compte rendu de voyage bergen belsen
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compte rendu de voyage bergen belsen
COMPTE RENDU DE VOYAGE Visite de la foire de Hanovre et du camp de concentration de Bergen Belsen – MAI 2013. Le lycée Louis Couffignal de Strasbourg intègre une filière bois dont la réputation dépasse les limites de la Région Alsace. Les élèves peuvent y préparer plusieurs CAP (ébénisterie, menuiserie, charpente), différents BAC Pro (menuiserie, construction bois,…) et deux BTS (Développement et Réalisation bois et Systèmes constructifs bois et habitat). Tous les deux ans, les étudiants de BTS se rendent à Hanovre à la foire internationale de la Machine à bois pour découvrir les techniques et les nouveautés dans leurs métiers. C’est ce qu’on appelle la « veille technologique ». Cette année, les enseignants organisateurs ont souhaité associer la curiosité technologique à celle de l’histoire des hommes. Nous avons proposé de visiter le célèbre camp de Bergen Belsen situé à quelques kilomètres au nord de Hanovre. C’est dans ce triste camp que périt Anne Franck connue pour son journal atypique. Cette visite allait contribuer à ce qu’on appelle « notre devoir de mémoire ». Le voyage s’est déroulé du 7 au 9 mai et 47 étudiants avec 6 enseignants y ont participé. La visite de la foire de Hanovre a comblé nos esprits curieux et cartésiens et la visite du camp de Bergen Belsen n’allait laisser personne indifférent : La plupart des jeunes allaient découvrir, de visu, un pan horrible de la barbarie nazie et ils étaient loin d’imaginer ce qui les attendait ! Certes, les élèves avaient appris quelles avaient été les horreurs de la deuxième guerre mondiale. Ils avaient entendu parler des crimes commis par les nazis et certains d’entre eux avaient même déjà visité le camp du Struthoff. Mais c’est une chose que d’écouter une leçon d’histoire ou de regarder une émission à la télé, confortablement installé chez soi, dans un fauteuil. C’en est une autre de marcher réellement à l’endroit où ont souffert des millions de personnes, d’entendre les témoignages poignants de rescapés, de constater effectivement comment des hommes et des femmes ont péri. On arrive au camp de Bergen Belsen en traversant une très belle forêt de hêtres et on découvre l’entrée austère du site au détour d’un dernier virage. On se gare en face d’un gigantesque bâtiment en béton lisse, nu, à priori sans âme. La descente du bus se fait étonnamment en silence. C’est un peu la surprise et chacun semble sur ses gardes : qu’est ce qui nous attend ? Une élève me demande même « Monsieur, c’est ici » ? Heureusement, on vient à notre rencontre et je reconnais le visage accueillant et souriant de Madame Jeanine DOERRY que j’avais contacté pour l’organisation de la visite. Elle est l’une des historiennes du site et s’exprime en un français parfait. Elle est accompagnée de sa collègue Susanne SEITZ. Ce sont elles qui allaient guider notre visite. Nous nous rendons rapidement dans une salle pour une présentation historique complète du camp. Le camp de Bergen Belsen. Il fut créé en 1940 au sud de deux petites villes : Bergen et Belsen, à environ 20 km au nord de Celle en Allemagne. Jusqu'en 1943, Bergen-Belsen était principalement un camp de prisonniers de guerre. En avril 1943, il est converti en camp de résidences civiles puis en camp de concentration. Le complexe concentrationnaire de Bergen-Belsen était composé 3 camps principaux: le camp de prisonniers de guerre (KG), le «camp de séjour» (Aufenthaltslager) et le «camp de prisonniers» (Häftlingslager). Au cours de son existence, le complexe de Bergen-Belsen servit à incarcérer des Juifs, des prisonniers de guerre, des prisonniers politiques, des Roms (tziganes), des «asociaux», des criminels, des Témoins de Jéhovah et des homosexuels. A l'approche des Alliés et des forces soviétiques fin 1944 et début 1945, Bergen-Belsen devint un camp de regroupement pour des milliers de prisonniers juifs évacués des camps les plus proches du front. L'arrivée de milliers de nouveaux prisonniers, dont beaucoup étaient des survivants des marches forcées, épuisèrent les maigres ressources du camp. Afin de gérer un nombre croissant de détenues, les SS transformèrent en janvier 1945 la partie nord du camp, qui était alors utilisée comme camp de prisonniers, en un «grand camp de femmes» (Grosses Frauenlager). A la fin du mois de juillet 1944, environ 7300 prisonniers étaient détenus à Bergen-Belsen. Début décembre 1944, ce chiffre passa à environ 15 000 et en février 1945 à 22 000. Comme les prisonniers évacués de l'est continuaient à arriver, la population du camp atteignit 60 000 personnes le 15 avril 1945. Les rations alimentaires se raréfièrent à partir de la fin 1944. Au début 1945, les prisonniers étaient parfois privés de nourriture plusieurs jours et l'eau manquait. Les sanitaires n'étaient pas adaptés, les dizaines de milliers de prisonniers n'avaient à leur disposition qu'un nombre insuffisant de latrines et de robinets d'eau. La surpopulation, les mauvaises conditions sanitaires, le manque de nourriture, d'eau et d'hébergement provoquèrent des épidémies de typhus, de tuberculose, de fièvre typhoïde et de dysenterie. Au cours des premiers mois de 1945, des dizaines de milliers de prisonniers moururent. Le 15 avril 1945, les forces britanniques libérèrent Bergen-Belsen