Rencontre du 16 octobre 2010 à Vernon du Carrefour des Cités
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Rencontre du 16 octobre 2010 à Vernon du Carrefour des Cités
Rencontre du 16 octobre 2010 à Vernon du Carrefour des Cités La question du logement - Invité: Philippe LEBEAU (Directeur de « Jeunesse et Vie » - FJT Vernon, Louviers,...) 1. Partage des situations sur le logement Bernay: Des logements précaires et chers en centre-ville Des jeunes qui ont du mal à se loger Des réhabilitations de la SECOMILE faites en dépit du bon sens L'absence d'équipements sociaux sur le quartier du Bourg Le Comte Vernon: Sur la ZUP, des gens qui ont du mal à payer leurs loyers et qui sont expulsés. (en mars 2010: 10 expulsions de familles sur Vernon pour impayés) Les difficultés d'entretien des logements par Eure Habitat 27. Ces difficultés peuvent aller jusqu'à entraîner des conflits de voisinage. Les questions autour de l'accès aux logements sociaux (moins d'un mois ou des années d'attente ?). Le manque de grands logements. Evreux: Des équipements collectifs et de voirie sur la Madeleine après la réhabilitation qui ne sont pas adaptés Beaucoup d'argent mis dans les travaux mais rien de fait au plan social. Le nombre croissant de personnes qui sont à la rue alors qu'il y a des logements que l'on détruit. Val de Reuil: Le tape à l'oeil des rénovations. Témoignage sur des initiatives de rencontres dans la qurtier du Mail Les jeunes dans les cages d'escalier Une expérience de « porte à porte » qui a permis de détecter qu'il y a aussi des problèmes autres que ceux du logement et qui se affectent le « vivre ensemble ». Des gens qui ont besoin d'être écoutés. 2. Intervention de Philippe LEBEAU Comment en sommes-nous arrivés aux cités telle que nous les connaissons aujourd'hui ? Bref historique: l'après-guerre Le logement social Les politiques de la ville Les opérations de rénovations urbaines Le financement de l'ANRU 1% patronal + 40% état + Régions, bailleurs sociaux (pour ces opérations, ils vendent leur patrimoine immobilier) Eure Habitat: 16000 logements dans l'Eure Les moins chers Peu de mixité avec de gros ensemble. D'autres bailleurs sociaux: Siloge, Secomile, Logement Familial de l'Eure, Des logements vacants. Par exemple à Val de Reuil, 120 logements vacants Des quartiers qui sont connotés négativement dans l'opinion, ce qui rend difficile l'attribution de logement dans ces lieux. Des territoires où la part logement dans le budget des ménages est très élevée: par exemple, la CAPE (Communauté d'Agglomération des Portes de l'Eure – Vernon). D'où les problèmes d'impayés qui se multiplient dans ces lieux avec des expulsions. A noter à ce sujet l'effet pervers de la loi DALO qui a facilité les procédures d'expulsions. Sans compter les fortes dettes de logement pour un certain nombre de familles. Le plus difficile aujourd'hui n'est pas d'accéder au logement mais d'y rester: loyer, charges,... Car la dernière chose que l'on paye quand on est en difficulté, c'est le loyer. Il y a là un travail d'éducation à faire. Rénovations et réparations Les offices HLM n'ont plus le droit aujourd'hui de faire eux-même les réparations dans leurs logements, ils doivent faire appel à des entreprises et pour cela lancer des appels d'offre avant l'attribution de marché ou de travaux. D'où les longueurs des démarches et les complications. Un changement dans « habiter » Dans les débuts de l'habitat collectif et des logements sociaux, l'accès à ces appartements correspondait à une promotion sociale. Puis ces logements sont devenus un tremplin vers l'accès à son propre logement pour beaucoup. Aujourd'hui, le logement social est devenu un lieu de relègation où se concentrent de nombreux problèmes: pauvreté, communautarisme,..., avec des frustrations multiples et explosives. « Habiter » ça ne peut pas être seulement « dormir », ou « manger », mais ça doit être aussi évoluer, progresser socielement. Les 4 stades de l'habitat: 1. Sans toit 2. L'hébergement 3. Le logement 4. L'habitat Pour certains c'est tout un parcours du combattant pour accéder à l'habitat. Sans oublier qu'il faut ajouter les difficultés liées à l'âge (le logement pour les + jeunes), l'origine sociale ( + difficile pour les « blacks »),... Les difficultés liées au lieu: rural, semi rural ou urbain Les ruptures familiales qui nécessitent un habitat plus important et plus souple (financement, taille,...): famille mono parentale, familles recomposées,... La question des populations vieillissantes et des logements trop grands, mais des personnes qui veulent pouvoir rester sur le même quartier où elles ont leur réseau de relations. L'accès au logement pour les plus jeunes comme pour les personnes âgées entraine des ruptures sociales. 1/3 des 6 000 000 de français en-dessous du seuil de pauvreté sont des 18-25 ans. 70% des résidents du FJT sont en-dessous du seuil de pauvreté (- des 150 euros par mois) alors qu'en 2003 ils étaient 30%. Aujourd'hui 10% des jeunes accueillis en FJT n'ont rien. 10 000 euros d'impayés par ans au FJT de Vernon pour 90 logements. C'est aussi une réalité et il faut pourtant que le budget s'équilibre. Les FJT ne peuvent pas accueillir de personnes en situations irrégulière Tous les ans, 4 à 5 personnes retrouvées dormant dans leur voiture sur Vernon. A Vernon, 600 logements vacants chez des propriétaires privés. Il y aurait des actions à mener pour favoriser la mise sur le marché de ces logements par leurs propriétaires en leur donnant des garanties. Au final des conditions dans le logement social qui conduisent au fatalisme et au désoeuvrement. Le champ est laissé libre dans ces quartier à toutes les dérives possibles (extrèmisme politique et religieux,...). Les institutions ne pourront rien faire si dans ces quartiers il n'y a pas de relais citoyens: chacun de nous dans les relations quotidiennes (voisinage,...)