Dignité humaine-repères - Cath-VD

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Dignité humaine-repères - Cath-VD
Dignité humaine : quelques repères
1. Définition et bref survol historique
Dans l'Antiquité et au Moyen-Age, le mot dignité désigne une fonction, un titre, une
charge de l'Etat ou de l'Eglise, qui donne à quelqu'un un rang important. On retrouve
encore ce sens aujourd'hui dans le mot dignitaire.
La Réforme, puis l'Eglise catholique et la société (notamment la Révolution française),
ont conduit à considérer la dignité comme une notion qui concerne chaque être
humain.
Pour le philosophe Kant (1724-1804), la dignité est une valeur inaliénable. La dignité
est le simple fait qu'un homme existe en tant qu'être raisonnable. Kant oppose la
dignité au prix, ce qui peut être remplacé par quelque chose d'autre d'équivalent,
comme une marchandise. Au contraire, ce qui n'admet pas d'équivalent, parce qu'il
est supérieur à tout prix, c'est ce qui a une dignité. On appelle respect cette
connaissance ou reconnaissance de la dignité de l'être raisonnable qu'est l'homme.
2. La dimension théologique
Pour les Juifs et les chrétiens d'aujourd'hui, la dignité de l'être humain provient de
Dieu : elle se fonde sur sa décision souveraine de "créer l'homme à son image".
Pour les chrétiens, elle se fonde tout particulièrement sur l'amour inconditionnel de
Dieu pour l'être humain révélé par Jésus-Christ.
3. La dimension psychologique
Comme le montre la psychologie du travail 1, le travail est une activité relationnelle
qui transforme - pour le meilleur et pour le pire - aussi bien son objet que la personne
qui travaille. Celle-ci a besoin d'un " pouvoir d'agir " pour faire son travail et " combler l'écart entre le prescrit et le réel ". Le travail est source de développement pour la
personne qui travaille, lorsqu'il est reconnu par les pairs et la hiérarchie. Sans cette
reconnaissance, il est source d'épuisement, de souffrance voire de dégradation. Sur
le plan psychologique, la dignité se caractérise par la liberté reconnue à l'être humain
d'agir comme sujet de son action.
4. Dignité et accompagnement des blessés du travail
En pratique, la dignité a besoin d'une reconnaissance pour être vécue. Une personne
qui passe par un chômage de longue durée a souvent le sentiment d'être inutile et
d'avoir perdu sa dignité. On peut grandement aider une telle personne par l'écoute.
Une écoute respectueuse est déjà un message : c’est une manière de donner une place
à une personne et de reconnaître, de manière tangible, sa dignité humaine.
Pierre Farron, Forum oecuménique romand Monde du Travail, 14.11.2015
1
Voir mon livre Dis, pourquoi tu travailles ? pp. 23-37

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