L`écotourisme dans les zones montagneuses Un défi pour le

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L`écotourisme dans les zones montagneuses Un défi pour le
2002
Année internationale
de l’écotourisme
Année internationale
de la MONTAGNE
2002
L’écotourisme dans les zones montagneuses
Un défi pour le développement durable
Conférence préparatoire européenne pour 2002,
Année internationale de l’écotourisme
et Année internationale de la montagne
St. Johann/Pongau et Werfenweng, État de Salzbourg (Autriche)
12-15 septembre 2001
RAPPORT FINAL
Introduction
La Conférence préparatoire européenne pour l’Année internationale de l’écotourisme et
l’Année internationale de la montagne (2002) a été organisée du 12 au 15 septembre
2001 à St. Johann, dans l’État de Salzbourg, par le Gouvernement autrichien avec le
concours de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), du Programme des Nations
Unies pour l’environnement (PNUE) et de l’Organisation des Nations Unies pour
l’alimentation et l’agriculture (FAO).
Le présent rapport passe en revue les déclarations, commentaires et exposés faits
pendant la conférence par les orateurs et les participants. Il exploite également les
observations et notes complémentaires reçues après et présente les conclusions de la
conférence. Le projet de rapport a été envoyé aux participants, aux orateurs et aux
organisateurs de la conférence. Ce rapport traite de l’écotourisme en général dans les
zones montagneuses d’Europe en essayant de mettre en évidence les points forts, les
points faibles, les menaces et les occasions à saisir.
I.
Écotourisme dans les
développement durable
zones
montagneuses
d’Europe : le cadre du
L’idée d’écotourisme a commencé par se concrétiser principalement dans les
destinations des autres continents sous la forme d’un créneau et de produits spécialisés
et les voyagistes l’ont reprise en Europe avec un succès grandissant. Le tourisme
lointain dans des zones naturelles a connu les taux de croissance les plus forts.
Entre les institutions des Nations Unies, il existe un consensus pour envisager
l’écotourisme et les activités liées à l’AIE dans le cadre plus vaste du développement
durable du tourisme en général, avec cinq motivations principales :
•
l’exploitation durable de la biodiversité et des ressources naturelles ;
•
la réduction au minimum de l’impact sur l’environnement naturel comme sur
l’environnement socioculturel, surtout pour ce qui est des changements
climatiques, de la consommation d’énergie et des cultures traditionnelles ;
•
l’autonomisation et la participation, en pleine connaissance de cause, des
acteurs locaux, en particulier des communautés locales et des peuples
autochtones ;
•
la sensibilisation et l’éducation écologique de tous les acteurs, mais surtout des
voyageurs et de ceux qui les accueillent ;
•
l’obtention d’avantages économiques durables pour tous les acteurs.
Le terme « écotourisme » et l’expression « tourisme durable » n’ont pas le même sens
mais tous les participants de la conférence se sont accordés pour affirmer que, comme
toute autre forme de tourisme, il faut développer l’écotourisme de façon durable sur les
plans écologique, social et économique. Établi sur ces fondements, l’écotourisme peut
2
être un instrument efficace de mise en valeur touristique durable de tous les pays très
riches en capital naturel et en biodiversité.
Bien que de plus en plus de visiteurs européens comptent sur les voyagistes et autres
prestataires de services des destinations pour leur offrir des produits écotouristiques
durables et dépourvus d’effets sociaux négatifs, la part de marché de l’écotourisme reste
très réduite. Aussi les voyagistes négligent-ils souvent ce concept et le préfixe éco n’estil utilisé (parfois improprement) qu’à des fins de commercialisation et de promotion.
Cette demande grandissante de vacances plus respectueuses de l’environnement impose,
entre autres, un transfert et des échanges de connaissances. L’Europe peut y contribuer
car les éléments conceptuels de l’écotourisme durable sont étroitement liés aux
nombreuses formes de tourisme axé sur la nature, de tourisme rural ou de tourisme doux
pratiquées depuis longtemps sur ce continent.
L’attrait particulier de l’écotourisme européen tient à une alliance exceptionnelle de la
nature et de la culture, étayée par une agriculture durable. Le paysage naturel de
l’Europe, que l’on trouve aujourd’hui à l’intérieur et à l’extérieur des parcs nationaux,
des réserves naturelles et des zones protégées, est géré par l’homme depuis des siècles,
ce qui explique que dès ses origines, l’écotourisme en Europe ait été étroitement lié au
tourisme rural. Dans les milieux naturels, la culture et la population locales ont toujours
fait partie du paysage. Comme les modèles de production agricole changent au fil du
temps et que les subventions, conçues pour aider l’agriculture européenne à rester
compétitive, se sont avérées insuffisantes pour les petits agriculteurs, le besoin de
sources de revenus complémentaires a poussé à ouvrir aux visiteurs de la ville des
maisons et des fermes éloignées, ce qui a eu des résultats positifs, en particulier dans les
régions en déclin économique. En outre, l’association de la réputation et de la
connaissance réelle d’un endroit aux produits qui en proviennent a contribué à leur
ajouter de la valeur et à raccourcir les circuits de distribution. La réussite a été au
rendez-vous car cette évolution a favorisé les petites et moyennes entreprises locales,
qui sont un des principaux éléments de toute politique touristique durable. Des réussites
comme celle des systèmes de réservation des chambres d’hôte dans les fermes sont
directement liées à l’écotourisme.
