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UN FILM DE
LYDIE
KILLING
TIME WISSHAUPT-CLAUDEL
— entre deux fronts
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En plein désert californien, la petite
ville militaire de Twentynine Palms
côtoie une vaste base de Marines.
Tout au long de l’année, elle accueille
de jeunes hommes de retour d’Irak ou
d’Afghanistan.
Entre permissions et entraînements,
ils tuent le temps, seuls, entre frères
d’armes ou en famille, dans un décor
particulièrement évocateur du front
qu’ils viennent de quitter. La banalité
de ce quotidien révèle la difficulté
de ces hommes à se réapproprier
une vie dont ils se sentent désormais
étrangers. 2
KILLING TIME — entre deux fronts
KILLING TIME — entre deux fronts
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Note d’intention
KILLING TIME – entre deux fronts
dresse le portrait quotidien de la petite
ville militaire de Twentynine Palms.
Le film s’articule autour de l’évocation
de retours de bataillons de Marines,
dans une ville, à la fois familière et inhospitalière, sas de retour et lieu de vie.
la complexité de ces hommes
et de leur situation. Finalement,
entre les lignes, il s’agit de rendre
compte d’une forme de blessure
invisible ou cachée, à laquelle aucun
de ces hommes n’échappe.
Sans intervenir, le film accompagne
discrètement ces jeunes hommes
dans des situations d’une apparente
banalité : une coupe de cheveux, un
repas partagé, une soirée en famille…
Peu à peu, s’installe la langueur d’un
quotidien qui se répète inlassablement.
Chaque échange, chaque paysage
et chaque bruit évoque le front, son
omniprésence. C’est le vide intérieur
que laisse la guerre qui finit par
s’imposer.
Le film ne montre pas les Marines
dans leur fonction. Il se situe après
l’actualité, après l’événement. Il décrit
la présence de la guerre, sans la
raconter ni la montrer, mais en jouant
sur les réminiscences qu’elle provoque
dans l’environnement et les esprits.
Loin de la confession ou du
témoignage, le documentaire choisit
résolument l’observation, laissant la
place à un voyage, une projection.
Avec empathie et sans jugement,
il tente simplement de décrire
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KILLING TIME — entre deux fronts
KILLING TIME — entre deux fronts
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Entretien
avec la réalisatrice
— Quelle est l’origine de ce projet ?
L’idée du film s’est construite en
plusieurs étapes. À mes 18 ans, je
suis partie pour une année scolaire
aux États-Unis et très régulièrement,
au réfectoire, deux recruteurs de
l’armée venaient faire leur marché
auprès des élèves de terminale.
Alors, le pays n’était pas en guerre.
Ça m’avait beaucoup marqué et je me
suis longtemps demandé pourquoi,
comment, et qui s’engageait à 18
ans dans l’armée américaine. Deux
ans après il y a eu le 11 septembre
2001. Je n’y étais plus mais un ami de
là-bas est parti en Irak, des gens que
je fréquentais se sont engagés. Et j’ai
commencé à me poser de plus en plus
de questions sur ce que c’est que
d’être en guerre, sur le patriotisme.
Des notions qui me sont assez
étrangères.
Plus récemment lors d’un précédent
projet (Sideroads, tourné en 2008),
j’ai fait un voyage filmé de trois
mois sur la route, à la rencontre
d’Américains, et qui traitait du rapport
à leur identité. Sur la carte on a repéré
plusieurs zones grises qui se sont
révélées être des bases militaires.
En Californie il y avait une énorme
zone grise avec en dessous écrit
en tout petit le nom d’une ville,
Twentynine Palms. On s’est dit qu’il
fallait absolument y aller.
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KILLING TIME — entre deux fronts
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Les deux jours que j’ai passé là-bas
m’ont laissé une impression très
forte. J’ai découvert le désert mais
aussi la population de la ville, très
majoritairement composée de jeunes
hommes engagés chez les Marines.
