j’ai essayé de sentir l’ambiance. S’agissant du général Heinrich, il était conseiller-président de la société Geos, société d’intelligence économique. Je savais par ailleurs que M. Delmas recherchait un responsable de la sécurité chez Airbus, pour remplacer un ancien commissaire de la DST (…) J’ai fait part de cette opportunité à M. Heinrich et celui-ci m’a répondu qu’il ne connaissait pas M. Delmas, mais qu’il était intéressé par le poste et à sa demande, je lui ai donné les coordonnées de M. Delmas. Cette réponse de M. Heinrich, selon laquelle il ne connaissait pas M. Delmas, m’a fait penser que le fait qu’il ait reçu de l’argent de M. Delmas, ainsi que cela était mentionné sur le listing de Gergorin ne collait pas avec le personnage. S’agissant de M. Klebnikoff, j’ai fait le tour du personnage. Lorsque je l’ai rencontré, il m’a retracé son itinéraire auprès de M. Gomez. Il m’a dit qu’à la suite d’une mésentente avec celui-c i en 1994, il avait quitté Thomson et s’était installé en Suisse, où il avait une activité de consultant dans le domaine de l’intelligence économique, d’abord à titre indépendant, ensuite au profit d’un riche homme d’affaire helvétique dont le nom m’échappe. Le fait que M. Klebnikoff était en contact avec M. Gomez, lequel apparaissait également sur le listing de M. Gergorin, m’a fait avoir des doutes quant au fait que M. Klebnikoff ait pu bénéficier des virements mentionnés sur ledit listing. Mais la preuve déterminante dans mes investigations m’a été rapportée dans le cadre d’investigations auxquelles j’ai fait procéder en Suisse. Nous étions alors vers la mi-juillet 2004, l’article du Point venait de sortir pour révéler l’affaire du corbeau. J’indique qu’à cette époque et tout au long de mes investigations, je tenais au courant M. Marland de l’état d’avancement de mes vérifications, au cours de réunions hebdomadaires en sa seule présence. Il était évident que Mme la ministre devait être informée de la teneur de ces réunions par son directeur de cabinet. Je me suis donc rendu à Berne, vers la mi-juillet 2004, en utilisant un avion de liaison ministériel, un DBM 700, faisant partie de la flotte du GAEL, ex-Glam. J’étais seul lors de ce voyage, il y avait deux pilotes. Je me suis rendu à Berne, où se trouve la Sûreté d’Etat suisse, c’est à dire les services spéciaux suisses. J’ai rencontré deux fonctionnaires que je connaissais bien et de manière officieuse et sur leur insistance, je leur ai remis des numéros de comptes accompagnés de noms de banques, mais sans préciser l’identité des titulaires de ces comptes. Il s’agissait là de numéros et de noms de banques suisses qui se trouvaient sur le listing Gergorin. Les titulaires de ces comptes tels qu’ils étaient mentionnés sur le listing Gergorin étaient M. Marchiani, des ressortissants suisses, le patron d’une société de sécurité suisse dont le nom m’échappe tout comme celui de ce ressortissant. Dans les deux jours, j’ai eu une réponse par téléphone de mes contacts en Suisse. Il m’a été indiqué par ceux-ci que les banques suisses dans les livres desquels ces trois comptes étaient censés être ouverts avaient répondu que la présentation et les numéros de ces comptes n’étaient pas conformes. En fait, j’avais donné le nom de deux banques : la banque zurichoise et la banque de Crédit de Berne, ainsi que le nom de la personnalité suisse dont je vous ai parlé plus haut. Mes contacts m’ont confirmé que cette personnalité était connue en suisse. J’ai également demandé dans le même temps et pendant cette période, de janvier à juin 2004, à Jean-Louis Gergorin d’affiner ses recherches. A ce moment de mon exposé, je dois vous faire part d’un incident. En mars 2004, Imad Lahoud a été interpellé par un policier dans le cadre de l’une de ses affaires judiciaires. Il a fait l’objet d’une fouille à corps qui a permis de trouver dans une de ses poches un document manuscrit consistant en une demande de Jean-Louis Gergorin a entête d’EADS adressée à M. Sava, directeur d’EADS et qui devait être le chef d’Imad Lahoud, selon laquelle Imad Lahoud était investi d’une mission dans le cadre de la lutte antiterroriste à mon profit et que l’on devait donc le laisser travailler à ce sujet à EADS. Le policier qui avait interpellé M. Lahoud m’a contacté au téléphone, puisque mon nom et ma qualité, ainsi ,que le nom du ministère de la défense, étaient