Qu`est-ce qu`une mine antipersonnel?

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Qu`est-ce qu`une mine antipersonnel?
Qu'est-ce qu'une mine antipersonnel?
Écrit par Jeanne Emond
19-11-2006
Cette arme a été conçue pour mutiler et non pas tuer le personnel militaire, afin de ralentir les
troupes ennemies. En effet, une armée ne s'attarde pas sur ses morts, mais, bien sûr, se doit de
ramasser ses blessés.
mine à effet de souffle
Le traité d'Ottawa n'interdit que les mines antipersonnel. Une distinction est donc établie dans le
traité entre les mines qui sont conçues pour tuer ou blesser des personnes — les mines
antipersonnel — et celles qui sont conçues pour détruire des chars ou des véhicules — les mines
antivéhicules, souvent appelées mines antichars. De manière générale, les mines antipersonnel
sont des engins de petite taille, contenant de 10 à 250 grammes de matière explosive. Une
pression de 0,5 à 50 kilogrammes déclenche leur explosion.
Les mines antivéhicules sont plus grosses que les mines antipersonnel, contiennent entre 2 et 9
kilogrammes d'explosif et, normalement, une pression de 100 à 300 kilogrammes déclenche leur
explosion. Outre le fait qu'elles sont utilisées en plus petit nombre et qu'elles sont plus faciles à
détecter, l'importance de la pression nécessaire pour déclencher leur explosion rend les mines
antivéhicules moins dangereuses pour la population civile. Cela étant, les mines antivéhicules
mises en place sur les routes et les pistes empruntées par les civils font courir de graves dangers à
la population.
mine antichar, d'environ 20 cm de diamètre
Il est convenu de regrouper les quelque 360 modèles identifiés de mines, simples ou élaborées,
en deux grandes catégories techniques : celle des mines à effet de souffle et celle des mines à
fragmentation :
– les mines à effet de souffle :
mine enfouie
elles sont généralement enfouies à moins de 4 cm dans le sol ou posées en surface et camouflées.
Déclenchées par la simple pression d'un pas, elles explosent en provoquant l'amputation
traumatique ou des dégâts qui causeront une amputation chirurgicale d'un ou plusieurs membres,
et des blessures secondaires.
– les mines à fragmentation : elles sont installées ou montées au-dessus du sol, sur des piquets,
attachées à des arbres ou des buissons et ensuite camouflées. Elles sont habituellement reliées à
des fils-pièges : une traction d'un kilo suffit à déclencher l'explosion.
mine à fragmentation - photo : JM Bony
– Notons enfin que les munitions non explosées peuvent être considérées, sur la durée, comme
des armes antipersonnel : elles restent actives, instables, hautement explosives et contiennent
parfois des produits incendiaires comme le phosphore blanc. La manipulation de ces armes, par
des personnes non-expérimentées, a déjà fait d'innombrables victimes parmi les enfants qui
jouent avec les objets qu'ils trouvent, mais aussi les adultes qui, dans un contexte d'extrême
pauvreté, cherchent à récupérer les parties métalliques de ces munitions pour les revendre.
munitions non explosées
La perversion de cette arme provient du fait que cet engin ne nécessite pas d'être pointé vers la
victime (c'est cette dernière qui l'actionne). Ces armes violent les règles coutumières du droit de
la guerre devant être appliquées par toutes les parties, dans toutes les situations de conflit armé,
qui stipulent que :
a) Les parties à un conflit doivent toujours faire la distinction entre civils et combattants, et les
civils ne doivent pas faire l'objet d'attaques. En vertu de ce principe, toute arme ayant par nature
des effets indiscriminés ne peut jamais être utilisée.
b) Il est interdit d'employer des armes qui sont « de nature à causer des maux superflus ». Cela
signifie que toute arme conçue pour provoquer des blessures plus graves que celles qui suffisent
à mettre un soldat « hors de combat » (en d'autres termes, toute arme conçue pour provoquer des
blessures injustifiées) a un caractère illicite et ne peut donc pas être utilisée.
Les enjeux de la terminologie
La définition même de ces armes et leur classification sont déterminantes au regard du droit
international. En effet, le fait d'attribuer ou de dénier certaines caractéristiques techniques à une
mine antipersonnel suffit à la déclasser, à la "ranger" dans une autre catégorie d'armes, pour
qu'elle échappe aux contraintes et aux interdictions d'emploi prévues par la législation. Celle-ci
est d'ailleurs suffisamment imprécise dans ses définitions pour être contournée. Les fabricants
peuvent ainsi jouer avec la nomenclature et les notices technologiques pour prouver que leurs
productions ne sont pas des mines antipersonnel.
Ainsi, certaines "sous-munitions" (mines contenues dans d'autres engins explosifs), les mines
hybrides (mines anti-char pourvues d'un dispositif antipersonnel), de même que l'artillerie nonexplosée (telles les petites bombes à fragmentation utilisées durant la guerre du Viêt-Nam)
échappent au champ d'application de la Convention, quand bien même elles continuent de tuer et
de mutiler de très nombreux civils, des années après avoir été dispersées.
sources : CICR, Handicap Interantional