La plupart de ses régions étant habitées par divers groupes sociaux, l’Europe a aussi une
longue expérience de la participation d’acteurs multiples à la planification de
l’utilisation des sols et à l’aménagement du territoire. De plus, la notion de tourisme
« équitable » sous les angles économique et social est mieux ancrée chez les acteurs du
tourisme émetteur européen qu’ailleurs. De fait, les premières critiques des effets
négatifs du tourisme sur la société et sur l’environnement sont apparues en Europe dans
les années 1970. Le continent bénéficie aussi du fait qu’il a la proportion la plus forte de
voyageurs potentiels du tourisme émetteur proches de zones rurales et/ou naturelles.
Cela accroît le nombre d’écotouristes indépendants faisant de fréquents voyages et
permet l’existence de chaînes de distribution à valeur ajoutée. L’écotourisme est donc
un concept extrêmement utile et extrêmement important dans le contexte européen.
Il n’existe pas de risque immédiat de ruée planétaire d’écotouristes. Quatre-vingt-dix
pour cent des deux cent cinquante sites naturels du patrimoine mondial de l’UNESCO
sont exploités bien au-dessous de leur capacité de charge. Une majorité écrasante
d’écotouristes ont un engagement ambigu en matière de protection du milieu et une
3
position équivoque quant aux risques et au manque de confort éventuels qu’ils sont
prêts à accepter pendant leurs vacances. L’augmentation du nombre d’écotouristes du
marché européen ne s’explique pas par l’apparition de plus de touristes mais par des
changements de comportement et d’intérêt des touristes existants.
Dans le contexte européen, l’écotourisme est considéré comme une forme de tourisme
qui ne se limite nullement aux zones protégées. L’écotourisme vise à réduire au
minimum les effets négatifs du tourisme sur la culture et sur l’environnement. Les
activités écotouristiques sont axées sur l’intérêt du voyageur pour la nature et la culture
de la région visitée. C’est ce qui distingue l’écotourisme européen des phénomènes
écotouristiques observés sur d’autres continents.
En Europe, l’écotourisme est à la fois une chance et un défi pour le développement
durable des régions de montagne.
Les zones montagneuses d’Europe sont souvent des régions rurales périphériques que
caractérisent les activités agricoles et forestières et une faible présence de l’industrie et
dont l’équilibre social est souvent menacé par l’accroissement de la proportion de
personnes âgées dans l’ensemble de la population suite à l’exode rural des jeunes. Les
zones montagneuses, extrêmement fragiles du point de vue écologique, sont le réservoir
d’eau de l’Europe et un important espace de loisirs pour un grand nombre d’Européens.
L’écotourisme durable peut offrir aux régions de montagne une véritable solution de
rechange face aux changements structurels permanents dus à l’apparition de nouveaux
centres urbains et au dépeuplement des zones rurales, mais il peut aussi offrir un remède
aux problèmes que connaît l’agriculture de montagne. L’écotourisme peut contribuer à
la protection des paysages cultivés, augmenter la valeur ajoutée pour la population grâce
à un aménagement sur une petite échelle, précieux du point de vue écologique, et
apporter des recettes supplémentaires qui serviront à sauvegarder les atouts naturels et
culturels. Dans les régions de montagne, tourisme et écotourisme sont complémentaires.
II.
Planification de l’écotourisme et développement de ses produits en Europe :
le défi de la durabilité
La promotion de l’écotourisme devrait être intégrée dans les instruments de
développement durable tels que l’occupation des sols, les plans de mobilité et la
planification économique et sociale aux niveaux régional et local. Les attentes
croissantes en matières de qualité de vie et de consommation liées aux loisirs, la
libéralisation de l’agroalimentaire et la concurrence des destinations urbaines qui
s’améliorent constituent de sérieux défis pour le développement de l’écotourisme rural
durable.
Il ressort également des débats de la conférence qu’en cas de défaillance du marché, il y
a place pour des mesures de l’État. Un exemple en est fourni par les investissements
dans le patrimoine public pour protéger notamment des paysages menacés, portant
création d’installations pour les visiteurs dans des zones protégées susceptibles d’attirer
les écotouristes. Un autre rôle important pour l’État est la gestion du supplément de
contrainte s’exerçant sur l’environnement à cause de l’accroissement des besoins de
4
transport, qui met en péril les écosystèmes de montagne, surtout dans les vallées où la
densité de la circulation peut rendre impraticable le tourisme axé sur la nature.
L’écotourisme peut également être une activité complémentaire dans les destinations
touristiques existantes très fréquentées. Dans ces zones critiques, il faut des
investissements supplémentaires dans l’infrastructure de protection de l’environnement
afin de réduire la pression sur le paysage naturel.
Dans le domaine politique, la mise en œuvre réussie de solutions écotouristiques
durables a pour condition préalable l’existence de superstructures économiques et
écologiques aux niveaux national et intergouvernemental. Ce sont les autorités locales
qui garantissent le mieux l’application des mesures particulières dans une démarche
ascendante comportant la participation démocratique de la population intéressée.