On a eu l’occasion de filmer un
échange particulièrement marquant
dans un salon de tatouage. Le tatoueur
était un patriote anti-guerre et tatouait
un Marine. Aussi surprenant que cela
puisse paraître, leur échange était
très libre et très à l’écoute, de chaque
coté, même si leurs points de vue
étaient radicalement opposés. Une
fois ce projet achevé, je me suis dit
qu’il fallait que je retourne là-bas.
J’avais envie d’aller plus loin dans
l’observation de cette rencontre entre
civils et militaires. Je souhaitais voir
ce que pouvait révéler cette réalité :
la vie quotidienne dans une ville
militaire d’un pays en guerre depuis
10 ans.
— Comment est-ce que ça s’est passé,
comment est-ce que tu es rentrée
en contact avec tous ces gens ?
Le point de départ c’est les
commerçants, et en particulier
le tatoueur de 2008 qu’on a retrouvé,
qui nous a fait confiance et qui nous
a permis de rencontrer de nouvelles
personnes. À partir du moment où on
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avait sa confiance, les gens qui étaient
chez lui nous faisaient confiance.
Et on s’est rendu compte que c’était
partout pareil. Si on avait l’accord
du commerçant, ça se passait bien
avec les clients. La plupart du temps
« En Californie il y avait
une énorme zone grise
avec en dessous écrit
en tout petit le nom
d’une ville, Twentynine
Palms, on s’est dit qu’il
fallait absoluement
y aller. »
les gens entraient, nous voyaient là,
avec la caméra et la perche et ne se
posaient pas plus de questions. Ils
étaient curieux de savoir ce qu’on
faisait là mais rarement méfiants.
J’ai d’ailleurs été très surprise de
ça. Quand ils se rendaient compte
qu’on logeait en ville pour plusieurs
semaines et que, comme eux, on
éprouvait le climat et la lourdeur du
lieu, alors ils faisaient vraiment la
différence avec une équipe de télé
qui serait là peu de temps pour un
reportage court. Une autre surprise,
c’est que dans les commerces, on a
rarement eu besoin de beaucoup de
temps de rencontre et de discussion
avec les gens pour pouvoir les
filmer. C’était bien sûr différent dans
les maisons évidemment avec le
rapport aux familles, aux enfants.
Nous sommes surtout allés chez des
personnes que nous avions rencontré
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plusieurs fois. À partir du moment
où les gens nous accordaient leur
confiance, elle pouvait être très très
grande mais elle pouvait aussi se
retirer très vite.
Les gens qu’on a rencontré étaient de
manière générale très à l’aise avec la
caméra. Est-ce que ça vient de leur
société, de l’envie d’être filmé ? Parfois
ils en jouent aussi et notre présence a
fait que certains échanges ont eu lieu
de cette façon là – le tatouage dans le
dos par exemple. Il en a profité parce
qu’il avait des choses à dire. Mais je
n’ai jamais soufflé de sujet, même hors
caméra, je ne suis jamais intervenue.
— Comment est-ce que tu as été
perçue en tant que femme faisant
un film au milieu des militaires ?
J’étais la seule femme, mais
accompagnée par les trois garçons
de l’équipe et c’était un bon équilibre.
Beaucoup de gens n’imaginaient
pas que c’était moi qui dirigeait, ils
pensaient que c’était l’homme derrière
la caméra qui décidait de tout et que
j’étais juste une assistante qui les
abordait. Finalement c’est peut-être
ça qui a aussi permis d’obtenir
si spontanément leur confiance.
Je ne sais pas.
Au niveau du dispositif, on était très
léger, un chef-opérateur à la caméra
(Colin Lévêque), un ingénieur du son
(Félix Blume) et un assistant réalisation
(Jérémie Gasparutto). On n’a pas du
tout modifié l’environnement dans
lequel on était, on ne voulait pas
d’intervention. La seule chose qu’on
s’est permise c’est de leur demander
de couper la musique dans les salons
de tatouage. On s’adaptait simplement
à notre environnement.