clairement indiqués sur ce document de Gergorin trouvé sur M. Lahoud. Ce policier m’a dit ce qui s’était passé, à savoir qu’il avait trouvé le document dont je viens de vous parler dans le portedocuments de M. Lahoud. J’ai rendu compte de ces faits à M. Marland, qui a décidé avec moi de transmettre ma mise au point écrite à M. Sava sous ma signature. C’est ainsi que j’ai indiqué par écrit à M. Sava qu’en aucun cas Imad Lahoud n’était missionné par moi au titre du ministère de la défense, s’agissant de lutte antiterroriste. Dans le même temps, j’ai appelé Jean-Louis Gergorin pour lui faire part de mon mécontentement et je lui ai demandé ce qu’il s’était passé. Il était confus et s’est excusé. Dominique de Villepin, certainement averti de ces faits par Jean-Louis Gergorin , m’a téléphoné quelques minutes après que j’aie moi-même informé Jean-Louis Gergorin de l’arrestation de Lahoud. En effet, Dominique de Villepin n’ignorait pas qui était Imad Lahoud. Il m’a demandé de sortir Imad Lahoud de là, c’est à dire de le faire libérer. Je n’ai pas eu le temps d’intervenir auprès du policier car celui-ci m’a rappelé une demi-heure après, en me précisant qu’Imad Lahoud venait d’être libéré. A ma demande, il m’a brossé un portrait de l’intéressé qui n’avait rien de très reluisant ; selon lui, Imad Lahoud était impliqué dans une affaire de dettes non réglées avec l’un de ses associés. Je m’en suis tout de suite expliqué avec Imad Lahoud en le faisant venir le lendemain à mon bureau, en lui demandant de me remettre son laisser-passer, ce qui a été fait, et en lui demandant des détails sur son affaire. Ce qu’il m’a dit venait confirmer ce que m’avait précédemment dit le policier. Comment Dominique de Villepin connaissait-il Imad Lahoud et pourquoi vous a-t-il donné des instructions pour le faire libérer dans le cadre d’une procédure judiciaire ? Dominique de Villepin connaît Imad Lahoud de nom, sinon de contact, à travers la présentation qu’avait dû lui faire Jean-Louis Gergorin dans le cadre de ses travaux Clearstream au départ de l’affaire. En réalité, à l’origine de la démarche de Jean-Louis Gergorin en novembre 2003, celui-ci a fait état auprès de moi de la pénétration du système informatique de Clearstream par Imad Lahoud et du fait que le listing qui m’avait été remis provenait de cette pénétration. Je vous confirme que Dominique de Villepin m’a demandé de faire libérer Imad Lahoud, ainsi que je l’ai relaté dans une note adressée au directeur de cabinet du ministère de la défense, en date du 29 mars 2004 – note que vous avez saisie à mon domicile (scellé numéro Rondot-Meudon 11). Cette démarche peut paraître surprenante de la part d’un ministre, mais elle s’explique parce que Dominique de Villepin suivait l’évolution de cette affaire Clearstream et Imad Lahoud était au piano, si je peux dire. Dominique de Villepin craignait peut-être qu’Imad Lahoud parle de cette affaire. Lors de la réunion qui s’est tenue au ministère des affaires étrangères le 9 janvier 2004, dans le bureau de M. de Villepin en présence de celui-ci et de M. Gergorin, a-t-il été fait état par l’un des participants du fait que le listing objet de cette réunion provenait de la pénétration du système informatique Clearstream par Imad Lahoud ? Je n’ai pas le souvenir que le nom d’Imad Lahoud ait été prononcé mais il était dans la tête de chacun des participants. Par contre, il a bien été indiqué lors de cette réunion que le listing sur lequel M. de Villepin me demandait d’investiguer sur instruction expresse du président de la République provenait de la pénétration du système informatique Clearstream. A votre connaissance et au vu de la teneur des propos de MM. de Villepin et Gergorin lors de cette réunion, le président de la République avait-il lui même connaissance de l’origine de ce listing ? M. de Villepin avait parlé de ce listing au président de la République, puisque je recevais ce jour-là des instructions de sa part pour investiguer sur le listing. Mais j’ignore ce que M. de Villepin avait exactement dit à M. Chirac des moyens mis en œuvre pour obtenir ledit listing. Au cours de cette même réunion, qui s’est tenue le 9 janvier 2004 dans le bureau de M. de Villepin, a-t-il été évoqué une répartition des rôles dans les recherches à effectuer entre vous-même et Gergorin ou étiez-vous seul mandaté pour effectuer ces recherches, comme