Condition sine qua non de l’écotourisme durable – Paysage et agriculture
Le monde entier reconnaît l’importance écologique et socioéconomique des régions de
montagne. Les montagnes sont la source de quatre-vingts pour cent environ de l’eau de
surface de la Terre ; elles se caractérisent par une formidable variété d’écosystèmes et
d’espèces qui fournissent les matières premières de produits chers et elles abritent aussi
une remarquable variété de cultures humaines adaptées à un milieu naturel exceptionnel
aux conditions souvent extrêmes.
L’attrait et les merveilles de la montagne comme ressource touristique sont indéniables,
vu la beauté des panoramas et la richesse des atouts naturels et culturels. Les dernières
décennies ont vu l’expansion des zones protégées et des réserves de montagne, qui sont,
partout dans le monde, des destinations écotouristiques de premier ordre.
La symbiose entre agriculture et tourisme qu’on trouve dans l’agrotourisme (vacances à
la ferme) est l’élément-clé, dans les zones rurales, d’un tourisme écologiquement
rationnel et conscient de ses responsabilités face à la société. Les éléments culturels des
paysages de montagne sont ce qui motive principalement la venue des touristes sous
l’angle émotif.
Condition sine qua non de l’écotourisme durable – Mobilité durable
La mobilité durable dans le secteur du tourisme est une contribution considérable à
l’application des stratégies de durabilité, exigée dans toute l’Union européenne. Sans
mobilité durable, il n’y a pas de tourisme durable. Le défi réside dans le maillage de
l’écotourisme et de l’écomobilité, de leurs offres et de leurs prestataires, afin de créer
des produits et des services novateurs et attrayants, susceptibles de se positionner avec
succès sur le marché touristique. L’objectif est de parvenir à une situation où l’on gagne
sur tous les tableaux : améliorations écologiques, avantages économiques et acceptation
par la société.
La mobilité durable dans le secteur du tourisme accroît la qualité de la vie et de
l’environnement dans les destinations touristiques en réduisant l’impact des
déplacements sur l’environnement.
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La mobilité durable est possible dans le secteur du tourisme. Les conditions préalables
en sont l’instauration de principes visant au développement durable de la circulation liée
aux loisirs et au tourisme au moyen des politiques de transports, de tourisme et
d’environnement, et des conditions équitables en matière de transports, entre autres
l’internalisation des coûts externes et l’application des principes de précaution, de
réduction du trafic et du pollueur payeur. Les règles fondamentales existent dans
beaucoup de pays : Protocole de Kyoto, Alliance pour le climat, Programme d’action et
stratégie d’intégration de l’Union européenne en matière d’environnement, Convention
sur la protection des Alpes et plans nationaux en matière d’environnement.
Dans le tourisme, la mobilité durable suppose l’application de mesures
•
•
•
•
•
•
pour encourager la marche et le cyclotourisme,
pour améliorer les transports publics dans les régions de vacances et pour le
voyage1 ,
pour créer un système convivial de renseignements à l’intention des voyageurs,
reposant sur les nouvelles technologies de l’information,
pour encourager l’utilisation de véhicules peu polluants ou non polluants,
pour tenir les véhicules à moteur à combustion interne à l’écart des centres des villes
ou des grandes zones de loisirs (avec des exceptions pour les cas spéciaux),
de relations publiques et de marketing.
Il existe aussi un besoin de partenariats entre les destinations touristiques et les endroits
de provenance visant à l’application de mesures communes pour changer le
comportement actuel des touristes en matière de déplacements, par exemple pour qu’ils
utilisent davantage les transports publics, qu’ils évitent les voyages en avion, surtout sur
les courtes distances, et qu’ils allongent leur séjour (congés plus longs et moins
fréquents, contrairement à la tendance actuelle dans le secteur du tourisme).
La mise en œuvre réussie du principe de mobilité durable dans le tourisme permet un
réel développement économique et le positionnement d’un produit touristique novateur
de grande qualité sur de nouveaux marchés. Les réseaux assurent la diffusion de l’idée
de mobilité durable dans le tourisme et facilitent la coopération et les échanges de
savoir-faire.
Exigences envers les parties prenantes
Exigences générales
•
L’écotourisme a besoin de systèmes pratiques et efficaces de coordination entre tous
les intervenants (État, entreprises du secteur privé, ONG, institutions universitaires
et communautés locales).
•
Les organismes du secteur public, les ONG et les autres acteurs s’occupant des
questions d’environnement et de services collectifs peuvent conclure des accords de
1
Il faut veiller à assurer des services de transport de qualité dans un rayon suffisant tout en
appliquant les principes de subsidiarité et de couverture des coûts.
6
coopération et constituer une organisation faîtière pour planifier, réglementer et
surveiller les activités écotouristiques.
•
L’éducation et la formation sont des conditions sine qua non du développement et
de la gestion durables de l’écotourisme. Les dirigeants et les salariés des entreprises,
de même que la population locale, ont besoin d’une formation adaptée aux
nécessités de chacun, portant sur les aspects généraux et particuliers de
l’écotourisme et de la durabilité, sur la gestion financière et sur les services à offrir
aux visiteurs. L’écotourisme a besoin en particulier de guides très compétents,
l’idéal étant qu’ils soient natifs de la région pour transmettre leurs connaissances de
la nature et de la culture locales. L’accessibilité, la durée et la qualité de la
formation sont des facteurs décisifs de réussite.