KILLING TIME — entre deux fronts
— Qu’est-ce qui t’a amené à
ce procédé où tu ne poses pas
de question et où tu es « juste » là ?
Je voulais sortir du rapport Européen
- Américain qui est inévitable si je
parlais avec eux. Je n’avais pas envie
de tomber dans l’anecdote, encore
moins dans le débat qui aurait pu être
réducteur et mener au jugement, d’un
côté comme de l’autre. J’avais envie
de laisser les situations évoquer ;
laisser de l’espace à celui qui regarde,
lui permettre de questionner la réalité
au moment où il l’observe.
À partir du moment où il n’était pas
question d’intervenir dans le film,
il s’agissait d’observer, de comprendre
et de souligner par les choix d’image
et de son ce qui, dans les situations
et les discussions, pouvait faire sens,
nous amener à cerner les enjeux
sans avoir nécessairement toutes les
explications ou le contexte. J’ai voulu
montrer aussi que la parole dans le
«… j’ai l’impression que
la guerre ne peut pas
vraiment se raconter.
J’avais envie d’évoquer,
je me disais que les
mots ne seraient jamais
à la hauteur. »
film garde une dimension quotidienne
pour eux. Par exemple, avec les
commerçants, ils se retrouvent à parler
de choses mais on n’est pas dans le
témoignage. Ils ne parlent pas pour
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témoigner, ils parlent pour parler.
En fait j’avais envie de montrer que
tout ça n’a rien d’exceptionnel. Ça l’est
pour moi, mais là-bas, dans cette ville
et plus largement dans ce pays, ça ne
l’est pas. Tout le monde a un vétéran
dans sa famille, l’armée est présente
partout, tout le temps. Elle est dans
des stratégies de communication
publique depuis des dizaines d’années,
contrairement à la France où l’armée
est presque invisible, muette. Aux
États-Unis c’est accessible, c’est dans
la vie de tous les jours et de tout
le monde, c’est très banal. Ce qui,
d’ailleurs, ne veut pas dire non plus
que ce n’est pas compliqué.
— Il y a cette figure du corps
de Marines comme personnage
principal, tous ces individus comme
un seul et même personnage :
pourquoi ce choix de ne pas avoir
suivi un seul personnage principal ?
Même sans uniforme on les reconnaît
à 200 m, la coupe de cheveux, la
silhouette et la démarche, ils ont eu
le même conditionnement physique,
se tiennent et marchent de la même
façon. Ils font littéralement corps.
Après, il y a cette même envie de
ne pas être dans le témoignage
personnel, personnalisé, d’abord parce
que moi-même j’ai l’impression que
la guerre ne peut pas vraiment se
raconter. J’avais envie d’évoquer plus
que de raconter, je me disais que les
mots ne seraient jamais à la hauteur.
Et puis il y a aussi cette dimension
de ville de transit, ils ne sont que de
passage : ils ne font que passer dans
la ville, dans le film. Il y a toujours un
rapport de distance ou de pudeur,
même si la caméra est proche d’eux,
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même s’il y a une proximité des corps.
J’avais envie de m’extraire de l’histoire
personnelle pour qu’on ait de l’espace.
J’ai l’impression que plus les gens se
racontent, plus ils se définissent et
moins on peut imaginer ce qu’ils sont
par ailleurs. Il y a moins de couches,
moins de complexité. J’avais envie de
laisser cette marge de manœuvre et
cette liberté au spectateur d’imaginer
que derrière chaque visage il y a
une histoire particulière qu’on peut
s’imaginer, simplement avec les
indices que l’on a. Et que cette histoire
résonne avec celle d’avant et celle
d’après.