cela ressort de vos précédentes déclarations ? Oui. J’étais seul mandaté pour effectuer les recherches sur le listing. Je devais vérifier si cela tenait, c’est-à-dire si les flux financiers indiqués sur ce listing étaient réels, tant dans leurs montants, l’origine des fonds, les bénéficiaires des virements ainsi que pour les établissements bancaires mentionnés. Deux ou trois jours après, peut-être même le lendemain de la réunion du 9 janvier, j’ai demandé à M. Gergorin de poursuivre la pénétration du système informatique de Clearstream entreprise par Imad Lahoud et de continuer à collationner les informations qu’elle permettait de recueillir. Pour vérifier ses capacités de pénétration, j’ai demandé à M. Gergorin d’actionner Imad Lahoud pour qu’ils poursuivent ces recherches sur l’ensemble des noms du listing, qu’il continue à suivre les flux financiers en temps réel. Imad Lahoud m’apportait tout ce matériel, c’est-à-dire de nouveaux listings, à mon bureau et cela m’a permis de constater que les mouvements financiers continuaient. J’ai trouvé que sa production allait vite et il me paraissait doué. Je lui ai demandé de tester devant moi le système de pénétration dans Clearstream. Ça s’est fait en deux temps : Dans un premier temps, que je situe au début du mois d’avril 2004, j’ai récupéré Imad Lahoud avec ma voiture de service dans une rue à proximité du ministère et nous sommes allés dans la nature, c’est-àdire dans le parc de l’observatoire de Meudon. Nous nous sommes arrêtés dans une contre-allée du par cet ça s’est passé dans ma voiture. Imad Lahoud travaillait avec son téléphone portable et son ordinateur. Il a appelé un numéro de téléphone et pianoté les touches de son ordinateur. Je l’ai vu mettre les codes et j’ai vu une liste apparaître sur l’écran. Je précise qu’il a eu des problèmes techniques de liaison parce que selon Imad Lahoud cet ordinateur n’était pas assez puissant. Cependant, j’ai vu apparaître un listing qui défilait avec des noms qui étaient déjà apparus dans les listings précédents, comme ceux de Philippe Delmas, Gomez, des Russes et des personnalités politiques telles que Jean-Pierre Chevènement. Ça a été très bref. Pour moi, ça n’a pas été concluant. Dans un deuxième temps, qui s’est passé le même jour, c’est-à-dire immédiatement après, je l’ai accompagné à son bureau à EADS sur le site de Suresnes, où il a effectué les mêmes manipulations avec son téléphone portable, mais en utilisant cette fois son ordinateur de bureau. J’étais derrière lui, je l’ai vu entrer des codes. Après plusieurs tentatives infructueuses, les mêmes listes de comptes que celles que j’avais vues deux heures auparavant à Meudon sont apparues. Je suis reparti convaincu de la capacité d’Imad Lahoud à pénétrer un système informatique et je me suis dit que ce qui était produit était peut-être vrai, mais il y avait tellement d’incohérences dans la présentation des listings, des noms qui apparaissaient puis qui disparaissaient, de nombreux virements qui intervenaient le même jour puis toute une période sans rien, que j’avais des doutes. J’ai exposé mes doutes à M. Gergorin et à M. Lahoud et j’en ai rendu compte au directeur de cabinet en lui disant qu’il fallait s’interroger sur la crédibilité à accorder à ces listings. J’ai également fait part de mes doutes à Dominique de Villepin autour d’avril 2004 à l’occasion d’un retour de mission. Je lui ai dit qu’il fallait être extrêmement prudent car j’avais le sentiment d’être instrumentalisé et que lui-même risquait de l’être. Et là, sa réponse a été très nette : on ne sait pas si c’est bon ou pas, mais si tout ça est un montage, non seulement on arrête mais en plus, on réagit. Tels ont été les propos de M. de Villepin ce jour-là. Pour sa part, à la même période, Gergorin était persuadé que tout cela était bon, qu’il fallait accorder du crédit à ces listings obtenus par Lahoud. Quelques temps après, à la mi-mai 2004, j’ai vu le préfet Marland pour lui dire que tout cela me paraissait de mois en moins crédible et qu’il fallait en tirer les conséquences pratiques, compte tenu des répercussions politiques que cela pouvait entraîner. Toujours au mois de mai, j’ai eu un entretien oral avec le ministre, au cours duquel je lui ai fait part de mes recherches. C’était une réunion de bilan, où je lui ai indiqué qu’il n’y avait aucun élément probant, que je