•
La coopération internationale des parties prenantes (opérateurs touristiques,
transporteurs, voyagistes, organismes de défense de l’environnement, etc.) est une
condition préalable importante pour la mise en œuvre réussie du principe de
mobilité durable dans le secteur du tourisme. Les destinations touristiques doivent
coopérer étroitement avec les pays de provenance des visiteurs et avec les
transporteurs (surtout avec les compagnies de chemins de fer et d’autocars) pour
créer des « forfaits transport et tourisme durable » communs et attrayants et pour les
positionner sur le marché. Les coopérations transnationales comme NETS et Alps
Mobility sont de bons exemples, et il faudrait aller plus loin dans cette voie.
Politique touristique
•
L’écotourisme requiert des politiques, des stratégies et des programmes déterminés
adaptés aux particularités de chaque pays, région et zone ; il est impossible d’en
assurer le développement durable en se bornant à copier ce qui se fait ailleurs ni en
le laissant se développer de façon désordonnée et anarchique.
•
L’application réussie de mesures de durabilité et de mobilité dans le tourisme
dépend beaucoup de la coordination avec des mesures parallèles dans d’autres
secteurs : l’aménagement spatial et urbain devrait privilégier les structures à usage
mixte et les courtes distances jusqu’aux équipements de loisirs ; l’implantation de
stations de loisirs loin du centre des villes est à éviter :
-
-
•
D’une part, agrandissement des réseaux et équipements de qualité
supérieure pour les bicyclettes, la marche, les voitures à cheval, les
chemins de fer, les autobus et les taxis et,
d’autre part, réaménagement des rues et limitation de la circulation
automobile, application des techniques de transport peu polluantes
ou non polluantes, gestion de la mobilité et logistique de transport de
voyageurs et de marchandises axée sur la protection de
l’environnement.
Dans le domaine de la mobilité durable, les plans d’action doivent être élaborés et
appliqués en intégrant les besoins des habitants et des acteurs du tourisme.
7
•
L’amélioration des services ferroviaires est un facteur important pour favoriser les
transports publics et freiner le développement du transport aérien au niveau national
et, même dans l’avenir, au niveau européen.
Destinations / planification du tourisme
•
L’écotourisme doit contribuer à la protection et à l’aménagement des zones
naturelles ainsi qu’au développement durable des zones limitrophes et de leurs
communautés.
•
La mobilité durable doit figurer dans la formule publicitaire des stations de
vacances, dans les mesures d’aménagement et dans les offres concrètes aux
touristes. Il faut préférer les solutions respectant la situation particulière de la
station.
•
La planification du tourisme ne doit pas se limiter au secteur lui-même ; elle doit
faire partie intégrante du plan de développement général des communautés et de ses
objectifs. La planification doit être globale et stratégique, intégrer les priorités, les
valeurs et les connaissances des communautés locales, renforcer la participation
active des habitants et être suivie de surveillance et d’évaluation. Les structures
sociales locales, en particulier les groupes de femmes, sont des atouts importants à
utiliser.
•
La planification de l’écotourisme durable devrait comprendre des critères de zonage
avec création de réserves et de zones à impact faible ou moyen. Ces critères
devraient être appliqués et respectés rigoureusement par toutes les parties.
•
La signalisation et la création de circuits de rechange, de différents points d’entrée,
de centres d’information, etc. sont des moyens efficaces de faciliter l’usage
touristique, de former les touristes et de maîtriser le niveau d’utilisation des
différentes zones et, de réduire la pression sur les endroits les plus prisés.
•
Il est possible de combiner les centres d’interprétation et de pédagogie de
l’environnement et les centres d’information et d’interprétation du paysage culturel
et du patrimoine culturel (itinéraires à thème, par ex. gastronomique). Programmes
de formation et d’interprétation mis à part, les guides professionnels sont essentiels
pour le contrôle des visiteurs afin de limiter les éventuels effets négatifs du
tourisme.
•
Les projets transfrontaliers peuvent devenir des moyens efficaces de protéger les
écosystèmes qui s’étendent sur deux ou plusieurs pays. Dans ces zones, il faut
encourager la gestion commune du tourisme, même s’il existe des contraintes
d’infrastructure, ainsi que d’anciennes réticences d’ordre politique entre certains
pays voisins, qu’il est nécessaire de surmonter pour faciliter le passage de la
frontière.
•
L’application du principe de mobilité durable comporte l’encouragement de
l’utilisation et de la location de véhicules et de bus non polluants (par ex.
électriques) dans la destination, ainsi que le réaménagement des rues pour qu’elles
soient moins dangereuses pour les piétons et les cyclistes. La vitesse de circulation
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des véhicules à moteur devrait être adaptée à celle des piétons. Il faudrait que la
bicyclette devienne un important moyen de déplacement pour les visiteurs et pour
les habitants, ce qui suppose la création d’endroits de location et de réseaux de
pistes cyclables et la fourniture de documents d’information. D’autres formes
novatrices de déplacement excluant le moteur pourraient aussi être encouragées :
voitures à cheval, traîneaux tirés par des chevaux ou des chiens, randonnées avec
des lamas, etc. Il faudrait déterminer la fréquence de passage et l’importance
appropriées des groupes de touristes afin d’éviter les effets négatifs sur la culture et
sur l’environnement.
•
La durée des projets et les engagements qu’ils comportent doit être assez longue
pour implanter solidement les systèmes et les structures d’organisation durables.
