doivent retrouver une confiance mutuelle
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doivent retrouver une confiance mutuelle
ENTREPRISE INTERVIEW Vitakraft - Christian Lehré « Fabricants et distributeurs doivent retrouver une confiance mutuelle » Christian Lehré, président de Vitakraft Simon-Louis. Christian Lehré, président de Vitakraft Simon-Louis, regrette de ne pas voir développées à leur juste mesure dans les rayons les innovations produits conçues par l’entreprise. Constructif et conscient de sa responsabilité d’industriel dans ce constat, il souhaite établir un dialogue plus suivi avec la distribution. Propos recueillis par Eric Leforestier Petmarket Magazine : Commençons par votre actualité. Qu’est-ce qui vous a motivés à prendre la distribution exclusive des aquariums Ciano en France ? Christian Lehré : Tout d’abord, nous ne sommes pas des nouveaux venus sur la vente d’aquariums. Vitakraft a été un gros vendeur d’aquariums avec, notamment, le Vitaquarium 60, fabriqué par la société Juwel, dont nous continuons à distribuer les produits. Notre retrait du marché a été motivé par la baisse de qualité qui allait de pair avec une baisse vertigineuse des prix. Ceci restituait une image qui n’était plus en phase avec celle de Vitakraft. P.M. : Pourquoi le choix des aquariums Ciano ? C.L. : Ces aquariums sont unanimement reconnus par la distribution spécialisée, en particulier pour le peu de service après-vente qu’ils génèrent. A la reprise de Rena et de l’usine portugaise où sont fabriqués les aquariums Ciano, le groupe Mars a effectué une recherche technique très poussée pour simplifier l’utilisation de l’aquarium tout en proposant des produits design et innovants. Les deux patrons du site portugais, qui ont repris l’activité après le désengagement de Mars Fischare, sont des personnes très dynamiques et motivantes. L’implantation européenne de l’usine et le fait que les produits y soient fabriqués à la main avec des contrôles très pointus a aussi pesé sur notre décision. Litière minérale conçue à base d’argile, sans apport chimique, la Litière Verte de Vitakraft est produite et conditionnée en Haute-Loire. P.M. : Comment s’est passée l’année 2009 pour Vitakraft Simon-Louis ? C.L. : Nous avons vécu une année en demi-teinte. Le consommateur freine ses achats et recherche en permanence des prix. Nous avons vu, particulièrement au sein du réseau spécialisé, le développement des marques de distributeurs, ce qui a pénalisé la présence des marques nationales. La restriction importante de l’assortiment animalerie dans de nombreuses enseignes spécialisées et l’application de la loi LME qui a réduit les stocks, et donc aussi les commandes, n’ont pas joué en notre faveur. Nous avons tout de même gagné plus d’un point de part de marché dans le circuit alimentaire. P.M. : Le choix des enseignes spécialistes de réduire leur assortiment ne se justifie-t-il pas par une recherche légitime de rentabilité ? C.L. : Il y a des impératifs économiques et nous en sommes bien conscients, mais si on ne trouve pas l’offre dans le réseau spécialisé ou va-t-on la trouver ? C’est à nous industriels de convaincre nos clients d’essayer les produits sur lesquels nous avons beaucoup investi et qui sont là pour tirer le marché vers le haut. Si la distribution ne les retient pas, nous pourrions revenir à ce que j’ai connu à mon arrivée sur le marché avec, par exemple, une offre d’aliments pour petits mammifères se résumant à un seul mélange. Sur certains nouveaux produits, nous travaillons aujourd’hui sur des taux de distribution qui sont à peine de 20 %, c’est insuffisant. Nous élaborons actuellement un nouveau concept qui va nous permettre de mieux échanger avec les grands acteurs du réseau spécialiste afin qu’ils puissent mieux se positionner sur nos produits. Nous allons revenir vers eux dans ce cadre à la fin de l’année. P.M. : Que faites-vous pour relancer l’oiseau de cage, plutôt mal en point ? C.L. : Pour redonner l’envie aux possesseurs d’oiseaux d’avoir des petits, nous avons voulu relancer la nidification qui était encore, il y a peu, un événement important pour l’animation du rayon oisellerie dans les magasins spécialisés. Nous avons sorti il y a environ un an Vitalife Pro Baby, une gamme d’aliments dédiés à la nidification avec notamment des pâtées spécifiques pour les différentes 16 . PETMARKET N°198 198 INTERVIEW_MOUV BAT.indd 16 31/03/10 12:45 ENTREPRISE INTERVIEW espèces. L’accueil de la distribution n’a pas été à la hauteur de nos ambitions. Encore une fois, nous ne rejetons pas cette déception sur le seul fait de nos clients distributeurs. Sans doute n’avons-nous pas su trouver les bons arguments techniques et économiques pour expliquer à la distribution l’intérêt qu’il y a à relancer cette nidification. Pour nous en tous cas, l’oiseau reste un potentiel. Nous allons revoir notre copie pour mieux expliquer nos produits, auxquels nous croyons vraiment. P.M. : Quels sont vos résultats sur le segment des petits mammifères ? C.L. : Il est clair que le secteur ne progresse plus comme avant. Comme sur l’oisellerie, nous avons