n’avais pas été convaincu par la démonstration technique et que j’avais constaté une certaine aberrance dans la production. J’ai dit à Mme Alliot-Marie qu’il fallait faire attention car on pouvait faire l’objet d’une manipulation grossière dont je ne m’expliquais pas les motivations ni l’origine, car à cette époque, pour avoir vu Imad Lahoud travailler et produire, il me semblait compétent. Je n’avais pas de doute sur sa capacité de pénétrer le réseau Clearstream ; en revanche, je commençais à me demander s’il n’avait pas été lui-même intoxiqué, autrement dit si le système Clearstream qu’il avait pénétré n’avait pas mis en place un système de désinformation en l’alimentant avec de faux listings ou s’il n’avait pas lui-même fabriqué cette production. Combien d’entretiens avez-vous eu avec M. de Villepin au cours desquels cette affaire-là a été évoquée ? Il me semble qu’il y en a eu cinq ou six. Il ressort des fiches saisies à votre domicile (scellé RondotMeudon 6) qu’entre le 9 janvier 2004 et le 18 février 2005, vous avez eu 9 réunions portant sur ce thème avec M. de Villepin, un courrier ayant été envoyé à celui-ci par vos soins, en date du 12 janvier 2004. confirmez-vous une telle chronologie de contacts avec M. de Villepin, étant précisé que les réunions postérieures au 9 janvier 2004 ont eu lieu, selon vos propres indications manuscrites, au ministère de l’intérieur après la nomination de M. de Villepin en qualité de ministre de l’intérieur ? Vous me montrez cette fiche bristol, objet du scellé Rondot-Meudon 6, sur laquelle apparaît la mention de toutes ces réunions. Je confirme la tenue de ces réunions avec M. de Villepin. J’indique qu’elles n’ont pas porté spécifiquement sur cette affaire mais que nous avons abordé également d’autres sujets au cours de celles-ci. Vous avez déclaré que lors de la réunion que vous avez eue le 9 janvier 2004 avec M. de Villepin et M. Gergorin dans le bureau de M. de Villepin au ministère des affaires étrangères, le nom de M. Sarkozy avait été évoqué parmi ceux des personnes citées sur le listing que vous avez remis M. Gergorin comme bénéficiaire de virements de fonds. Cette déclaration se trouve confirmée par vos propres notes prises à l’issue de cette réunion, pour laquelle vous mentionnez (scellé Rondot-Meudon) : - L’enjeu politique ---) Nicolas Sarkozy Fixation sur N. Sarkozy, ref : conflit Chirac-Sarkozy. Or dans une note datée du 21 juin 2005 ayant pour objet Imad Lahoud et que vous avez adressée à Mme la ministre de la défense, vous avez indiqué (scellé Rondot-Meudon 6) : « J’attire votre attention sur le fait que, à la défense, nous nous sommes seulement employés à vérifier la compromission supposée de certains de nos fonctionnaires dont les noms figuraient sur les listes incriminées. Nous ne nous sommes jamais intéressés aux hommes politiques cités, et particulièrement à Nicolas Sarkozy, dont le nom n’a été évoqué qu’une fois mon enquête close. » Il apparaît ainsi que vous avez sciemment menti dans cette note adressée à votre ministre, puisque dès le début de vos investigations sur ce listing, qui vous ont été confiées par le président de la République par l’intermédiaire de M. de Villepin, le nom de M. Sarkozy était cité, parmi les personnes supposées être bénéficiaires de flux financiers via Clearstream, en particulier lors de la réunion tenue le 9 janvier 2004 dans le bureau de M. de Villepin, au cours de laquelle celui-ci vous a fait part du mandat que le président de la République vous confiait aux fins d’investiguer et de valider les informations contenues dans ce listing. Par ailleurs, vous avez également reconnu avoir demandé à M. Gergorin, postérieurement à cette réunion du 9 janvier 2004, de poursuivre l’infiltration du système informatique de Clearstream par l’intermédiaire de M. Lahoud, aux fins de vérifier si les personnes citées sur ce listing initialement remis par Gergorin, dont M. Sarkozy, continuaient à bénéficier de flux financiers à partir de la chambre de compensation Clearstream. Le nom de M. Sarkozy, comme personnalité politique citée sur le listing Cleastream ne vous était donc pas inconnu et ce, dès le moment où vous avez commencé à investiguer sur cette affaire. Pour quelles raisons, dans ces conditions, avez-vous menti à votre ministre en affirmant le contraire dans cette note précitée, du 21 juin 2005 ? Je reconnais