Ce qui est assez curieux c’est que je
ne l’avais même pas espéré à ce point
là, c’est vraiment la matière qui s’est
« Un Marine m’a dit :
Tu peux pas faire plus
proche de l’Irak que
Twentynine Palms, tu
voudrais te détacher de
l’odeur de la poussière
et la sensation de la
poussière sur ta peau,
tu ne peux pas. »
imposée à nous. C’est comme si on
avait réussi à recomposer une figure
multiple, à plusieurs faces, à partir
de tous ces petits moments, de toutes
ces problématiques. Le travail de
montage a vraiment permis de tisser
les histoires les unes avec les autres,
de les faire se répondre entre elles.
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— Comment s’est décidée la narration,
le rythme et la place du silence ?
On a eu de la chance au montage,
on a pu prendre du temps, s’immerger
comme on avait pu le faire au tournage,
et discuter beaucoup avec la
monteuse (Méline van Aelbrouck).
Un peu de la même manière que
je ne voulais pas raconter une histoire
personnelle, je ne voulais pas non plus
trop inscrire les événements dans un
temps précis, une heure, une saison.
La problématique est intemporelle
et universelle. Alors, on avait besoin
de trouver un rythme en dehors du
temps. J’ai passé mon temps à clarifier,
à simplifier la narration, à faire
confiance à la matière. Je n’étais pas
sûre qu’on comprenne assez bien
la notion de cycle, la notion de temps
suspendu. J’avais l’impression qu’il
fallait beaucoup plus répéter les
choses, les faire revenir, alors que
deux fois suffisent pour qu’on imagine
que toutes les semaines il se passe
la même chose.
Et puis il y avait aussi cette envie
d’aller dans la sensation, de faire
éprouver ce qu’ils peuvent ressentir
sur place. Le silence, la chaleur,
le désert. Les mêmes sensations que
les Marines ont éprouvé au front.
Un Marine m’a dit : « Tu peux pas faire
plus proche de l’Irak que Twentynine
Palms, tu voudrais te détacher de
l’odeur de la poussière et la sensation
de la poussière sur ta peau, tu ne peux
pas. » Et c’est bien ça le cauchemar
de la plupart de ces types, c’est que
c’est insupportable pour eux d’être là,
c’est un sas sans fin.
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Autour du film
La ville et la base
Twentynine Palms est située dans le
sud est de la Californie, en plein désert
de Mojave et ses reliefs rocailleux.
Même si son élévation relative n’en fait
pas la ville la plus chaude de la région,
ses températures avoisinent les 40°
une bonne partie de l’année. La ville
compte près de 26 000 habitants civils.
Au nord de la ville, se déploie sur
240 hectares de désert la plus grande
base du Corps des Marines au
monde. La base s’est implantée dès
la Guerre de Corée et a été choisie
pour la superficie et les possibilités
d’entraînement et de tir en conditions
réelles qu’elle offrait. Aujourd’hui,
elle est connue pour les programmes
spécifiques de manoeuvres à
grande échelle, développés pour les
opérations en Irak et en Afghanistan.
Ces dix dernières années, tous les
bataillons de Marines ont passé au
moins un mois au sein du Combat
Center de Twentynine Palms, avant
leur(s) déploiement(s) en Irak ou
en Afghanistan. La base elle-même
compte aujourd’hui pas moins de
9 000 habitants. En ville, l’essentiel
de l’activité commerciale tourne
autour de la présence des militaires.
Coiffeurs, retoucheurs, tatoueurs
et fast-foods représentent l’essentiel
des commerces. Ajoutons à cela les
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églises, les bars, les night-clubs et
les « salons de massage ». Tout est
développé dans ce sens et dans aucun
autre, ce qui ne confère pas à la ville
une réputation positive. La très grande
majorité des Marines stationnés là et
leur famille détestent devoir y passer
du temps, s’ennuient et se sentent
bien souvent isolés.
La fabrique des héros
Dans le monde entier, la figure
du soldat américain est devenue
mythique. Pendant plus d’un quart
de siècle, l’industrie du cinéma, le
monde de la publicité et les médias
en général ont travaillé à façonner
cette image, main dans la main avec
l’armée elle-même. Se façonnent des
héros intemporels, dont la loyauté
et la vertu ne sont jamais entachées.