cherché à innover pour redonner l’envie aux gens d’avoir des petits mammifères. C’est le cas de VitaVerde, notre gamme de produits naturels qui présente des références très originales, comme Seven Days, un concept où l’on propose au consommateur un aliment pour chaque jour de la semaine. C’est aussi le cas de notre gamme d’aliments Emotion, qui se positionne sur le segment super premium. Tous ces produits apportent un réel plus aux offres classiques présentées en magasins. Pourquoi ne pas les utiliser à leur juste valeur ? Je pense qu’il faut leur laisser une chance sur les rayons en leur accordant un délai de présence minimum pour pouvoir s’exprimer. P.M. : Le développement de la vente d’oiseaux et de petits mammifères auprès du public par les éleveurs est-il, selon vous, une solution pour relancer ces deux marchés ? C. L. : Nous sommes très favorables à cette démarche. Cela se fait en Allemagne aussi bien pour les oiseaux que pour les petits mammifères. La grande majorité des animaux y sont vendus par des éleveurs qui sont en fait des particuliers. Nombre de collaborateurs de Vitakraft en Allemagne, qui sont passionnés d’animaux, font de l’élevage. En France, nous sommes partenaires de Rongeur Passion, une association d’éleveurs qui promeut le petit mammifère auprès du grand public. Nous soutenons son action. Aussi bien pour les oiseaux que pour les petits mammifères, nous sommes prêts à parrainer ce type de démarche, et nous aurions d’ailleurs dû le faire plus tôt. P.M. : Quel est votre positionnement sur le marché du chat ? C.L. : Grâce à notre forte présence sur le marché litière avec les produits Vitakraft Compact, Magic Clean et notre Litière Verte, nous bénéficions d’une excellente notoriété auprès des possesseurs de chats. Elle nous ouvre des portes sur le marché de la récompense et de l’alimentation. Notre gamme d’aliments humides en barquettes Vitalife connaît un réel succès. Pour revenir à la litière, et plus particulièrement à notre Litière Verte, soulignons encore une fois que si les distributeurs font le choix de la présenter en rayon, elle réalise de très bons scores. Elle n’est malheureusement pas encore distribuée partout. P.M. : Et sur le marché du chien ? C.L. : Notre gamme de produits d’hygiène et soins, que nous avons lancée il y a quelques années, marche très bien via le circuit alimentaire et les grandes surfaces de bricolage. C’est particulièrement vrai pour les shampooings. Nous avons décroché de nombreux marchés sur les os à mâcher, aussi bien sur le circuit alimentaire que chez les spécialistes. Notre puissance de feu sur ce marché nous permet d’obtenir des conditions tarifaires très attractives et de les rétrocéder à la distribution. Nous considérons le prix de vente comme un élément déterminant pour les rotations en magasin. Convaincre la distribution d’établir des prix de vente en adéquation avec les attentes du consommateur est une de nos priorités. C’est à notre sens le meilleur moyen pour elle d’écouler un volume de vente qu’elle n’atteindrait pas forcément en pratiquant des prix trop élevés. Je voudrais saluer à ce sujet Jardiland, Truffaut et Côté Nature, qui ont bien pris en compte notre message en baissant leurs prix de vente sur les friandises chiens et chats. Nous espérons que leurs résultats en volume confirmeront le bien-fondé de notre message. « Convaincre la distribution d’établir des prix de vente en adéquation avec les attentes du consommateur est une de nos priorités. » P.M. : Vous êtes présents sur le marché du cheval avec une gamme de friandises notamment, comment évoluez-vous sur cet animal ? C.L. : Avec cette gamme de friandises, nous touchons d’abord l’enfant qui se rend à son poney club et souhaite donner une petite récompense à sa monture. Le marché est porteur. Il suffit pour s’en convaincre de voir l’affluence chaque année aux Championnats de France de poneys qui se déroulent à Lamotte-Beuvron. Au risque de me répéter, je constate malheureusement que notre distribution ne joue pas forcément le jeu en considérant que ce secteur n’est pas une priorité pour elle. Aujourd’hui sur ce segment, nous ne travaillons qu’avec un seul client, Decathlon. Encore une fois, ne tombons pas dans la rationalisation de l’offre à l’extrême. P.M. : Vos efforts en matière de merchandising sont-ils payants ? C.L. : Nos Pet’s Corners sont des boutiques dans la boutique. Ils créent un univers convivial qui correspond à l’état d’esprit dans lequel nous concevons nos produits. Nous proposons le mobilier gratuitement aux magasins à condition qu’ils s’engagent à ne présenter que nos produits sur les segments concernés. Là où ce concept merchandising est implanté, le chiffre d’affaires du rayon progresse en moyenne de 20 %. Le nombre de magasins que nous équipons progresse de manière constante. Nous venons d’implanter récemment une jardinerie Baobab au Havre, un hypermarché Leclerc en Dordogne et une Jardinerie BBJ en Poitou-Charentes. n La marque s’adresse aussi aux propriétaires de chevaux avec une gamme complète de friandises. Avril 2010 . 17 198 INTERVIEW_MOUV BAT.indd 17 31/03/10 12:45