avoir menti mais je ne m’explique pas aujourd’hui les raisons qui m’ont poussé à le faire. J’ai rendu compte à M. Marland, directeur de cabinet du ministre de la défense, tant de la remise du listing que de son contenu et de l’avancée de mes investigations sur ce sujet, j’ai alerté les autorités politiques, à savoir M. de Villepin et Mme Alliot-Marie, en les mettant en garde sur les risques que faisait courir cette affaire et malgré tout, tout s’est poursuivi, c’est-à-dire que certains ont continué à y croire ; il n’y a pas eu de stop mis à cette affaire, qui a continué à se développer avec les lettres de dénonciation notamment, sans que quelqu’un ait le courage politique de dire stop, arrêtons le jeu de massacre. J’ai donc écrit un tel mensonge pour nous mettre à l’abri et protéger mon ministre et moi-même de l’accusation d’avoir participé à une opération douteuse au détriment de M. Sarkozy. Je tiens à vous informer formellement que tant Mme Alliot-Marie que M. de Villepin ainsi que M. Marland ont été d’une rigueur totale dans la gestion de cette affaire car je n’ai jamais reçu d’instructions de leur part de favoriser cette opération-là de déstabilisation de M. Sarkozy. Dès le mois de mai 2004, j’ai senti que cette affaire de listings était un montage et je l’ai dit à mon ministre, Mme Alliot-Marie. J’ignore si elle a pris son téléphone pour en informer alors M. Sarkozy. Si elle ne l’a pas fait, je le regrette. J’ai aussi un second regret : Nicolas Sarkozy a eu connaissance de mon enquête et de ses résultats, selon lesquels la probabilité d’un montage dans cette affaire était très grande, très tôt, dès l’été 2004, par un journaliste. Jamais M. Sarkozy ni son directeur de cabinet M. Guéant, qui me connaît, n’ont cherché à me convoquer pour obtenir mes explications sur cette affaire. Si tel avait été le cas, je me serais rendu à cette convocation, avec l’accord que, je pense, mon ministre m’aurait donné. On m’a jeté dans cette affaire pourrie et on m’a dit : « Débrouillez-vous. » (Mention : nous su pendons la présente audition pendant dix minutes à 23 heures et reprenons l’audition à 23h13.) Veuillez poursuivre sur le déroulement des faits. Au milieu de, l’été 2004, j’ai cessé tout contact avec Imad Lahoud parce que j’avais rendu mes conclusions et que je ne voyais pas l’utilité de poursuivre cette opération par les recherches qu’il entreprenait ; donc, je ne l’ai pas revu depuis cette date. S’agissant de Jean-Louis Gergorin , à partir de la même période, j’ai de plus en plus espacé mes contacts avec lui car c’est à ce moment-là que son nom est apparu comme étant le possible corbeau. Le dernier entretien que j’aie eu avec lui se situe en février 2005. C’est lui qui avait pris l’initiative de ce contact, sans doute pour me relancer. Il est venu comme toujours à mon bureau et la rencontre a pu se prolonger par un dîner dans un restaurant voisin. Je lui ai dit que cette affaire prenait une dimension qui me déplaisait et que mon sentiment était que c’était un montage. Je lui ai indiqué que je ne voulais plus en entendre parler et en cela je respectais les recommandations que m’avait faites Philippe Marland dès le mois de février 2005 alors que Gergorin avait appelé plusieurs fois mon bureau pour prendre rendez-vous avec moi. Par la suite, nos échanges se sont limités à l’envoi d’une carte de vœux réciproque. Nous vous présentons les documents saisis à votre domicile de Meudon et placés sous scellés Rondot-Meudon 1 à RondotMeudon 33 et scellé fermé Rondot-Meudon 1. Confirmez-vous avoir détenu de tels documents et pour quelles raisons les avezvous ainsi conservés à votre domicile ? Vous venez de me montrer chacune des pièces placées sous scellés numérotés 1 à 33 que vous avez cités dans votre question. J’ai attentivement examiné ces documents. Je reconnais les avoir détenus à mon domicile. Ils se trouvaient d’ailleurs pour la plupart dans le placard fermé par une porte blindée que vous avez dû faire ouvrir par un serrurier, mesure que je comprends parfaitement, faute d’avoir pu répondre à votre appel à temps pour vous indiquer où se trouvait la clé de ladite porte. Je vous précise que si j’avais été présent, j’aurais bien évidemment ouvert cette porte spontanément pour vous permettre d’y consulter et saisir tous les documents utiles à votre enquête. Je vous indique à cet égard que la clé de