L’armée américaine, incontournable
et libératrice reste, grâce à ces
chroniques, un élément central
de cohésion patriotique. Si bien
qu’aux États-Unis, on peut s’élèver
contre la guerre, mais jamais contre
l’engagement. Respecté ou plaint,
médaillé ou mutilé, le soldat demeure
intouchable et, d’une certaine façon,
incompris.
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Figures ancrées dans la culture
populaire, les Marines sont souvent
les héros des films de guerre des
studios hollywoodiens. Ce corps
d’armée pas tout à fait comme
les autres est « celui des rares,
des valeureux, des fiers qui, coûte
que coûte, refusent la défaite ».
Une certaine aura entoure la division,
historiquement première sur les
fronts. Baigné dans des valeurs
« auto-glorifiantes » comme le courage,
la fraternité, l’honneur, le Marine
se construit en opposition au reste
du monde, comme un héros anonyme,
prêt à donner sa vie pour que le reste
du monde puisse « dormir tranquille ».
Même si ce mythe plane au-dessus
des jeunes Américains qui s’engagent,
les raisons de la conscription sont
aussi pragmatiques. C’est bien souvent
une occasion unique de sortir d’un
milieu sans horizon ni perspective.
Au-delà de la reconnaissance
immédiate et du statut social qu’offre
l’engagement pour son pays, les
avantages sont attractifs : formations
professionnelles, cursus universitaires
payés, assurance santé…
Mais depuis le 11 septembre 2001,
il s’agit surtout de se venger, de
prouver son patriotisme et sa loyauté.
Aller à l’autre bout du monde défendre
ou imposer, selon les points de vue,
un drapeau et des valeurs.
toute autre. Occupants non souhaités
de régions dont ils ignorent tout, ils
combattent une guérilla. L’ennemi
est invisible, sans uniforme, caché
parmi les civils, infiltré dans l’armée
alliée qu’ils forment… Leur quotidien
est rythmé par des patrouilles sur
des chemins minés et des fusillades
à distance. Ils font face à l’invisible et
à l’absurde. Quand ils ne meurent pas,
les blessés sont des double ou triple
amputés. Quand ils ne sont pas les
victimes directes, ils sont les témoins :
dommages collatéraux. Le sentiment
d’être démuni face à cette réalité,
plus complexe que le prétexte qui
les a mené jusque là – la démocratie ?
– ne fait qu’alimenter leur frustration
et leur traumatisme.
2,7 millions
de vétérans Américains
des guerres Opération Irak Libre
et Opérations Liberté Immuable
(Afghanistan) aux États-Unis.
6 845
pertes américaines
(Opérations Irak Libre
et Liberté Immuable)
52 311
blessés physiques
320 000
traumatismes crâniens
estimés
400 000
victimes de Syndrôme
de Stress Post-Traumatique
estimés
Au 21e siècle, on ne meurt plus autant
à la guerre, mais cela ne veut pas
dire qu’on revient indemne. Pendant
les 1e et 2e Guerres Mondiales, on
comptait 1,7 blessé pour un mort.
Aujourd’hui, pour un mort, on compte
7 blessés. L’impact est humain bien
évidemment, mais aussi économique
et a un coût colossal pour l’Administration. Et l’ennemi en a bien conscience.
Le recensement du nombre de
vétérans affectés par le Syndrôme de
Stress Post-Traumatique est variable,
J’ai longtemps pensé que toute
cette génération d’engagés prenait
part à une guerre, où le contact avec
l’ennemi était devenu virtuel. C’est
sans doute vrai pour un pilote de
drone, confortablement installé dans
une base à l’abri, ou même resté
au pays, face à un ordinateur. Mais
pour les Marines de l’infanterie que
nous avons rencontré, la réalité est
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La guerre
qui colle à la peau
KILLING TIME — entre deux fronts
KILLING TIME — entre deux fronts
on lit souvent qu’entre 20 et 30 %
d’entre eux en souffriraient. Ce chiffre
ne prend en compte ni les engagés
encore en service, ni les vétérans qui
ne consultent pas et /ou ne sont pas
diagnostiqués. C’est d’ailleurs souvent
à la fin de la première année du retour
que les symptômes se déclarent
fortement.