Secteur du tourisme
Pour les responsables de la promotion, les sociétés de transport, les voyagistes, les
entreprises touristiques, etc., la mobilité durable dans le tourisme signifie :
•
avoir une offre complète comprenant des moyens de transport efficaces et durables,
des zones sans voitures, des conditions optimisées pour la marche et la bicyclette,
une logistique pour les voyageurs et leurs bagages, et des chaînes de transport sans
maillon manquant ;
•
offrir un large éventail d’informations sur les transports et la mobilité et
commercialiser activement les offres (en mettant au premier plan les avantages pour
chacun : grande qualité de vie, aventure et amusement) ;
•
recourir intensivement à la communication pour inculquer le principe de mobilité
durable à la population et aux décideurs des stations ;
•
constituer des partenariats stratégiques (entrepreneurs de transport, voyagistes,
organismes de tourisme des pays de provenance des visiteurs, organes
administratifs).
•
Des subventions semblent nécessaires pour aider les acteurs locaux, notamment les
organisations communautaires et les ONG, à monter de petites et moyennes
entreprises à proximité des parcs et des zones protégées ou à créer des centres
d’information et d’interprétation.
•
L’interprétation et les programmes avec guide sont importants pour créer des
activités et des centres d’intérêt pour la basse saison et, de ce fait, réduire la
saisonnalité, c’est à dire assurer, dans les régions de montagne, une activité
écotouristique tout au long de l’année.
•
Il est nécessaire de garantir l’authenticité de l’offre d’écotourisme et de tourisme
rural tout en créant de « nouveaux » produits touristiques reposant sur la culture
traditionnelle et sur le patrimoine vivant des régions de montagne.
9
Visiteurs
•
Le visiteur peut se rendre dans la station de vacances en voyageant de façon
confortable et à peu de frais avec des moyens de transport ne portant pas atteinte à
l’environnement (ex : chaîne de transports pratiques et durables de porte à porte
comprenant la logistique des bagages).
•
En outre, dans la station, le visiteur se voit offrir une mobilité de grande qualité et il
peut choisir entre divers moyens de transport pratiques et durables.
Population locale
•
La population locale peut utiliser un réseau de transports publics attrayants.
•
Elle doit montrer le bon exemple aux visiteurs en utilisant autant que possible des
moyens de transport pratiques et durables.
•
Elle doit faire l’expérience de la mobilité durable et en porter et en développer le
thème.
III. Surveillance et réglementation de l’écotourisme en Europe : l’évaluation des
progrès accomplis sur la voie de la durabilité
Les écolabels et autres marques écologiques sont d’importants instruments de
réglementation et de marketing pour le développement écologiquement rationnel de
l’écotourisme et de formes analogues de tourisme. Cependant, à cause de la variété de
ces labels et, récemment, de leur prolifération, leur crédibilité et leur transparence sont,
dans beaucoup de cas, incertaines pour les prestataires et pour les consommateurs de
services touristiques. Les débats de la conférence ont rendu manifeste l’existence d’une
exigence de mesures à l’échelon européen pour limiter le lancement incontrôlé de
pseudo-écolabels. Des efforts ont été entrepris en vue de la création d’une écomarquecadre commune aux associations de tourisme, de consommateurs et de protection de
l’environnement.
Cela dit, le fait que les touristes conscients des problèmes d’environnement choisissent
d’abord une région (entendue comme espace de taille moyenne), puis l’hébergement
démontre le besoin de systèmes de surveillance et d’évaluation de la durabilité à ce
niveau.
Des systèmes tels que le système d’évaluation continue de la durabilité dans les régions
touristiques, qui mêle indicateurs quantitatifs et facteurs qualitatifs pour évaluer les
effets écologiques, économiques, socioculturels et institutionnels du tourisme dans une
région, permettent d’interpréter la durabilité en fonction des conditions préexistantes et
des besoins actuels et futurs de la région, et en tenant compte de l’avis des acteurs
régionaux intéressés. Pour brosser un tableau complet de la situation, il faut associer au
processus d’évaluation des acteurs aussi différents que possible.
Tous les outils utilisés pour assurer la durabilité de l’écotourisme (écolabels, marques,
indicateurs, évaluation de la capacité de charge, voire législation) ne sont efficaces que
10
s’ils sont acceptés et couramment employés par tous les acteurs essentiels
(professionnels du tourisme, population locale et touristes), créant une sorte d’identité
organisationnelle.
Exigences envers les parties prenantes
Politique touristique
•
Pour mettre en pratique l’écotourisme durable et éviter les formes non durables de
tourisme, un instrument juridiquement obligatoire comme la Convention alpine est
considéré comme un modèle pour les autres régions sensibles, surtout de montagne,
à condition que l’application s’accompagne d’une stratégie et de mesures
particulières à chaque région.
•
En matière de tourisme durable, les cadres législatifs régionaux sont difficiles à
appliquer avec efficacité, principalement à cause d’une démarche et d’un contrôle
du haut vers le bas, ainsi que des différences entre les législations des pays
participants. En dépit de ces difficultés, il faut soutenir les actions régionales parce
qu’elles peuvent avoir une influence positive sur les questions de durabilité et
notamment favoriser l’écotourisme et des types similaires de tourisme en harmonie
avec l’environnement.