ce placard était cachée dans le fer à repasser qui se trouvait sur une étagère en bois dans ma chambre. Ayant quitté mes fonctions le 31 décembre 2005, ayant pris des dispositions depuis plusieurs mois déjà afin de faire transférer après leur tri ces documents, soit reliés soit placés dans des boîtes, au service historique de l’armée de terre de Vincennes, où j’avais fait ouvrir un fond privé destiné à les accueillir (les correspondances afférentes à ce transfert se trouvaient dans un dossier gris placé à l’intérieur du placard blindé) car n’ayant pas de successeur à mon bureau, qui a été fermé, et ayant pris quelques jours de vacances au Vietnam, je n’ai pas eu le temps de transférer ces pièces au service historique de l’armée de terre, dont l’amiral-directeur m’avait fait savoir qu’il attendait de les recevoir. Si vous aviez effectué cette perquisition à mon bureau avant que je ne quitte mes fonctions (…) après archivage de ces pièces, vous auriez trouvé les mêmes documents. Nous vous présentons les documents saisis dans votre résidence secondaire, à Chanot-à-Flety et placés sous scellés Rondot-Chanot 1 à Rondot-Chanot 21. Confirmez-vous avoir détenu de tels documents et pour quelle raison les avez-vous ainsi conservés à votre domicile ? Vous venez de me montrer ces pièces que vous citez dans votre question. Je n’ai pas besoin de les regarder, je les connais. Je sais qu’elles se trouvaient dans ma résidence secondaire, sise à Flety, dans l’attente d’être triées et transférées ensuite. Il apparaît dans les divers documents que vous avez rédigés à propos de cette affaire que cette opération est dénommée « Opération Reflux », certaines notes faisant état d’une opération Reflux 1 et Reflux 2. Que signifie cette terminologie et qui en est l’auteur ? Je suis l’auteur de cette terminologie. J’ai appelé cette opération « Reflux » car elle faisait des vagues. Il s’agit d’une terminologie qui m’est propre, qui n’a pas été reprise par les services. Je vous précise que dans mes notes, je mentionne Imad Lahoud sous le pseudonyme de « Mahdi ». Quant au fait qu’il y ait une opération Reflux 1 et Reflux 2, il s’agit d’une distinction de phases, de calendrier. Je suis ainsi passé à reflux 2 à partir de juillet 2004, date de la fin de mes propres investigations sur ce dossier, que je continuais pour autant à suivre sous cette appellation. Je le suivais cette fois par la presse, car je n’ai plus rien demandé à Lahoud ni à Gergorin. Nous vous présentons un courrier manuscrit adressé à la ministre de la défense par le directeur de cabinet, en date du 24/04, année non précisée, contenue dans le scellé Rondot-Meudon 11. Ce courrier indique : « Madame la ministre, j’ai demandé au général Rondot de vous faire cette note malgré l’embarras dans lequel l’ont mis les instructions du président de la République de ne se référer qu’à lui-même dans cette ténébreuse affaire. Il me semble nécessaire que vous le receviez personnellement pour qu’il précise l’état de ses recherches. Il ressort de ce qu’il m’en a dit que l’affaire est de toute façon inquiétante, soit que les faits allégués soient avérées, soit que, ne l’étant pas, ils traduisent une opération de manipulation et d’intoxication visant le plus haut niveau de l’Etat. » Ce courrier se réfère à une note, or nous constatons que dans le scellé constitué à votre domicile se trouve immédiatement à la suite de ce courrier une note de trois pages, en date du 21 avril 2004, signée Ph.R., à l’attention de Madame la ministre de la défense et ayant pour objet : « Existence d’une vaste entreprise de corruption et de déstabilisation ? » Etes-vous l’auteur de la note du 21 avril 2004 que nous vous présentons ? Le courrier du directeur de cabinet précité fait-il référence à cette note ? Pouvez-vous préciser à qui et dans quelles conditions vous avez rendu compte de votre intervention dans cette opération ? Vous me montrez les pièces issues de ce scellé. Je suis bien l’auteur et le signataire de la note du 21 avril 2004. Le courrier du directeur fait bien référence à cette note, qui a été établie le 24 avril 2004, même si l’année n’est pas mentionnée dessus. La note du 21 avril est la première que j’aie établie à l’attention de Mme la ministre. Je la lui ai transmise par l’intermédiaire de M. Marland et deux ou trois jours après, elle m’a reçu en entretien direct et en tête-à-tête. Je