Même si l’on reconsidère aujourd’hui
la proportion du taux de suicide par
rapport à la moyenne civile nationale,
il n’en reste pas moins remarquable
qu’en 2012, le nombre de suicides
parmi les membres actifs militaires
était plus élevé que le nombre de
morts au front. Cela est sans compter
le taux de suicide chez les vétérans
pour la même période.
Alors que le retrait de toutes les
troupes Américaines d’Afghanistan
était prévu pour la fin de l’année
2015, on dénombre encore 10 000
troupes Américaines sur place. Barack
Obama a récemment avoué être moins
impatient de quitter le pays que prévu.
En Irak, alors que les sociétés privées
militaires n’ont jamais quitté le pays,
l’Opération « Détermination Absolue »,
à laquelle 16 pays – dont la France –
se sont alliés, rassemble à nouveau, et
déjà, plus de 4 000 forces américaines
au sol. À Twentynine Palms, on parle
aussi, encore et toujours, de l’Iran…
Ressources :
icasualties.org
Wounded Warriors Project
NY Times
The Guardian
Veterans and PTSD
Rand
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Lydie Wisshaupt-Claudel vit à Bruxelles depuis 2001.
Elle se forme au montage à l’Insas (Institut National
Supérieur des Arts du Spectacle).
En 2006, à la sortie de l’école, elle se confronte
à la réalisation avec Il y a encore de la lumière,
journal de voyage en Islande, trace d’un apprentissage
de la solitude. Puis, d’un long périple dans l’ouest
américain, pays qu’elle affectionne particulièrement
pour y avoir longtemps séjourné, elle tire Sideroads
(2012), où avec son compagnon, elle part à la rencontre
de citoyens américains qui oscillent entre foi et
désillusion et questionnent le mythe face à leur réalité.
Elle alterne toujours la réalisation et le montage,
persuadée que les deux pratiques se complètent
et s’enrichissent.
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KILLING TIME — entre deux fronts
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88 minutes
france / belgique – 2015
dcp 16/9 – couleur – 5.1 dolby
Langue originale anglais
sous-titre français
Liste technique
Image : Colin Lévêque
Son : Félix Blume
Assistanat Réalisation :
Jérémie Gasparutto
Montage : Méline Van Aelbrouck
Montage son : Rym Debbarh-Mounir
Mixage : Cyrille Lauwerier
Étalonnage : Olivier Ogneux
Production
Cellulo Prod Aurélien Lévêque & Sébastien Téot
Les Productions du Verger
Joachim Thôme & Jérôme Laffont
Avec le soutien du Centre
National de la Cinématographie
et de l’image animée
du Pôle Image Haute-Normandie
en partenariat avec le CNC
et de la Région Haute-Normandie
Avec l’aide du Centre du Cinéma
et de l’Audiovisuel de la Fédération
Wallonie-Bruxelles et de la COCOF
Cette œuvre a bénéficié du fonds
d’aide à l’innovation Audiovisuelle
du Centre National du Cinéma
et de l’image animée
Lauréate de la Bourse Brouillon d’un
Rêve de la Scam et du programme
« Louis Lumière de l’Institut Français »
Coproduction
ARTE France
CBA – Centre de l’Audiovisuel
à Bruxelles
www.killingtime-film.com
Sélection Festival
Cinéma du Réel 2015 – Compétition
internationale, Première mondiale
Diffusion prochaine sur Arte
Dossier de presse et matériel
téléchargeables sur :
www.killingtime-film.com
https://vimeo.com/120516421
https://www.facebook.com/pages/KillingTime-entre-deux-fronts/314697268594402
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