•
Il faudrait envisager de rendre obligatoires des systèmes d’homologation des
équipements et des services d’écotourisme, au moins au niveau régional et, peutêtre, au niveau européen, pour garantir que la qualité offerte est conforme aux
principes de la durabilité. Il faudrait également envisager l’agrément des systèmes
d’homologation locaux existants, ce qui servirait à leur donner plus de crédibilité
aux yeux des consommateurs et des voyagistes étrangers.
•
Pour que soient atteints les objectifs de l’écotourisme durable, la plupart des
concepts existants en matière d’écolabels, de marques et de systèmes
d’homologation doivent être élargis sous les angles social et culturel.
•
Les systèmes d’évaluation de la durabilité du tourisme doivent comporter des
indicateurs et des critères assurant la prise en compte équilibrée de l’état de la
société et de l’état de l’environnement, des forces vives de la société et de
l’économie, des contraintes socioéconomiques et écologiques et des cadres
institutionnels.
•
L’évaluation est à faire et à rendre publique régulièrement, sans exclure l’étalonnage
volontaire des performances des destinations.
Destinations / planification du tourisme
•
Les administrations locales ont besoin de renforcer leurs moyens techniques pour
être à même de mettre sur pied une vaste stratégie de développement durable
comprenant, s’il y a lieu, le tourisme, en recourant à une démarche associant les
multiples acteurs.
11
•
Les administrations locales ont besoin de renforcer leurs moyens techniques pour
être à même de surveiller l’activité des entreprises touristiques commerciales et celle
des touristes dans les zones montagneuses protégées et non protégées.
•
Les systèmes d’homologation et d’écolabellisation peuvent être appliqués à
l’ensemble d’une destination touristique locale en vue d’en sauvegarder les
caractéristiques naturelles, écologiques, économiques et culturelles et d’accroître
l’intégration entre les professionnels du tourisme, la communauté des entrepreneurs
locaux, la population locale et l’administration publique. Un exemple de réussite est
le système de labellisation « Destination 21 », qui fait partie du programme danois
« Action 21 » pour le tourisme.
Secteur du tourisme
•
Le respect de la réglementation et des codes relatifs au tourisme en général devrait
être plus strict dans le cas de l’écotourisme. Il faudrait associer le contrôle et la
surveillance à des campagnes de sensibilisation des professionnels et des touristes, à
une formation des prestataires de services et, sans doute, à des sanctions contre ceux
qui ne se conforment pas à la réglementation et aux codes. L’autoréglementation et
les initiatives volontaires concernant la durabilité écologique et socioculturelle de
l’écotourisme doivent être encouragées mais dûment contrôlées.
•
Le secteur du tourisme doit prévoir des programmes réguliers de formation pour les
salariés afin de garantir et d’améliorer la qualité supérieure de ses produits et il doit
assurer des conditions de travail conformes aux législations nationales et à la
réglementation internationale comme les normes de l’OIT.
•
L’engagement volontaire des voyagistes en faveur des pratiques touristiques
durables peut être efficacement encouragé par la création d’une organisation faîtière
pour les spécialistes de petite taille offrant plusieurs formes d’expérience
écotouristique de qualité supérieure, comme dans le cas de Forum Anders Reisen.
IV. Marketing et promotion de l’écotourisme en Europe : atteindre les
consommateurs partisans de la durabilité
Dans le cadre de la préparation du Sommet mondial de l’écotourisme, l’Organisation
mondiale du tourisme (OMT) a lancé un programme d’études sur les principaux
marchés émetteurs de l’écotourisme, dont cinq pays européens, afin de déterminer le
potentiel de développement de l’écotourisme. Les résultats préliminaires démontrent
que les écotouristes et les voyagistes spécialisés européens considèrent leur pays et
d’autres pays européens comme de grandes destinations écotouristiques. Ces pays
offrent une valeur remarquable et une image claire et ils ont, par conséquent, une
position concurrentielle extrêmement importante et un potentiel de valeur ajoutée
économique présentant de multiples aspects.
Le niveau élevé de développement, les structures décentralisées de l’État et l’existence
de communautés villageoises bien préservées avec des réseaux de petites et moyennes
entreprises sont les conditions essentielles requises pour la croissance du tourisme
endogène en Europe. Les ressources humaines et le savoir-faire disponibles devraient
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toutefois être mieux employés, surtout en matière d’écotourisme. Afin d’y parvenir,
l’esprit d’entreprise et la volonté de coopérer de toutes les parties prenantes sont
nécessaires pour transformer les modèles novateurs en produits prêts à être mis sur le
marché et créer une activité durable. Si le tourisme axé sur la nature se développe
exclusivement à coups de subventions de l’État, il n’aura jamais aucun poids dans
l’économie.
Le secteur du tourisme doit avoir conscience de sa responsabilité en ce qui concerne
l’application des principes du développement durable dans ses activités commerciales.
Il existe des exemples montrant qu’apparemment, les entreprises qui réussissent sont
celles qui engagent leurs clients, leur personnel, leurs fournisseurs et les communautés
locales dans un dialogue actif au sujet des objectifs et de l’application des mesures.
Dans les hôtels par exemple, avec une bonne attitude, on peut beaucoup obtenir pour un
coût limité.