et y trouvèrent près de 60 000 prisonniers, pour la plupart gravement malades. Des milliers de cadavres reposaient sur le sol du camp, non enterrés. Entre mai 1943 et le 15 avril 1945, entre 36 400 et 37 600 prisonniers moururent à Bergen-Belsen. Plus de 13 000 anciens prisonniers, trop faibles pour récupérer, moururent après la libération. Après l'évacuation de BergenBelsen, l'armée britannique brûla complètement le camp pour éviter la propagation du typhus. Au total, environ 50 000 personnes moururent dans le camp de concentration de Bergen-Belsen, dont Anne Frank et sa soeur Margot qui y décédèrent toutes deux en mars 1945. La plupart des victimes étaient juives. Après la libération, les autorités britanniques d'occupation installèrent un camp pour personnes déplacées, qui accueillit plus de 12 000 survivants. Il fut créé dans les baraquements de l'école militaire allemande à proximité de l'ancien camp de concentration et resta en fonction jusqu'en 1951. La visite. Nous longeons un gigantesque bâtiment en béton (le centre de documentation) pour aboutir sur un chemin de terre qui mène au centre du camp. Il ne reste plus rien des baraquements si ce n’est les fondations et le fameux bassin de rétention d’eau où se retrouvaient les prisonniers à l’instar d’une place de village. Les anglais ont tout brulé lors de la libération du camp pour éviter la propagation du typhus qui ravageait le site. Notre guide nous présente une maquette du camp en granit, installée à même le sol. Elle nous situe les différentes zones, les différents secteurs, la cantine, le four crématoire... Ensuite, après une petite marche et quelques anecdotes, elle nous amène au mémorial. Le 25 Septembre 1945, on érige entre les fosses communes un monument commémoratif provisoire en bois. L’année suivante, en avril 1946, le Comité Juif de Belsen inaugure un monument en pierre comportant des inscriptions en hébreu et en anglais ainsi que des symboles juifs. Ce gigantesque monument carré s’érige sur une estrade plate pourvue de 3 marches. Depuis cette date, des cérémonies commémoratives se déroulent autour de ce monument tous les ans. Dès la fin de 1945, le gouvernement militaire britannique ordonne d’ériger un « monument convenable » et de prendre soin des sépultures du camp. Début 1947, commencent d’important travaux pour ériger un monument commémoratif central. Il s’agit d’un obélisque de 24 mètres de haut et un mur d’inscriptions long de 50 mètres. En 1952, la responsabilité du mémorial est transmise au Land de Basse-Saxe et l’inauguration officielle a lieu le 30 novembre 1952. Nous nous regroupons autour de l’obélisque pour une minute de recueillement. Nous sommes étonnés par les petits cailloux qui sont déposés partout. En fait, la coutume juive veut que l’on dépose de petits cailloux sur les tombes, symbolisant chacune des venues de ceux qui honorent la mémoire des défunts. Ils matérialisent les bonnes actions que l'on s'engage à faire dès à présent en l'honneur de défunt. Le caillou sur la tombe est ainsi un témoignage de notre passage, les fleurs se fanent, les cailloux restent. C'est un symbole de la mémoire qui lie le visiteur éternellement à cet endroit. Sur le site du Mémorial de Bergen Belsen se trouvent 14 fosses communes avec des plaquettes en pierre disant : ici reposent « 800 morts, avril 1945 », « …5000 morts », « … 100 morts », ou encore « … 2000 morts ». Rares sont les tombes individuelles. Sur le chemin du retour nous nous rendons au funérarium pour un moment de recueillement. Les élèves allument une bougie et lisent quelques textes de circonstance. Le centre de documentation. En 1966, on créé un centre de documentation qui comporte une petite exposition liée à l’histoire du camp. Mais la population qui avait été également oppressée par les nazis et en tous les cas manifesteme nt trompée sur la finalité du camp souhaitait des informations historiques détaillées. Ainsi, le Land de BasseSaxe finança un nouveau centre de documentation avec une exposition permanente révisée et augmentée. Il est inauguré le 22 avril 1990. On y trouve beaucoup d’objets ayant appartenus aux prisonniers, de nombreux témoignages de survivants et des écrits poignants. Un passage à la petite cafétéria clôture notre visite qui aura durée 4 heures. Nous repartons vers Strasbourg dans l’après midi. Un long silence envahit le bus pendant de longs kilomètres. Chacun médite sur ces événements tragiques qui se sont déroulés il y a près de 70 ans et dont il est devenu aujourd’hui un nouveau témoin. Et puis, petit à petit le bus s’anime à nouveau… on reparle des innovations vues chez Homag, des outils révolutionnaires chez Leuco, des protections chez Aigner… de la vie quoi ! Ce voyage à Hanovre, tous les deux ans, avec la visite de la LIGNA est aujourd’hui intégré dans la formation des élèves. C’est un évènement incontournable ! L’originalité du déplacement, cette année, a été manifestement le détour au camp de Bergen-Belsen. Cette visite a été possible grâce au soutien financier de la Délégation Générale du Souvenir Français qui a bien voulu nous allouer une subvention. Je lui adresse mes remerciements les plus chaleureux au nom des collègues et de celui des élèves ainsi que mes salutations cordiales. Christian COLLING Les hommes font leur histoire, même s'ils ne savent pas l'histoire qu'ils font. Raymond Aron (1905-1983)