lui ai alors résumé l’affaire, attirés son attention sur son importance et fait part de mes interrogations et du résultat de mes premières investigations. Je l’ai mise en garde sur les effets politiques qui pouvaient résulter de cette affaire. Je précise que je n’ai jamais rencontré le président de la République ni l’un de ses proches collaborateurs qui aurait pu être chargé de ce dossier. En rendant compte de mes travaux sur cette affaire à M. de Villepin ainsi que je l’ai fait, je rendais compte indirectement au président de la République. Dans le même scellé figure une page sur laquelle apparaissent des photocopies réduites de feuillets manuscrits portant les références « Reflux 03/13 », « Reflux 03/14 », ainsi que la reproduction d’un tableau informatique portant les références « Reflux 03/15 », documents que nous annexons en copie au présent procès-verbal. Pouvez-vous nous indiquer à quoi correspondent les différentes mentions figurant sur ce document ? Les trois documents dont vous parlez dans votre question et que vous me montrez m’ont été donnés par Gergorin le 5 novembre 2003. Cela correspond à la première remise de documents. Il s’agissait d’une entrée en matière. L’écriture manuscrite figurant sur les fiches numérotées 9/11 et 10/11 n’est pas la mienne et ne ressemble pas à celle de M. Gergorin. Je ne sais pas si cette écriture ressemble à celle de M. Lahoud, car il ne m’a jamais écrit. La fiche 10/11 mentionne comme titre : « Synthèse contre les deux fondateurs ». Ces deux fondateurs peuvent correspondre à MM. Gomez et Delmas. On retrouve en effet ces deux personnes dans la fiche manuscrite référencée 9/11 sous le nom d’initiateurs. Ces deux fiches accompagnaient le listing de comptes numéroté 11/11. La fiche 10/11 décrit les différentes catégories de personnes impliquées et à titre d’exemple, la fiche 9/11 reprend le nom des initiateurs Philippe Delmas et Alain Gomez et le nom des personnes bénéficiaires de paiements effectués par ces deux personnes avec des dates qui, je suppose, sont celles des versements. Je constate avec vous que sont cités parmi ces personnes : [NDLR : suivent les noms de 14 personnes, qui n’ont aucunement été mises en cause par l’enquête judiciaire, et que Le Monde a, par conséquent, décidé de ne pas publier.] En consultant les pièces contenues dans le scellé Rondot-meudon 11, je constate que les deux pages qui précèdent sont les photocopies des fiches numérotées 1/11, 2/11, 3/11, 4/11, 5/11, 6/11, 7/11, 8/11, qui correspondent aux documents qui m’ont été remis par M. Gergorin lors d’une deuxième remise, intervenue le 23 novembre 2003. Je confirme que j’ai rendu compte de ces remises de documents à M. Marland dès qu’elles sont intervenues et je lui ai montré à cette occasion lesdits documents. Nous vous présentons la photocopie d’un carnet à spirale et d’une partie de feuillet comportant des mentions manuscrites, contenue dans le scellé Rondot-Meudon 12, document que nous annexons en copie au présent procès-verbal. Pouvez-vous nous indiquer à quoi correspondent les diverses mentions figurant sur ces photocopies ? Dans le compte rendu de la réunion du 9 janvier 2004, j’ai écrit : « 9 janvier 2004, 17h30, entretien D. de Villepin - à son bureau + JL Gergorin Ops Reflux Jean-Louis Gergorin lui avait transmis une note. (…) Il ne me l’avait pas dit alors qu’il avait été convenu de ne rien écrire à ce sujet. Instructions du président de la République, auquel Dominique de Villepin avait rendu compte : - Traitement direct avec le président de la République, prudence cadre secret - Tenir compte des manipulations politiques. Les connexions selon Dominique de Villepin + Jean-Louis Gergorin : des réseaux tangentiels à explorer Fabius, Pasqua, DSK, Jean-C. Marchiani, Squarcini. L’enjeu politique : Nicolas Sarkozy. Fixation Nicolas Sarkozy, référence conflit Chirac-Sarkozy. Compromission P. Ol. - Michèle Alliot-Marie - Irak, Libye, Syrie. Dominique de Villepin ne le sent pas. - Ne rien communiquer au ministère de la défense. Rôle des américains - soutien apporté à Nicolas Sarkozy. (…) L’action de la mafia russe ; 1 milliard de dollars sortis - Clearstream Message du président de la République à Poutine. Jean-Louis Gergorin le rédigera. Couper le réseau du soutien mafieux russe. Tolérance du pouvoir russe - demander des criblages à la DGSE. Peter Atanazov. Voir