Cependant, en fin de compte, dans des économies de marché politiquement
décentralisées, seule une masse critique de citoyens et de consommateurs au fait des
problèmes écologiques et sociaux peut définir la durabilité des futures réalisations
écotouristiques. Ils devraient être les marchés-test et les partenaires dans le processus de
production touristique. Il est par conséquent nécessaire de sensibiliser la population à
l’importance de la protection de la nature et du paysage ainsi qu’aux objectifs et à la
nécessité du développement durable en général. Ce n’est qu’alors que les prestataires de
services seront en mesure d’incorporer les ressources fascinantes de la nature en Europe
dans des produits touristiques intelligents et écologiquement rationnels et de mettre au
point des produits écotouristiques commercialisables.
Enfin, l’existence d’un tourisme durable dépend essentiellement du maillage des
différents acteurs et parties prenantes tels que la population locale, les autorités locales,
régionales et nationales, les organisations intergouvernementales, les ONG, les
professionnels du tourisme et des transports et leurs clients, les visiteurs et les touristes
d’une région déterminée.
Exigences envers les parties prenantes
Secteur du tourisme
•
Les écotouristes ont besoin de renseignements précis et spécialisés, à la fois avant et
pendant le voyage. La fourniture de renseignements complets est justement un des
éléments qui distinguent l’expérience écotouristique du tourisme traditionnel. Elle
peut revêtir différentes formes : brochures, guides, dépliants, cartes, centres
d’interprétation, écomusées, itinéraires de découverte de la nature avec panneaux
d’information, guides accompagnateurs, etc.
•
Le matériel de promotion de l’écotourisme doit apporter de solides informations sur
l’expérience à laquelle les touristes éventuels sont conviés, avec des précisions sur
la flore, la faune, la géologie et, d’une façon générale, l’écosystème objet de la
visite. Il doit aussi comprendre des renseignements exacts sur les différents modes
de déplacement pour rejoindre la destination et sur place, sur l’hébergement et sur
les services de restauration. En outre, pour être complète, la documentation doit
13
aussi comporter des informations sur les habitants de la destination, leur société et
leur vie culturelle, ainsi que des recommandations relatives à ce qu’on peut et ne
peut pas faire sur place.
•
Somme toute, il s’agit d’offrir sur le produit des informations transparentes
permettant la décision d’achat ou non en fonction de critères écologiques et sociaux.
L’ensemble de ces informations fournies avant l’achat aidera les clients potentiels à
distinguer les authentiques professionnels de l’écotourisme et les autres opérateurs
qui ne cherchent qu’à tirer profit du mouvement écologique actuel.
•
Toutes les campagnes et activités de marketing doivent appliquer une véritable
stratégie mettant pareillement l’accent sur les composantes écologique, culturelle et
sociale de l’écotourisme et sur ses avantages pour l’individu. Il faut donc qu’il y ait
cohérence entre, d’une part, les circuits tant de promotion que de distribution des
produits écotouristiques et, d’autre part, le genre de tourisme offert au
consommateur et la typologie des écotouristes.
Consommateurs
•
L’emploi du terme « écotourisme » dans un but uniquement commercial pour mieux
positionner des offres classiques est courant et la loi ne peut pas l’empêcher. Aussi
appartient-il à chaque consommateur de faire preuve d’intelligence et de
discernement.
•
Ce n’est que si les consommateurs sont bien informés sur leur contenu, leur
signification et leurs conséquences que les systèmes d’homologation et les écolabels
peuvent avoir un rôle important au niveau de la commercialisation et aider les
touristes à distinguer les activités écotouristiques bien conçues de celles qui utilisent
ce terme en l’absence de pratiques satisfaisantes.
•
Les écolabels qui concernent un certain type de prestataires de services semblent
mieux reconnus par les consommateurs et les autres prestataires, et ils peuvent
même devenir une marque comme dans le cas de Nordic Swan qui vise uniquement
les installations d’hébergement.
•
La promotion des réseaux de transports publics auprès des clients potentiels est très
importante pour enrayer l’augmentation de la circulation en voitures particulières.
Pour les transports en commun, il est essentiel d’offrir des informations sur Internet
et, dans l’avenir, il faudra offrir un vaste système d’information et d’orientation
reposant sur les données du SIG.
V.
Coûts et avantages de l’écotourisme en Europe : une répartition durable
entre toutes les parties prenantes
Ni le tourisme, ni par conséquent l’écotourisme, ne peut être la seule base des structures
économiques et socioculturelles d’une communauté. Il ne doit pas profiter qu’à
l’économie. Il faut le concevoir de façon à améliorer la qualité de vie grâce au
développement de l’infrastructure et des services sociaux et à renforcer l’estime de soi,
la fierté culturelle et le sens des responsabilités envers l’environnement. D’une façon
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générale, le tourisme devrait être considéré comme une source supplémentaire de
revenus à exploiter avec d’autres moyens d’existence durables.
Grâce à des initiatives novatrices encourageant le réinvestissement sur place, il faut
réduire au minimum les fuites de recettes et maximiser le bien-être économique de la
communauté de montagne. La répartition des avantages doit être équitable. Les femmes
et les groupes défavorisés doivent en avoir leur part, sur un pied d’égalité avec les
groupes plus puissants. Un élément essentiel, pour que les décisions soient prises en
connaissance de cause, est la sensibilisation tant de la communauté locale que des
touristes et des organisations extérieures aux éventuels effets positifs et négatifs du
développement du tourisme.
Exigences envers les parties prenantes
Politique touristique
•
Il faut mettre en place des mécanismes légaux et institutionnels adaptés pour
faciliter et rendre effective la participation systématique des communautés locales à
l’ensemble du processus écotouristique qui comporte la définition d’une politique, la
planification, la gestion et la surveillance.
•
Dans le même sens, il faudrait aussi mettre en place des mécanismes institutionnels,
financiers, fiscaux ou autres pour qu’une proportion importante des revenus que crée
l’écotourisme reste dans la communauté locale ou serve à la protection de
l’environnement.
•
Cela dit, il importe de faire en sorte que l’écotourisme soit une bonne activité
durable sous l’angle économique et qu’il en soit tiré des bénéfices. Faute de
perspectives de profit, les entrepreneurs du secteur privé n’investiraient pas et il n’y
aurait pas de revenus à répartir dans les communautés locales ou pour la protection
de l’environnement.
•
Les aspirations du tourisme émetteur européen coïncident, dans beaucoup de régions
de montagne hors d’Europe, avec celles d’organisations de coopération au
développement. Dans ce domaine tout particulièrement, mais pas exclusivement, il
faut que les voyagistes soient conscients de leur responsabilité propre. Lors de la
planification et de l’application des décisions, il faut tenir compte des intérêts de la
population locale, souvent représentés par des ONG, et les intégrer dans des
conditions d’égalité.
VI. Stratégies générales en matière d’écotourisme
En Europe
•
À l’échelon européen, nombreux sont ceux qui réclament une stratégie et un
programme d’action communs pour aboutir à plus de durabilité dans le tourisme
afin de sauvegarder l’environnement et les conditions de vie des destinations
touristiques. Par ailleurs, sans compétence explicite en matière touristique,
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beaucoup de politiques européennes concernent des régions où la durabilité du
tourisme européen est devenue un impératif. Plus que toute autre, la Stratégie
européenne de développement durable et la stratégie spéciale du Sixième
Programme d’action pour l’environnement créeront de nouvelles approches pour
une stratégie européenne intégrée en faveur de l’environnement influençant
directement le tourisme.
•
Tant les politiques nationales que la politique européenne en matière de tourisme
doivent s’occuper du tourisme interne, du tourisme récepteur et du tourisme
émetteur.
•
En Europe, les conditions juridiques et financières requises doivent donner la
préférence à une large application de mesures novatrices pour accroître la place des
transports publics, au lieu de la circulation en voitures particulières.
•
Il est nécessaire de construire un réseau desservant les projets pilotes des
destinations écotouristiques durables. Les échanges de savoir-faire et les activités du
réseau seront un outil pratique de mise en œuvre des principes du développement
durable dans les destinations touristiques. Les rapports entre les divers acteurs
devraient entraîner des effets de synergie à plusieurs dimensions entre les
destinations, les experts, les instituts et l’économie du tourisme.
Dans le monde
Pour les pays en développement, un des arguments les plus importants en faveur de
l’écotourisme est la création de moyens d’existence et d’emplois moins destructeurs et
moins consommateurs de ressources pour la population locale, ainsi que de moyens
financiers pour la gestion des zones protégées. Les organismes publics de gestion des
parcs, pauvres en ressources, trouvent dans l’écotourisme une source de revenus
nécessaire, soit par la gestion directe, soit au moyen de concessions à des tiers, au point
que, dans certains cas, ils deviennent fournisseurs de produits touristiques. En général,
quand les circonstances sont propices, l’écotourisme s’avère être un des moyens les
plus efficaces de financer la protection de l’environnement. Dans la plupart des
régions riches en biodiversité, l’écotourisme est préférable aux produits forestiers non
ligneux et à la biopharmacie et il n’est comparable qu’à l’agroforesterie. En outre, dans
certains cas, l’écotourisme offre aux communautés hôtes des possibilités d’activités et
de revenus nécessaires et les effets négatifs de son implantation soutiennent très souvent
la comparaison avec d’autres solutions. Dans les pays en développement, la création et
l’entretien de centaines de parcs publics, privés et à gestion communautaire sont, en
dernière analyse, liés aux recettes tirées des visites.
•
C’est aussi un défi pour l’Europe que de soutenir et d’encourager dans les pays en
développement l’écotourisme durable comme instrument pour lutter contre la
pauvreté, équilibrer le développement économique et social et protéger
l’environnement en transférant savoir-faire, techniques et technologies et en veillant
à ce que les voyagistes du tourisme émetteur respectent les critères de durabilité
pour en réduire au minimum les effets négatifs et en maximiser les avantages dans
les destinations.
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•
L’Europe peut ajouter sa vaste et précieuse expérience dans le domaine de
l’écotourisme durable aux mécanismes internationaux applicables au tourisme (par
ex. aux codes mondiaux d’éthique de la CDD, de la CDB, de l’AGCS et de l’OMT)
et, ce faisant, contribuer de façon importante au débat mondial et à l’amélioration
continue de l’écotourisme.
•
L’Année internationale de l’écotourisme (2002) est à considérer comme une
invitation à rendre l’écotourisme plus durable et comme un point de départ pour
examiner toutes les formes de tourisme sous l’angle de leur impact et de leur
contribution au développement positif de l’environnement et de l’humanité.
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