fiche remise par Mahdi le 02/12/03 Connecter à Alain Gomez. (…) Les liens Sarkozy-Dassault - Le Figaro La connexion Pasqua-Marchiani Compte couplé N. Sarkozy, Stéphane Bocza, à préciser. Cité par Dominique de Villepin, Michel Roussin, pro-Nicolas Sarkozy (…) Aucun système branché sur le président de la République. (…) Dominique de Villepin insiste sur le croisement des réseaux en dehors des clivages politiques. Dominique de Villepin demande de démonter le système et d’explorer la nature des relations pour comprendre les opérations qui sont énumérées - travail historique à faire. Dominique de Villepin revient sur le voyage de Nicolas Sarkozy en Chine - intérêt financier ? Jean-Louis Gergorin demande que je m’occupe de la sécurité de Mahdi. Mon impression : doute persistant. Belle construction intellectuelle montée par Jean-Louis Gergorin et qui accroche Dominique de Villepin - la théorie du complot ? Ne pas avancer sans preuves concrêtes. Le cas Martini. Le cas Marchiani. Squarcini. [NDLR : Le Monde s’abstient de publier plusieurs noms de personnalités citées dans le document, mais qui apparaissent mises en cause sans lien direct avec l’affaire Clearstream] Ces mentions ont la signification suivante. La note dont je fais état au début de mon compte rendu est une note écrite au sujet de cette affaire de listing par Jean-Louis Gergorin et qui a été remise par celui-ci au début de la réunion. J’en ai demandé une copie à M. Gergorin, qui me l’a remise ultérieurement, dans les jours qui ont suivi. Je ne sais pas où se trouve cette note. Les instructions du président de la République : je fais référence aux instructions du président de la République que m’a transmises Dominique de Villepin, qui apparaît dans mon compte rendu sous les initiales DDV. Les initiales P. Ol renvoient à M. Patrick Ollier, compagnon de Mme Alliot-Marie, ministre de la défense. (…) La mention « RM » signifie « remarque » ; « Ops », « Opération » et « OP », « orthographe phonétique ». (…) Nous vous présentons une fiche manuscrite intitulée « Contacts DST 2006 », objet du scellé Rondot-Meudon 25. Y est mentionné sous le nom de Clearstream : « plainte de NS – Péchenard » que signifient ces deux mentions ? La première correspond à la plainte déposée par Nicolas Sarkozy dans l’affaire dite du corbeau. Je ne connais pas M. Péchenard ; son nom m’a été donné par M. Jean-François Clair, directeur-adjoint de la DST, dont je peux supposer qu’il est en contact avec lui dans le cadre de l’affaire Clearstream. Il m’a donné cette information au cours d’un entretien que j’ai eu avec lui à son bureau à la DST le 8 mars 2006. A votre connaissance, Imad Lahoud a-t-il été en contact avec le journaliste Denis Robert et a-t-il obtenu de celui-ci des documents papier ou informatiques ou numériques se rapportant à l’affaire Clearstream ? Je sais qu’Imad Lahoud a été en contact avec Denis Robert car il me l’a dit lui-même. C’était au tout début de l’affaire, vers novembre 2003. D’après ce que m’avait dit lahoud, il avait profité d’un moment d’inattention de Denis Robert, alors qu’il se trouvait chez celui-ci, pour lui vider son ordinateur. Je sais par Lahoud que Denis robert lui avait également donné des CD-roms sur lesquels il avait des listings de comptes Clearstream. Pour ma part, je n’ai pas vu ces CD-roms. J’ai su que dernièrement, Denis Robert aurait écrit à Imad Lahoud en le mettant en cause pour lui avoir demandé de lui fournir des noms ayant alimenté les listings Clearstream. Cette lettre vous aurait été transmise par Imad Lahoud. J’ai appris cela par Alain Juillet, qui le tenait lui-même d’Imad Lahoud, avec lequel il est en relations professionnelles, à l’occasion de réunions portant sur le thème de l’intelligence économique et de la sécurité informatique, dont s’occupe Alain Juillet. Avez-vous subi des pressions ou avez-vous fait l’objet de menaces dans le cadre de cette affaire, depuis son commencement ? Non, je n’en ai pas reçu. Aujourd’hui, à l’issue de cette audition et des perquisitions qui ont été effectuées au sein de vos domiciles principaux et secondaires, craignez-vous pour votre intégrité physique ? Je refuse de répondre à cette question. (Mention : annexons au présent procès-verbal copies des pièces issues du scellé numéro Rondot-Meudon 11 et scellé Rondot-Meudon 12) Terminé, lecture faite, le témoin persiste et signe.